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3,72

sur 142 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon dernier coup de coeur est, comme « Triste tigre », un récit de vie poignant servi par une belle écriture.
Colum McCann donne la parole à Diane Foley, mère de Jim, un journaliste décapité en Syrie par Daech, qui a créé une fondation d'aide aux familles d'otages.
Les premières pages, inoubliables, présentent la rencontre entre Diane Foley et l'un des bourreaux de son fils, qui a été condamné à perpétuité et a accepté de rencontrer les familles des victimes.
L'écoute de Diane Foley, son attention à l'autre, son émotion dans cette situation surréaliste, forcent l'admiration, et la suite du livre nous aidera à comprendre cette attitude.

Revenant sur la carrière de Jim, ses engagements, ses reportages au Moyen-Orient jusqu'à la prise d'otages, Colum McCann écrit un récit à la première personne qui nous permet d'entrer dans la tête de cette mère au fil des événements.
Après la prise d'otages, apparaissent les démarches, les comités de soutien, les rencontres avec le gouvernement Obama, toutes les raisons d'espérer suivies des périodes de découragement avant la journée fatale.
Mais cette douleur sera utilisée pour aider toutes les autres familles d'otages, et la rencontre avec l'accusé, en début de livre, vient clore ce cheminement.

Colum McCann accompagne Diane Foley en utilisant le « Je » pendant toute la période d'espérance, avant l'annonce fatale, puis la troisième personne après, comme si c'était une autre personne.
Il suit l'évolution de ses pensées et de ses émotions avec pudeur, sans pathos, mais en étant au plus près de son ressenti.
Tout le cheminement d'une famille confrontée à ce drame est minutieusement décrit, le déni, le désespoir, l'espérance, et, dans le cas de la famille de Diane Foley, les multiples démarches auprès de l'administration américaine et d'Obama... pour qui il n'est pas question de négocier avec les ravisseurs, ni de payer de rançon, ni d'entreprendre d'action militaire pour le sauver.
L'auteur pose les mots justes sur les émotions de cette mère qui, telle une « Mater dolorosa », cherchera comment surmonter cette douleur, grâce à l'aide de sa foi mais aussi grâce à la communauté qu'elle a créée avec la fondation «James W Foley ».

Merci à Babelio/Masse critique et à Belfond
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James Foley, journaliste freelance américain, a été assassiné en Syrie en 2014. La macabre vidéo de son meurtre a été diffusée sur Internet. Avec Diane Foley, Colum McCann retrace le calvaire de la famille dans American mother.

Le livre s'ouvre sur la rencontre entre Diane Foley et Alexanda Kotey, un des assassins de son fils. L'homme nie avoir été présent le jour de l'exécution et ne reconnaît avoir maltraité James que deux fois. Il ment, ça ne fait aucun doute, mais sur quoi précisément, impossible à dire. Cagoulés, les meurtriers n'ont pu être formellement identifiés, ce qui fut un des arguments majeurs de leurs avocats.
Une timide communication émerge. le courage moral (une des antiennes du livre) de la mère du journaliste m'a laissée admirative. Malgré son chagrin insurmontable et grâce à sa foi profonde, elle accepte d'aller vers l'autre, d'essayer de comprendre. Les derniers mots :
« J'espère qu'un jour, nous pourrons nous pardonner l'un l'autre, dit-elle à Kotey.
Il est décontenancé : vous n'avez aucune raison d'accorder votre pardon. »
C'est certain, le sombre individu n'aura pas sa haine. Il ne demande pas pardon, mais présente des excuses.

Colum McCann ne cache pas son admiration pour Diane Foley, alors peut-être ce livre est-il hagiographique. Mais nous avons besoin de savoir que des hommes se battent contre la barbarie.


