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sur 113 notes
Tsuneo Asai travaille au ministère de l'agriculture, en tant que chef de bureau de l'alimentation. C'est au cours d'un déplacement à Kôbe qu'il apprend la mort tragique de sa femme, Eiko. Un appel survient alors qu'il dîne en compagnie de son chef de cabinet et divers industriels. C'est sa belle-soeur, Miyako, qui lui apprend cette bien triste nouvelle. Il prend aussitôt le premier train pour Tokyo et va tenter d'en savoir un peu plus sur cette mort mystérieuse. Il savait sa femme fragile du coeur mais de là à ce qu'elle fasse une crise cardiaque, cela lui paraît bien étrange. Il se rend alors avec Miyako dans le quartier de Yoyogi, là où Eiko est morte, plus précisément dans la boutique de luxe où elle s'était réfugiée avant de faire sa crise cardiaque, un endroit qui paraît étrange aux yeux de Tsuneo qui ne comprend pas ce que sa femme faisait dans ce quartier. Il décide alors de mener sa propre enquête en discutant avec la tenancière de la boutique et en allant explorer les maisons et hôtels alentour...

Seicho Matsumoto nous offre ici un voyage dépaysant au pays du soleil levant. Même si l'intrigue repose sur la mort suspecte de la femme de Tsuneo, c'est avant tout une description des moeurs et des coutumes du Japon qui sont ici décrites, à savoir essentiellement les convenances sociales et la vie de couple. C'est donc véritablement un roman policier atypique, sans réellement de suspense, ni de rebondissements, dont l'enquête se déroule de manière méticuleuse, parfois lente, et de façon pas vraiment trépidante. Mais tel n'est pas le but premier de l'auteur qui s'est beaucoup plus intéressé à la psychologie des personnages, aux détails et aux descriptions. Il n'en reste pas moins un polar très agréable à lire pour qui aime le style de Matsumoto. Car son écriture est douce et sobre.

Un endroit discret... un peu trop, peut-être...
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Les japonais ont a coeur de ne jamais déranger autrui, à tel point qu'un homme dont la femme, Eiko, est décédée d'une crise cardiaque dans une boutique, se sent obligé d'aller présenter ses excuses à la propriétaire du magasin pour la gêne occasionnée…à nos yeux d'occidentaux, cela paraît assez surréaliste, mais il semblerait que cela soit une attitude tout à fait normale là-bas.
C'est donc ainsi que débute ce roman dans lequel Tsuneo Asai, en déplacement professionnel, apprend le décès brutal de son épouse.
Celle-ci avait déjà eu des problèmes de coeur, sa mort est donc explicable médicalement.
Mais que faisait-elle dans ce quartier si loin de chez elle ?

A partir de cette simple interrogation, Tsuneo Asai va se mettre à cogiter et à vouloir comprendre ce que sa femme faisait dans un endroit où personne ne semble la connaître, et où elle n'avait aucun achat précis à faire, au point que cela va devenir une véritable obsession.
On se laisse rapidement embarquer dans cette enquête peu conventionnelle, laquelle commençait légèrement à s'enliser quand un événement survient et relance l'intrigue comme jamais.
Le rythme est lent pendant toute la première moitié du livre mais cela est tout à fait en adéquation avec l'histoire et soudain, tout s'accélère et l'intrigue prend des allures de polar sombre et assez violent, agrémenté d'une pointe d'humour.
J'ai passé un très bon moment avec ce roman japonais qui date des années 70, mais qui n'a pas vieilli, les thèmes abordés étant toujours d'actualité.
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Un fonctionnaire, Asai, apprend lors d'un voyage d'affaires, que sa femme, Eiko, est décédée dans une rue bien loin de chez elle. Il est troublé par le fait que sa femme ait pu se retrouver dans un quartier qu'elle n'a pas l'habitude, croit-il, de fréquenter. Et c'est à partir de cette simple question : "Mais que faisait-elle dans ce quartier?" que sa vie deviendra une recherche presque obsessive de la réponse. Il enquêtera en se promenant dans le quartier et les réponses qu'il ne peut trouver par lui-même, il les confiera à une agence de détectives.
Seichō Matsumoto, l'auteur, ne nous présente aucunement une enquête policière mais plutôt un portrait minutieux des conventions sociales japonaises, du mariage qui ressemble plus à un acte raisonné bien loin du romantisme et bien sûr les convenances au travail avec le respect de la hiérarchie, l'ambition et les apparences.
Les Japonais sont des gens polis, excessivement, civilisés et parfois contraints par tous ces codes sociaux. On les sent retenus, on les voit discrets, sans trop exprimer de spontanéité. Et « Un endroit discret » est bâti comme ça également. Un début assez lent, où l'on pose les pierres selon un ordre bien précis puis le récit accélère et les éléments feront en sorte que rien ne pourra plus être contenu.
Un petit voyage au Japon via les pensées et les réflexions de notre fonctionnaire qui n'est pas sans surprendre.


