Et chuchote mon nom aux brins d’herbe où mon père repose.
Rudi et Victor partent vers le coeur de l'Everard, qui a tout finalement d'un ballet aussi - ici s'exerce le commerce mécanique de la fesse, c'est un sommet en ville -, mecs à boucles d'oreilles, mecs à talons hauts, mecs à mascara, mecs en robe droit sortis des décors d'Autant en emporte le vent, mecs dans leur maillot du Viêt-nam, mecs à lunettes d'aviateur, mecs barbouillés de graisse, mecs au look de gonzesse, mecs qui veulent en être une, des mecs entre-deux, des mecs bien dressé, des malheureux en berne, quelques uns accroupis au-dessus d'un jet d'eau pour un lavement rapide, un, braillement dans les douches, et tout le monde qui baise, qui baise dans les cabines, baise à la fontaine, baise dans les saunas, baise à la chaudière, dans le placard à balais, dans les toilettes , dans les bains , et qui fiste, et qui doigte, même avec les orteils, qui baise en groupe, en grappes, qui s'encule et qui se feuille-de-rose, le super pour ordinaire des sandwiches de chaire, comme si Victor-Rudi avait jeté la pilule à baiser dans toute la plomberie, gloire à elle, alléluia ! Avé sainte Baise ! bienvenue ! qui que vous soyez ! petit ou gros ! grand ou mince ! riche ou pauvre ! long ou court ! (long surtout !) jouissons au Ever-Hard !
... et tandis qu'ils s'éloignent, la danse est toujours dans leurs corps, ils cherchent le point de silence et d'immobilité où il n'y a plus ni espace ni temps mais la pureté en marche.
Une perle de sueur se détache des ses cheveux.
Sa tête effleure sa cuisse, sa hanche, son ventre.
Ils s'embrassent l'un l'autre, ne forment qu'une flamme, dans la nation du corps.
Il la pose doucement. halètement dans la salle qui les retrouve vivants - le public est français, le meilleur l'est toujours, même au liban à new york buenos aires vienne londres il est toujours français - et le danseur absorbe sa cavalière, son parfum, sa peau humide, son agrément, et disparaît côté jardin.
Elle tient les rênes maintenant, solo.
Debout dans l'ombre, il reprend son souffle, essuie son visage, endigue la sueur, le torse se gonfle, retombe, se calme bientôt, ah oui un brin de ténèbres une étreinte.
Le va-et-vient des vagues, dehors, est à peine visible, la mer est un fin velours aux côtes d'écume rougies par l'aube.
Quelques oiseaux ricochent sur les courants d'air, et, au loin, Margot aperçoit un voilier au grand spi jaune gonflé.
Rosa-Maria, une chilienne, belle à priver l'air de ses particules d'oxygène. Mais elle n’était pas imbue de ses charmes. Elle s'arrangeait plutôt pour donner l'impression de les avoir revêtus à la dernière minute
Dans la loge: un plein kilo de caviar de la Mer Noire et douze bouquets de fleurs, dont une douzaine de lis. Sergueï, mon vieux, j'ai pensé à toi. (p.226)
Il danse toujours avec cette énergie extraordinaire. Il a le génie de nous rappeler l'enfant qui est en nous, il suffit de le regarder. C'est héroïque, il danse pour ainsi dire contre la montre. Et cet homme dansera autant qu'il le pourra, jusqu'au bout, jusqu' à la dernière goutte de sang.
(Jacqueline Kennedy Onassis,1980)
Victor a déjà vu ça cent fois, ce talent qu'a Rudi pour s'emparer des foules, même descendu de scène, cette façon d'enchaîner pensées profondes et niaiseries, Bon sang, mais il n'est pas seulement superbe, il est intelligent aussi !
Pour le deuxième acte, il nous a montré une photo d'un martin-pêcheur qui secouait sa proie en plein vol, juste après l'avoir éperonnée. Virevolte superbe de l'oiseau (vivant) et du poisson (mort) entre ciel et terre.