— Mais alors, pourquoi est-ce que quelqu’un ne le tue pas ? »
Cette question, formulée par une fillette de neuf ans, ne manqua pas de me faire sursauter ; mais elle s’accordait parfaitement avec ma propre vision des choses. J’ai toujours pensé et persiste à penser que l’assassinat pur et simple des tyrans et autres dictateurs résoudrait nombre des problèmes de la planète – et non des moindres, de l’avis des malheureux qui sont soumis à leur joug. Bien entendu, mettre en œuvre un programme d’assassinat des chefs d’État crapuleux n’est pas une mince affaire.
Pour un Arabe, la vérité est, généralement, ce qu’il veut qu’elle soit – la froide exactitude des faits que nous mettons tant en avant, ils s’en fichent. Et puisqu’on en parle, nos politiciens sont-ils vraiment sincères ? Des foutus menteurs, oui, pour la plupart… Pour un Arabe, tout est subordonné à l’Islam et à l’honneur – même la vérité, parce que pour eux l’honneur, c’est la vérité. Et leur culture est des plus subtiles là-dessus… C’est dommage que, le plus souvent, ce soit des salopards, des monstres dépourvus de morale qui sortent du lot…
Ce qu’il y a d’embêtant en Irak, c’est le gouffre qui sépare les aspirations des différentes composantes du pays – ethnique, religieuse et culturelle. Il y a plus d’incompatibilités entre elles qu’il n’y en avait entre nous et les Russes au temps de la Guerre froide…
Nous avons tendance à ne voir chez les Arabes que duplicité et fainéantise. Le portrait-robot nous montre un type en chemise de nuit douteuse, sournois, bigleux, pouilleux, tricheur, armé d’un poignard et cherchant un dos pour le planter dedans. Bordel, c’est ce qu’on voit dans tous les films, non ? Alors, c’est forcément vrai ? Oh, bien sûr, de temps en temps il y a bien un héros en magnifique gandoura, du style cheikh du désert.
Qui sait ? Comme tous les dictateurs, Saddam est (ou était) très mal conseillé par son entourage. Il faisait régner un tel climat de terreur que nul ne voulait se risquer à lui annoncer quelque mauvaise nouvelle, de crainte d’être considéré comme un traître et exécuté sommairement pour avoir osé le prévenir des conséquences désastreuses de sa politique.