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Le personnage principal Tsuneo Asai est un homme d'une grande intelligence. Il est haut fonctionnaire au ministère de l'Agriculture. Un soir, alors qu'il est en déplacement professionnel en province, il apprend au téléphone le décès brutal de sa jeune épouse.
Eiko était suivie depuis quelques temps par un cardiologue et Tsuneo se rend à l'évidence qu'elle avait le coeur bien fragile, par contre le lieu de son décès, dans un quartier peu fréquenté et éloigné de leur domicile, le laisse perplexe.
Avec minutie et perspicacité il va au fil des semaines réussir à reconstituer les circonstances exactes de la mort d'Eiko et constater avec amertume qu'elle le trompait lors de ses fréquents voyages professionnels.
L'amant d'Eiko rend visite une fois par mois à sa femme qui se trouve dans un sanatorium éloigné de Tokyo. Un jour, alors qu'il marche en direction du sanatorium, il est abordé par Tsuneo qui lui demande des explications. Mais cette entrevue avec l'amant, que Tsuneo a minutieusement planifiée, se passe mal et dans un moment de panique Tsuneo tue son ex rival.
Personne, à part lui, ne sait qu'Eiko le trompait et le meurtre de l'amant de celle-ci, sans témoin, est bien sûr incompréhensible pour les enquêteurs locaux.
Pourtant le fait de réaliser soudain qu'il est devenu un criminel, lui le brillant fonctionnaire qui ne laisse jamais rien au hasard, va le perturber au point de commettre des maladresses et, par la même, rendre ce roman passionnant jusqu'à la dernière page.


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Plus qu'un roman policier, nous avons la description d'une facette de la société japonaise, par le prisme d'un fonctionnaire carriériste. La partie polar est un prétexte pour nous montrer la psychologie de Asai qui souhaiterait que la vie soit un long fleuve tranquille. Mais Asai est pointilleux : la mort de sa femme le dérange "Quand Eiko a eu son attaque, ou se trouvait-elle ?", puis un infime détail sur l'heure du décès.

Pour se rassurer, il va mener une enquête minutieuse, une trace de jalousie transparait peu à peu et va le consumer.

Un suspens jusqu'à la dernière page.
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Je ne ferai pas ici le résumé de ce roman, la quatrième de couverture donnant déjà suffisamment d'éléments.

Le rythme de ce roman noir est tout d'abord très lent. Puis il s'accélère et se précipite sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle jusqu'au dénouement. Soit dit en passant, la chute de l'histoire m'a beaucoup fait rire par son côté ironique.

L'intrigue est centrée autour de Asai Tsuneo, haut fonctionnaire efficace, intelligent, froid et calculateur par de nombreux aspects. Malgré le drame qui le touche dès la seconde page, il est difficile d'éprouver de la compassion pour ce personnage qui semble doter d'un sang-froid à toute épreuve.
Son caractère méticuleux et réfléchi rend son enquête particulièrement prenante.

Un autre point intéressant de roman, rédigé dans les années 70, tient dans le contexte social dans lequel évolue Asaisan. Une fois de plus, on constate une conception du travail assez différente decelle en France. Asai a gravi les échelons hiérarchiques petit à petit, à force de travail, d'abnégation et d'années, et en sacrifiant une grande partie de sa vie privée. On assiste cependant à une évolution de cet ancien système d'avancement par l'âge avec l'arrivée de jeunes recrues issues de grandes universités qui sautent les échelons (merci le piston souvent).

On sent également de façon palpable la forte pression exercée par son travail: tous ses faits et gestes, grands ou petits, sont conditionnés par la peur de faire rejaillir l'opprobre sur ses supérieurs, ou même simplement les mettre dans l'embarras. Il n'est qu'à voir les courbettes et autres phrases de politesse et d'excuses que Tsuneo adresse à son supérieur quand il doit le laisser à cause de la nouvelle de la mort de sa femme! On le voit plus embarassé de ne pouvoir accomplir son devoir que touché par le décès brutal de sa femme.

