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3,8

sur 3646 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme souvent quand un livre me passionne, je me suis endormie très tard, ne pouvant lâcher cette histoire.
Je n'ai pas fait de pauses comme le préconise Judith dans son fougueux billet sur Connemara, je n'ai pas pu, happée par l'histoire, l'humour, la férocité et la fougue de Nicolas Mathieu.
Au travers de l'histoire de Christophe et Hélène, j'ai été fascinée de retrouver autant de choses de mon propre parcours dans ce roman.
J'ai été touchée de revivre ces moments si douloureux de l'adolescence, du fossé qui se creuse quand on peut mener une scolarité qui rend nos parents si fiers mais nous éloigne inexorablement d'eux, de la douleur plus tard, de les voir diminués, affaiblis, et réaliser qu'ils nous montrent ce qui nous attend peut-être, je ne vais pas vous faire toute la liste, ce serait trop long, mais Nicolas Mathieu a souvent fait mouche, en ce qui me concerne.

Je retiendrai aussi son dézinguage en règle du consulting qui m'a fait rire (jaune, quand même, quand on réalise où passe une partie de l'argent public), j'ai aimé découvrir les Vosges grâce à lui, mais là où je ne lui dis pas merci, c'est que j'ai eu LA chanson de Sardou en tête une bonne partie du roman, c'est malin...

Enfin, pour finir, une anecdote: Même ici (= Pays-Bas ) les lacs du Connemara clôturent parfois les fêtes, je jure que c'est vrai :-)
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Quatre ans après « Leurs enfants après eux »le nancéen N.Mathieu revient avec un roman de la même veine, réaliste , étudiant les solitudes urbaines faites d'espoirs et de désillusions.
En fait, il s'agit du morceau d'histoire d'une province qui court sur 400p.
Hélène et Christophe se sont connus jeunots sur une patinoire à Cornécourt ,un petit village de l'Est.
Ils se retrouvent à la quarantaine, lui a continué à vivre, aimer, travailler dans cet endroit, il a divorcé, et vit chez son père avec son petit garçon. Hélène a fait des études, elle vit avec son mari et ses enfants dans une belle maison sur les hauteurs de Nancy ; leur environnement social n'est plus le même. Cornécourt et Nancy ce n'est pas la même chose. Ils sont désabusés, fatigués, comme leur région qui s'étiole lentement. Ils vont se retrouver, coucher d'abord à la va-vite, essayer de réconcilier leur mode de vie , peut-être une possibilité d'amour, du sexe pour survivre, éviter la glissade vers le bas comme leur région, alors qu'un jeune président promet de balayer le vieux monde...
N.Mathieu est un entomologiste de talent, il étudie le terrain et ses habitants sans pathos , conclut les fêtes par les roulements de la chanson de Sardou, pas besoin de beaucoup d'imagination, c'est la vie.
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Nicolas Mathieu sait dire le temps qui passe comme personne. Les affres de l'adolescence, les espérances et l'incandescence de la jeunesse, les espoirs d'une vie meilleure, la volonté de s'élever et de changer de classe sociale. Oui, définitivement, Nicolas Mathieu est le roi du roman social, celui qui écorche la réalité et gratte là où ça fait mal.

Quatre ans après son prix Goncourt, l'auteur nous raconte Hélène et Christophe. Si aujourd'hui tout les sépare, ils sont liés par leurs années lycée, à Cornécourt, alors qu'ils fréquentaient le même établissement. Christophe était la star montante de l'équipe de hockey, on imaginait de grandes choses pour lui. Mais la cour des professionnels est intransigeante et vingt-cinq ans après, Christophe est toujours là, dans ce bled miteux. En instance de divorce, il vivote en vendant de la nourriture pour chiens. le soir, il rentre auprès de son père et de son fils, quand il ne va pas se bourrer la gueule avec ses potes du lycée.

Hélène, elle, elle a gravi tous les échelons. Bêcheuse depuis son plus jeune âge, elle ne rêvait que de s'extirper de la classe sociale dans laquelle elle baignait depuis sa plus tendre enfance. Après des études studieuses, elle avait enfin décroché un poste de cadre supérieur à Paris. Avec son mari, leurs deux filles, la maison d'architecte, etc., elle cochait toutes les cases. Pourtant, voilà, après un burnout, la transfuge de classe retourne au bercail et, avec sa famille, revient s'installer dans le Grand-Est de son enfance. Alors que son couple bat de l'aile, elle tombe par hasard sur Christophe.

