J’échange un regard avec Tyler. Nous ne nous attendions pas à ça. On est dimanche. Le dimanche, il ne se passe rien, normalement.
Elle m’adresse un sourire triste. J’ai toujours trouvé ça bizarre, les gens qui sourient alors qu’ils sont tristes. Un sourire triste ça n’existe pas, c’est juste un sourire courageux.
- Salut.
- Salut ? répète mon père, ébahi. C'est tout ce que tu trouves à dire ? SALUT ?
- Bonsoir ?
C'est le problème avec la distance : soit vous tournez la page, soit vous comprenez à quel point vous avez besoin de la personne.
-A qui tu parlais ? demande une voi masculine qui me fait sursauter.
L'intrus est Tyler, soupçonneux, comme à son habitude.
-Je t'ai donné la permission d'entrer?
-A qui tu parlais? Tu as un mec à Portland, c'est ça ?
Je l'observe ne réprimant un éclat de rire et il me rend un regard buté.
-Tu écoutes aux portes?
-Ma chambre est juste à côté. Les murs sont super fins.
Je me relève avec une grimace.
-Bon, eh bien je parlais à ma mère.
Il se détend un peu.
Je me rappellerai quand il a dit que l’océan était beau depuis le haut de la grande roue, alors qu’il ne regardait même pas l’océan. ll me regardait, moi.
Soudain, Tyler pousse un soupir qui me picote la nuque. J'attire à nouveau son visage vers le mien, nos regards se croisent avant que nos bouches se rencontrent. Nous retenons notre souffle, incapable de contenir les sourires qui pointent au coin de nos lèvres.
Nous devrions pas être en train de nous embrasser sur le sol de sa salle de bains, ses mains ne devraient pas se balader sur mon corps, et je devrais pas adorer ça.
La nature scandaleuse de nos actes ne fait que les rendre plus excitants.
Et ça n'en a que plus de valeur.
Est-ce que quelqu'un peut me dire pourquoi ma copine est en train de passer l'aspirateur sur une table basse avec des lunettes de soleil?
Je ne supporte pas son regard, pourtant je ne peux pas détourner les yeux. Sa respiration, plus forte que la pluie, accélère quand il se penche vers moi. Je sais à quoi il pense, et moi aussi j’ai envie de l’embrasser.
- Alors, avant de passer au morceau suivant, reprend le chanteur, je dois vous rappeler de ne pas vous soucier de ce que les gens pensent. Votre vie c'est votre vie, votre musique c'est votre musique, vos choix ce sont vos chois et votre vodka, c'est votre vodka. Ne perdez pas votre temps à faire des trucs qui ne servent à rien. Faites ce que vous avez envie de faire. Sortez en boîte toutes les nuits, jetez-vous d'un avion, visitez la Bulgarie. Je m'en fous. Faites des trucs qui vous rendent heureux comme jamais parce que, LA BREVE VITA !