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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connaissais très, très bien ( je l'aime beaucoup ) le film de Ken Hughes - L'ange pervers - tiré du roman de Somerset Maugham, adapté très librement, avec comme acteurs principaux Laurence Harvey et la sublime Kim Novak. Mais je n'avais pas lu ce roman-fleuve de 700 pages, roman d'apprentissage ou initiatique ( Bildungsroman, genre littéraire romanesque né en Allemagne au XVIIIème siècle ), dont le thème est " le cheminement d'un héros, souvent jeune, qui atteint progressivement l'idéal de l'Homme accompli et cultivé en faisant l'expérience des grands événements de l'existence : la mort, l'amour, la haine, l'altérité, etc. Il va ainsi se forger progressivement sa conception de la vie."
- Servitude humaine - est la parfaite illustration de ce genre, l'une de ses quintessences les plus abouties et les plus illustres.
Précisons avant d'en faire un bref résumé que beaucoup des éléments de cette histoire ont pour origine quelques-uns de ceux de la vie de l'auteur.
Philip, jeune enfant âgé d'à peine neuf ans perd sa mère qui meurt en donnant naissance à un enfant mort-né ( Maughan avait huit ans lorsque sa mère mourut en couches de la tuberculose ), et son père chirurgien dans la foulée.
Philip est alors confié à la garde du frère de sa mère, un pasteur anglican austère, rapiat, sans démonstration(s) affective(s) pour le jeune orphelin, et à sa petite femme, Tante Maria, qui vit dans l'ombre de " l'omnipotent prélat".
Il joue seul dans la cuisine jusqu'au jour où il découvre la bibliothèque de son oncle, riche de plusieurs milliers de livres, tous achetés "au rabais", dans lesquels il s'immerge avec passion et émerveillement.
Intelligent, curieux, sensible, instable, cette passion de la lecture associée à celle de l'Art, deviendra l'une des grandes affaires de sa vie.
Outre le fait d'être orphelin, Philip souffre d'une infirmité... un pied bot, lequel jusqu'à la mort de sa mère n'avait handicapé ni son esprit ni sa vie, mais va devenir ( comme le bégaiement sévère de Maugham )après la disparition de celle-ci, son point faible, son abcès de fixation.
Jusqu'alors protégé par la présence rassurante de sa mère, puis par les murs du presbytère, le collège va le livrer à la pâture de ses jeunes "camarades".
Élève brillant, encouragé par le directeur de l'établissement qui lui prédit un bel avenir universitaire, une bourse, et une vocation pastorale, Philip mu par sa quête initiatrice va refuser ses lauriers desséchés et leur préférer l'étude des langues pendant une année à Heidelberg.
Puis ce sera l'appel de Paris et sa vie de bohème... le jeune homme a un joli coup de crayon... avant de réaliser que son talent n'est que médiocre.
Retour en Angleterre où son pasteur d'oncle ne sait plus où donner de la tête.
Il tente de devenir expert comptable puis se tourne presque par défaut vers la médecine... qui va devenir, à son corps défendant ( pas de jeu de mots ), sa vocation.
C'est là que surgit une jeune serveuse d'un tearoom, Mildred... " l'ange pervers", dont il va devenir fou amoureux et laquelle va lui faire visiter toutes les strates des Enfers.
Philip va connaître l'humiliation, la souffrance, la pauvreté.
Il devra, pour survivre, travailler pendant deux ans comme employé subalterne dans un grand magasin ( référence à Zola ), aidé en cela par l'amitié authentique et indéfectible d'une famille.
La mort de son oncle et un petit héritage lui permettront de terminer ses études de médecin, de commencer à exercer chez un vieux praticien ronchon qui... à sa grande surprise, lui proposera au terme d'un remplacement d'un mois, une association et un rachat de clientèle.
Mais Philip, comme Marius, rêve en contemplant la mer, d'horizons lointains et de pays exotiques.
Mais c'est un autre voyage qui l'attend, une Fanny anglaise prénommée Sally...
Après bien des pérégrinations chaotiques et tumultueuses, après avoir essuyé tant de tempêtes, Philip va s'installer dans "une vie que les vents vont ramener fourbu mais conscient de la part que lui réserve le destin commun à la glu du rivage."
C'est dense, riche, vivant, intelligent, captivant, émouvant, brillant.
C'est très bien écrit, éminemment bien pensé ; la structure narrative ne souffre d'aucun défaut, les personnages ont de la gueule.
C'est un chef d'oeuvre.
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Servitude humaine est le roman de formation ou d'apprentissage de William Somerset Maugham, oeuvre s'inscrivant dans une longue et prestigieuse lignée de romans dont l'origine se trouve en Allemagne avec le Bildungsroman apparu au XVIIIème siècle.

