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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors, honnêtement, j'ai bien cru que j'allais le lâcher ce bouquin. Quand j'ai constaté déjà que mon édition de poche (10/18) révélait dans sa 4e de couverture toute l'intrigue jusqu'à la moitié du roman, soit tout de même plus de trois cent cinquante pages éventées. Ensuite quand j'ai subi le morose de cette biographie commencée sous de si tristes auspices et guère encline à s'améliorer.

Philippe Carey n'est pas né qu'il n'a déjà pas de chance puisque le voilà affligé d'un pied bot. Son enfance n'est pas achevée que son père meurt, laissant sa pauvre mère seule, démunie et enceinte. Pour bien faire, elle mourra elle aussi, en couches et son potentiel petit frère également. Morts : 3, blessé : 1, heureux : 0. Eh bien, ça va être charmant !

Nous voilà partis pour une enfance à la Dickens dans une Angleterre de la fin du 19e siècle. Un parrain pasteur le recueille dans une générosité austère, imbécile et guindée. Des brimades au collège, des rebuffades, une fierté qui ravale ses larmes. La bêtise des enseignants mal embouchés, le caractère obtus d'un orphelin trop orgueilleux. Oh la la, de grâce, épargnez-moi ce fatras de sottises mâchées et remâchées ! Ego plus misérabilisme plus bêtise humaine, n'en jetez plus, après On m'appelle Demon Copperhead, ma coupe est pleine !

Pour ne pas singer la fâcheuse 4e de couverture et m'épargner ce calvaire, je tairai la suite de ces aventures. Vous ne saurez donc rien du parcours sentimental, intellectuel et initiatique du jeune Philippe sinon qu'il ne s'est pas marré tous les jours et, par ricochet, moi non plus.

Et puis aussi, tout de même, qu'on aura une intéressante description des milieux artistiques parisiens de ces années-là, où, prospérant sur la vague impressionniste, les cours de peinture, ateliers d'artistes et gargotes plus ou moins fameuses s'engraissent des jeunes esprits anglais, américains ou espagnols venus conquérir dans la capitale du monde leurs galons d'artistes maudits. Pas un rond, des verres d'absinthe, un mauvais gourbi, la bohème et l'amour, ah Paris !

Avec ce folklore, quelques discours philosophiques désabusés aussi sur le sens de la vie. Ces messieurs abimés dans l'huile de térébenthine et le rouge qui tache n'ayant pour seul objet de culte leur propre gloire, on comprendra vite que le jeune Philippe trouvera à leur contact bien peu de source d'espérance. Nihilisme, déterminisme et misère radicale.

Nous voilà bien.

D'aventures en aventures, le caractère de Philippe s'aigrit un peu plus. Il rencontre l'amour sous différentes formes : on s'éprend de lui mais il n'aime pas, il aime mais on ne répond pas à ses sentiments. Tout cela lui gâchera bellement une partie de ses économies et les plus belles années de sa jeunesse. La passion amoureuse apparaitra comme une forme de fatalité monstrueuse qui vous dévore et vous aliène quelle que soit la médiocrité de la femme qui en est l'objet. de quoi remonter ce roman dans mon estime, vous imaginez bien.

Velléitaire, Philippe mettra un temps qui m'a paru incommensurable à se stabiliser dans une profession. Bien sûr, l'adversité lui opposera moulte rebondissements afin qu'il ne parvienne à triompher de son caractère et de la méchanceté de certains hommes (en l'espèce, c'est une femme, la garce) au bout de très longtemps. La dèche, les piécettes qu'on compte, les loyers qu'on ne peut payer, les vêtements qu'on met en gage. C'est reparti pour un tour !

Alors, alors ? Pourquoi n'ai-je pas abandonné ? Parvenu à ce stade de ma recension, vous pouvez légitimement vous poser la question. D'abord parce que j'ai découvert cet auteur grâce à Eduardo (Creisifiction) qui lui voue un attachement nostalgique que j'avais trouvé charmant lorsqu'il nous en avait fait la confession au détour de sa critique du Fil du rasoir. J'ai donc longtemps temporisé mes agacements à la lumière tamisée de cette affection peut-être sentimentale pour un genre désuet. Il s'agissait de lire ce roman comme on plonge dans les odeurs d'encaustique et de tisane d'une maison familiale aimée, pas d'y dénicher le génie romanesque à l'état pur. C'est donc modérée par cette componction respectueuse pour des souvenirs inconnus que j'ai poursuivi ma lecture.

