Vous assistez à l'enterrement de votre parrain mort dans de tragique circonstance. D'ailleurs cela fait longtemps que vous ne l'avez plus vu et c'est justement à cet événement bien triste qui vous fait renouer avec sa marraine. Vous apprenez que votre parrain, grand collectionneur d'antiquité oriental avait acquis une mystérieuse jarre décoré de fleurs bleues et de chevaux sans yeux et aux propriétés curieuses... curieux, vous vous décidez de vous renseignez autour de la jarre et d'y dénicher ses secrets. Mal vous en pris : la jarre contient un esprit, précisément un djinn enfermé depuis très longtemps dans l'objet qui cherche à se libérer et qui n'est pas animé de bonne intention ! C'est l'aventure que va subir malgré lui Harry Eskine un extralucide qui devra se confronter avec un ennemi des plus désagréable...
Tout le monde connaît l'histoire du génie enfermé dans la lampe mais à la base le génie vient des djinn, des entités surnaturelles présentes dans le Moyen-Orient, mentionnés dans le Coran et qui ne se contentent pas d'exaucer les voeux de leurs sauveurs, ce sont avant tout des êtres pourvu de grands pouvoirs, pouvant changer de forme à leur guise et influençant les humains de leurs intentions.
Mais comme il existe de mauvais anges, il existe de mauvais djinns et c'est dont le roman de
Masterton va nous le démontrer. En effet ici
le djinn entravé dans la jarre est loin mais alors très loin de ressembler au gentil génie enturbanné de la lampe d'Aladdin, c'est littéralement un démon maléfique dont les méfaits suffisent à vous donner la chair de poule, aux talents pervers et dont les apparitions sont cauchemardesques. S'il ne se manifeste que vers la dernière partie du roman, durant tout le reste on sait à quoi s'attendre pourtant au vu des sinistres histoires qui courent sur lui, notamment à travers une horrible secte ayant accompli d'affreux sacrifices et le récit de deux soeurs mêlé à toute cette sale affaire. Jusqu'au final,
le djinn vous fait douter de tout, vous rendant paranoïaque car même prisonnier dans la jarre il peut encore vous manipuler à travers des emprises mentales où des possessions...
Masterton ici utilise les légendes arabes et les djinn, qui sont pas courant dans le fantastique, notamment sur le côté sombre de ces derniers, interprétant notamment le conte d'Ali Baba qui est ici bien macabre et éloigné du récit merveilleux des Mille et une nuits... il confronte de vieilles puissances contre des héros prêt à renverser le cours des choses alors que le temps presse. Il y a notamment aussi une histoire de vengeance qui est entretenue par la rancoeur et qui hélas se finira bien mal comme quoi la vengeance n'est pas très bénéfique, surtout quand il se sert de magie occulte. L'écriture, dynamique, mène vite le lecteur à l'action, parfois très graphique avec des scènes bien explicites à vous décrocher le coeur (ça vous dit un serpent vivant cousu dans la matrice d'une jeune fille encore vivante ? où bien le découpage de nez et de lèvres ?), .
Bon par contre les personnages sont bien creux, très stéréotypés, réagissant exactement comme on s'y attend, même si le personnage d'Anna sortait un peu du lot, une chercheuse d'antiquité volés dont les légendes vont la rattraper bien malgré elle.
Et encore un bon récit d'horreur quoique léger sur le mythe des djinn qu'exploite savamment
Masterton, à lire la nuit en veillant sur une jarre où un bocal potentiellement hanté...