Paradis inhabité

Ce très joli et très délicat roman espagnol nous plonge dans l'univers aussi féérique qu'inquiétant de l'enfance d'Adri, une petite fille esseulée au sein d'une famille bourgeoise dans le Madrid des années juste avant la guerre civile. La fillette se sent différente des autres enfants, elle refuse de renier qui elle est pour se conformer au modèle étriqué de l'enfance bourgeoise madrilène. J'ai d'abord été subjugué par ce roman, tant par le fond que par la forme. L'écriture rend à merveille le monde chimérique d'Adri, et j'ai suivi avec délice les méandres de l'imagination de la petite fille. le lecteur ne dispose que du point de vue de l'enfant ; notre perception de la situation familiale dépend donc entièrement de ce qu'elle en comprend elle-même, et s'affine au fur et à mesure qu'elle grandit. Mais j'ai eu le sentiment au bout d'un moment de tourner un peu en rond. Certes, les relations familiales évoluent, et Adri en grandissant comprend mieux sa soeur ainée notamment. Mais les moultes petites péripéties du quotidien d'Adri n'ont pas suffit, à mon goût, à masquer les redites et le sentiment de tourner un peu en rond. Un joli roman, d'une grande dame de la littérature espagnole, dont je lirai probablement d'autres titres.

C'est un joli livre sur l'enfance. le contexte est plutôt sombre - une famille bourgeoise désunie et éclatée, une enfant délaissée, un arrière-plan que l'on devine gonflé d'orages à venir (veille de guerre civile en Espagne). Mais la petite héroïne, Adriana dite Adri - la dernière-née de la famille - pour isolée qu'elle soit, ne manque pas totalement de ressources ni de caractère.
Elle est d'abord dotée d'un merveilleux pouvoir d'imagination et peuple sa solitude de ses rêveries, de sa connivence unique avec les lieux et les objets qui l'entourent et qui ne s'animent que pour elle : un paradis où les licornes des tapisseries s'échappent parfois de leur cadre, laissant derrière elles le parfum des feuilles froissées sous leurs pas.
Elle est entourée également de l'attention et de la chaleur d'un duo de femmes, une gouvernante et une cuisinière, qui créent autour d'elle un cocon protecteur et grâce auxquelles elle découvre l'univers, parfois cruel, des adultes, les « géants », comme elle les nomme.
La maladie, suivie d'une longue convalescence, va offrir à Adriana l'occasion d'échapper au monde de l'école qu'elle déteste, mais surtout de rencontrer Gavrila, un jeune voisin lui aussi abandonné, par une mère artiste et voyageuse, à la garde affectueuse d'un serviteur-tuteur.
Cela ressemble à un coup de foudre : ces deux-là sont semblables, se reconnaissent et se lient d'une amitié exclusive et farouche. Il est son jumeau, elle est son double. A l'abri du regard réprobateur des uns et avec la complicité bienveillante des autres, Gavrila et Adri vont partager leur solitude, le même goût de la rêverie et la faculté d'enchanter leur quotidien, la douceur de lire des histoires à l'unisson, allongés sur le tapis du salon… jusqu'au moment où le destin referme la parenthèse.
C'est un beau livre sensible, écrit à hauteur des yeux d'une petite fille, où se mêlent de la douceur, de la cruauté et l'esprit de rébellion de deux enfants. J'en ai aussi beaucoup aimé l'écriture et la fluidité.

Le point de vu d'Adri n'est pas le même que ceux des Géants, car le monde d'Adri est celui de l'imaginaire. Il rejoint assez l'univers de " L'esprit de la ruche" de Victor Erice. Car ce film traite de la réalité et de l'imaginaire via le film Frankenstein. Il est question du vrais du faux, du jeux. Ana huit ans est fasciné par les monstres, personnage terrifiant, elle s'invente un imaginaire exactement comme Adri dans ce roman "Paradis inhabité".
Ce roman est très riche et Ana Maria Matute s'est avec beaucoup de finesse et doigté évoque parle de l'enfance.
La raison est qu'elle évoque le ressenti de son enfance à elle. Adri est pour moi la petite cousine de Maisie d'Henry James.
J'aime beaucoup la couverture de ce roman espagnol qui résume très bien l'ambiance de ce roman. La petite fille qui met ses mains sur ses yeux. Elle porte une robe de fée. Elle est triste, elle se réfugie au fond d'une pièce. Elle ne veut pas voir la réalité en face, grandir, la fin de l'enfance. Cette fin est pour elle une grande blessure. Ce roman est un véritable coup de coeur pour moi une belle surprise. L'écriture d'Ana Maria Matute est très littéraire, d'un univers riche et dense plein de féerie que l'on ne trouve pas souvent dans la littérature contemporaine.
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( 15/12/2021 )

Il y a des livres où je me demande si celui qui a écrit le 4ème de couverture à lu le livre: "Dans le Madrid des années 1920, Adriana grandit, spectatrice de ce monde des Géants froid et inaccessible dans lequel ses parents se déchirent. Pour exister malgré tout, elle a ses rêves, sa licorne, et son amitié farouche avec son jeune voisin, Gavrilla... Un univers de l'enfance précieux et fragile, que la Guerre Civile s'apprête à faire voler en éclats."