Et puis, tout de même, passés les deux tiers, certains personnages tout à fait plaisants sont apparus. Philippe est devenu presque charmant. Au moins, par petites touches et de façon d'abord fugace, tout à fait attachant. Alors des paillettes de joie et de reconnaissance ont commencé à modifier le tableau et toute la réflexion sur la vanité de l'existence, la gratuité de ce qui nous arrive a commencé à mettre en place non plus les aspirations suicidaires et désespérées d'un cynique fauché mais la possibilité de nouer des liens heureux, loin de toute affectation, loin de toute prétention.

Requinquée par un petit tour à la campagne à fouler le houblon, l'air de la mer et la rencontre d'une famille aussi excentrique que délicieuse, je me suis laissé doucement bercer jusqu'aux dernières pages, finalement heureuse de compter désormais cette Servitude humaine dans le panorama de mes lectures achevées. Merci Eduardo !
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Pour découvrir William Somerset Maugham j'ai choisi ce roman, apparemment le plus connu (en tout cas il fait partie des romans préférés des britanniques), bien que ce soit un gros pavé au titre énigmatique, voire peu attirant. le titre est en fait le début d'une citation latine du philosophe Spinoza : « De servitute humana seu de affectuum viribus » (« A propos de la servitude humaine ou du pouvoir des émotions »). En fait ce gros pavé est un roman d'apprentissage qui se lit tout seul. Philipp, le héros, est sympathique et attachant. J'ai suivi avec plaisir son histoire, pleine de hauts et de bas, ses tergiversations sur ses études et son avenir (comptable, artiste peintre puis médecin !), ses déboires amoureux avec Mildred, une épouvantable garce dont on ne cesse de se demander ce qu'il lui trouve, ses questionnements philosophiques sur le sens de la vie, sa situation financière fluctuante, … C'est très bien écrit, à la fois fluide et très vivant, les personnages secondaires sont très soignés, l'auteur nous plonge dans des milieux sociaux divers et variés. Malgré des événements historiques qui situent bien l'action au tout début du XXème siècle, tout (les situations, les comportements, les mentalités, …) me donnait furieusement l'impression du XIXème siècle. Peut-être parce que le XXème siècle tel qu'il est dans notre imaginaire n'a commencé qu'avec la guerre de 14-18 ! Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un chef d'oeuvre, c'est, de mon point de vue, un très bon roman qui me donne envie de lire d'autres livres de Somerset Maugham qui a tout l'air d'un auteur talentueux.
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Considéré comme son oeuvre majeure, ce roman d'inspiration autobiographique est remarquablement écrit. L'auteur alterne humour, considérations philosophiques sur la nature humaine, le rapport à la religion, les relations sociales entre les individus de même sexe ou différent. Cependant, l'ouvrage me semble beaucoup trop long au jugé parce qu'il aurait tout aussi bien pu être trois ou quatre fois aussi volumineux. Enfin, l'écriture et l'ambiance (le XIXème siècle) me semblent datés.
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J'ai eu un mal de chien à trouver ce livre (merci LeBonCoin !) et je l'ai donc bien savouré....
C'est un petit pavé de 700 pages qui raconte la vie de Philip (plus ou moins tirée de celle de l'auteur) depuis son enfance difficile, jusqu'à l'âge adulte et son accomplissement en tant qu'homme.
On se prend vite d'affection pour ce petit gamin au pied bot, timide et complexé. Et petit à petit, ce garçonnet devient un jeune adulte qui cherche sa voie... Qui la cherche peut-être un peu trop d'ailleurs. Son indécision permanente et ses changements de carrière successifs peuvent parfois nous irriter.
Lorsque débute LA fameuse histoire "d'amour" avec Mildred, là clairement j'ai commencé à détester Philip. J'avais envie de le prendre, le taper contre un mur et de lui faire manger son pied bot ! Et en même temps, j'avais hâte à chaque page de voir jusqu'à quelle bassesse cette nana allait pouvoir le traîner !
Et puis finalement, je dirais que la morale de cette histoire, c'est qu'on peut guérir de tout : de sa timidité, de sa honte de l'infirmité, d'un amour destructeur, de la pauvreté, et de son orgueil ; et que le bonheur est parfois à portée de main !
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C'est un livre long et difficile à résumer....Mais on se prend vite d'affection pour le héros.....
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