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Avant que le monde ne se fermeAlain Mascaro

Anton Torvath, jeune Tzigane, dresseur de chevaux dans les steppes, au coeur d'un cirque ambulant, réunissant une belle famille, (la kumpania), vit librement son adolescence. Au sein de la petite tribu, se côtoient des personnages lumineux comme Jag et son violon, Katia et son trapèze, la troupe de jongleurs.
Le cirque caracole dans les steppes, toujours libre, toujours vivant.
C'est sans compter de ce qui va advenir de ces enfants du vent, lorsque la barbarie des nazis va les faucher et les entrainer dans un enfer génocidaire.
La Kumpania est écartelée, disséminée, beaucoup mourront, d'autres disparaitront.
Les Tziganes, les Juifs connaissent l'horreur des camps. Anton est l'un deux. Il est doté d'un coeur immensément grand, d'une foi indestructible en son peuple, qui s'infiltrent dans les espaces laissés ouverts pour déposer et garder précieusement les racines, la mémoire et la lumière des siens. Anton fait des rencontres au cours de son parcours infligé par les nazis (les blattes), Simon qui partage ses souffrances et qui le convainc de se faire passer pour un juif par la circoncision. Dans les camps les échelles de souffrance infligées ne répondent qu'à l'atrocité.
Il rencontre Kapok, avec lui il partagera une symbiose de douleur et de déshumanisation dans l'abime de Mauthausen.
Anéanti, figé dans les bras se son ami mort, décharné, intériorisé dans le calvaire vécu, Anton va être sorti de l'horreur par un gradé américain et sa famille. Il reprend vie et vigueur physiquement. Cependant les souvenirs de tous les morts de son clan, (il en tient un compte exact) et de tous ceux qu'il a connu pendant ce génocide l'oblige à rechercher pour reconstruire. Certains lui ont laisser peut-être des indices.
Ce livre est un voyage offert par ce jeune Anton. Il a réussi son chemin de mémoire. On est au plus près de la liberté, des racines des Tziganes dans les steppes. La musique entrainante du violon de Jag rivalisant avec le vent.
Dans les atrocités de la guerre, Anton arrive à nous convaincre de sa force de résistance et de vie. Les mots en tzigane parachèvent cette belle écriture ; quel bel ouvrage !






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Un très beau roman, très dense, qui en peu de pages embrasse une période qui s'étend du milieu des années 1920 au début des années 1950. On suit l'épopée d'un jeune dresseur de chevaux, Anton, qui  semble avoir le don de "libérer" les chevaux, mais aussi les hommes, c'est-à-dire de révéler en eux une "part inaliénable" comme dit Jag, le violoniste tzigane qui a presque tout appris à Anton. C'est une histoire très romanesque, romantique par certains côtés, avec des coups de théâtre et des rencontres qui relèvent du merveilleux. D'un autre côté, l'évocation du ghetto de Lodz et des camps de concentration est très réaliste et documentée. C'est sans doute ce qui fait le charme envoûtant de ce roman, ce mélange de merveilleux et de réalisme cru. Il faut se laisser emporter, enfourcher les chevaux tziganes et suivre les fils du vent sans retenue. Si vous arrivez avec des réticences d'adulte qui a perdu le sens de l'enfance, alors passez votre chemin, ce livre n'est pas pour vous.

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C'est un roman court, mais que d'événements et de voyages, avec une rencontre avec de nombreux personnages, trop peut-être. le style poétique et imagé m'a beaucoup gêné pour m'attacher aux personnages.
On ressent la magie du cirque tout au long de ce roman.
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Avant que le monde ne se ferme d'Alain Mascaro aux éditions Autrement et qui a obtenu le prix Première plume, car ce roman merveilleux, très abouti, bien écrit, est un premier roman.

Depuis 2019, cet ancien professeur de lettres a tout quitté pour partir en errance sur les routes. Fasciné depuis l'enfance par le peuple tzigane, il a voulu faire l'expérience du dépouillement et, comme son héros, il tente de ne pas renoncer à la liberté dans notre monde actuel qui se ferme.