Parce qu'à ma lecture, je ne vous résumerai pas le livre comme ça 😉! D'abord il y a le nom de l'auteur: Ana Maria Matute! le prononcer, c'est comme savourer un bonbon et son livre est comme son nom, une friandise qu'on s'offre pour le déguster de longues heures... Son héroïne est Adriana dit Adri pour les intimes. Une enfant délaissée par les siens et dont les deux femmes,au service de la famille vont s'avérer être sa famille! D'ailleurs ce monde des adultes où elle n'a pas sa place et ne veut en faire partie, elle lui donnera le nom du "monde des Géants". C'est un monde froid, distant, violent et où le décor est plus important que ce qu'on ressent.... Adri sait bien, elle, que derrière ce décor, il y a une autre vie, un autre monde... Un monde que les adultes ne savent plus voir et qu'elle ne veut abandonner pour rien au monde! Surtout pas pour grandir et devenir à son tout une " Géante "! Hors de question!! Et j'avoue que je suis comme elle, la vie à bien plus de poésie à ceux qui savent encore voir 🙂!!

Pour Adri, comment se passer du couloir qui la nuit se transforme en un fleuve plein d'aventures, où les meubles deviennent des animaux et les lustres des araignées magiques, où les ombres vous racontent une histoire,... Mais celle qui la subjugue le plus, c'est la Licorne, qui chaque fois qu'elle le peut, quitte son cadre pour courir le monde et revenir plein de souvenirs...Seulement voilà! Adri à une maman qui ne rêve que d'une chose. Voir ses filles devenir de vraies copies d'elle - même... Sa soeur, Cristina, a tellement bien répondu à cette attente, qu'on ne peut qu'attendre la même chose d'Adri. Alors Adri se rebelle à sa façon. Luttant pour son monde aussi important que celui qu'on veut lui imposer! Pour y arriver, elle pourra compter sur sa tante Eduarda et sur Gavrilla, son seul ami voir son unique Amour. Ensemble, bien que le monde des adultes semble aller vers de jours sombres, ils réussiront à en préserver une partie 🙂.... Parce que le monde peut être plus qu'un décor, il peut être aussi la vie!!!

Adri a 10 ans en 1936. Ses parents se séparent et la délaissent. Ses frères et soeurs sont plus âgés et ont d'autres préoccupations. Solitaire et silencieuse, elle épie les occupants de la maison, les bruits et les êtres imaginaires qu'elle seule voit et entend Elle déteste l'école, ses compagnes de classe la harcèlent. Malade, elle finit l'année à la maison.. Elle fait la connaissance d'un garçon russe du même âge aussi seul qu'elle, sa mère fantasque est souvent absente. Ensemble, ils s'inventent des histoires, vivent leurs rêves, un monde rassurant et joyeux qui les tient à distance du monde des adultes menteurs et hypocrites et des premiers échos de la guerre civile. Mais le monde insouciant de l'enfance ne dure pas.

Un très beau roman tendre, avec personnages attachants avec qui il fait bon faire un bout de chemin.
Adriana (Adri) grandit dans son monde imaginaire, elle se protège du monde des adultes bien trop terre à terre et décevant pour elle. Très seule elle va enfin découvrir Gravila, son jeune voisin qui va partager son univers.
J'ai beaucoup aimé

Une jolie histoire, empreinte de nostalgie, tout en délicatesse.
Adri, dernière née d'une famille madrilène, se retrouve à part car née trop tard, alors que ses parents ne s'aiment déjà plus, et que ses frères et sa soeur sont déjà trop grands pour jouer avec elle. On s'immerge dans la vie de cette petite fille, et on voyage à travers ses songes. A travers son regard, on découvre de quelle façon elle s'est construit son propre univers empli de magie et de poésie avec des licornes, des animaux qui parlent et des tapis qui deviennent des bateaux.
Un jour, elle rencontre Gravi, un petit garçon qui comme elle, est bien seul et s'est construit son propre monde. Ils deviennent rapidement inséparables. Mais c'est sans compter sur le sort qui en décidera autrement.

La beauté de cette histoire réside dans cette volonté qu'à la petite fille de vouloir préserver ses rêves et de fuir le monde des Géants, c'est-à-dire celui des adultes et des obligations.

Un livre original : écriture, intrigue et contexte.
Des personnages originaux, beaucoup de sensibilité.
A découvrir