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3,8

sur 3647 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une petite ville de l'Est de la France, une femme, un homme.
Ces deux là se sont connus au lycée dans les années 90 et se retrouvent presque 20 ans plus tard.
Elle, a fait carrière à Paris, une étrange réussite qui se termine en burn-out.
Lui est resté dans les Vosges, sans grande ambition professionnelle après avoir vécu son moment de gloire en tant que joueur de hockey.
C'est l'histoire d'une rencontre, de deux ados devenus adultes.
Première lecture pour moi d'un roman de Nicolas Mathieu, à qui je reconnais un talent dingue de raconteur d'histoire.
Pas celle avec un grand H mais l'histoire du quotidien dans ses moindres tout petits détails, celle des enfants nés à la fin des années 80.
C'est stupéfiant de réalisme. Et c'est si juste que ça en devient parfois troublant. Ce livre se dévore, parce que les sauts dans le passé sont autant de petits bonbons sucrés ou pas qui nous ramènent à notre propre histoire. Et c'est souvent assez drôle.
Mais, parce qu'il y a un tout petit mais, il m'aura peut-être manqué d'être un peu moins observatrice et un peu plus partie prenante. Il faut dire que les personnages de Nicolas Mathieu ne font pas tous rêver. Ils sont si « normaux », si proches parfois, imparfaits, agaçants.
C'est sans doute en cela que réside la réussite de cette chronique sociale.
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« Au fond, les vieilles amours étaient comme ces tapisseries décaties aux murs des châteaux forts. Un fil dépassait, vous tiriez dessus par jeu, et tout se détricotait dans la foulée. En un rien de temps, il ne restait plus que la trame, les manies et les névroses à découvert, le rêve agonisant en ficelles sur la moquette ».

J'ai lu ce livre avec, en fond sonore mental, la célèbre chanson de Sardou, qui a traversé les époques et les générations, comme une rengaine, une ritournelle, le signe que tout est un éternel recommencement à chaque marrée de la vie.

Pour Hélène et Christophe, le temps des rêves, des projets et des douces illusions cède la place à celui des réveils douloureux, des espoirs déçus, des bilans impitoyables.

Connemara, c'est la nostalgie des 20 ans quand sonne le glas des 40, comme le coup de sifflet signe la fin de la récré. C'est la gueule de bois des gens qui ont tout et qui ne sont plus remplis par rien, le vacillement des certitudes, la prise de conscience que, finalement, « les histoires d'amour finissent mal, en général ».

Nicolas Mathieu restitue avec un immense talent ce parfum de mélancolie qui flotte dans l'air dans ces moments là, cette douleur diffuse, comme un vague à l'âme, qui nous tenaille et nous interroge sur le temps, si vite écoulé, qui semble nous avoir ravi l'insouciance et les promesses de notre jeunesse.

Les yeux rivés sur les mots, l'on peut sentir les odeurs, ressentir les sensations, revenir en arrière le temps d'une parenthèse, d'une respiration, et revivre cette époque bénie de tous les possibles.

