Paradis inhabité

Ce très joli et très délicat roman espagnol nous plonge dans l'univers aussi féérique qu'inquiétant de l'enfance d'Adri, une petite fille esseulée au sein d'une famille bourgeoise dans le Madrid des années juste avant la guerre civile. La fillette se sent différente des autres enfants, elle refuse de renier qui elle est pour se conformer au modèle étriqué de l'enfance bourgeoise madrilène. J'ai d'abord été subjugué par ce roman, tant par le fond que par la forme. L'écriture rend à merveille le monde chimérique d'Adri, et j'ai suivi avec délice les méandres de l'imagination de la petite fille. le lecteur ne dispose que du point de vue de l'enfant ; notre perception de la situation familiale dépend donc entièrement de ce qu'elle en comprend elle-même, et s'affine au fur et à mesure qu'elle grandit. Mais j'ai eu le sentiment au bout d'un moment de tourner un peu en rond. Certes, les relations familiales évoluent, et Adri en grandissant comprend mieux sa soeur ainée notamment. Mais les moultes petites péripéties du quotidien d'Adri n'ont pas suffit, à mon goût, à masquer les redites et le sentiment de tourner un peu en rond. Un joli roman, d'une grande dame de la littérature espagnole, dont je lirai probablement d'autres titres.

( 15/12/2021 )

Il y a des livres où je me demande si celui qui a écrit le 4ème de couverture à lu le livre: "Dans le Madrid des années 1920, Adriana grandit, spectatrice de ce monde des Géants froid et inaccessible dans lequel ses parents se déchirent. Pour exister malgré tout, elle a ses rêves, sa licorne, et son amitié farouche avec son jeune voisin, Gavrilla... Un univers de l'enfance précieux et fragile, que la Guerre Civile s'apprête à faire voler en éclats."

Parce qu'à ma lecture, je ne vous résumerai pas le livre comme ça 😉! D'abord il y a le nom de l'auteur: Ana Maria Matute! le prononcer, c'est comme savourer un bonbon et son livre est comme son nom, une friandise qu'on s'offre pour le déguster de longues heures... Son héroïne est Adriana dit Adri pour les intimes. Une enfant délaissée par les siens et dont les deux femmes,au service de la famille vont s'avérer être sa famille! D'ailleurs ce monde des adultes où elle n'a pas sa place et ne veut en faire partie, elle lui donnera le nom du "monde des Géants". C'est un monde froid, distant, violent et où le décor est plus important que ce qu'on ressent.... Adri sait bien, elle, que derrière ce décor, il y a une autre vie, un autre monde... Un monde que les adultes ne savent plus voir et qu'elle ne veut abandonner pour rien au monde! Surtout pas pour grandir et devenir à son tout une " Géante "! Hors de question!! Et j'avoue que je suis comme elle, la vie à bien plus de poésie à ceux qui savent encore voir 🙂!!

Pour Adri, comment se passer du couloir qui la nuit se transforme en un fleuve plein d'aventures, où les meubles deviennent des animaux et les lustres des araignées magiques, où les ombres vous racontent une histoire,... Mais celle qui la subjugue le plus, c'est la Licorne, qui chaque fois qu'elle le peut, quitte son cadre pour courir le monde et revenir plein de souvenirs...Seulement voilà! Adri à une maman qui ne rêve que d'une chose. Voir ses filles devenir de vraies copies d'elle - même... Sa soeur, Cristina, a tellement bien répondu à cette attente, qu'on ne peut qu'attendre la même chose d'Adri. Alors Adri se rebelle à sa façon. Luttant pour son monde aussi important que celui qu'on veut lui imposer! Pour y arriver, elle pourra compter sur sa tante Eduarda et sur Gavrilla, son seul ami voir son unique Amour. Ensemble, bien que le monde des adultes semble aller vers de jours sombres, ils réussiront à en préserver une partie 🙂.... Parce que le monde peut être plus qu'un décor, il peut être aussi la vie!!!

Excellement bien écrit, un conte austère, un huis clos, tout se passe à l'interieur, la première histoire d'amour, tout ceci décrit par une petite fille de 8 à 15 ans. Par contre je l'ai trouvé un peu long.

Adri a 10 ans en 1936. Ses parents se séparent et la délaissent. Ses frères et soeurs sont plus âgés et ont d'autres préoccupations. Solitaire et silencieuse, elle épie les occupants de la maison, les bruits et les êtres imaginaires qu'elle seule voit et entend Elle déteste l'école, ses compagnes de classe la harcèlent. Malade, elle finit l'année à la maison.. Elle fait la connaissance d'un garçon russe du même âge aussi seul qu'elle, sa mère fantasque est souvent absente. Ensemble, ils s'inventent des histoires, vivent leurs rêves, un monde rassurant et joyeux qui les tient à distance du monde des adultes menteurs et hypocrites et des premiers échos de la guerre civile. Mais le monde insouciant de l'enfance ne dure pas.