Philip est orphelin et vit au presbytère avec son oncle révérend et sa tante restés sans enfant; la vie y est bien austère. Il est envoyé dans un pensionnat religieux, il y fait l'apprentissage de la méchanceté de ses camarades d'école que lui attire son pied bot, des amitiés scolaires bien éphémères, du conformisme étouffant, des préjugés et de la servitude que les enseignants exigent comme un hommage à leur autorité. Élève doué et intelligent, il se refuse cependant à poursuivre des études à Oxford qui lui ouvriraient la carrière de pasteur qu'appellent de leur voeux ses tuteurs. C'est voir le monde qu'il veut et vivre sa vie. Ainsi il part en Allemagne dans une pension à Heidelberg, séjour important dans sa formation intellectuelle et éthique, il réalise, étonné, qu'il ne croit plus en Dieu. Revenu en Angleterre, il y éprouve ses premiers émois amoureux et se lance dans la mêlée à Londres où il déchante rapidement, la place d'apprenti dans un cabinet comptable et l'isolement de la banlieue ne lui conviennent guère. Se sentant des dispositions artistiques, c'est à Paris, malgré les réticences de son oncle qu'il se rend afin d'étudier la peinture. C'est dans une ville au fait de sa créativité et de son attractivité artistique qu'il arrive : Paris vit à l'heure des innovations des impressionnistes, Philip s'y sent transporté : enfin la grande vie, la liberté des rapins, il pense y pouvoir faire sa place. Les rencontres qu'il y fait parachèvent son éducation, il y gagnera la liberté de l'esprit, mais devra se résigner à l'évidence : il ne sera pas peintre. Il se résout à suivre l'exemple paternel et retourne à Londres pour étudier la médecine. Puis il s'éprend follement d'une serveuse de salon de thé d'un conformisme assez vulgaire qui n'a que faire de lui, cette attraction complexe faite de mépris et d'attrait sensuel, passion sans espoir dont les élans fougueux ne sont récompensés que par de plus viles ignominies est un autre aspect de ces asservissements dont il doit faire l'amère expérience,. Des placements hasardeux lui font faire la bascule et le contraignent à supporter le joug d'un emploi abrutissant et sans intérêt : calicot pour un magasin de nouveautés. Mais une amitié heureuse et saine s'offre à lui : un homme à l'abord jovial et au commerce agréable au sein de sa famille nombreuse lui apportera le réconfort de la famille qu'il n'a guère eu et finalement l'amour.

