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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je crois que personne ne sort indemne de ce récit incroyablement noir. J'ai éprouvé une certaine sympathie devant ce jeune homme élevé par un père autoritaire catholique intégriste mais qui devient un adulte lui-même problématique…
Puis l'escalade monstrueuse de cet homme capable du pire juste “ parce qu'on lui avait commandé de le faire ”.
Je vous laisse découvrir ce récit de Robert Merle qu'il faut absolument faire lire aux générations futures pour ne jamais oublier ce que les dérives d'un fou on pu faire subir à des humains en prétextant qu'ils étaient différents.
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Ce roman retrace la vie de Rudolph Lang, un Bavarois né en 1900, qui finira comme Colonel chez les SS, choisi par Himmler pour ses qualités d'ordonnateur de l'extermination d'êtres humains dans les camps de la mort. Robert Merle précise dans sa préface que « La première partie de mon récit est une re-création étoffée et imaginative de la vie du Rudolph Hoess, d'après le résumé de Gilbert (un psychologue américain qui l'interrogea lors du procès de Nuremberg). La deuxième retrace, d'après les documents du procès de Nuremberg, la lente est tâtonnante mise au point de l'usine de mort d'Auschwitz. »
Ce livre s'empare d'une question fondamentale et délicate. Comment des hommes ont-ils pu à ce point aller dans l'horreur et sortir de leur humanité, s'abritant derrière leur devoir et l'obéissance pour justifier les crimes qu'ils ont commis ? Ces pages les plus sombres qu'a connu l'histoire, n'ont pu être écrites que parce qu'il existât des bourreaux. Robert Merle leur donne la parole, à travers son personnage fictif, dont la jeune existence s'inspire de la réalité de celle de Rudolf Hoess. On assiste à l'évolution de ce personnage étouffé par un père autoritaire et dévot, qui se révolte lorsqu'il se croit trahi par un prêtre, et dès lors ne croyant plus en la religion et ses valeurs. Lui, Rudolf, qui place la fidélité et le devoir au plus haut des vertus, et recherche un cadre dans lequel ces valeurs sont les premières, rejoindra l'armée allemande à 16 ans, fuyant sa famille, et trahissant la volonté impérieuse de son père récemment décédé.
Ce premier pas dans l'armée lors de la guerre des Dardanelles va l'entraîner peu à peu vers une affirmation de l'obéissance aveugle à l'autorité, au détriment de toute conscience et humanité. Les épisodes de la vie de Rudolf ne feront que confirmer cette évolution d'un homme qui se déshumanise peu à peu, pour ne devenir qu'un exécutant aveugle et sourd à tout amour ou charité, ne cherchant qu'a donner le meilleur de lui-même pour accomplir les tâches qu'on lui confie. Au gré de l'époque, il se verra rejoindre les SA, puis les rangs des SS où son zèle et son indifférence à tout malheur de son prochain fera des merveilles. Rudolf ne sera ébranlé que par son épouse, et surtout finira trahi par Himmler lui-même. Himmler, le chef de la Waffen-SS, qui préfèrera se suicider plutôt qu'assumer ses responsabilités dans l'holocauste, abattant la foi de Rudolf en la fidélité et le plaçant alors comme seul face à ses actes.
De tous les livres que j'ai lu, rarement un ouvrage n'a pu être si rare en mots, et si précis en idées et sentiments. J'ose à peine imaginer la difficulté de Robert Merle à représenter sur le papier les sentiments qui parcourent Rudolf, sans verser dans l'outrance ou la facilité d'un propos trop convenu. J'ai véritablement été saisi par la prouesse de l'écrivain, dès les premières lignes le lecteur est captif d'un roman dont l'intensité grandit subtilement à chaque page. Rudolf est un homme qui a soif d'absolu et d'exclusivité : le devoir et la fidélité sont des valeurs qui l'obnubilent, allant jusqu'à s'oublier lui-même car il ne construit pas lui-même son avenir : son avenir lui est imposé par ce besoin exclusif de répondre à cet impératif, il ne se voir exister que dans ce cadre.
On voit comment cet homme s'abandonne peu à peu dans l'obéissance, sans doute incapable d'être libre, il préfère être au service de chefs qui incarnent ses valeurs, quitte à se faire détester par ses semblables qui ne comprennent pas ce zèle et son manque d'empathie. Cette servilité permet à Rudolf de ne plus être responsable de ses actes, étant un rouage mécanique d'une machine destinée à supprimer des millions d'êtres humains.
Robert Merle place dans un cadre historique appuyé de nombreux faits parfois difficilement soutenables mais réels, les conséquences de la soumission à une autorité. Cette soumission qui devient aveugle lorsqu'un homme oublie son humanité, et sert d'alibi pour se dédouaner de toute responsabilité. Il démontre aussi et très simplement deux éléments fondamentaux :
l'absurdité des nazis : pour eux, leur victoire ne fait aucun doute, cependant il est impératif de supprimer les Juifs sinon ils supprimeront les nazis
« - Rudolf : (..) les Juifs sont nos pires ennemis, tu le sais bien. Ce sont eux qui ont déclenché la guerre. Si nous ne liquidons pas maintenant, ce sont eux plus tard qui extermineront le peuple allemand
- Elsie : mais c'est stupide, dit-elle avec une vivacité inouïe. Comment pourront-ils nous exterminer puisque nous allons gagner la guerre ? »
A cette question, exprimée par Elsie (une paysanne devenue la femme de Rudolf), Rudolf ne saura s'abriter que derrière « C'est un ordre ».
Enfin, Elsie demandera si Rudolf serait capable de tuer ses propres enfants, ignorant sans doute que la réponse est dans la promesse que tout SS se doit d'obéir à tout ordre, y compris celui de tuer sa famille. Rudolf, quelque peu ébranlé par la réponse qu'il va apporter, se contentera de dire ‘Naturellement'.

