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4,03

sur 397 notes
C'est un beau roman.
C'est une belle histoire.
C'est une rencontre d'hier.
Ce n'est pas une histoire entre adolescents comme dans la chanson de Fugain.
Est-ce une tradition parmi les écrivaines italiennes de traiter les événements historiques de façon oblique, à travers des personnages qui n'en sont pas acteurs mais qui en sont affectés, parfois terriblement au point d'en être dévastés? C'est évident dans La storia d'Elsa Morante, c'est présent aussi dans L'amica geniale d'Elena Ferrante, et c'est encore le cas dans ce roman de Francesca Melandri.
Elle use aussi d'un motif récurrent, celui de l'île prison, qui crée un cadre bien particulier. Les éléments naturels, mer, vents, animaux sauvages ou domestiques, semblent apporter un contrepoint aux conflits et à la folie des hommes. Je ne sais pas dans quelle mesure l'île prison correspond à une réalité en Italie. Mais on le retrouve dans l'île d'Arturo d'Elsa Morante et cela semble aussi faire partie du sujet du dernier roman de Valentina d'Urbano, Isola di neve.
Mais le plus important dans cette belle narration, c'est la justesse de la description des sentiments intimes, la prudence dans le rapprochement des êtres qui ont tant souffert. Il en résulte un moment de révélation et de vérité, qui ne change pas toute la vie, mais qui la rend plus consciente et plus pleine, plus apaisée peut-être.
Il vaut la peine de découvrir cette lecture pleine d'humanité.
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Ce livre est tout en délicatesse. Et pourtant, il y est question de meurtres, de terrorisme, de mari violent et de femme battue, d'enfant perdu par la violence, aveuglé par des idéaux de justice et de droits…

Luisa et Paolo se rendent sur une île-prison de haute sécurité, pour rendre visite l'une à son mari, homme violent qui a passé plus de temps derrière les barreaux qu'auprès d'elle, l'autre à son fils, jeune homme idéaliste qui a sombré dans le terrorisme.

Ces deux êtres n'ont rien en commun à part de devoir supporter toute la souffrance, la difficulté de vivre avec ce qu'un mari ou un fils a commis.

"Au fil des ans, les gens lui avaient offert consolation, pitié, certains conseils – car il se trouve des gens pour donner des conseils même à un homme dont la femme s'est laissée mourir parce que son fils était un assassin. Mais personne jusqu'alors ne lui avait donné l'impression d'être compris, avec autant de simplicité."

Ces deux-là vont devoir passer une nuit ensemble sur cette île ; une violente tempête les empêchant de rejoindre le continent.

Ce livre a cette particularité de s'attarder sur les familles des prisonniers, les gardiens et leur entourage, et non sur ces hommes enfermés pour les actes qu'ils ont commis. C'est un point de vue différent, qui nous fait partager une autre réalité, tout aussi tragique.

Le récit de Francesca Melandri est à la fois très court et intense, profond et intimiste. Je l'ai lu comme une parenthèse, une pause au milieu de toute cette violence latente, ce mal-être et ce désespoir qui, le temps d'une rencontre, va changer leur vie.
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Une histoire simple, magnifique que l'on lit d'une traite.
Un huis clos entre quelques personnages, dont 2 centraux.
Un point commun, une prison.
On pourrait penser que cela n'engage pas à la joie, et pourtant cette histoire s'est révélée pour moi un souffle revigorant, plein de joie et d'espoir... Une bouffée d'air pur.
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Dans le bateau qui se dirige vers la petite île, quelques rares passagers ont pris place, le temps d'une traversée mouvementée...ce sont des proches des prisonniers détenus dans la prison de l'île, du personnel pénitentiaire, le médecin...Et il y a Luisa, la cinquantaine qui vient voir son mari qui, déjà incarcéré, a tué un gardien de prison, il y a Paolo, qui vient voir son fils, coupable de terrorisme dans ces années de plomb que connaît l'Italie en cette fin des années soixante-dix. Sur le chemin du retour pour reprendre le bateau, un accident oblige Paolo et Luisa a cohabité sous la surveillance de Nitti Pierfrancesco...l'occasion pour chacun des personnages d'évoquer ses souvenirs, sa vie, ses douleurs, ses espoirs et ses attentes.

