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3,49

sur 1832 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Étrange comme, parfois, on se fait des idées ; on croit connaître une histoire et en fait, pas du tout. C'est exactement ce qui s'est passé pour moi avec "La Vénus d'Ille", un roman fantastique qui m'a fait froid dans le dos.

La narrateur, archéologue et antiquaire (il est assez facile de faire le lien avec l'auteur), se déplace de Paris à Perpignan pour mieux connaître le Roussillon et son patrimoine. A une époque où l'archéologie et l'Antiquité exercent un puissant magnétisme sur les intellectuels, on n'a aucune difficulté à se représenter le contexte. Son hôte, Mr de Peyrehorade, antiquaire enrichi, lui fait part dès son arrivée d'une trouvaille extraordinaire : la statue d'une Vénus en cuivre trouvée enterrée sous un vieil olivier. Ladite statue représente une femme à la plastique idéale, quasi surnaturelle, mais qui trahit dans son expression une insensibilité frôlant la cruauté. Or des "incidents" ont déjà frappé quelques unes des personnes ayant approché "l'Idole", comme la nomment les autochtones.

Au fil du récit, une atmosphère très particulière se met en place, faite de sensations paranormales, de mystère et d'érotisme. Le narrateur ignorait qu'en arrivant chez Mr de Peyrehorade, il débarquerait en pleine noce, car son hôte marie son fils, et d'étranges phénomènes se produisent, inquiétants et aptes à rendre superstitieux les esprits les plus cartésiens. Une tragédie antique pourrait bien avoir été déterrée en même temps que la Vénus...

J'ai enfin trouvé dans une oeuvre classique le "fantastique frisson fantastique" qu'on m'avait promis de trouver et que j'ai cherché en vain dans "Le Portrait de Dorian Gray" de Wilde et le "Horla" de Maupassant. De plus, le style de Prosper Mérimée est efficace et simple, parfaitement digeste.


Challenge 19ème siècle 2015
Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Après avoir réussi à traduire en tâtonnant la mystérieuse inscription latine gravée sur le socle de la statue de Vénus trouvée dans le petit village d'Ille, le gentil et serviable archéologue parisien aurait mieux fait de prendre ses jambes à son cou et de rentrer vite fait à la capitale.
« Prends garde à toi si elle t'aime. »
Propos peu rassurants pour celui qui veut vivre longtemps et en paix ! Surtout quand ils proviennent d'une Vénus unique par sa beauté resplendissante, mais aussi par son expression. Une expression si cruelle, si haineuse que, face à elle, on baisse le regard de crainte.
Le bas peuple, lui, a déjà tout compris : cette statue est maudite. Notre pimpant archéologue et la famille de Peyrehorade chez qui il est accueilli n'en croient rien. Ces scientifiques, ces érudits cartésiens balaient d'un revers de main méprisant ces sornettes d'ignorants et de superstitieux. Funeste erreur.
Il faut dire que de Peyrehorade père et fils sont deux véritables goujats. le fils qui va bientôt se marier méprise souverainement sa future épouse, ne songeant qu'à l'argent qu'elle va lui apporter. Quant au père, il se fiche comme d'une guigne de ce mariage et de sa bru. Insupportable pour Vénus, déesse de l'amour, qui s'en va derechef s'expliquer avec ces deux grossiers personnages d'une manière qu'on peut qualifier d'hétérodoxe et d'expéditive. Notre aimable archéologue parvient à rentrer à Paris, certes ébranlé dans certaines de ses certitudes, mais toujours vivant.
Une nouvelle à la lisière du fantastique qui se lit en une petite heure. L'écriture de Prosper Mérimée est simple et limpide, et pourtant d'une grande richesse. Un vrai et très grand plaisir.