Lien : https://dequoilire.com/ameri..
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Ce livre écrit à quatre mains, nous raconte l'histoire de James Foley, alias Jim que nous connaissons tous car il a été pris en otage par des jihadistes et exécuté de manière terrible, puisque la vidéo de sa décapitation, et le cliché (arrêt sur image) montre son corps décapité allongé dans le désert, la tête posée sur le torse.

Dans la première partie : on assiste au face à face avec Alexanda Kotey l'un des quatre geôliers de James Foley, tous les quatre Britanniques devenus djihadistes, que les otages avaient surnommés les Beatles (Beat…) et les « émotions » contradictoires, ambivalentes, que Diane ressent vis-à-vis de lui.

Ensuite, retour à 2014 avec le parcours de Jim, sa passion pour le journalisme, sa volonté de se rendre sur les lieux en guerre pour témoigner, les tractations au sujet des rançons les associations de soutien et pour finir le procès d'un deuxième geôlier.

On notera que Kotey avait décidé de plaider coupable, ce qui n'est pas le cas du second qui se dit innocent et se réfugie dans la religion, l'endoctrinement islamiste surtout, pour rejeter la faute sur l'Occident.

La gestion de la prise d'otages par l'administration Obama m'a vraiment étonnée, pour ne pas dire choquée. En effet, le Président n'a pas semblé éprouver beaucoup d'empathie pour Diane Foley ; la famille s'est retrouvée bien seule pour aller à la quête des informations tenter de faire libérer Jim, dans un combat perdu d'avance, puisque j'ai appris, au passage, que les USA ne payaient jamais de rançon car dans leur esprit cela revenait à cautionner les preneurs d'otage et les enrichir, contrairement à ce qui se passe en Europe.

Nous n'avions toujours pas reçu d'appel téléphonique d'un quelconque responsable officiel, et pourtant, à la télévision, notre président annonçait la nouvelle au monde entier.

Diane a appris la mort de son fils via les réseaux sociaux, le président Obama lui ayant téléphoné après… je trouve cette femme, admirable, par son courage, son obstination, son opiniâtreté même. Comment peut-on trouver la force d'accepter de rencontrer l'homme qui a exécuté votre fils ? Comment envisager de pardonner ? Je ne pense pas que j'en aurais eu le courage à sa place.

Diane Foley est très croyante, elle prie pour son fils, pour elle, pour les coupables pour les autres en général, ce qui a choqué certains lecteurs. Mais, quand on se retrouve dans une telle situation, on se raccroche à ce qu'on peut, et sa foi l'aide à avancer, c'est beaucoup plus dur quand on est athée ou agnostique.

Ce livre m'a beaucoup plu, je suis passée par toutes les émotions, la colère vis-à-vis de l'intégrisme religieux et des comportements, des propos des deux Beatles, l'incompréhension devant l'administration Obama, l'admiration pour Diane…

J'ai été émue aussi par l'attitude du pape François qui a appelé Diane, lui manifestant toute sa compassion alors qu'il était lui-même dans la souffrance (son frère a été victime d'un accident pendant la période de détention de Jim) et également quand la nouvelle de son assassinat est parvenue…

J'avais eu un coup de coeur pour le précédent livre de Colum McCann : « Apeirogon » et j'ai retrouvé la même émotion, pour « American Mother » mais à un degré moindre, probablement parce que l'omniprésence de la foi heurte mon esprit un peu trop cartésien.… ce qui explique la note.

Je pourrais parler encore longtemps de ce livre puissant, mais mon ressenti est au-delà des mots, alors je vous encourage à le découvrir…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#AmericanMother #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Si vous êtes fan de Colum McCann, sachez avant tout que ce livre n'est pas un roman : l'écrivain irlandais a prêté sa plume à Diane Foley pour qu'elle puisse raconter son histoire, ou plutôt, l'histoire de son fils.
Enlevé en Syrie par Daech en 2012, le journaliste américain James Foley a été décapité en 2014.
Grâce à Colum McCann, Diane Foley raconte la vie et la mort de James. Son engagement professionnel. Les conditions de sa détention et de sa mise à mort.
Diane Foley raconte aussi son combat pour essayer de faire pression sur les autorités américaines pour faire évader James. Elle raconte le procès auquel elle a assisté et ses rencontres avec le meurtrier de son fils.

