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sur 358 notes
Zoli est tzigane et vit en Slovaquie. Elevée par son grand-père après avoir assistée encore enfant à l'exécution de ses parents par la police politique slovaque, elle erre à travers une Europe de l'Est bientôt dévastée par la Seconde Guerre Mondiale.
Pour les Rom, la guerre est un nouveau drame : pourchassés, rejetés, persécutés par les troupes fascistes, tout leur est interdit, aller et venir, jouer de la musique, entrer dans les villes… Pour finir, ils sont bouclés en camps de travail.
C'est dans ces conditions que son grand-père lui apprend à lire et à écrire. Mais pour ce peuple sans nation, aux traditions très fortes, qui se méfie de la parole figée, qui pense que tout doit rester oral et pour qui l'écriture est considérée comme une menace, cet apprentissage, surtout pour une femme, est une transgression inédite. Cependant Zoli persévère et commence à émouvoir son peuple en chantant les poèmes qu'elle écrit.
Elle rencontre alors Stansky, un poète tchèque aux prétentions révolutionnaires et Stephen Swann, un traducteur anglais déraciné, débordant d'idéal communiste. Tous deux la convainquent d'éditer ses poèmes. Un coup d'éclat visant à démontrer que l'écrit peut briser les stéréotypes qui persistent vis-à-vis des tziganes.
Son recueil de poèmes en fait ainsi une nouvelle icône du parti. Mais son peuple ne l'accepte pas. Elle est déclarée salie, corrompue, polluée à vie pour infamie et bannie, est condamnée à l'exil.
Rejetée par les siens, refusant le rôle de symbole du parti qu'on voudrait lui faire jouer, elle s'enfuit sur les routes dans une nouvelle errance, en quête d'un endroit où elle pourrait enfin poser ses semelles de vent.

Inspiré par l'aventure véridique d'une poétesse tsigane polonaise nommée Papusza, « Zoli » est un roman à multiples facettes. A travers le destin de la jeune femme, l'auteur nous révèle par petites touches, de 1930 à nos jours, le parcours des Rom d'Europe Centrale, un peuple bien souvent brutalisé.
Au coeur de ce roman poignant, les thèmes de l'assimilation, de l'appartenance et de l'ethnicité.
On découvre avec émotion tous les drames vécus par un peuple que les régimes successifs ont toujours voulu contraindre à la sédentarisation. Après que les nazis aient voulu les exterminer, les communistes, tout en les idéalisant, ont fait preuve d'incompréhension et de brutalité, pensant qu'en les assimilant, ils prouveraient le bien-fondé du socialisme. Dans les années 1950, le régime communiste a voulu à ce point les intégrer, qu'il les a finalement trahis en les sédentarisant de force. On a cassé les roues de leurs roulottes, on les a forcés à vivre dans des immeubles sans se soucier des conséquences culturelles que cela impliquait.

Car ce sont des traditions très fortes, d'un archaïsme parfois difficilement concevable, qui sont au coeur de leur mode de vie et leur sédentarisation forcée a bouleversé ces manières de vivre.
Pour un homme tzigane, par exemple, avoir une femme au-dessus de la tête est considéré comme une honte car les jupes des femmes ont un pouvoir de pollution…Alors vivre dans un immeuble avec une femme sur le palier du dessus, c'est tout bonnement inenvisageable ! Pour cela, les Rom voulaient tous vivre au dernier étage et délaissaient tous les autres niveaux !
Cela prêterait à sourire si ce n'était vécu comme un véritable drame par les Rom qui se sentent trahis et humiliés. Privés de liberté, interdits de voyage, on leur impose en plus de renier leurs traditions en menant une vie sédentaire.

Au-delà de l'identité culturelle et des notions d'intégration, l'ouvrage de Colum Mc Cann aborde les thèmes de l'art et de la création artistique.
L'écriture est un exutoire aux souffrances de l'existence mais elle est aussi un moyen de transmettre la parole d'un peuple qui n'a de mémoire autre que celle de l'oralité. Les écrits sont importants pour se souvenir du passé mais aussi pour modifier le présent. Malheureusement, on constate aussi à quelles extrémités peut conduire la publication d'un livre et combien terrifiants peuvent être les mots lorsqu'ils sont mal interprétés ou récupérés par un pouvoir politique.
Enfin, le livre de Mc Cann est un très bel hymne à la liberté, le portrait d'une femme hors du commun, la découverte d'un peuple méconnu qui nous permet d'entendre dans les mots de la poétesse, le désir d'indépendance de ces communautés perdues dans un monde de frontières et de sédentarité.
A la fois fort et doux, sec et sensible, poétique et vrai, un texte aux grands pouvoirs d'évocation.
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Je ne sais pas ce qui fait un grand écrivain, mais pour moi Colum McCann en est un. J'aime son écriture simple, limpide et puissante. Je lui trouve quelque chose de vital, d'élémentaire (l'eau, la terre, l'air et le feu sont si présents). L' ancrage dans le monde sensible est fort et donne une profondeur particulière à ce qu'il dit de ses personnages, à leurs manière de vivre les évènements. Ses textes sont pour moi d'une telle intensité qu'il m'arrive de me fatiguer, d'avoir besoin d'un pause avant de me replonger dans le courant de ses mots.