Francesca Melandri nous offre avec Plus haut que la mer un roman d'ambiance au coeur d'une île à la fois belle et terrible avec ses abrupts rocheux et surtout sa prison et un roman intimiste où elle nous plonge dans le vécu et les sentiments des protagonistes, chacun revivant des moments importants, le temps d'une visite à un fils, à un mari. Elle fait également revivre les années de plomb où révolution se confondait avec terrorisme, les années où les femmes étaient entièrement soumises au mari, quelquefois battues, les années où les règlements de compte entre gardiens de prison et détenus se faisaient discrètement. le contraste entre l'immensité de l'espace de l'île et l'univers carcéral de la prison ajoute une touche dramatique à ce récit.
Plus haut que la mer est un roman assez lent, dans lequel il est quelquefois difficiles de démêler les liens ou les époques, mais qui reste prégnant grâce au sujet de l'internement et à l'écriture de Francesca Melandri.
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La violence, tout le monde croit savoir ce que c'est : assassinats, agressions, guerres, terrorisme, ces images peuplent les écrans. Mais qui peut savoir la douleur d'aimer un être violent, capable de tuer ? La solitude qu'elle engendre ?

C'est ce thème qu'évoque avec beaucoup de pudeur et de densité le roman de Francesca Melandri, "Più alto del mare", car il n'y a pas de mur "plus haut que la mer" pour empêcher de s'évader les détenus les plus violents.
1979, les années de plomb italiennes, deux passagers débarquent sur une île au nord de la Sardaigne, probablement l'Asinara, pour rendre visite à leur parent incarcéré dans un quartier de haute sécurité, elle, Luisa va voir son mari, qui a commis plusieurs homicides, lui, Paolo, son fils terroriste, auteur d'assassinats "politiques". Leur voyage n'a rien de simple dans cet endroit isolé et cerné par la mer, où tout déplacement est surveillé avec la plus extrême rigueur. Au cours de leur visite, les conditions météo changent et la tempête se lève, alors qu'un accident de voiture les met en retard. Ils vont donc être contraints de passer la nuit sur place sous la surveillance de l'agent carcéral Pierfrancesco.
Au cours de cette journée et de cette nuit particulières, une sympathie, une solidarité nait entre ces trois êtres confrontés à la violence et vivant cette douleur destructrice, qui a anéanti la famille de Paolo, contraint Luisa à élever ses cinq enfants et faire son métier d'agricultrice toute seule, et qui a rendu muet Pierfrancesco, affrontant chaque jour la violence des prisonniers et lui même contraint à en user. Pourtant la nature sauvage et solitaire de l'île intervient comme un contrepoint et suggère qu'il est une paix à trouver malgré ces souffrances intimes et irrémédiables.
Ressortent les absurdités de la violence terroriste des jeunes révolutionnaires italiens dévoyés, qui ont frappé à cette époque jusqu'au sommet de l'Etat, pour suivre la rhétorique creuse de la révolution, une chimère et non une réalité, selon Paolo le philosophe, détruisant des vies, des familles, blessant à jamais des êtres chers.

Dans ce livre au décor maritime merveilleusement décrit, c'est le seul point commun avec le précédent opus de Francesca Melandri, "Eva dort", consacré lui à la violence qui a marqué l'histoire mouvementée du Haut Adige et de ses vallées montagnardes.

Un très beau roman, à l'écriture riche et suggestive, qui évoque la rédemption qu'offre la communion dans la douleur et l'apaisement de se savoir compris par un compagnon de souffrance.
Lu en V.O.
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Ou toute la magie d'une improbable rencontre, qui se transforme par la grâce de l'écrivain en une intense réflexion sur la vie, sur l'amour et sur la façon que nous avons, les uns et les autres de communiquer entre nous. Subtil et intelligent.

La rencontre, c'est celle de Luisa et de Paolo. Elle est agricultrice, il est professeur d'histoire et de philosophie. Il y avait très peu de chances pour qu'ils se rencontrent. Et pourtant, ils sont là, tous les deux sur un bateau qui les emmène vers le large, vers une île qui abrite une prison de haute-sécurité. Luisa rend visite à son mari, un violent d'après ce que l'on comprend au fil des pages, au point d'avoir fini par tuer bêtement. Paolo vient voir son fils, emprisonné lui pour des assassinats politiques. A cause d'une tempête, ils sont tous les deux obligés de passer une nuit sur l'île, hébergés par un agent carcéral, Pierfrancesco Nitti et sa femme. Des liens se tissent, une complicité naît, ces quelques heures passées ensemble vont permettre à chacun de ces êtres peu épargnés par le destin d'avancer vers des lendemains un peu plus légers.