Diane Foley raconte, raconte, mais en tant que lectrice, j'ai vu dans les pages de ce livre bien plus qu'un simple récit : j'y ai trouvé de multiples questions et occasions de réflexions.
J'y ai trouvé beaucoup d'humain et une grande force.
De la force, il en a vraiment fallu à cette mère courage pour regarder dans les yeux celui qui lui a enlevé son fils.
De la force, il lui en faut au quotidien pour rester debout et garder sa foi quand tant d'horreurs sont commises au nom d'une religion.

Au milieu de toutes les atrocités que l'on peut, hélas, voir régulièrement ici ou là, Colum McCann a été particulièrement touché par le destin de James Foley.
Il paraît qu'il a été frappé par une photo montrant le journaliste un livre à la main, et pas n'importe lequel : un de ses propres romans. Ouvrage au titre entrant ironiquement en résonnance avec le destin tragique de l'Américain : "Et que le vaste monde poursuive sa course folle".
L'écrivain irlandais est entré en contact avec Diane Foley, a régulièrement échangé avec elle et l'a accompagnée tous les jours au procès des bourreaux de son fils.
Avec le talent qu'on lui connaît, il en a tiré ce texte vibrant d'intelligence et d'humanité. Un livre qui remue profondément le lecteur, le bouscule et le pousse à réfléchir.

On ne peut qu'éprouver de la compassion pour James et Diane. Et plus généralement pour tous les otages dans le monde et leurs familles.
Car ils sont malheureusement nombreux, ne l'oublions pas :
"À l'heure où j'écris ces lignes, il y a plus de soixante otages américains publiquement recensés détenus à l'étranger. [...] Ils sont beaucoup, beaucoup plus nombreux que ça, mais leurs noms et leur nombre sont confidentiels. Quand vous lirez ces pages, certains auront été libérés, d'autres tués, d'autres seront toujours emprisonnés − les yeux rivés sur les mêmes murs qui les enferment."
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En août 2014, un journaliste américain est décapité en direct sur les réseaux sociaux par des membres du groupe terroriste Daesh. La vidéo macabre disparaît très vite mais a le temps de produire l'effet escompté : choquer le monde entier. Cet homme, c'était James Foley, 39 ans, un journaliste free-lance, détenu et torturé quotidiennement depuis deux ans en Syrie avec d'autres otages de diverses nationalités, par trois djihadistes britanniques à la renommée cruelle, surnommé les « Beatles ».

Colum McCann, hanté par la violence proche-orientale, s'est donc installé à Rochester, Nouvelle-Angleterre pour écrire « American mother ». Délaissant la fiction, il porte ici la voix de Diane Foley, la mère de James, qui partage avec le lecteur sa douleur et sa combativité de mère, s'appuyant sur sa foi et son humanisme pour faire de ce livre un témoignage d'une incroyable - et parfois inconcevable - empathie.

Pendant plusieurs mois, l'écrivain a accompagné Diane Foley d'abord en Virgine, pour rencontrer un des tortionnaires de son fils, Alexanda Kotey, mais aussi durant le procès de El Shafee El Sheikh, un des pires tueurs du groupe. Tenter de comprendre l'inconcevable, tenter de voir l'homme derrière le bourreau, tenter de partager quelque chose avec le tortionnaire de son fils… Ces jours de confrontation avec Kotey sont racontés de son point de vue à elle, alternativement à la première et à la troisième personne. Diane Foley entraîne le lecteur sur une pente qu'il n'est pas forcément prêt à suivre. Il faut énormément de courage moral pour accepter, ne serait-ce, que d'échanger des formules de politesse avec une personne qui nous apparaît être un monstre. Ce courage moral qu'elle attribuait à son fils, Diane Foley l'a aussi. Sa foi immense l'aide bien sûr et peut-être est-ce quelque chose que l'on ne peut pas tous saisir. Moi, personnellement, certaines de ses réactions m'ont faite sauter au plafond... Mais c'est un fait - et je le respecte  : la foi de Diane Foley lui permet d'entrevoir ce qui ne nous paraît pas forcément visible et c'est également cette foi qui lui permet d'aller de l'avant.