Tendre récit d'enfance d'une petite fille qui vit dans son monde de contes et de théâtre de marionnettes. Elle essaye de comprendre avec ses mots le langage hermétique des adultes " les géants" dans ce milieu bourgeois espagnol. Dans ce monde de solitude, une superbe amitié va naître avec son petit voisin, lui aussi esseulé. Elle entrevoit la vie des domestiques et des ouvriers et les mensonges ou l'hypocrisie dont on l'entoure. Un récit prenant et bien écrit.
Ce monde va disparaître pour son entrée dans la vie ado avec des drames qui vont arriver.

Touchante histoire d'une enfance solitaire dans un riche appartement de Madrid des années 20. Les parents se séparent et n'ont pas de temps à lui consacrer. La petite se réfugie dans le quartier des domestiques ou dans son monde imaginaire jusqu'à ce qu'elle rencontre un ami.

C'est avec beaucoup de justesse que l'auteure donne la parole à l'enfant pour parler de son désespoir.
Dire la misère de la rebelle qui n'a pas compris les règles…
Raconter le calvaire d'être la plus petite de la classe et une victime toute désignée…
Évoquer la méchanceté du monde des adultes, les Géants qui l'entourent.

J'ai refermé le livre en ressentant toute la tristesse de l'enfance. Pour chasser la mélancolie, je suis sortie marcher au soleil. J'ai alors vu une petite voisine qui sautille sur un muret, avec ses jolies baskets roses toutes brillantes. J'ai souri et je me suis rappelé que le roman contient aussi la joie de l'enfance, celle des jolies chenilles poilues, de la fois où son père l'a amenée au cinéma, d'un simple coin de ciel, de la chaleur de l'amitié ou du passage d'une licorne…

L'enfance c'est aussi la résilience, c'est profiter du moment présent, une qualité que je nous souhaite tous d'avoir conservée…

Un très beau roman tendre, avec personnages attachants avec qui il fait bon faire un bout de chemin.
Adriana (Adri) grandit dans son monde imaginaire, elle se protège du monde des adultes bien trop terre à terre et décevant pour elle. Très seule elle va enfin découvrir Gravila, son jeune voisin qui va partager son univers.
J'ai beaucoup aimé

Cet auteur espagnol a obtenu en 2010 le prix Cervantes pour l'ensemble de son oeuvre.
J'ai tout de suite été sous le charme de cette enfant, Adriana, très différente des autres membres de sa famille et celui de l'écriture de l'auteur.
Le monde des adultes vu au travers du regard d'une enfant rêveuse et solitaire.

Le récit d'une enfance. Encore un serait-t-on tenté de dire dans un premier mouvement. Mais il suffit que l'auteur ait un talent suffisant, pour émouvoir et surprendre, même si le sujet au départ ne paraît guère orignal.

Adri est la petite dernière d'une famille espagnole aisée (le père est avocat), et son enfance se passe avant la guerre civile espagnole. Enfance à la fois douloureuse et merveilleuse. Douloureuse, car Adri est une enfant pas vraiment désirée, elle se sent rejetée et brimée par ceux qu'elle appelle Les Géants, dont le monde n'est clairement pas le sien, qui lui se déroule dans une minuscule chambre près des quartiers des domestiques, et dans la cuisine pour l'essentiel. Merveilleuse car Adri a le don d'imaginer, de rêver, de peupler le monde de magie, d'intégrer les contes qu'elle lit au quotidien qu'elle vit. Rejeté par ses camarades à l'école, elle se lie d'une amitié passionnelle avec un voisin, le fils d'une ballerine russe, avec qui elle partage le domaine magique de l'imagination.

Ana Maria Matute a vraiment réussi à merveille à traduire le monde d'Adri d'une façon incomparable, avec subtilité et légèreté, toute sa poésie douloureuse. Grâce sans doute à une écriture fluide, élégante, lyrique, très personnelle. le livre est vraiment très beau et émouvant, et laisse une trace profonde chez le lecteur. Une très belle découverte pour moi, cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas touché d'une façon si directe. Et me donne une envie furieuse de lire d'autres livres de son auteur, ce qui risque de n'être pas si facile que ça.

Une jolie histoire, empreinte de nostalgie, tout en délicatesse.
Adri, dernière née d'une famille madrilène, se retrouve à part car née trop tard, alors que ses parents ne s'aiment déjà plus, et que ses frères et sa soeur sont déjà trop grands pour jouer avec elle. On s'immerge dans la vie de cette petite fille, et on voyage à travers ses songes. A travers son regard, on découvre de quelle façon elle s'est construit son propre univers empli de magie et de poésie avec des licornes, des animaux qui parlent et des tapis qui deviennent des bateaux.
Un jour, elle rencontre Gravi, un petit garçon qui comme elle, est bien seul et s'est construit son propre monde. Ils deviennent rapidement inséparables. Mais c'est sans compter sur le sort qui en décidera autrement.

La beauté de cette histoire réside dans cette volonté qu'à la petite fille de vouloir préserver ses rêves et de fuir le monde des Géants, c'est-à-dire celui des adultes et des obligations.