De ce livre, on attend beaucoup.
Scott McCloud reste un auteur à part, parce qu'il a signé le formidable "Understanding comics" qui théorisait de manière passinannte et limpide l'art séquentiel.
Je n'avais jamis lu de fiction de sa plume. A ma connaissance, ce livre est sont premier grand récit de fiction. Alors, on se prend à rêver que, vu tout ce qu'il a exposé dans son "Understanding Comics",
McCloud ait tout compris, et que son livre ne peut qu'être un chef d'oeuvre. Réflexe un peu stupide à propos duquel
McCloud nous avait pourtant mis en garde il y a 20 ans, insistant sur le fait que si le meilleur dessinateur du monde et le meilleur auteur du monde s'associaient, ils ne réaliseraitent certainement pas la meilleure bande dessinée du monde.
Scott McCloud est sans doute un formidable technicien, mais la technique n'est pas suffisante pour réaliser un grand livre.
Soyons juste, son livre se lit facilement. Il ne comporte pas de temps morts, est inventif formellement lorsqu'il le faut, la mise en image est dynamique et efficace. Seulement, ce n'est que de la technique.
Côté dessin,
McCloud n'a rien d'exceptionnel. Son dessin est bon mais n'a pas, par exemple, la vitalité d'un
Craig Thompson. Et concernant le scénario, son histoire n'est finalement pas très intéressante.
David Smith est un jeune sculpteur. Il n'a pas 30 ans et sa carrière est déjà ruinée. Considéré comme un génie précoce, il devint le protégé d'un puissant mécène, avant de tout foutre en l'air et de se retrouver oublié de tous. Au début du livre, il est aigri et désabuisé en train de se saouler dans une café, lorsque son oncle Harry surgit de nulle part. Passé la surprise initiale, David se souvient que Harry est mort depuis 3 ans... en fait, c'est la Mort qui vient lui proposer un pacte. S'il accepte, il aura 200 jours durant lesquels il aura les moyens d'atteindre son but. Mais pas un jour de plus.
Une variation faustienne de plus. Pourquoi pas ?
Seulement, la fable manque sa cible. MccCloud ne trouve jamais le ton juste, jouant des symbôles faciles sans beaucoup de légèreté. Son récit paraît déséquilibré, ne réussissant pas à donner suffisamment de substance au don que reçoit David. Il y a un côté trop simpliste à son histoire pour la rendre crédible. Ce n'est jamais original, ni intrigant.
McCloud enfonce des portes ouvertes et reste cantonné aux lieux communs.
Je le répète, l'ensemble reste plaisant à lire, mais ne soulève aucune passion. C'est plat.