Entre eux, c'est l'urgence de se sentir vivant et de croquer la vie à pleine dents qui leur explose à la gueule. C'est le plaisir charnel et l'instinct bestial qui prend le dessus. On veut l'autre, tout entier, tout de suite, tout le temps. Et pourtant, il y a un gouffre qui les sépare. Pour Hélène, s'amouracher de Christophe, c'est comme repartir à zéro. Elle l'aime autant qu'il lui fait honte. Lui et son manque de culture, de classe, de bon goût. Être avec un mec qui préfère une 1664 à un verre de Gevrey-Chambertin, pour qui Michel Sardou est bien plus appréciable que les valses de Chopin… c'est au-dessus de ses forces.

Et puis, au milieu de tout cet amour mal placé, Nicolas Mathieu dissèque notre monde d'aujourd'hui avec une lucidité incroyable : le capitalisme partout et tout le temps, le culte de l'image, la fracture sociale qui n'en finit pas de s'agrandir…

Roman d'amour, roman social, roman à lire et à offrir… du grand Nicolas Mathieu.
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Christophe et Hélène sont nés dans les Vosges. le premier, adolescent charismatique et figure phare de l'équipe locale de hockey sur glace, est la star du lycée. La seconde, fille unique d'un couple aux moyens modestes, passe inaperçue, invisible aux yeux de ses camarades masculins. 25 ans plus tard, la carrière sportive de Christophe est en berne. Séparé, père d'un jeune garçon, il n'a jamais quitté la région, traîne toujours avec les mêmes potes. Hélène, elle, mariée, deux enfants, revient à Nancy, après des études dans une grande école de commerce, un CDI en cabinet de conseil et des centaines de slides, dopées aux analyses de marché et aux recommandations stratégiques stériles, qui l'on conduite au burn out. Christophe et Hélène vont se retrouver et s'aimer. le pitch de Connemara, le troisième roman de Nicolas Mathieu, fait écho à des archétypes du cinéma américain : le teen movie où un paria du lycée va prendre sa revanche sur les élèves les plus populaires, et la rom com où un homme et une femme que tout oppose – moyen financier, milieu social, rapport au plaisir – vont tomber follement amoureux, potentiellement lors des fêtes de Noël. Nicolas Mathieu joue de ces références pour accentuer le désabusement qui saisit à la gorge ses protagonistes à l'aube de la quarantaine : pas plus eux que le lecteur ne trouvera ici une jolie histoire qui réchauffe le coeur. Il y aura bien des rires et des larmes, mais elles serviront surtout à quantifier la lente hémorragie du temps, qui est au coeur de ce roman, dont les parties sur l'adolescence sont écrites au présent, et les parties contemporaines au passé, comme si les êtres étaient dévorés par la nostalgie au sein d'un quotidien qui leur file entre les doigts.

Non seulement, Connemara est un grand livre sur la question des transfuges de classe, mais c'est aussi un constat implacable sur les trajectoires de vie, qui aboutissent in fine à la même quantité de malheur et de bonheur. Peu importe que l'on se saoule à la bière dans un mariage de province ou au champagne dans une soirée d'entreprise, l'ivresse est la même. le poids du temps qui passe n'a pas de milieu social et il est ridicule de se sentir les uns supérieurs aux autres. Nicolas Mathieu écrit la banalité ni pour la rendre belle ni pour la moquer, juste pour la dire, parce que c'est dans celle-ci que se loge la matière des analyses les plus justes de notre monde. Une des grandes forces du roman est que l'auteur ne fait jamais le malin. Connemara n'est jamais cynique ou ironique. Il ne prend pas ses personnages de haut, ne recherche pas la complicité avec les lecteurs et les lectrices.

« Un jour c'est sûr, c'est en vendant la promesse d'un monde décroissant qu'on gratterait les ultimes percentiles », analyse Nicolas Mathieu. C'est vrai pour le capitalisme et pour l'amour.


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ÉPOUSTOUFLANT ! Coup de coeur ❤️‍🔥

Mariée, deux enfants, cadre supérieure, Hélène a coché toutes les cases de la réussite socio-professionnelle. Mais un sentiment de gâchis et de passer à coté de quelque chose lui colle à la peau. Christophe lui, s'est laissé porter par la vie. Désormais divorcé, il vit seul avec son père et son fils et cette existence lui donne aussi un sentiment d'inachevé.
En rejouant quelque chose de leur adolescence, les deux quadragénaires veulent s'accorder le droit à une seconde chance dans un quotidien qui les engloutit peu à peu...