Ce huis-clos imaginé par Francesca Melandri permet de faire passer avec beaucoup de finesse, la pénibilité des non-dits, les dangers de l'incompréhension et du manque de communication. Luisa a préféré fermer les yeux sur la violence de son mari et le vide affectif de sa vie, Paolo se demande comment son éducation et les principes qu'il pensait avoir inculqués à son fils ont abouti à un tel gâchis, Nitti se replie sur lui-même, incapable de partager son quotidien de gardien avec sa femme, laissant grandir entre eux un sentiment de peur.

Par des mots, des attitudes, peut-être simplement une écoute, ils vont chacun offrir aux autres un point de vue libérateur, de quoi aller tout simplement de l'avant. Faire triompher la vie, malgré la souffrance.

Les personnages sont magnifiques, le décor singulier, l'Italie et son difficile contexte politique (années 70) sous-tendent l'intrigue projetant une ombre menaçante. Mais l'espoir n'abdique jamais et chacun, à sa façon trouvera le moyen de poursuivre sa route le coeur plus léger.

Un roman qui ne peut pas laisser indifférent et que l'on referme à regrets, parce qu'on aurait bien fait encore un bout de chemin avec Luisa et Paolo.
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Une fois encore,merci aux lecteurs de Babelio qui m'ont donné envie de lire ce livre par leurs critiques.Cette histoire nous offre la rencontre de deux êtres meurtris par la vie et l'amour. Luisa va "visiter" son mari à la prison de haute sécurité, Paolo, son fils. Une tempête va les retenir sur l'île pendant 24 heures,24 heures qui vont leur permettre une véritable délivrance et, en quelque sorte les ramener à la vie. C'est un récit d'une extrème pudeur,qui, par touches successives, à travers une parole, un regard, un geste ,ramènent à l'essentiel, rappellent ce qui devrait aller de soi dans le respect de l'Autre. le regard que ces deux là posent l'un sur l'autre mais aussi sur Nitti, le maton qui semble avoir oublié qu'on puisse le considérer comme un homme et non "un magasinier de chair humaine", sur sa femme qui a peur de le perdre et se perd elle même, agit comme un révélateur. Ce regard réveille ce qui avait été ettouffé de meilleur.
F.Melandri interroge aussi avec délicatesse et philosophie ce qu'il en est de l'usurpation des mots quand ils ne correspondent plus aux actes posés, quand l'idéologie se transforme en assujetissement. Elle interpelle sur la violence, celle qu'on enjolive sous le mot "révolution" quant elle n'en a plus que le mot , elle prend pour toile de fond les événements politique de la fin des années 70 en Italie ,mais aussi la violence "ordinaire" que subissent les femmes dans la sphère conjugale.
Pour ajouter un bouquet final à tout ceci, l'auteure nous fait cadeau d'une plume que l'on pourrait qualifier de pinceau tant sa description de la flore et la faune de l'île est somptueuse et vient s'opposer par sa force vitale à l'univers mortifère de l'enferment carcéral.
Un vrai coup de coeur pour ce roman qui me donne envie de lire d'autres romans de F.Melandri.
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Une île, une prison. Paolo a rendu visite à son fils, Luisa à son mari. Leur minibus percute Nitti convoyant un prisonnier turbulent. Bloqués sur l'île, la nuit sera propice aux confidences.

Francesca Mélandri tente de créer un ambiance en emballant son histoire dans de nombreux détails qui ne m'ont que moyennement emballé, mais on finit par s'attacher aux personnages.
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Nous entrons dans l'Italie des années 1980, les années de plomb où les attentats politiques font rage et où toute menace est prise très au sérieux. Luisa et Paolo ne se connaissent pas, mais ils prennent le même ferry pour rejoindre l'île où est située la prison Spéciale, celles des plus dangereux détenus politiques ou criminels. le fils de Paolo et le mari de Luisa y sont incarcérés pour le reste de leur vie : le premier pour des actes politiques, le second pour de la violence, tous deux ayant entrainé la mort de plusieurs personnes. Les visites sont brèves et très contrôlées.