Ce fait « d'aller de l'avant » justement se matérialise notamment dans toute l'oeuvre entreprise par cette mère courage pour faire changer les choses à plusieurs niveaux dans son pays et qu'elle prend le temps d'expliquer dans ce récit - partie la plus intéressante pour moi. La mort de son fils a en effet révélé tous les manquements de l'administration américaine vis à vis des otages américains. Alors que Diane Foley multiplie les démarches à Washington pour obtenir de l'aide lors de l'enlèvement de son fils, elle a très vite une confirmation : le gouvernement américain ne fera rien pour sauver son fils. Pas de rançon, pas de sauvetage ( ou bien trop tard), pas d'aide des autres pays. Les familles des otages doivent donc s'organiser seules pour tenter de faire entendre leurs voix et de faire pression.
Diane Foley, durant cette période, va également découvrir les conditions de travail des journalistes free-lance qui, lors de leurs reportages en territoire hostile, n'ont pas d'assurance, pas protection, rien. Diane Foley, après la mort de Jim, souhaite qu'il y ait une prise de conscience nationale et que des mesures politiques soient prises. C'est dans cet objectif notamment qu'est créée la James W. Foley Legacy Foundation qui développe des programmes de formation sur la sécurité des journalistes pour les écoles du premier cycle et des cycles supérieurs afin de mieux préparer les futurs journalistes à leur profession.

Témoignage poignant d'une mère modèle de résilience, « Amerian mother » remue, dérange, bouleverse, agace. Bref, il ne laisse pas indifférent.
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Depuis quelques années, Colum McCann semble vouloir s'éloigner des romans pour tendre vers les récits. Après l'étourdissant « Apeirogon », sur le conflit Israélo-palestinien, il s'attaque au sujet du terrorisme et plus particulièrement aux victimes de celui-ci.

Il met le focus sur Diane Foley, une mère américaine dont le fils journaliste a été exécuté par Daesh. le texte navigue entre les souvenirs d'avant, le drame lui-même et surtout la période de deuil qui l'a suivi. A travers le témoignage de cette femme meurtrie, le lecteur découvre les différentes phases du deuil par lesquelles elle est passée.

Cette confession est bouleversante parce déconcertante. Après ce déchirement ignoble, on attendrait de cette maman de la haine, de la rancoeur, de la vengeance. Il n'en est rien ! Elle n'entre pas dans le jeu des représailles et arrive à prendre du recul pour appréhender la situation dans son ensemble. Diane est un modèle de résilience, qui malgré toute sa tristesse profonde, ne perd jamais son calme.

Sa modération ne l'empêche pas de condamner fermement ces actes barbares, de dénoncer la mauvaise politique de son pays face aux enlèvements et de s'attaquer aux comportements des médias. Mais elle garde tout au long du récit une dignité, qui la place au-dessus des évènements et lui confère une forme de sagesse d'esprit. Ainsi elle peut aborder cette horreur sereinement et nous en offrir une vision touchante et apaisée.

Avec sa plume toujours aussi juste, Colum McCann ne s'intéresse pas aux évènements tragiques pour en tirer de la dramaturgie mais pour en extraire la lumière. de ces histoires déchirantes, on se rend compte, qu'en soufflant sur un tas de cendres, on peut y trouver un morceau d'humanité. Dans toute cette folie meurtrière, c'est un peu d'espoir très appréciable ! Ce grand livre fait donc partie des lectures indispensables, si on veut espérer changer les choses !
Lien : https://youtu.be/TBmgbG6UgIY..
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Colum McCann, avec Diane Foley, revient sur l'événement qui bouleversa le monde entier, la décapitation du journaliste, free lance américain, Jim Foley. La vidéo circula sur YouTube, postée par l'Etat Islamique en août 2014, puis rapidement supprimée.

