Citations sur L'île des chasseurs d'oiseaux (213)
"Guga était le terme galéique pour désigner un jeune fou de Bassan..."..."Fin se souvenait encore, avec une précision qui lui faisait venir l'eau à la bouche, de la saveur huileuse de la chair sur sa langue. Mariné au sel, puis bouilli, cela avait la texture du canard et le goût du poisson."
Au lieu de Mona, il se retrouva, stupéfait, face à un homme si grand qu'il avait du mal à se tenir droit. Sa tête était penchée sur le côté pour éviter de toucher le plafond. Les pièces n'étaient pas hautes, mais il devait mesurer près de deux mètres cinquante. Il avait des jambes immenses et un pantalon sombre qui se tassait en plis autour d'une paire de bottes noires. Sa chemise à carreaux en coton était rentrée à la ceinture et, par-dessus, il portait un anorak grand ouvert dont il avait relevé le col, laissant la capuche pendre dans son dos. Les bras ballants, des mains immenses émergeant de manches trop courtes. Le visage ridé, rendu lugubre par des yeux sombres et inexpressifs. Des cheveux longs et gras pendant derrière les oreilles.
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Fin se souvenait également du regard qu'Artair lui avait lancé par-dessus le feu, la douleur et le sentiment de trahison que l'on lisait dans ses yeux. Fin avait brisé leur pacte de silence. Il avait anéanti la seule chose qui faisait que la famille Macinnes parvenait à fonctionner. Le déni. Et Fin réalisait à présent, peut-être pour la première fois, que la mère d'Artair devait être au courant, et qu'elle aussi s'était refusée à voir.
Il est étonnant de constater a quelle vitesse le temps peut panser les plaies ouvertes.
Certaines personnes restent bloquées dans une époque. Il y a un moment dans la vie qui les définit et ils s’y accrochent pendant les décennies suivantes : même coupe de cheveux, même style de vêtements, même musique alors que le monde qui les entoure a totalement changé.
Le problème, lorsqu'on se venge par aux autres, c'est que même si l'on inflige la douleur aux autres, cela n'atténue en rien la douleur que l'on ressent soi-même. Au bout du compte, tout le monde est malheureux.
Le problème lorsque l'on se venge par jalousie, c'est que même si l'on inflige de la douleur aux autres cela n'atténue en rien celle qui l'on ressent soi-même.
Son retour avorté sur l’île était terminé. Toutes ces rencontres douloureuses avec les fantômes de son passé. C’était presque un soulagement. Et Fionnlagh avait raison. Il ne s’était pas préoccupé d’eux pendant dix-huit ans, il n’avait pas le droit de revenir maintenant et de s’insinuer dans leurs vies. Un homme avait été assassiné, et son meurtrier était encore libre. Mais ce n’était plus son affaire dorénavant. Il allait rentrer chez lui, si « chez lui » existait encore. Si Mona était encore là. Il pourrait à nouveau simplement tirer le rideau, et oublier. Regarder vers l’avenir au lieu de regarder en arrière. Mais alors, pourquoi cette perspective l’effrayait-elle autant ?
Fin songea à l'existence morose de ces mômes. Rien à faire, ou pas grand-chose. Le poids de la religion, une économie en déroute, un chômage élevé. Un alcoolisme très répandu et un taux de suicides bien au-dela de la moyenne nationale. La perspective de quitter l'île était aussi séduisante qu'elle l'était dix-huit ans plus tôt.
Le problème, lorsqu'on se venge par jalousie, c'est que même si on inflige de la douleur aux autres, cela n'atténue en rien celle que l'on ressent soi-même. Au bout du compte, tout le monde est malheureux.