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Citations sur Sale temps pour le pays (55)

Plus encore que son mari, Emily aime l’ambiance conviviale du Gaiety : ici, tout le monde boit, danse, drague et discute. De musique, de cinéma, de cette année qui débute mal avec la désindustrialisation de la région et le décès d’Agatha Christie, survenu il y a huit jours. Sydney sirote sa Guinness :
– J’ai jamais vraiment aimé ses bouquins.
– Hein ? demande Emily en accusant le volume de la musique.
Sydney repose sa pinte et se penche pour lui répéter sa phrase. Emily se rapproche à son tour :
– T’as peut-être pas lu les meilleurs.
– Ben… j’ai lu Dix petits nègres, par exemple.
– Et ça t’a pas plu ?
– C’est sympa, mais c’est daté, quand même.
– C’est sûr, mais ce qui fait la force de ses bouquins, c’est pas le contexte, mais la psychologie de ses personnages.
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comme Emily Oldson, appelée « Goldson » par ses clients en raison de sa blondeur. Habituée du Gaiety, elle est une nouvelle fois installée à « sa » table, en compagnie de son mari, Sydney. Un mec sympa, ce Sydney. D’autant plus sympa qu’il accepte l’« activité extraconjugale » de sa femme. Mieux, ça l’excite. Emily et lui ont une vision bien à eux de la fidélité, mais ils s’aiment et c’est le principal. Leurs trois enfants peuvent en témoigner.
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De sa voix chevrotante, Brian Ferry dandyfie If there is something1, que le saxo entraîne peu à peu aux confins de la pop. Le piano, puis la batterie se relaient dans un crescendo psychédélique, pour le plaisir des clients du Gaiety Hotel. De tous les pubs sur Roundhay Road, il est le préféré des habitants de Leeds et pour cause : contrairement aux autres, on peut y consommer de l’alcool jusqu’à 3 heures. Et des putes, aussi. À Chapeltown, on n’en manque pas entre les « occasionnelles » (essentiellement des mères de famille arrondissant leurs fins de mois), celles qui le font pour se payer leur dose, pour tromper leur ennui ou parce qu’elles aiment ça……
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Son téléphone retentit, faisant vibrer son pot à stylos. Il décroche, retrouvant la voix de sa secrétaire :
– Je vous passe la communication, monsieur.
– Oui, allez .
Vaughn patiente le temps du transfert trois secondes, au terme desquelles lui parvient une voix masculine :
– West Yorkshire Police Station, à votre service !
– Bonjour. Dennis Vaughn, directeur du Mirror à Manchester. Je voudrais parler au superintendant Walter Bellamy.
– Je vais voir s’il est là.
Attente. Encore. Pénible. Il ouvre le dernier tiroir de son bureau aménagé en mini-bar, dont il sort sa bouteille de Rémy Martin. Il dévisse le bouchon et se sert un verre de cognac, quand intervient une autre voix, bien plus grave :
– Bellamy, j’écoute !
– Bonjour, je suis…
– Je sais. J’ai peu de temps, alors faites vite. Que puis-je pour vous ?
– Je… hum… j’ai reçu une lettre signée « Jack l’Éventreur ».
– Idem.
– Alors, ça y est… ça reprend.
– Non, ça continue.
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Il quitte sa chaise – lentement, cette fois – et rouvre la porte, l’enveloppe à la main. D’un pas pressé, il traverse la plate-forme de bureaux, indifférent au stress journalistique. Sur son chemin, un jeune dessinateur lui présente des illustrations sans parvenir à capter son attention. Au fil des pas, l’angoisse de Vaughn se mue en panique, que le trajet en ascenseur rend insupportable. Arrivé au dernier étage, il arpente le couloir désert jusqu’à son bureau, à l’entrée duquel se trouve sa secrétaire :

– Ah ! Monsieur, votre rendez-vous avec…

– Appelez-moi la police de Wakefield ! Et qu’on ne me dérange pas .

Elle décroche le combiné, le regardant entrer dans son bureau. Il claque la porte, s’assoit lourdement dans son fauteuil et desserre sa cravate.
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Vaughn ne répond pas, concentré sur le papier. À travers ses lunettes, ses yeux s’écarquillent en une stupeur grandissante, puis une inquiétude qui n’échappe à personne. Tous le regardent avec un même étonnement. Greenway veut prendre la parole, Lewis le devance :

– Un problème, monsieur .

Il reste muet, hypnotisé par la lettre qu’il serre entre ses mains. Visiblement éprouvé, il masse son front plissé d’angoisse. À l’issue de sa lecture, il remet le courrier dans l’enveloppe. Lewis insiste :

– Monsieur ?

– La… la réunion est ajournée, déclare Vaughn d’une voix éteinte.
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Vaughn retourne l’enveloppe – sans nom ni adresse de l’émetteur – et la conserve. Il rend les autres à Linda et, sans la remercier, lui claque la porte au nez. Redevenue sérieuse, l’équipe le regarde se rasseoir. Vaughn ouvre l’enveloppe et, dépliant la lettre, dit à Greenway :

– Bref, je compte sur vous pour remanier cet article dans l’heure. Quant à vous, Sanders…, dit-il en lisant.

– Oui, monsieur .
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Vaughn les lui arrache des mains et, une à une, les parcourt avec empressement. Trois convocations au tribunal, deux invitations (l’une à un concert de charité au Royal Albert Hall, l’autre à l’avant-première du prochain James Bond « toujours-interprété-par-cette-endive-de-Roger-Moore-qu’arrive-pas-à-la-cheville-de-Sean-Connery ») ainsi qu’une enveloppe blanche libellée « à l’attention de Mr Vaughn – URGENT ! » et postée de Sunderland. Observée par les chefs de service, Linda leur adresse un salut timide auquel ils ne répondent pas.
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L’ouverture de la porte aère la pièce, où parvient le vacarme des bureaux. Là-bas, fusent « Manchester United » et « corruption ». Peut-être vrai. Plus loin, deux journalistes évoquent les urgentistes du Swan Hospital, qui trieraient les patients. Sûrement vrai dans un pays où, depuis plusieurs mois, les cadavres s’entassent dans les morgues. Vaughn le sait de source sûre, mais a reçu l’ordre d’« en haut » de ne rien divulguer sous peine de poursuites.

– C’EST QUE QUOI ? s’impatiente-t-il.

– Il… il est précisé « urgent » sur l’une des enveloppes, monsieur.
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Au même moment, un « Toc ! Toc ! Toc ! » interrompt la réunion. Vaughn, déjà exaspéré :
– QUOI ?
– C’est Linda, monsieur ! entend-il derrière la porte, il y a du courrier pour vous !
– Eh bien, laissez-le sur mon bureau !
– C’est que…
Il se lève brusquement pour aller ouvrir. Linda sursaute, lâchant toutes les enveloppes. Elle les ramasse – « Désolée, monsieur » – aux pieds de Vaughn. Ses collaborateurs ricanent, jouissant de cette pause bienvenue. Certains se resservent un café ou allument une cigarette, d’autres font les deux.
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