Connemara. Grand roman. Très très grand roman sur la réussite sociale qui nous invite à nous questionner sur ce qui compte vraiment, au plus profond de nous. Sur ce qui nous incarne, ce qui nous transcende et nous imprègne.
Connnemara c'est la confrontation de deux êtres aux classes sociales diamétralement opposées. C'est un récit plus intime que jamais qui nous invite à pénetrer au coeur au coeur des pensées de nos deux quadragénaires. C'est beau, et pourtant ça cogne tellement. Une radioscopie de nous, de nos vies. Aussi fascinante qu'effrarante. Avec une plume inégalable, Nicolas Matthieu nous livre un regard acéré sur notre époque avec une finesse sans pareille. Dès les premières pages, je me suis laissée embarquer aux côtés de ces personnages plus authentiques que jamais. Avec cette fresque sociale et sociétale éblouissante, l'auteur a su mettre des mots sur la quête de sens qui m'habite.

Difficile de trouver les mots pour en parler, c'était absolument savoureux. Tantôt âpre, tantôt lumineux, porté par une certaine mélancolie aussi.

Parce que...
"Là bas... au Connnemara, on dit que la vie c'est une foolie... et la folie ça se danse..." 🎶

Amateurs de littérature générale, ne passez pas à côté de cet ouvrage brûlant que je ne suis pas prête d'oublier ! C'est un crush que je recommande absolument ❤️‍🔥

Partagez-vous mon avis sur cette pépite? Me conseillez-vous le premier ouvrage de cet auteur "Leurs enfants après eux"? Aimez-vous cette plume? Dîtes-moi touuut ! 📖
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Connemara, c'est le portrait de la France plurielle. Celle qui réussit, d'une certaine manière, upgradant de classe sociale par rapport à celle des parents. Celle qui reste, géographiquement et socialement, au même endroit. Celle qui se surprend à construire une vie, alors que plus personne n'y croyait....

Mais pour toutes ces France, le temps passe pareil, inéluctable, clairsemant de fils d'argent les chevelures, épaississant un peu les tours de taille et questionnant le sens de tout ça.


Nicolas Mathieu parvient, avec une économie de mots, à distiller ça et là les marqueurs d'une époque, et les marqueurs des classes sociales. Ici un tablier à fleurs, là un cendrier Johnnie Walker sur une table en formica, ici le son d'un MacBook pro qui s'allume, là un agenda Creeks, ou là encore un jean Zadig et Voltaire, un modèle de voiture, un film, une émission de télé. C'est un voyage dans le temps, des années 90 à la fin des années 2010, au travers d'une écriture très visuelle : l'auteur nous peint la France de ces années-là.


Au-delà de cette peinture, Nicolas Mathieu nous partage quelques-unes de ses réflexions sur ce qui caractérise notre société.

J'ai savouré la description caustique du métier de consultant et la réflexion sur le règne quasi idéologique du reporting. J'ai réfléchi, avec lui, sur la question de l'appartenance à un milieu social et questionné ma propre idée de la réussite.


Mais surtout, je me suis attachée à ces personnages qui, au mitan de leur vie, remettent en cause leurs croyances et leurs envies, réveillent des corps qu'ils avaient laissé s'engourdir, secouent un quotidien devenu pesant. J'ai été touchée par quelques scènes amenées avec subtilité et le bon dosage d'émotion : Christophe voulant briller sur la patinoire devant son fils, Gérard Marchal en expédition punitive pour défendre son petit-fils ou Hélène retrouvant la table de la cuisine de son enfance, celle-là même qu'elle avait tant voulu laisser derrière elle.


C'est extrêmement bien écrit, c'est dosé, c'est juste, c'est terriblement ancré dans une réalité qu'on  reconnaît.


Je me demande souvent quels sont les romans contemporains d'aujourd'hui qui seront les classiques de demain. Connemara peut largement prétendre à une bonne place dans la liste.