Les joies simples vite oubliées, le déniaisement progressif à force d'enthousiasmes trop vite refroidis, les déceptions amères, la découverte du décalage entre l'idéal et la réalité, la volonté de se donner une règle de vie et un sens à cette dernière pour s'apercevoir que tout est vanité, telles sont quelques unes des étapes obligées et douloureuses par lequel Philip doit passer pour arriver à sa pleine maturité. Ce roman au très fort contenu autobiographique, propose de belles pages sur l'art et le peinture, notamment concernant Le Greco; j'ai particulièrement apprécié le tableau qu'il y fait de la bohème de Paris, de la vie licencieuse et dure des apprentis peintres. Servitude humaine est un vrai classique au sens noble du terme : beau, dur, passionnant, on y plonge avidement pour en ressortir ému et quelque part transformé.
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Ce très gros roman, paru en 1915, est passionnant et terrible. Il raconte les 25 premières années de la vie de Philip Carey, qui deviendra médecin, comme l'était son père qu'il n'a pas connu, et connaitra sans doute le bonheur conjugal, après être passé par un chapelet de souffrances.

Après avoir perdu sa mère à 8 ans (point commun avec Maugham), il est confié à son oncle pasteur anglican, modèle d'égoïsme, de suffisance et d'avarice ; dans une petite Public school religieuse, il va faire l'expérience de la cruauté de ses condisciples, d'autant plus qu'il a un pied bot. Méprisé, parce qu'il ne fait pas de sport dans un monde scolaire qui lui est entièrement dédié, il brille cependant dans les exercices intellectuels.

Mais il rejette brutalement l'avenir ecclésiastique et petit-bourgeois que ses professeurs lui ont tracé : il part à Heidelberg, puis à Paris pour développer, parmi les rapins de Montparnasse, un talent de peintre pas très affirmé. Il comprend cependant que cette vie de « pierre qui roule » ne mène a rien ; il engage des études de médecine, en se débrouillant pour vivre dans les taudis londoniens, surtout quand une médiocre spéculation financière l'a privé de son modeste héritage.

Pendant tout ce temps il vit une histoire d'amour dévastatrice avec Mildred, une fille qui le méprise et le hait, mais dont il ne peut se passer. La relation amour-haine entre Philip et Mildred est peut être le « diamant noir » de ce roman. On appréciera aussi la description d'un grand magasin de Londres, qui doit beaucoup au Zola du « Bonheur des Dames ».

Une indication pratique : ce roman est difficile a trouver. Une réédition ne serait pas inutile !
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1885. Philip a neuf ans quand il perd son père, le Docteur Carey, ainsi que sa mère (six mois plus tard, après la mise au monde d'un enfant mort-né) Il lui faudra quitter Londres (le quartier de Kensington) et sa nurse bienaimée (Emma) pour aller vivre à Blackstable, auprès de son oncle (le Révérend William Carey) et de sa tante Louisa. N'ayant jamais eu d'enfant, le couple devra s'habituer à ce bouleversement de leur existence. Philip, totalement isolé de ses semblables, développera une passion pour la lecture et les voyages lointains …

Envoyé en pension, les mauvais traitements de ses camarades (il a un pied bot) ont fait de lui un gamin hypersensible (le harcèlement scolaire existait déjà au XIXème siècle …) Adolescent, il refusera de devenir pasteur, à la grande déception de son oncle, préfèrera voyager en Allemagne et s'installera un temps en France. Jeune adulte, il découvrira le plaisir des relations amoureuses avec Mildred, le goût de la peinture et des écrivains et finira par choisir la médecine …

Roman en partie autobiographique, magnifiquement bien écrit et particulièrement touchant. On peut aisément s'apitoyer sur l'enfance de petit Somerset Maugham, orphelin très tôt de ses deux parents et du nourrisson qui ne survécut pas … Un long et riche récit que j'ai pris énormément de plaisir à lire !
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... j'ai trouvé ça génial. Mildred est terriblement agaçante , on en veut au héros de s'attacher à elle ... mais ce n'est pas insupportable à la lecture car lui-même s'en veut et son ressenti est tellement lucide et juste , réél ... BREF c'est un pavé que j'ai parcouru sans lassitude et il me donne encore plus envie de lire tous les autres romans de S.Maugham.
(la suite et + à lire ici : http://blabliblo.canalblog.com/archives/2017/10/10/35755020.html

Lien : http://blabliblo.canalblog.c..
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