Une voix qui s’était tue jusque-là s’éleva. Elle était aussi douce qu’un meuglement de vache et appartenait à une petite bonne femme d’allure malpropre. Elle n’avait que deux dents et son nez était remarquablement gros. Mais ce furent ses tout petits yeux rusés qui mirent Margaret sur ses gardes.
Elle lutta pour s’extraire de l’obscurité, mais ses yeux refusaient de s’ouvrir.
Ce fut l’odeur du pain que l’on cuit qui, finalement, remit ses sens en éveil.
Elle avait dormi profondément, d’un sommeil reposant. Le lit se révélait confortable, les draps étaient propres. Mais le moment était venu de quitter cet endroit.
Le moment était venu de se réveiller.
Elle fit un gros effort pour reprendre connaissance…
Elle avait l’impression grotesque d’être prisonnière d’un monde dont elle ne comprenait plus les lois, d’un monde qui n’était peut-être pas ce qu’il semblait être, exactement comme dans le cauchemar qu’elle avait fait dans le carrosse avant l’accident.
C’est une folie que de croire qu’un animal puisse être doué d’un esprit humain. C’est une folie de croire que je suis la seule à voir cette chatte. Pourquoi ? Que peut bien signifier sa présence ?
Il avait tout bonnement gâché sa salive. Tout ce qu’il avait dit était entré par une oreille et sorti par l’autre.