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Une bonne surprise de découvrir ce court récit fantastique sous la plume du Prosper Mérimée. le ton est très XIXe siècle, le sujet, plutôt que l'horreur du fantastique qui n'apparaît qu'en filigrane et n'est jamais réellement démontré, c'est avant tout le respect de l'amour, le respect des sentiments. C'est un belle démonstration, un peu bucolique, sur le flancs du mont Canigou (Pyrénées Orientales), avec une ambiance à la fois provinciale et légère et parfois inquiétante et tendue, des personnages particulièrement bien campés, et une écriture fluide. En si peu de pages, on passe par toutes les émotions, cette nouvelle est une petite perle qui vaut vraiment le coup d'oeil.
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J'ai toujours trouvé que la nouvelle était un exercice difficile. La nouvelle fantastique encore plus !
Et là quelle maestria ! Je me suis régalée ! J'avais lu de Mérimée Carmen et Colomba mais jamais cette Vénus d'Ille que j'ai trouvée remarquable.
Mise en place de l'histoire parfaite, montée des interrogations et soudain le texte bascule dans le fantastique.... Quel dommage presque que ce récit ne soit pas un roman !!!
Bon évidemment cette histoire ne va pas me rassurer avec les statues....
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Belle surprise pour ce récit fantastique classique, je ne m'attendais aucunement à ce genre d'histoire encore moins cette plume si agréable. A vrai dire je ne savais rien de l'auteur ni de son oeuvre, c'est un manque incontestable dans le programme scolaire. Autant je n'ai jamais pu apprécier les nouvelles fantastiques De Maupassant, autant là j'ai été subjuguée par cette Vénus. M'aurait elle ensorcelée ?
Le récit est court mais tellement bien mené, il se déroule comme un tapis, on s'attend forcément à une malédiction ou bénédiction selon ses espérances ou croyances.
Une nouvelles à découvrir sans contexte.
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Voici un autre texte qui se lit rapidement... court, mais vraiment captivant. Et je dirais même envoûtant, comme cette mystérieuse Vénus déterrée, vestige d'un autre temps et très énigmatique. L'intrigue est simple, mais vraiment bien ficelée, poussant le lecteur à lire et lire encore pour connaître la suite. Une très belle découverte. Décidément, le 19e siècle regorge de petites pépites.
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Le narrateur, archéologue parisien de son état, se rend dans le Roussillon, à Ille, rendre visite à Monsieur de Peyrehorade. Celui-ci a un trésor dans son jardin : une magnifique statue de cuivre, au corps parfait et voluptueux, à la mine cruelle et ironique, déterrée par hasard et érigée sous l'olivier. Une Vénus. Mais cette statue est maudite, à en croire les habitants du village d'Ille. La preuve, Jean Coll, un modeste ouvrier, s'est blessé en aidant à la déterrer…
Monsieur de Peyrehorade marie son fils 2 jours après l'arrivée de l'archéologue. le futur marié est un peu fat, un peu sot, donne un prix à tout, mais il est très habile au jeu de paume. le jour de son mariage, il fait d'ailleurs une partie, en prenant soin de passer au doigt de la Vénus la bague destinée à sa fiancée…
Un court roman, mené d'une main de maître. Tout est dans la suggestion, le fantastique est ancré dans l'imagination, le malheur pèse sur le récit, inexorablement. L'écriture est limpide, précise, sans fioriture. Une jolie redécouverte.
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La Vénus d'Îlle c'est l'histoire de cette statue de bronze d'une grande beauté, fascinante, mais au regard mauvais et cruel. Elle incarne à la fois, la séduction et le mal, le malin est en elle, elle est diabolique. C'est dans cette contradiction que la séduction opère.
Dans le récit, elle revêt différents visages mythiques, historiques et littéraires de la femme.
Pour les habitants du petit village de Catalogne, cette statue convoque la superstition, le paganisme, l'anticléricalisme ; elle est qualifiée « d'idole », elle porte malheur. Elle déclenche la peur ; elle est aussi pour eux, l'étrange étranger ; n'a-t-elle pas ce teint de cuivre, foncé, comparé au teint clair de la mariée ?
Elle est par ailleurs, l'incarnation de l'amour cruel, la Vénus qui fait souffrir et qui tue, Alphonse le marié, n'y échappe pas, lorsqu'il l'approche, il en meurt.
C'est aussi l'incarnation de la beauté classique de l'antiquité, de l'art et de la mythologie grecque, elle a été créée par le sculpteur grec Myron, le narrateur la qualifie de « déesse. » Il est sous le charme.
Cette déesse personnifiée, prend vie, son regard brillant s'anime, le narrateur la voit pour un temps en la personne de la mariée (qui incarne à la fois « la bonté et la malice »), elle étouffe Alphonse, le marié de ses bras. le drame survient alors pour confirmer le malheur introduit dès le début de la narration.
De femme, elle passera à l'état d'objet d'église, la matière survivra à la forme première, en transmettant le malheur.
Si on a lu Carmen, du même auteur, on perçoit également un peu ce même visage malin de la femme, de l'amour qui provoque la mort et mène au drame.