On voit que cette situation a brisé Luisa et Paolo, mais c'est au fil de notre lecture que nous découvrirons de quelle manière et à quel point, quel genre de personnes étaient réellement ces prisonniers et quelle famille ils formaient. Car un soir, le ferry de Paolo et Luisa ne peut repartir pour cause de tempête et ils doivent passer la nuit sur l'île. Cette île étant dénuée de structure d'accueil pour les familles, et celles-ci étant presque aussi suspectes que les détenus eux-mêmes, Paolo et Luisa passeront la nuit chez un maton, sous son contrôle : L'occasion idéale pour le lecteur de faire connaissance avec eux et d'en savoir plus sur ce qui les a menés ici.


*****

Le titre, la couverture, le résumé éditeur : Tout m'a poussée à acheter ce roman il y a une semaine, lorsque je suis partie en vacances à l'océan. Je m'attendais à quelque chose d'à peine plus sombre et plus fouillé, mais cette lecture me fut délicieuse ! J'ai beaucoup aimé pénétrer lentement la vie de ces personnages et familles, à l'aide de discussions pudiques entre les personnages ou de pensées et souvenirs retranscrits pour le lecteur. Bien sûr, le contexte historique des années 80 se prête bien à l'histoire.


Les expériences de Paolo et Luisa vont les amener à se rapprocher, mais pas de manière caricaturales. Nous allons surtout pouvoir découvrir comment le fils de Paolo en est arrivé là, et pourquoi Paolo se sent si coupable envers les familles victimes de son fils ; Ou encore comment Luisa et ses enfants doivent survivre à l'incarcération du mari et pourquoi le gardien croit percevoir non pas de la tristesse, mais un certain soulagement de la part de Luisa à la fin de chaque visite…


Lisant avec le ressac en bruit de fond, sur des plages ou des terrasses de bords de mer, j'ai littéralement plongé dans l'île pénitentiaire avec Paolo et Luisa, senti les odeurs, les embruns ; J'ai perçu la différence entre l'ambiance du parloir et du dehors, entre la vie de famille sur la terre ferme et ces visites éprouvantes, entre l'attente des visites par les prisonniers et l'angoisse qu'elles génèrent pour les familles.


Une lecture intime et hypnotique si vous avez la chance de la vivre dans le bon environnement, mais probablement tout aussi appréciable, je pense, du fin fond de votre canapé ou du haut de vos chaises de jardin.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Il y a des livres comme ça, qui vous transporte dès les premières pages. Des livres qui vous offre une parenthèse à en oublier votre quotidien. Dès les premières pages, vous le sentez, vous le savez que ça va matcher. Tout y est, le huit-clos où les personnages peuvent être pousser à leur paroxysme, l'histoire dramatique qui nous dépose leur peine et leur fragilité et l'écriture qui les sublime.

Luisa et Paolo se rendent sur une île méditerranéenne. L'ambiance n'est pas au rendez-vous et pour cause, ils vont rendre visite à un de leur proche emprisonné. C'est une prison de haute sécurité et quoi de mieux qu'une île pour empêcher toute tentative d'évasion. Seulement, un incident et une tempête va les empêcher de prendre le bateau retour. Ils n'ont pas le choix, ils vont devoir passer la nuit sur l'île et c'est Nitti, agent carcéral, qui est en charge de les surveiller car il ne faudrait pas que ce soit un coup monté.

Je ne vous en dirai pas plus, juste que cette histoire m'a collé à la peau. Et puis, il y a une telle justesse de ton que j'ai oublié que Paolo, Luisa et Nitti étaient des personnages de fiction. Si ça s'appelle pas un coup au coeur, ça ! Malgré la dureté de leur vie, Francesca Melandri apporte, avec la rencontre de ses trois personnages principaux, une note de douceur. Et plus particulièrement pour Luisa et Paolo qui se reconnaissent à travers leur douleur, à tel point qu'ils se comprennent sans se parler. La rencontre entre ces deux-là est loin de toute mièvrerie. Il est question de délicatesse et de pudeur, c'est élégant.
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