À cette époque, personne n'avait imaginé que ce groupe terroriste, né en Irak, profiterait des troubles de la guerre civile syrienne pour s'y implanter. La même année, le groupe se déclare califat, englobant l'Irak et la Syrie. La décapitation filmée, au retentissement mondial, marque le début de l'utilisation de la terreur pour établir un État islamique régi par la loi islamique.

Derrière cette vidéo de propagande, d'une violence insoutenable, American Mother force à regarder le visage des bourreaux. Surnommés Beat-le (de battre, en anglais), les trois criminels ont été identifiés. Deux d'entre eux encore vivants, Alexanda Kotey et El Shafee El-Sheikh, ont été ramenés aux USA pour y être jugés.

Colum McCann se rapproche de Diane Foley lorsqu'il constate que, sur une photographie, John Foley lisait un de ses romans. La volonté de Diane, de faire quelque chose de la mort de son fils, a rencontré celle de l'écrivain, qui voulait construire un ouvrage non fictionnel, rédigé à partir d'échanges. American Mother est parue en premier en France. Les autres parutions suivront dans le monde.

Le combat d'une mère
American Mother est construit en trois parties. Dans la première, Colum McCann raconte la rencontre entre un des tueurs et la mère du journaliste.

Alexanda Kotey : Alexanda signifie protecteur du peuple et Kotey, vient du Ghana, une bonne âme. Ex-citoyen britannique, mais ex-soldat de Daesh. Voilà sept ans que Jim Foley a été tué.
La mère de Jim, déjà âgée, décide de répondre favorablement en rencontrant l'un des responsables de la mort de son fils, un aspect juridique que la loi propose.

Alexanda Kotey reconnaît avoir rédigé les dernières paroles que Jim Foley fut obligé de lire avant d'être décapité. Il plaide coupable de huit chefs d'accusation. Cette démarche pouvant réduire sa peine, il se propose de parler aux familles des victimes, avant le verdict. Diane Foley a été la première à accepter de le rencontrer en octobre 2021.

La deuxième partie permet à Diane Foley de partager l'histoire de son fils et de la lutte de sa famille à travers son quotidien bouleversant. On découvre ses recherches pour trouver sa voie, les conceptions de son métier de journaliste et sa soif de rendre compte de l'aspect humain en temps de guerres. Mais, on suit aussi Dianne Foley dans ses démarches pendant l'emprisonnement puis après la mort de son fils.

Pour la troisième, Colum McCann reprend la description des années des procès et le quotidien de Diane. le combat de cette femme, active jusqu'à essayer de se frayer un espoir dans les méandres des autres libérations puis dans la création de la James W. Foley, la fondation, est terriblement touchant.

Une femme lumineuse
À l'inverse des gouvernements européens, le gouvernement américain ne négocie pas la libération des otages civils. Les États-Unis ont la politique de chercher à assurer la libération des otages par d'autres moyens, notamment par des opérations militaires ou des actions diplomatiques. Jim Foley n'a pu bénéficier, comme d'autres prisonniers avec lui, d'une libération.

On comprend le titre, American Mother : À la fois, mère courage, mère colère mais surtout mère amour, Diane Foley, tel que nous la présente Colum McCann, est un portrait de femme inoubliable. Cette femme a tenu tête au président Obama et continue son combat pour la sécurité des journalistes et la défense des otages.