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Pas fan du Goncourt 2018, je me suis laissée séduire à la suite de la parution d'un article sur la fusion des régions et leur gabegie financière, savamment entretenue par les cabinets de consultants. L'auteur vient de ce milieu professionnel et en parle avec beaucoup de clairvoyance, sans misérabilisme mais un réalisme cruel.
Mais le roman ne se limite pas au devenir de la Région Grand Est! C'est une épopée vosgienne, non chronologique, qui débute dans les années 80 pour s'achever en 2017. Mathieu revisite l'enfance et l'adolescence, l'entrée dans la vie adulte et le mitan de cette vie à travers deux héros Hélène et Christophe. C'est très revival pour les plus de 45 ans, et historique pour les autres...
Mathieu sait explorer savamment les aspects les plus intimes de chacun de ses héros mais également les relents d'une époque passée, avec ses hauts faits et ses petites misères. L'émotion affleure souvent, sans jamais briser la trame narrative; celle-ci est juste, profonde et puissante.
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On est bien peu de choses et Nicolas Mathieu l'écrit dans ses bouquins.
J'aime sa façon de décrire les gens. le boulot, qu'on aime faire ou qu'on subit. L'amour, qui nait, qui dure et qui, parfois, s'arrête. La nostalgie de la jeunesse quand la quarantaine arrive avec plus de regrets que de projets. La maladie et ses soucis, la mort quand ceux qui restent doivent continuer à vivre.
Ce roman n'est pas un roman, c'est moi, c'est nous, c'est vous, c'est la vie.


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Je n'avais pas encore cédé aux sirènes de l'engouement que Nicolas Mathieu avait suscité après avoir décroché le Goncourt 2022. Voilà c'est fait. Et j'ai adoré son roman "Connemara". le titre fait allusion à la chanson de Michel Sardou qui est devenu un trésor du patrimoine national et qui est chanté dans toutes les circonstances de la vie, fêtes en tout genre, mariages, week-end arrosés des noubas étudiantes. L'auteur nous entraîne dans l'Est de la France où nous faisons la connaissance d'Hélène, la quarantaine et qui à force de volonté a su atteindre ses objectifs de se faire une place au soleil avec tout ce qui va avec. Belle situation, beau mariage, magnifique maison,deux enfants. C'est un peu un transfuge de classe. Et nous faisons la connaissance de Christophe qui lui, a moins bien réussi et qui se débat dans une vie un peu grise entre un divorce conflictuel, un père à la santé chancelante mais qui a un fils qu'il adore et des potes toujours prêts à faire la fête et à qui il est uni comme les cinq doigts de la main. Ces deux-là se sont connus à l'adolescence, Christophe étant le petit copain de la meilleure amie d'Hélène. Nous naviguons donc selon les chapitres de l'adolescence des deux héros à leur vie actuelle où ils ont une quarantaine d'années. L'auteur a su à la perfection nous plonger dans une ambiance nostalgique qui souvent nous serre le coeur. Par petites touches il nous dresse le portrait d'une France des années pas si lointaines où tout paraissait possible et où les lendemains pouvaient chanter et d'une France actuelle où tout est beaucoup plus difficile et où le désenchantement est roi. le monde du travail actuel est dépeint au scalpel avec tout ce qu'il trimballe de dureté, de vide existentiel avec son jargon ridicule et où plus personne ne parvient à trouver de sens. C'est également un roman sur les rêves brisés de l'adolescence, des rendez-vous ratés, des questionnements de la quarantaine où l'on s'aperçoit finalement que malgré le but qu'on s'est efforcé d'atteindre, le choix que l'on a fait nous laisse quand-même vide et plein d'amertume. C'est donc un très beau roman, plein de sensibilité, qui nous raconte à petites touches ce que tout un chacun peut éprouver tout au long de sa vie, des grandes joie aux plus profonds chagrins, tout ça rythmé par la chanson Connemara. Et tout ça avec une langue simple mais néanmoins belle.
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J'avais adoré "leurs enfants après eux", j'ai aussi beaucoup aimé "Connemara": toujours un regard lucide, plein d'empathie pour ses personnages, l'auteur nous décrit ici encore une France profonde, vraie, vivante, faite d'hommes et de femmes qui ont chacun leurs soucis, leurs joies. On s'aime, on se trompe, on se tue au travail on boit avec les copains, on déteste ses parents, on soigne ses parents, on déteste son patron, on veut aller le plus haut possible, on ne sait plus trop où on en est ... mélange de personnages tous plus intéressants l'un que l'autre, on ne peut que se reconnaître au moins dans un, sinon dans plusieurs. C'est ce qui m'est arrivé, et j'ai été ému de retrouvé une part de ma vie, pas la plus moche mais pas la plus glorieuse non plus. Un vrai roman qui est un reportage cruellement beau sur nous tous.
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