Son humour est drôle, son érotisme excitant, sa sensibilité émouvante…

J'ai adoré ce livre. C'est un ÉNORME coup de coeur que je conseille à tous ceux pour qui les notes de cette chanson sonnent comme la madeleine de Proust qui rattache notre présent à notre passé, comme le trait d'union reliant les différentes étapes de notre vie.
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Nicolas Mathieu (NM) nous parle sans complaisance, mais sans mépris ni condescendance, de cette classe moyenne que les médias nous décrivent à l'envi égoïste, inculte, repliée sur soi, manipulable, hostile au changement et à la nouveauté, incapable de s'adapter, immobile dans un monde en perpétuel mouvement.
Sous sa plume au contraire on la découvre ou reconnaît, selon son parcours ou sa position personnels, soucieuse de bien faire, pleine d'énergie, d'envie d'avancer et de vivre.
Pas assez pauvre pour vraiment manquer de quoi que ce soit ; mais pas assez riche non plus pour ne pas être déstabilisée par un revers de fortune.
Pour ceux qui ont la chance d'attraper les dernières cabines de l'ascenseur social l'intégration dans une sphère de la société supérieure est douloureuse à cause d'un sentiment de trahison qui ne vous lâche jamais vraiment.
Les « quadra » de « Connemara » se retrouvent dans un monde qui n'est déjà plus celui de leur adolescence.
Malgré les coups du sort, les fausses pistes ou les mauvaises pioches ils se sont frayé un chemin dans un monde instable en perpétuelles mutations, avec le souci de faire ce qu'il faut et de garder le cap sur leurs rêves.
Même quand la route choisie s'avère socialement efficace, la réalité vécue est rarement à la hauteur des espoirs nourris.
Dans un monde où le travail a perdu tout son sens et est cause d'autant de souffrance que le chômage, pour qui veut bien regarder la réalité en face, ou pour qui a le courage de ne pas accepter de se cantonner au rôle qui lui a été assigné, les petites gens de la classe moyenne s'efforcent de trouver leur chemin. Ils n'y parviennent pas toujours ou pas toujours avec panache ; mais dans « Connemara » aucun ne déchoit ni ne perd sa dignité.
Hélène est le personnage principal du livre. Elle a la quarantaine. À la faveur d'une rencontre imprévue elle se repasse le film de sa vie. le chemin qu'elle a choisi a fait de la petite fille de l'Est qu'elle était, une cadre sup' parisienne revenue dans l'Est, à cause d'un burn out.
On la suit de l'enfance à l'âge adulte, jusqu'au présent de la narration qui est le moment où elle choisit de donner un autre cours à sa vie pour lui redonner du sens et rester fidèle à elle-même.
C'est un joli parti pris narratif que d'avoir choisi une fille comme protagoniste ; une façon de nous rappeler que les femmes sont des Hommes comme les autres.
Le roman est écrit dans une langue contemporaine et exigeante. NM déroule une prose efficace qui sait faire jaillir images et émotions sans jamais tomber dans la facilité, la démagogie ou la vulgarité.
Cette qualité de l'écriture participe de la dignité des personnages qui sont toujours vivants et complexes, particuliers mais comme tout le monde ; des femmes et des hommes dans toutes leurs dimensions et leurs potentialités.
NM fait de nos vies un roman. Un beau roman dont nous n'avons pas à rougir.
À moins que ce ne soit l'inverse : NM écrit des romans qui ressemblent à nos vies à s'y méprendre.
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En tout premier, il y a ce titre "Connemara" et la chanson de Sardou qui m'a trotté dans la tête jusqu'à la dernière page. 😄
C'est au fil des pages que l'on comprend que cette chanson illustre l'opposition de 2 classes sociales tout en faisant partie de la culture commune à tous: elle termine les soirées étudiantes d'HEC et elle est populaire lors des bals, des noces... "Qu'est-ce qui fait socle commun dans une société? Parler de ce qui nous rassemble et de ce qui nous divise." cf interview de Nicolas Mathieu.

Connemara, c'est une histoire d'amour entre 2 personnes avec des modes de vie très différents; c'est la crise de la quarantaine d'un homme et d'une femme qui se demandent s'ils ont réussi leur vie; c'est la confrontation de 2 mondes, 2 classes sociales que tout oppose; c'est aussi l'histoire sociale et politique de la France de 1990 jusqu'en 2017; ce sont des portraits de femmes (la mère, Hélène, la stagiaire...) avec leur force de caractère et d'hommes en tant que pères, maris, collègues, patrons et pour finir, c'est une interrogation pour toutes les générations: qu'est-ce que la réussite?

Un livre très bien écrit, riche de belles descriptions, avec le souci du détail: le quotidien ( sans l'embellir), les personnages (les peurs, les joies, les rêves, les inquiétudes...). Bonne lecture!
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Roman sur les classes moyennes basses des petites villes de province, comme il est désormais interdit de dire, les technocrates préférant "territoires" ou "ruralité". Ici, la Région Grand-Est. Personnages attachants comme toujours, dont les filles, combatives, bonnes à l'école, qui accumulent du capital culturel et font carrière, quand les garçons restent en rade. Des pages 'corporate' implacables sur la faune des cabinets de consulting qui grouillent dans les collectivités territoriales. Brillamment écrit, avec certaines phrases et expressions périlleusement sur une crête, le récit entremêlant le passé et le présent avec habileté. On ne le lâche pas. Il fait penser à la phrase De Beauvoir : "Avoir des enfants, qui à leur tour auraient des enfants, c'était rabâcher à l'infini la même ennuyeuse ritournelle."
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À bientôt 40 ans, Hélène est comblée : née dans un petit village de l'Est de la France qu'elle a quitté avec bonheur, elle a une belle carrière, une magnifique maison, deux filles et un mari qui l'aime depuis 15 ans. Aux yeux de tous, Hélène a réussi sa vie, et pourtant…

Christophe a grandi dans le même village qu'Hélène, mais lui ne l'a jamais quitté. Il continue à boire des bières chez ses potes, gère tant bien que mal la séparation avec la mère de son fils et vit avec son père. le jeune joueur de hockey flamboyant a bien changé…

Par pur hasard, Hélène et Christophe vont se recroiser, et chacun se perdra dans ses souvenirs d'ado, quand les ambitions étaient grandes, et la vraie vie reléguée à plus tard. Cette vie, pourtant, va les rattraper.

Un récit de vie(s) prenant, qui nous met face à nos rêves d'adolescents : c'est une claque monumentale que se prennent Hélène, Christophe et le lecteur. Peut-on revenir en arrière, revivre la douce insouciance de nos 15 ans ? L'auteur évoque avec brio la question de la réussite : est-ce que tout faire pour quitter son bled paumé, c'est s'élever socialement ?

La vie, la « vraie », telle qu'on la trouve dans les villages, à refaire le monde au bar avec les copains, tout en se plaignant du boulot alimentaire qui permet juste de payer les factures… Cette vie est-elle plus authentique ? Ces deux mondes peuvent-ils cohabiter ?