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J'ai usé toutes les pages à force de le lire

La Vénus d'Ille et moi, c'est une grande relation. Aussi je me suis empressée de le relire pour le challenge Fant'classique d'Iluze. Je crois que si j'aime autant ce genre c'est grâce à cette nouvelle précisément. C'est le tout premier classique fantastique que j'ai lu. Aussi j'aimerai vous le partager aujourd'hui.

Le style est donc classique. Un homme de la ville part dans un coin paumé pour admirer une nouvelle sculpture en bronze qui est une Vénus et il se passera un truc étrange. Vous aurez des descriptions sur la vie en campagne, sur comment les gens perçoivent la Vénus pour aboutir sur l'épisode fantastique. Pour les lecteurs modernes, cela pourrait paraître un peu lent, bien entendu, mais c'est un style particulier que j'aime particulièrement. Car on a le temps de se poser, de se mettre dans l'ambiance avant d'avoir un mystère qui vous glacera d'effroi.

La Vénus d'Ille, une inspiration encore actuelle.

Le postulat était simple. Un objet inanimé s'anime sous une impulsion et fait preuve d'un sentiment qui oscille entre la méchanceté et la volonté de vivre des émotions humaines. Cela ne vous rappelle rien ? Et bien relisez Christine de Stephen King ou regardez les Noces Funèbres de Tim Burton et vous verrez là autant de références à la Vénus d'Ille. Et qu'est-ce que cela apporte ?

Cela montre que des objets peuvent avoir une âme méchante. Ou malveillante, c'est selon. le fait que les objets peuvent avoir un esprit ou une âme vient en partie de là. Vous avez ici l'origine de cette théorie. (ou du moins un précurseur). Cette nouvelle est un vrai bijou du fantastique. Aussi je n'ai qu'une chose à vous dire : parcourez là.

Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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"Quant à la figure, jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui d'aucune statue antique dont il me souvienne. Ce n'était point cette beauté calme et sévère des sculpteurs grecs, qui, par système, donnaient à tous les traits une majestueuse immobilité. Ici, au contraire, j'observais avec surprise l'intention marquée de l'artiste de rendre la malice arrivant jusqu'à la méchanceté."

Histoire saisissante et prenante que celle du narrateur descendant dans le Roussillon où il est reçu par un notable d'Ille, sur la propriété duquel a été découvert un trésor archéologique. L'auteur est très intéressé par la découverte en question, et dans le même temps un peu ennuyé que durant son séjour, la noce du fils de la maison avec une demoiselle de Puygarrig l'oblige à y assister…

Prosper Mérimée nous décrit son arrivée avec des airs bonhommes, l'accueil empressé de Madame de Peyrehorade qui le gave de toutes sortes de victuailles dès son premier repas, le plaisir que Monsieur de Peyrehorade a de sa visite et celui plus grand encore de pouvoir lui montrer sa découverte, entre connaisseurs d'antiquités.
Et le grand garçon, M. Alphonse, un bel homme un peu engoncé dans des vêtements à la pointe de la mode, un peu vaniteux, lui montre la bague très clinquante qu'il a prévu d'offrir à sa future épouse pour leur mariage, et saura faire une très belle démonstration de jeu de paume.

On reste entre visite d'un parisien en province et assaut de locutions latines un moment, puis le récit prend lentement une tournure un peu dérangeante, devenant ensuite assez inquiétante.

Et c'est dans cette pente que l'on se sent emporté, sans plus pouvoir y faire quoi que ce soit, tiraillé entre les certitudes du parisien gêné de la situation de la jeune épouse et des remarques déplacées qui lui sont faites au cours du dîner, et le tournant franchement fantastique que prend la narration, qui finit par nous laisser pantois.

Quelle réussite ! C'est un petit chef-d'oeuvre rondement mené. On commence dans la campagne du Roussillon, on finit dans une horreur totale !

Je ne connaissais Mérimée qu'à travers Carmen dont le souvenir a été complètement brouillé par l'opéra de Bizet que je n'apprécie pas du tout (Bizet est un fabuleux mélodiste dont j‘admire sans réserve "Les pêcheurs de perles", mais cette Carmen rebattue, c'est le cas de le dire, à toutes les sauces, non non et non !), et la mauvaise opinion que Victor Hugo avait de lui.

C'est donc une découverte pour moi, qui m'incitera probablement à dépasser mes a priori pour lire ce que Mérimée a pu produire d'autre dans ce genre fantastique qu'il semble maîtriser sans effort.

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Monsieur de Peyrehorade
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