La religion est une notion constante dans American Mother. Véritable soutien pour Diane Foley, la notion du pardon y est largement questionnée. Mais, c'est aussi celle de la manipulation, du repentir et celle de la foi que Colum McCann interroge sans jamais oublier de rappeler, par les faits, la profonde humanité de cette femme.

Le récit d'Américain Mother nécessite du temps, tellement la description du quotidien de cette femme émeut, bouleverse par la justesse du propos, par la simplicité avec laquelle elle livre son ressenti, ses craintes mais aussi ses colères.

En conclusion,
Le travail du romancier est particulier. L'écriture de Colum McCann est uniquement au service de cette femme, devenue son amie. Il estompe sa présence pour décrire, donner la parole, rendre compte sans jamais livrer une impression ou un ressenti personnels. Il y a du respect et de l'affection dans cette mise au service de ce combat.

American Mother de Colum McCann avec Diane Foley est un ouvrage à découvrir autant au niveau sociologique, politique qu'humain. Il rend compte d'un travail au plus profond de soi pour dépasser la vengeance et accéder, non pas au pardon, mais la reconnaissance de l'autre, comme un humain à part entière, dans sa vérité, y compris avec ses facettes les plus noires.
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Dans ce livre, Colum McCann a recueilli le témoignage de Diane Foley, mère du journaliste américain, James Foley, enlevé en Syrie en 2012 et assassiné par 3 membres de Daech en août 2014. La vidéo de la décapitation du prisonnier a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux choquant et mobilisant l'opinion publique internationale.
Colum McCann met en écriture le parcours de cette mère courage qui a consacré 8 ans de sa vie à tenter de faire libérer son fils et les autres otages qui partageaient avec lui les tortures les plus atroces, les humiliations et privations, les simulations d'exécution.
Le récit retrace également le combat de Diane pour que la mémoire de son fils ne soit pas reléguée dans l'oubli, que ses assassins soient jugés et condamnés pour leurs crimes et surtout que les occidentaux (journalistes, humanitaires…) partis pour témoigner de la guerre et de la vie des populations civiles soient protégés et soutenus par leurs pays.
Le livre débute par les rencontres entre Diane Foley avec l'un des assassins ; il se conclura de la même façon, 8 ans plus tard, le face à face entre eux ayant évolué du questionnement vers le pardon de cette femme soutenue par une foi profonde et les actions qu'elle a réussi à mettre en place
On y découvre bien évidemment les conditions de détention et les traitements atroces auxquels sont soumis les otages pendant leur captivité à travers les témoignages des survivants rencontrés par Diane tout au long de sa lutte et ses actions. Mais, l'écriture sobre de l'auteur, au service d'un récit factuel et précis, ne verse jamais dans le PATHOS ni le sordide gratuits.
Le lecteur prend conscience du manque de soutien scandaleux des organes gouvernementaux américains dans la libération des otages ; Les autorités se retranchent derrière une politique drastique, prônant l'absence de toute négociation ou transaction financière avec les terroristes, contrairement à certains gouvernements européens, dont la France. Il est ainsi révoltant d'apprendre que les familles n'ont pas le droit de négocier en direct sous peine d'être elles-mêmes poursuivies, et l'on imagine aisément ce que peut constituer cette interdiction absolue qui les contraint à une passivité synonyme d'abandon de leurs proches voués inexorablement à une mort certaine.
L'investissement de Diane et de sa famille, le sacrifice d'années de vie pour cette femme en faveur de la mémoire de son fils, son combat au profit des otages encore détenus ou à venir, y sont décrits avec une précision mêlée d'émotion : création d'une fondation internationale de soutien, présence et implication lors des procès, manifestations et communication publiques, interventions dans les médias et pressions auprès du gouvernement jusqu'au plus hautes sphères afin d'influer sur la politique américaine et de la faire évoluer, un travail quotidien de longue haleine au détriment de sa vie familiale et de sa santé.