Un roman brut, qui secoue parfois, fait sourire aussi, mais surtout réfléchir. Une très bonne lecture que je vous recommande !
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D'une écriture juste et sincère, ce livre est un véritable miroir ! La quarantaine : alors que se croisent la douloureuse ascension professionnelle et le fatal déclin du couple rongé par le quotidien.. les papillons dans le ventre qui font se sentir à nouveau vivant, les désillusions qui suivent forcément… les décisions, les choix à ce tournant de la presque moitié de vie … dans un décor tantôt franchouillard, tantôt startupeur.
Tout est tellement juste dans ce roman « tranche de vie »… qu'il en est déconcertant !
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Un livre Stupéfiant de Justesse
De regard .. vif
Acéré
sur nos vies
ordinaires
Nos ascencions et esporis d'un instant
Nicolas Mathieu se révèle
Humble et redoutable
Plus juste encore que dans le Goncourt
Destabilisant
de lucidité
Un écho ...assourdissant
Dans la vie de beaucoup
J'ai aimé
Douloureusement
Nos pretentions.. vaines
Le monde des destins ordianires
De reves d'etoiles
filantes.
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J'avais aimé « leurs enfants après eux » et pu apprécier le bonhomme à travers une rencontre au Channel (ma librairie) et depuis au travers de ses engagements.
Je trouve « Connemara » nettement plus fort, plus complet.
Je passe vite sur l'histoire, elle tient en deux lignes.
Nous sommes en 2017, Hélène, mère de famille, cadre dans un cabinet de conseil à Nancy, d'origine modeste mais qui a « réussi » même si son couple, et sa vie en général, battent de l'aile. Dans une ultime pulsion de vie, elle entame une liaison avec Christophe Marchal, connu à l'adolescence, petit commercial et père célibataire. À travers cette relation, c'est son fantasme d'adolescente qu'Hélène réalise, peut-être une vengeance sur ses rêves envolés.
Nés tous deux à Épinal, ils sont devenus ces adultes que la vie et le travail façonnent à partir du même creuset.
Deux chemins qu'on pourrait croire opposés.
Mais ce livre parle aussi de notre époque, des dérives de notre système, de classes sociales exacerbées et de territoires en déshérence, de la condition féminine aussi.
Tout le long du livre me revenait en tête la phrase qui clôturait les chroniques de Philippe Meyer que j'aimais tant : « Nous vivons une époque moderne et le progrès fait rage » …
D'un côté les bullshit jobs et de l'autre ceux qu'on ne voit pas de Paris, et qui furent rendus visibles ensuite sous le nom de « gilets jaunes ».
De la misère affective et du burn-out de ceux qui servent la machine à broyer à qui il ne reste souvent que Tinder, aux gardes partagées et l'alcool pour ceux qu'elle broie.
Du rôle subalterne dévolu aux femmes, quoi qu'il arrive, même au plus haut de l'échelle, elles n'en assument pas moins le quotidien et le lavage des chaussettes.
Reste-il de la place pour l'amour ?
Le monde qui arrive au pouvoir avec ses cabinets de conseils, son nombrilisme et son « quoi qu'il en coûte (au bas-peuple) » l'IA s'appelait alors Emmanuel Macron.
La lecture est addictive tant elle est fluide, les descriptions de ces mondes économiques, professionnels extrêmement pertinente, pas de cynisme, pas de misérabilisme, simplement le talent d'un grand écrivain. Ces deux mondes ne sont pas si opposés qu'on voudrait nous le faire croire, leur niveau de vie sont en effet à l'opposé, mais ce qui importe c'est la vie. Et sur ce point ils n'ont rien à s'envier, sont tous deux broyés, malaxés, rejetés, isolés.
Tellement seuls.
De très belles pages sur le désir et sur l'amour physique, seule partie de leur vie qui leur appartient encore.
Car « Nicolas Mathieu est un observateur extrêmement précis, décapant, très juste dans son regard qui sait parfaitement bien malaxer l'intime et le social ».
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"Hélène, David, Philippe, les prénoms d'une génération, celle qui vient d'avoir 40 ans et fait un (premier) bilan de ses années de vie, de couple, de famille, de réussites et d'échecs professionnels. Hélène cherche le frisson en se lançant dans l'aventure des rencontres sur internet. Mais au cours de son premier rendez-vous, elle tombe par hasard sur son amour de jeunesse dans le cadre improbable d'un restaurant de seconde zone. Christophe lui-aussi est à un croisement de sa vie, entre séparation douloureuse et rêve de seconde carrière de star du hockey local.
Avec Connemara, Nicolas Mathieu continue de creuser le sillon d'une littérature en forme de chronique sociale, entre Vosges, Moselle et Lorraine. D'une plume simple, directe, mais toujours précise et imagée, riche en dialogues acérés, il nous fait ressentir tous les doutes et toutes les fêlures d'un âge fragile, celui dit de la ""midlife"". Un roman qui se lit d'une traite comme les pages réelles de vies"
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