Pour conclure, ce livre est d'une sobriété et d'une force rares. Même s'il s'agit d'un roman, le lecteur est plongé dans l'Histoire, sans que jamais Robert Merle n'aille dans l'insupportable, faisant appel à l'imagination du lecteur pour se représenter les scènes qu'il suggère, et l'atmosphère lugubre et froide de certaines scènes. La puissance de cet ouvrage est d'aborder un sujet de toujours : jusqu'à quel point une cause est-elle soutenable ? A quel moment devient-on des Rudolf, des Elsie ? Qu'est-ce qui nous garde dans l'humanité ? Et ce qui peut nous en faire sortir…

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J'ai sauvé cet ouvrage de l'extermination massive d'une bibliothèque acquise après l'achat d'une maison. Sans héritier et avec une tonne de livres destinés à la destruction, on m'a appelé à la rescousse et j'ai sauvé une centaine de recueils. Ma belle âme me perdra ! (Petite parenthèse avant l'apocalypse…)


Je n'avais pas trop envie de commencer ce livre.
Parce que je pensais que l'on allait d'écrire encore les camps de concentration et l'atrocité qui en découlent.

Mais ce livre est pire que cela… Il donne une âme au mal, à l'horreur.

C'est l'histoire d'un homme qui vit une jeunesse difficile, la souffrance, le rejet, le combat. Mais on ressent une âme, un esprit tenace et courageux.
Mais il est avant tout militaire. Il suit les ordres et, peu importe les ordres…
à un moment, sa femme lui demande : si on te donnait l'ordre de tuer ton fils le ferais-tu ? Et il répond : certainement !

Extrait :
Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'État. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux.

Les deux derniers chapitres sont d'une monstruosité, une telle incompréhension… Ce livre hantera longtemps mon esprit, mes pensées… Comment peut-on en arriver là ?

