Avant de donner mon opinion sur ce livre, je vais me baser sur la quatrième de couverture :
Parole de ventriloque est un roman drôle et sensuel, vif et direct, plein des sons et des senteurs, des mythes et des légendes du Guyana. Il rapporte des événements tragiques dus aux oppositions entre la culture amérindienne et les valeurs européennes durant trois générations.
Au centre du récit, la relation incestueuse entre un frère et une soeur, Danny et Béatrice McKinnon, les enfants d'une Indienne wapisiana et d'un libre-penseur écossais. L'histoire atteint son sommet avec l'éclipse de soleil de 1919 qui symbolise le choc des cultures car, selon les mythes indiens, l'inceste est lié aux mouvements du soleil et de la lune. Les Indiens l'admettent sans l'approuver, mais il est prohibé par les "agents civilisateurs", dont le père Napier, un missionnaire jésuite exalté, homosexuel refoulé, qui veut l'anéantissement du couple. Son acharnement déchaînera violences et folies.
C'est donc un récit largement influencé par les phénomènes météorologiques qui prend place ici. L'éclipse est vécue comme un événement funeste, agissant sur les Amérindiens qui sont comme soumis à des légendes héritées et véhiculées de part en part.
Tout est très habilement suggéré, dans un style qui ne permet pas les larmoiements ni le dégoût mais incite à la curiosité et à la découverte approfondie. Car ces mythes amérindiens paraissent en effet bien ancrés et être comme des fatalités autour desquelles les personnages sont tiraillés. On ne peut qu'être désorienté par la force de la nature et par ces significations colportées par les Indiens du Guyana.
Outre le vocabulaire assez incompréhensible pour tout citoyen civilisé, on se prend à imaginer ce que peuvent bien désigner ces mots : waam, kanaïma... Et la vie là-bas semble codifiée car hantée par les traditions.
C'est un paysage en plein coeur de Rupununi où nous sommes conviés à convoler.
Cette plongée en plein coeur de la civilisation indienne avec tous ces rites m'a plu. J'ai d'autant plus apprécié ce livre au style incisif, qu'on le sent très empreint de respect et de discrétion. Il y a comme une certain noblesse et une grandeur d'âme dans ces Indiens qui nous ouvrent leur village.