Voici le résumé de l'éditeur :
« Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce « fils du vent » va traverser la première moitié du « siècle des génocides », devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l'homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l'Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent.
À la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l'écriture ample et poétique. Alain Mascaro s'empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde. »

Le roman raconte comment Anton, ce jeune Tzigane, dresseur de chevaux, épris de liberté et d'espace, a traversé la période noire du génocide des Tziganes par les nazis et a réussi à se reconstruire après les épreuves qu'il a traversées. En cela, on peut comparer son destin à celui d'Ulysse qui, au retour de son odyssée, a dû retrouver sa place à Ithaque…

On se laisse imprégner par les coutumes, la langue, la vision du monde des Tziganes qui vivent le moment présent. Pour eux, « Les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n'étaient libres qu'à virevolter dans l'air ; ils dépérissaient sitôt qu'on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre. » (p.30) et « c'était cela la vraie richesse : ne rien garder, flamber et jeter l'argent par les fenêtres, sans quoi l'argent devenait vite un boulet qui entravait les pas et noircissait les âmes. » (p.35). Pour ce dresseur de chevaux, il faut comprendre que « si tu veux obtenir quelque chose d'un animal domestique, parles à ce qui en lui est encore sauvage… si tu veux obtenir quelque chose d'un homme, parles au Fils du vent qui est encore en lui ; parle à sa liberté, et non pas à tout ce qui l'entrave. » (p. 40)

Oui, ce livre est une ode à la liberté, à l'intégrité, à la vie, au partage, à l'échange.
Bien sûr on voit la mort de tous ses proches dans ce qu'ils appellent « le grand engloutissement » ; bien sûr, l'auteur raconte l'internement d'Anton dans les camps, en particulier à Mauthausen, et cela m'a émue d'autant plus que, près d'ici à l'emplacement du collège actuel de Jargeau, les Allemands avaient construit un camp où étaient détenus des Tziganes et que, parmi les camps de concentration que j'ai eu l'occasion de voir, celui de Mauthausen est celui qui m'a le plus touchée. Dans son récit, Alain Mascaro sait décrire avec justesse le désespoir et les questions de ce jeune Tzigane entravé, amputé de la vie en quelque sorte, car pour lui quoi de pire que l'enfermement et qui plus est dans des conditions aussi atroces ?

Mais nous sommes dans un roman et Anton va renaître à la vie.
Car ce livre est aussi un récit romanesque où la poésie est toujours présente. Les aventures d'Anton se nourrissent de toutes les belles rencontres qui contribueront à changer son destin et, comme lui, tous les personnages qui l'entourent sont bien campés, beaux d'une vraie richesse intérieure.

En lisant ce livre, j'ai pleuré à l'évocation de la captivité d'Anton et, plus tard, de la découverte de l'île de Céphalonie que j'avais connue dans ma jeunesse avec d'autres au sein d'un petit groupe qui vivait proche des habitants, dormant parfois à la belle étoile, découvrant un autre mode de vie dans le respect et l'harmonie. Aujourd'hui ce ne serait plus possible et j'ai ressenti une grande nostalgie…

Sans doute le monde se ferme ; essayons de laisser les portes ouvertes, apprenons à respirer, à apprécier notre présent et laissons la part au hasard et aux belles rencontres.