Bonne lecture !
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"La Mort est mon métier" est la biographie à peine romancée de Rudolf Hoess, le commandant du camp de concentration d'Auschwitz. Pour essayer de nous faire comprendre ce qui est si difficile à concevoir; à savoir comment un homme peut en arriver à commettre de telles atrocités, Robert Merle choisit de commencer la narration quand le personnage principal a 12 ans environ.
Et l'on comprend ainsi que la génération née au tout début du siècle (~1900) a été très marqué par les événements qui ont eut lieu au cours de cette époque : la première guerre mondiale et toutes ses conséquences en terme de violence, fanatisme, pauvreté...et les espoirs qu'un homme a pu faire naître en eux pour relever la tête.
Le titre du livre est très bien choisit. En effet, on entre dans la tête de cet homme dont la première préoccupation est d'imaginer un processus de mise à mort rapide, efficace qui ne laisse quasiment aucune trace. de cette façon, apparaît sous nos yeux la genèse même de la solution finale en terme purement technique et pratique(!). le personnage principal se voit confié une mission d'extermination qu'il tente au maximum de mener à bien. Pour cela il se déshumanise en ne pensant plus aux personnes qu'il doit éliminer comme des humains mais comme des "unités".
J'avoue avoir eu la nausée en lisant les détails des rouages de la rationalisation de la machine de mort qu'a été Auschwitz.
C'est un livre intéressant de part en part, mais parfois difficile à lire -non pas du fait du style, qui est impeccable-mais des efforts effectués par l'auteur pour montrer l'implication totale des hommes qui ont contribué à mettre en place cette machine de mort que fut ce camp.
Instructif pour essayer de comprendre l'incompréhensible.
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La mort est mon métier
Robert Merle (1908-2004)
On a beau avoir entendu parler et avoir lu beaucoup de littérature concentrationnaire, ce récit de Robert Merle écrit entre 1950 et 1952 sur le rôle de Rudolf Hoess dans la mise en place du système d'extermination dans les camps de la mort durant la Seconde Guerre Mondiale fait froid dans le dos. Et c'est un euphémisme !
Rudolf Lang est donc bien le pseudonyme que l'auteur a donné au commandant du camp d'Auschwitz qui fut interrogé longuement dans sa cellule par un psychologue américain lors du procès de Nuremberg et dont le compte rendu a servi de sources à Robert Merle. Plus tard, après que les Américains l'eurent remis aux Polonais une fois le procès de Nuremberg terminé, Rudolf Hoess a écrit une brève confession avant d'être exécuté.
La première partie du récit écrit par Robert Merle et dont Rudolf est le narrateur retrace son enfance et son adolescence victime consentante d'un père très chrétien mais tyrannique qui voue son fils à la carrière religieuse. Mais à 16 ans, Rudolf s'engage dans les Dragons et plus tard rejoint les Corps Francs durant la Première Guerre Mondiale où il se distingue par son courage et déjà par sa fidèle et aveugle obéissance. Puis ce seront une fois la guerre finie des années de galère jusqu'au jour où il rejoint les Chemises Brunes et entend parler pour la première fois de Hitler. Les voix des jeunes gens bras tendus hurlant « Heil Hitler » le transportent et résonnent puissamment dans son coeur et il éprouve alors un profond sentiment de paix. Pour lui, il vient de trouver sa voie, une route droite et claire. Tout dévient simple et il n'a plus de question de conscience à se poser : il suffit d'être fidèle et d'obéir. C'est son unique devoir à présent. Grâce à cette obéissance absolue, il est sûr de ne plus jamais se tromper, d'être toujours dans le droit chemin. Servir de façon inébranlable chaque jour est son principe éternel pour l'Allemagne au dessus de tout : « Deutschland über alles ! »
Dans la seconde partie du récit, Rudolf met en application ses dons d'organisateur en suivant à la lettre les recommandations de ses supérieurs et notamment de Himmler, son Reichsführer.
Une fois la décision prise par Himmler de mettre en place la Solution Finale, les tâtonnements furent multiples au départ quant à la meilleure façon de procéder à l'usine de mort d'Auschwitz. En fait tout dans cette affaire dépasse l'imagination quand on songe à la méthode et l'ingéniosité dont a su faire preuve Rudof Hoess dès son arrivée pour assassiner en masse des humains, humain comme lui. de 1941 à 1945, 5 millions de juifs ont ainsi été gazés rien qu'à Auschwitz. Un effroyable et monstrueux génocide soigneusement et méthodiquement planifié dans les chambres à gaz et les fours crématoires. Sans haine, sans méchanceté et sans sadisme aucun, Rudolf et consorts ont fidèlement obéi à l'impératif catégorique de leur chef, sans réfléchir, soumis au devoir même quand cela les ennuyait un peu surtout en raison des odeurs !
Un ouvrage à lire absolument pour connaître vraiment et ne rien oublier de ce que fut l'horreur du camp d'Auschwitz.
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Robert Merle s'est inspiré d'un personnage réel, Rudolf Hoess, pour créer Rudolf Lang, dont il relate la vie d'un ton froid et précis, à l'image de cet homme. Éduqué par un père autoritaire aux troubles obsessionnels, il errera dans une Allemagne écrasée par le diktat de Versailles, jusqu'à son amarrage au parti nazi, dont il gravira progressivement les échelons, jusqu'à devenir le directeur d'Auschwitz, le plus grand et le plus meurtrier des camps d'extermination. Son zèle aveugle et son obéissance inconditionnelle aux ordres de sa hiérarchie ne manqueront pas d'interpeller, comme si la mort pouvait être un métier comme un autre.
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L'horreur de la solution finale. L'élaboration méthodique, froide, déshumanisée et terrifiante de cruauté des Waffen SS. Un juif n'était pas un être humain mais une « unité ». Il fallait anéantir 10000 unités par jour à Auchwitz. Tel était le programme élaboré par Himmler qui extermina 5 millions de juifs dans ce seul camp ! Obéir aux ordres dépassait tout le reste et Rudolf Hoess (Rudolf Lang dans le livre) commandant du camp d'Auchwitz a accompli sa tâche implacablement et sans hésitation. Ce livre est un témoignage historique poignant et glacial. La deuxième partie de l'ouvrage tirée de faits réels nous éclaire, nous interroge et nous désespère sur la faculté abominable de la nature humaine. Comment un peuple civilisé comme l'Allemagne a pu se conduire de la sorte ? Ça doit nous interroger. N'oublions jamais ce qui s'est passé dans les camps de la mort. Il faut éternellement combattre les racismes et les haines de l'autre. Notre actualité ne cesse de le rappeler. Ce livre est un cri contre les extrêmes et le totalitarisme.
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Je ne sais quel premier mot employer pour débuter cette critique.