Enfin, le roman offre une image du mariage japonais plus basé sur la raison que les sentiments. Eiko est la seconde femme de Tsuneo. Au cours de la narration, on apprend qu'il a eu à nouveau recours à un intermédiaire pour la rencontrer. La décision de s'unir ressemble ici à une froide équation dans laquelle le statut professionnel l'emporte. D'ailleurs, Tsuneo se le répète à diverses reprises: ne se sentant pas le moindre charme, ses chances maritales résident dans sa position de fonctionnaire du Ministère de l'Agriculture.
On se marie donc car il est normal, à compter d'un certain âge de le faire. D'ailleurs, l'auteur laisse entendre que pour Eiko, 27 ans quand elle l'épouse, c'était pour ainsi dire la dernière chance de convoler en justes noces. Dépasser les 25 ans sans être mariée est considéré comme honteux pour les femmes japonaises (Amélie Nothomb y fait référence dans "Stupeur et tremblements" en parlant de Mori Fubuki).
Vue de l'extérieur, le couple que forment Tsuneo et Eiko apparaît donc forcément comme bien fade, quoique matériellement stable.

Matsumoto Seichô dissèque ici la société japonaise contemporaine et se sert des coercitions sociales pour créer une intrigue intelligente et bien menée.
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Tsuneo Asai est gêné, et même très gêné. Il doit quitter le repas qu'il partageait avec une geisha et son directeur le chef de cabinet Shiraishi, car on vient de lui annoncer le décès de son épouse. Mais que faisait donc Eiko dans ce quartier reculé de Tokyo où elle vient de passer de vie à trépas, victime d'un incident cardiaque ?
Asai veut comprendre. Pas par désespoir d'avoir perdu sa femme, mais plutôt parce qu'il est quelqu'un de méticuleux et qu'en bon fonctionnaire, il aime aller au bout des choses et ne lésine pas sur les moyens d'atteindre ses objectifs. Alors, il embauche un détective pour enquêter sur la vie de cette épouse dont il n'a pas fait grand cas de son vivant, car il s'intéressait alors principalement à sa carrière. Et des découvertes, il va en faire ! Jusqu'à la confrontation avec l'amant de sa femme qui va tourner au drame...

Ecrit au début des années 1970, voilà un polar intemporel, cérébral et à l'écriture ciselée, qui vaut vraiment le détour. Orfèvre du détail, Seichō Matsumoto nous dissèque à la loupe la quête d'un homme froid, intelligent et déterminé, pour qui la vie n'est que rationalité, sacrifices et multiples courbettes à qui pourrait servir ses intérêts. Une ambition démesurée qui finira par le perdre !

Trois bonnes raisons de vous le procurer :

- Pour cette immersion dans la culture japonaise avec ses règles de politesse incontournables.
- Pour l'intrigue sombre et allant crescendo, ainsi la psychologie aiguisée des personnages (ce n'est pas pour rien que cet auteur est surnommé le Simenon japonais).
- Pour son intrigante couverture, illustrant à merveille la dualité des personnages centraux de ce roman !
Lien : http://leslecturesdisabello...
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Embarquez-vous pour un polar différent. Différent, mais en quoi ?

Le narrateur, Tsuneo Asai, est un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture japonaise. Il mène une vie assez morne. Pas d'excès, pas de vague, pas d'ambition, pas de boisson, pas de loisir. Il monte les échelons professionnels simplement avec le temps qui passe.

Il s'est marié après le décès de sa précédente femme. Mais la passion ne règne pas. C'est un couple très japonais : lui travaille, elle resta à la maison et s'occupe via des activités culturelles. Sa femme ayant des problèmes de coeur, ils ne font plus l'amour ou alors de façon très espacée.
Lors d'un de ses voyages professionnels, on l'appelle au téléphone. Sa femme est morte d'une crise cardiaque.
Mais elle est morte dans un quartier de Tokyoqu'elle ne fréquentait pas.

Qu'y faisait-elle ?

Le mari se pose des questions. le doute se mue lentement en soupçon puis en certitude, puis en piste à suivre. Attention le rythme n'est pas celui d'un roman policier classique. Pas d'échéance pressante. de plus, Tsuneo n'a pas beaucoup de moyens. Il enquête seul, sur son temps libre, sans en parler à la police. Il ne commet aucune infraction. Il se sert juste d'un cabinet de privé pour une enquête de "voisinage".