Dans Zoli, ce n'était pas le cas. Les changements de narrateurs, de tons, de regards m'ont procuré les respirations nécessaires pour pouvoir le lire d'une seule traite.
C'est un livre que je trouve très beau. Roman à trois voix, il retrace la vie d'une Rom de Slovaquie, Zoli, une nomade qui traverse le 20ème siècle et lui survit. Aux yeux des autres, elle est une énigme à résoudre, un énigme fascinante, et deviendra une icône à abattre.
Comme celle de son peuple, sa vie est cahotique ; et sa trajectoire d'Icare - inspirée de celle de la poétesse polonaise Papousza - m'a bouleversé. le texte est splendide de simplicité : trois voix nous parlent, dévident les fils de leur histoire et les posent comme sur un drap blanc posé dans l'herbe.
Les grands thèmes chers à McCann sont là : la dignité, l'exil, la recherche d'un chez soi, et puis aussi les bleus à l'âme, le métissage, la transmission de la culture. Ces thèmes me touchent de plein fouet, moi dont la famille a pour points cardinaux Ré et Irkoutsk, la Grèce et la Baltique.
Au coeur du livre, il y a les nomades Roms, vus de l'autre côté du miroir ; et Zoli et ses aspirations, ses chants et ses poèmes, ses amours impossibles, ses blessures et ses guérisons. Au travers du texte, sa vie vibre comme une corde d'arc.

La fin du roman m'a particulièrement marqué : sous des airs de digressions, j'avais rarement lu un auteur qui rende si perceptible l'avancée de l'âge, les limites et l'égarement qu'il nous impose. Et pourtant, j'ai trouvé la note finale résolument optimiste.

Qu'il est étrange de lire aujourd'hui ce livre de 2007, alors qu'il y a un an à peine, les Roms étaient pointés du doigt et présumés coupables par nos autorités. A croire que certaines choses ne changent pas.
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Hormis ce portrait de femme insoumise auquel on pouvait s'attendre et qu'on espérait, McCann rend hommage à l'esprit Rom dans son écriture qui fait ressentir le souffle, l'aspiration, la route.
C'est d'autant plus remarquable durant l'errance et l'exode de son héroïne Zoli.
Il réussit le tour de force de rendre la Ville nébuleuse, comme une idée à peine esquissée et focaliser l'attention du lecteur sur la route arpentée en aveugle. Il va au plus près de son personnage qui semble avancer à l'écart du monde.
La lecture a été très troublante...
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Voici dans ce roman un magnifique portrait de femme. Zoli la tsigane, devenue poétesse et emblème de tout un peuple avant d'être rejetée par ceux qui l'ont adulée, Zoli la belle, Zoli la rebelle, Zoli libre de penser et d'agir, Zoli qui fait s'enflammer les coeurs parce que son grand-père a accepté de lui apprendre à lire et à écrire, connaissances totalement interdites aux femmes tziganes.

Mais Zoli n'appartient plus à personne, plus tant que ça à son peuple, pas non plus à l'anglais amoureux d'elle. Elle n'est d'aucun pays et est à tous. Elle n'est d'aucun parti, elle est libre comme le vent, comme l'eau du fleuve, elle est Zoli et elle raconte... Ce qui fera son malheur...

Au gré des cahots de la roulotte, des rencontres du clan, des pauses dans l'errance et des départs précipités pour échapper à la vindicte populaire ou à la police, Zoli va conter, raconter en chantant l'histoire de son peuple, une histoire qui les décrit tels qu'ils sont : beaux et tristes, fiers et courageux, voleurs, menteurs, sales, mais aussi drôles, heureux dans le dénuement, respectueux des traditions... Tout un ensemble de qualité et de défauts parfois totalement contradictoires, mais qui les mettent cependant au ban de la société, eux, les tziganes...