A travers la vie de James et le combat de sa mère, c'est un livre de témoignage poignant sur le rôle des journalistes témoins, sur le destin des otages, sur les politiques des gouvernements occidentaux ; Mais, c'est surtout un livre fort, sur l'engagement, le travail de mémoire et de pardon d'une mère, qui prend le lecteur aux tripes du début à la fin du récit. Enfin, l'auteur signe là un formidable témoignage d'amour où la haine n'a pas sa place dans un monde pourtant empreint de violence.
Une lecture indispensable dans notre époque de tourmente, dont personne ne peut ressortir sans être irrémédiablement marqué.
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Merci à Netgalley et aux editions Belfond pour cette lecture. 

Au delà d'un simple roman qui attire l'oeil comme chaque nouvelle sortie de Colum McCann qui enchaîne les romans à succès, c'est ici beaucoup plus que cela qu'il nous livre à travers un texte d'une puissance dévastatrice. 

Car dans cet écrit, le brillant auteur irlandais prête sa plume à Diane Foley, mère de James Foley, jeune journaliste américain enlevé, emprisonné et assassiné en Syrie par les bourreaux de Daech. 

Ce roman est l'histoire d'une rencontre entre cet femme, déterminée à se battre pour que vive la mémoire de son fils, quitté à se confronter directement aux bourreaux de celui-ci lors d'un très attendu procès. Mais il s'agit bien plus que d'un souvenir ou d'un travail de mémoire. Car accompagnée de l'auteur qu'admirait son fils, elle va aussi mener une lutte pour que le sort des otages soit connu et qu'ils ne disparaissent pas dans les méandres d'une démocratie, qui a fait le choix de bien souvent ne pas médiatiser leurs existences.

Il est difficile de faire la chronique d'un tel livre, car on est au-delà des considérations traditionnelles d'intrigues, de personnages , de cadre. Ici on est dans l'émotion pure, celle portée par une mère qui livre ici sans retenue mais avec une dignité confondante, sa peine mais aussi sa détermination à ce que le nom de son fils entraîne une modification en profondeur de la constitution américaine. Une mère prête à tout, y compris à échanger avec un des bourreaux de son fils, pour comprendre et pour avancer. 

Une leçon d'humanité, de courage, qui atteint sa cible en redonnant un soupçon d'espoir, là où il semblait totalement disparu. Un roman nécessaire, qui devrait trouver sa place dans tous les foyers. 
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Je garde encore la trace vive des mots d' « Apeirogon ».
L'auteur y brosse les contours diffus d'un kaléidoscope figurant le monde.
Il fait écho aux vies brisées de Rami et Bassam au coeur du conflit israélo-palestinien.
Deux hommes qui ont réussi à parler et construire ensemble après la mort de leurs filles respectives. Dans American mother, Colum Mac Cann nous invite à partager la douleur d'une mère . Il s'agit ici aussi d'un itinéraire qui tente de comprendre l'autre dans sa différence, jusqu'à son crime.
Le récit s'ouvre et se termine à la troisième personne, lorsque Diane rencontre le meurtrier de son fils, la distance s'impose à l'auteur. le « Je » l'emporte pour le coeur de la narration, c'est désormais Diane Foley qui parle sous la plume de l'auteur , il le fait au delà des larmes en soulignant la posture de dignité de cette American mother. le lecteur est ainsi invité d'emblée à s'interroger au fil de ce récit- portrait.
Diane Foley est en effet toute entière dans l'écriture de l'auteur. Dès son entrevue avec Alexanda Kotey, elle campe une humanité déchirée, le récit de Colum Mac Cann met en scène la lente reconstruction qu'elle opère, en s'appuyant sur la mémoire de son fils assassiné.
Le livre retrace pas à pas cet itinéraire. La mise à distance intelligente du récit, par sa langue et sa construction permettent au lecteur de poser la question de la responsabilité, qu'elle soit individuelle ou collective, devant les atteintes au droit de chaque personne humaine d'être respectée dans son essence.
Un livre fort.
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