À force de patience, il finit par découvrir sa femme. Il l'avait si peu connue de son vivant ! Il ne connaissant rien de ses loisirs de ses fréquentations.

Gardant une façade calme et professionnelle au travail, il progresse au fur et à mesure. Il se retrouve face à des évidences. Confonté à la réalité crue, va-t-il conserver son flegme et son sang-froid ?

En relisant cette critique, j'ai l'impression de donner une vision absolument morne de ce roman. C'est une erreur. L'auteur a du talent. D'un narrateur sans passion, il distille un suspens qui va croissant. Toutes les enquêtes ne se résolvent pas en quelques jours. Parfois les intuitions, les indices mettent du temps à s'emboiter. C'est exactement ce qu'illustre ce roman. de plus typiquement japonais, Monsieur Asai, ne veut pas déranger, faire de vague lui même.

Pas d'action coup de poing, donc. Mais une vérité qui monte lentement au fur et à mesure et qui nous entraine vers l'inéluctable. Un suspens croissant et une tension croissante nous entrainent vers une fin intéressante.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Quel surprenant roman policier !
Une écriture sobre, qui joue d'un ton impersonnel, froid jusqu'à ce que la névrose, la paranoïa et la panique n'aient raison du personnage principal.Il a une quarantaine d'années, il a gagné un situation professionnelle à la force de son intelligence et de sa parfaite connaissance des rouages d'un grand ministère ; il est marié à une jeune femme parce que il faut avoir un statut conjugal. Le décès de cette épouse , suite à un infarctus, est la conséquence de la maladie cardiaque dont elle était atteinte. Mais, cette mort survient alors qu'il est en déplacement en région avec son nouveau supérieur hiérarchique. Plus que du chagrin c'est plutôt le côté mal-à-propos de cet événement ressenti un peu comme un manque ... de courtoisie.
Voilà bien le moteur de cette intrigue : cette politesse poussée à l'extrême.
C'est par politesse qu'il ira remercier la boutiquière chez laquelle sa femme avait poussé le dernier soupir. Et c'est à partir de cette visite, qu'il commencera à décrypter d'infimes indices de la vie de sa femme qui le mèneront à la conclusion que celle-ci avait une liaison. En souffre-t-il ? Que nenni. Il veut savoir.
Intelligent et manipulateur il arrivera à reconstruire les faits. De l'amant de sa femme il n'attendra de celui-ci que ...des excuses, celles auxquelles il a droit. Sauf que..."Alors, vous voulez dire que vous ne reconnaissez absolument pas la nécessité de vous excuser ?" . A partir de là, le récit change puisque cette situation en total affront aux règles de bienséance précipite le crime.
A partir de là, le roman bascule dans la description de la névrose de cet homme. Pas de remords juste un inextricable réseau de pressions qu'il subit et auquel il essaie d'échapper. Sa plus grave erreur : avoir susciter un lien de reconnaissance en son encontre de la part de ceux qu'il voulait éloigner.
Certes, beaucoup d'informations sur la société japonaise et surtout concernant les relations de travail en cette fin du vingtième siècle.
Plus que cela, ce qui pour moi est le meilleur de ce roman c'est la description d'une grande finesse de la psychologie de ce fonctionnaire dont la perversité de raisonnement se dissimule derrière une intelligence manipulatrice implacable. Quant au piège que la destinée lui réserve, et dont les prémices émaillent toute la partie d'après meurtre, c'est un vrai moment de plaisir. J'avoue avoir sourit devant la malice de la conclusion et ... failli applaudir. Mais bon, j'étais en public, alors par bienséance, je me suis abstenue.
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Je me suis demandé pendant une bonne partie du livre pourquoi il était édité dans une collection de policier, et puis la réponse est venue. Inattendue pour moi.
J'ai aimé ce livre qui n'est pas trépidant mais avance tranquillement tout en permettant d'étudier le monde du travail au Japon. Ici un ministère.
Je me suis demandé si l'auteur avait l'habitude de faire des conférences comme son héros, car il reprend assez régulièrement les informations précédentes comme pour s'assurer que le lecteur suit, ce qui m'a un petit peu agacée.
Pas un livre inoubliable mais un polar agréable et "ethnologique".
Le rapport des Japonais au travail m'étonne, même si je sais que les codes ne sont pas identiques. J'imagine mal un occidental réagir ainsi à l'annonce du décès d'un proche alors qu'il est au travail.
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