Voici donc aussi un roman sur un peuple, un regard lucide mais tout empreint de tendresse, émouvant, passionnant. Amour, exil, trahison, vengeance... Une belle fresque sur les plaines de Bohême et sur l'univers des tziganes du début du siècle, souvent méconnu et incompris.

Un roman magnifique, prenant, envoûtant, à lire !


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Superbe et bouleversant .
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Voici dans ce roman un magnifique portrait de femme. Zoli la tsigane, devenue poétesse et emblème de tout un peuple avant d'être rejetée par ceux qui l'ont adulée, Zoli la belle, Zoli la rebelle, Zoli libre de penser et d'agir, Zoli qui fait s'enflammer les coeurs parce que son grand-père a accepté de lui apprendre à lire et à écrire, connaissances totalement interdites aux femmes tziganes.

Mais Zoli n'appartient plus à personne, plus tant que ça à son peuple, pas non plus à l'anglais amoureux d'elle. Elle n'est d'aucun pays et est à tous. Elle n'est d'aucun parti, elle est libre comme le vent, comme l'eau du fleuve, elle est Zoli et elle raconte... Ce qui fera son malheur...

Suite sur Les lectures de Lili
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Pourquoi les portraits de femmes les plus beaux sont écrits par des hommes ? Cela me rappelle Mille Femmes Blanches où Jim Fergus nous avait fait un magnifique portrait de May Dodd.

Tout au long de ce roman nous suivons les pas de Zoli depuis son enfance (...)
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Vous suivrez les voyages de Zoli, poétesse et son peuple Rom à travers plusieurs récits à la première et troisième personne de son enfance à sa vieillesse de la Slovaquie 1930 à 2003. Des exterminations, des déportations, la sédentarisation obligatoire pour son peuple et ses coutumes bafouées, rien ne leur est épargné. Les chants de Zoli qui les enchantèrent, vont finir par lui coûter le bannissement et l'exode de l'Autriche à l'Italie et jusqu'à Paris
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L'histoire de cette Tzigane qui fut chanteuse puis bannie par son peuple, est très belle. Ils ont leurs propres lois et il est important de les respecter, Zoli a enfreint une règle mais le lecteur ne sait pas laquelle.

Alors que son peuple accepte qu'elle chante pour les « Gadze », le jour où son amant publie un livre sur elle et ces poèmes, elle est jugée et doit quitter la « Kumpania ». Nous n'avons aucun éclaircissement sur ces lois et le pourquoi du rejet. On suit Zoli dans sa gloire mais là encore c'est assez flou, puis dans sa fuite et sa survie.

Cette histoire aurait été plus plaisante si elle comportait quelques explications, on en apprend assez peu sur la vie des Tziganes, et c'est dommage car c'est ce que j'attendais de ce livre. le récit commence alors que Zoli a 7 ans, elle vit avec son grand père, en 1949. Son peuple est souvent rejeté, on veut les sédentariser mais ils refusent et s'enfuient plus loin, Zoli est la seule à savoir lire, elle sert un peu d'intermédiaire avec les autorités. Mais si certains passages de leurs histoires est évoqués, c'est encore très flou, le lecteur devine grâce à ses connaissances historiques.

Le sort de cette Tzigane est quand même attachant et agréable à lire malgré ce manque d'explications, la fin de son voyage est moins misérable, elle connaîtra une vie meilleure. La vie des Tziganes est là encore évoquée alors que nous sommes en France en 2003 mais c'est juste effleuré et c'est dommage.
Lien : http://petitepom.sosblog.fr/..
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En Tchécoslovaquie et dans toute l'Europe, des années 30 à 2003, Colun McCann met en scène un personnage singulier « Zoli ». Lorsque nous faisons connaissance avec Zoli, petite fille tzigane de 6 ans, elle vient de vivre un évènement tragique. Un bataillon fasciste a noyé toute sa famille dans un lac. Rescapée, elle est élevée par son grand-père communiste, Stanislaus. En cachette, il lui apprend à lire et à résister. Zoli cache les livres, la communauté Rom ne doit rien savoir. Bien des années plus tard, elle devient une grande poétesse. Mais le jour où ses chansons sont enfin imprimées, elle est bannie par les siens. Dans le froid, la solitude, le mépris, elle parcourt l'Europe. Rien ne semble l'arrêter, elle marche et affronte son destin...
Dans ce roman, Colun McCann nous offre un beau portrait d'une femme, artiste, libre comme il a su faire le portrait de Rudolf Noureev dans « le danseur »
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