Et pour moi, celle avec ce livre et avec Alain Mascaro a été belle. Merci, Alain, pour nos riches échanges et merci aux éditions Autrement.
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Gros coup de coeur pour ce livre à l'écriture poétique et dansante comme le vent. Ce roman, c'est une chronique de la vie d'Anton, fils d'une longue lignée de Tziganes d'Europe de l'Est, « fils du vent » comme ils se décrivent ainsi. C'est la chronique d'une vie où la barbarie nazie et les atrocités de la guerre croisent celle d'Anton et sa famille. C'est la chronique de l'amour, de la ferveur en quelque chose qui va au-delà du désespoir, du malheur. C'est une chronique sur la vie de nomade, celle de la liberté d'être un voyageur et d'habiter ce monde différemment. C'est la chronique de la vie de cirque, lieu de toutes les acceptations et expressions artistiques. Il n'y a que des âmes sans préjugés.
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L'auteur nous rend vivants les tziganes, ces "fils du vent" et leur manière de vivre, leur besoin de grands espaces, de liberté, il nous partage leur philosophie de vie.
Alors que le bruit des bottes amplifie, les tziganes du cirque Torvach venus de l'Est se réfugient à l'Ouest, espérant échapper aux nazis. Ce n'était pas la meilleure idée, mais y en avait-il ?
Le jeune Anton verra mourir ses parents, frères, soeurs, ses amis, emmenés, déportés à Auschwitz, à Mauthausen.
Lui-même survivra, entre autre grâce à sa réponse étonnante lorsque, arrivant à Auschwitz, il se dit dresseur de chevaux.
Après la guerre, dans la seconde partie de l'ouvrage, Anton fera d'incroyables voyages, à pied, pour arriver en Inde et y retrouver, miraculeusement, certains de ses amis tziganes qui avaient fui. Pas toujours crédible.
Anton porte le poids de tous les disparus qui lui sont chers et ne parviendra pas à faire le deuil de ceux qu'il aimait et qui sont morts. Il vivra en permanence avec leur fantôme, leur âme, leur esprit toujours à ses côtés.
Particulièrement en harmonie avec la nature, les tziganes ont besoin de grands espaces pour vivre, ne supportant pas d'être enfermés, veulent être et rester libres. Ils doivent pouvoir aller toujours plus loin.
L'émotion est inégale dans ce récit mais de très beaux moments, un peu magiques, des pages qui font rêver et penser à un conte merveilleux. J'ai particulièrement aimé les moments où le cirque se reconstitue, que chaque âme blessée par la vie, mais taisant ses blessures secrètes, crée son nouveau numéro. Avec peu de moyens, beaucoup d'imagination et de talent. La magie opère, ce sont des moments merveilleux, féeriques et très visuels.
Merci Alain Mascaro de nous avoir ouvert au monde tzigane avec tant de tendresse et de sensibilité, de nous avoir permis une approche de la vie tzigane qui ne peut se réaliser que dans de grands espaces. Libre de toute entrave.
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Ce livre nous emporte dans son univers. Il est beau tout simplement, il est agréable de prendre le temps d'apprécier la tournure des phrases, le choix des mots, creuser les références. L'âme du voyage déborde de ce livre, une réelle belle découverte ! Avec une immense joie que je lirai d'autres écrits de cet auteur.
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Un court roman initiatique qui se lit comme un conte. Réalisme cru et merveilleux s'y côtoient, si bien que le pire, le ghetto, les camps, la mort, sont comme transcendés par l'onirisme, la poésie et la formidable résilience du personnage central. On voit que le romancier est un voyageur, car il a une capacité à restituer des lieux et des ambiances particulières en peu de mots (les steppes, l'Inde) et à stimuler l'imagination du lecteur.
Malgré le sujet, il s'agit d'un roman lumineux, profondément humaniste.

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Un roman qui se lit comme un conte, les yeux et le coeur écarquillés entre l'effroi et l'émerveillement. Une belle histoire qui raconte la sombre épopée d'un jeune tzigane que rien ne peut asservir. Un hymne à la liberté et à la beauté du monde; une réflexion sur notre civilisation qui se ferme à l'autre et à l'infinie variété du monde.
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Alors là, je me suis demandé si c'était vraiment un premier roman! Je ne sais pas, cela sent la maîtrise d'un vieux briscard. Quoi qu'il en soit, j'ai adoré. Il y a dans ce livre toutes les raisons qui me font lire, à commencer par l'émotion. C'est un roman très puissant, qui ballotte le lecteur entre des sentiments contrastés. On traverse l'Asie et l'Europe centrales au gré d'une sombre épopée, on vit au plus près d'une autre vie, celle de ces parias qu'on nomme Tziganes. On affronte avec eux cette folie furieuse qu'ont été les ghettos et les camps durant la seconde guerre mondiale. Au-delà, on assiste au délitement des Indes, à la mort de Ghandi, à la fermeture progressive du monde, replié derrière des panneaux Propriété Privée. Ce roman est un hymne à l'ivresse des grands espaces, à l'amour et à la liberté. C'est un roman qui fait du bien. Ce serait vraiment dommage que vous passiez à côté en imaginant qu'il est ce qu'il n'est pas.

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