Je n'ai pas pu fermer ce livre cette nuit (qui fut donc très courte) pour le terminer, lisant les 200 dernières pages avec empressement, essoufflement, dégout... 200 pages de questionnement sur la construction des chambres à gaz, des fours, du rendement, de l'optimisation, de la destruction humaine, de l'obéissance absolue, de la réflexion sur une humanité noire et perdue.

Un livre à contre-courant des livres sur la seconde guerre mondiale, un témoignage de l'autre camp, un bouleversant concentré de noirceur et de terreur qui montre avec horreur ce dont l'être humain peut être capable...

Le livre fermé, les pages flottent en mémoire, ces mots sanglants mais vide de sentiment, détachés d'empathie, de sens, d'humanité.

Bon, la nuit fut courte quand même...
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Rudolph Lang nait au début du XXème siècle dans une famille allemande sous l'emprise du père, un fou de dieu qui destine son fils à la prêtrise. Mais Rudolph perd la foi suite à une indiscrétion de son confesseur et à la mort de son père s'engage dans l'armée à peine âgé de seize ans. Il fait ses preuves mais à la fin de la guerre, démobilisé, il retourne à la vie civile. Il vit dans la misère et pense au du suicide jusqu'à ce qu'il rencontre des membres des jeunesses nationalistes qui lui feront rencontrer Himmler. Rudolph Lang deviendra le directeur du tristement célèbre camp de concentration d'Auschwitz Birkenau où des centaines de milliers de juifs trouveront la mort dans les chambres à gaz…
La mort est mon métier est la biographie romancé d'un homme froid, tout entier dédié à l'obéissance du chef et des valeurs nationalistes. Rudoph Lang ne se pose pas la question du bien et du mal, il obéit et exécute. Les Juifs ne sont que des unités à éliminer et il faut trouver le meilleur moyen, le plus pratique et le plus économique pour y arriver. Un roman très fort mais éprouvant qui permet de mieux connaitre la psyché des nazis et l'obéissance aveugle de presque tout un peuple malgré l'horreur absolue.
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Un ouvrage à lire absolument, avec des passages parfois difficilement soutenables qui traduisent la réalité d'une technocratie de l'extermination, d'une organisation froide et désinhibée focalisée sur des résultats quantitatifs horrifiques.
Ce roman nous alerte sur la capacité de l'homme à nier sa part d'humanité pour respecter l'autorité, l'organisation, la doxa majoritaire même si cela conduit à une destruction massive, abjecte et irrationnelle...


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Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

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