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Montréal, janvier 2017. Aujourd'hui, Aude Mermilliot a rendez-vous avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, investi contre les violences obstétricales. La jeune femme a très envie de lui parler de son nouveau projet de bande dessinée portant sur l'avortement. Aussitôt, elle lui confie combien son roman, "Le choeur de femmes", l'a bouleversée après son propre avortement, combien elle s'est retrouvée en l'héroïne, combien elle partageait tous ses sentiments et sensations. C'est alors que la scénariste lui raconte, depuis le début, son histoire...
Bruxelles, 2001. Serveuse dans une brasserie, Aude enchaine les relations après une rupture amoureuse. Mais avec Christophe, elle se sent bien. Presque amoureuse. Mais quelques mois plus tard, elle est parcourue de symptômes étranges (vomissements, nausées, vertiges, fatigue). Sa colocataire lui conseille de faire un test de grossesse. Pour Aude, aucune raison que cela soit ça étant donné qu'elle porte un stérilet. Et pourtant, le résultat est sans appel : elle est enceinte !

Avec cet album, Aude Mermilliot et Martin Winckler traitent d'un sujet délicat et terriblement sensible : l'IVG. Difficile d'en parler encore de nos jours tant le sujet semble tabou, parfois porté comme une honte pour certaines femmes. La scénariste et dessinatrice a sollicité l'aide et le témoignage de Martin Winckler, un médecin qui, comme le montre la deuxième partie de l'album, s'investit beaucoup pour cette cause et écouta nombre de femmes qui poussèrent la porte de son cabinet. Quant à la première partie, il s'agit du témoignage d'Aude qui se livre sans concession et sans tabou. Elle dépeint avec sensibilité, humour parfois, son parcours, avant et après l'avortement, ses émotions, ses doutes, ses moments difficiles, la réaction de sa famille et de son entourage. Deux témoignages profonds, sincères qui se complètent parfaitement et permettent de comprendre l'ampleur cet acte.
Un album délicat et, ô combien, utile...
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Non, les femmes qui avortent ne sont pas toutes des écervelées, des inconscientes et des irresponsables qui se sont laissées entrainer à faire des galipettes sans aucune protection ou ont oublié leur pilule un soir de trop.
Cette bande dessinée aborde un thème difficile, celui de l'avortement.
Il y a deux points de vue, celui d'une jeune femme qui tombe enceinte alors qu'elle porte un stérilet et celui d'un médecin qui va consacrer une partie de sa carrière à la médecine féminine (contraception et avortement).
J'ai été très émue par le témoignage de cette jeune femme qui explique comment elle a vécu cette période de sa vie, comment s'est passé l'intervention et ce qu'elle a ressenti par la suite.
Le point de vue du médecin est tout aussi passionnant, on voit comment il a découvert cette partie de la médecine à laquelle il semblerait que les futurs médecins soient très peu formés, comment il a appris à écouter et à comprendre les femmes, de tous les âges et de tous les milieux sociaux, leurs questions, leurs peurs et leurs histoires, ce qui lui a permis de pouvoir les aider sans les juger.
Ces deux récits forment un ensemble cohérent, sincère, pudique et très touchant.
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C'est la critique de LePamplemousse qui m'a donnée envie de lire cette B.D que je me suis donc empressée d'emprunter. Cette B.D dont le thème est l'avortement est divisé en 2 parties, d'abord le témoignage très personnel et très autobiographique d'une jeune femme ayant avorté, puis le récit du parcours de Martin Winckler, médecin devenu écrivain qui a lui-même pratiqué des IVG. Si cette B.D n'est pas parfaite, elle est globalement réussie et a le mérite d'aborder un sujet difficile. Quand on pense IVG, on pense souvent avant tout "droit à l'IVG". Ce raisonnement est bien entendu justifié, ce droit qu'on pense trop vite acquis définitivement est souvent menacé, il est donc toujours nécessaire d'évoquer cet aspect. Mais il est toutefois dommage de ne voir que cet aspect. On a tendance à oublier le côté humain qu'il y a derrière le côté médico-juridique, et cet aspect on ne l'envisage véritablement que quand on est concernée. La B.D d'Aude Mermiliod permet donc d'évoquer cette dimension plus intime de l'avortement.

J'ai préféré la seconde partie à la première. La seconde partie qui raconte le parcours d'un médecin ayant pratiqué des IVG est vraiment intéressante et c'est un beau portrait d'homme. Il a le courage de se remettre en question, il ose dire qu'il n'a pas toujours eu la bonne attitude face aux patientes.
Le témoignage de la jeune femme a les qualités et les défauts de ce registre. Elle livre un ressenti forcément personnel qui ne sera pas partagé par toutes les femmes ayant vécu l'IVG. Chaque femme y ayant eu recours le vit différemment. Un tel témoignage ne peut pas être universel. Mais l'intérêt n'est pas là. Tout le mérite de ce témoignage est d'exister. Une femme a pu parler, a pu exprimer ce qu'elle a vécu intimement. Souvent, les femmes ayant avorté n'osent pas en parler. Et pourtant ça leur ferait du bien à celles qui l'ont vécu. A celles qui s'apprêtent à le vivre aussi. le sujet reste assez tabou, il y a toujours ce voile de honte qui pèse sur les femmes. A travers cette B.D, Aude Mermiliod a le courage de dire sans honte, sans gêne, « j'ai avorté ». Cette libération de la parole me semble nécessaire.
Moi aussi j'ai avorté. Mon expérience a été très différente de celle vécue par Mermiliod. A aucun moment, je n'ai dû faire un deuil. Ce moment de la B.D où la jeune femme est agacée par ceux qui, voulant la rassurer, lui répètent que « ce n'est qu'un tas de cellules », « ce n'est pas une personne »… je ne l'ai pas vécu. C'était ce que je pensais moi-même. Peut-être parce que j'avais déjà 2 enfants, je ne me suis pas projetée dans un éventuel futur, je n'ai jamais pensé à ce qui aurait pu être. Je voyais cet amas de cellule comme un corps étranger dont je voulais me débarrasser au plus vite. Pour autant, je respecte cette tristesse ressentie par Mermiliod et plein d'autres femmes, elle mérite d'être entendue et écoutée.

La B.D ne montre pas suffisamment à mon goût le parcours difficile que représente une IVG. Il lui suffit d'un coup de fil pour avoir rendez-vous. Ce n'était pas l'aspect qui intéressait l'auteure, sa volonté était de s'attacher à l'intime. Mais, je trouve que les problèmes pratiques font partie du parcours intime de l'avortement. Tous ces appels téléphoniques, toutes ces étapes par lesquelles il faut passer sont source de stress et d'angoisse et sont donc partie intégrante de l'expérience intime. Et que dire du regard médical ! La jeune femme de la B.D a plutôt eu de la chance en tombant sur un corps médical humain et bienveillant. Je n'ai pas eu cette chance. Je ne me suis pas adressée à ma gynéco habituelle qui n'est pas à côté de chez moi, cela me semblait plus pratique. En plus la gynéco à laquelle je me suis adressée avait une convention relative à l'IVG avec l'hôpital du coin. Bref, le Dr D. m'accueille dans son cabinet d'un « bonjour » glacial. Je lui explique pourquoi je suis là. Elle me demande alors d'un ton accusateur « mais vous n'avez pas de moyen de contraception ? ». Je lui réponds alors que mon mari et moi utilisons des préservatifs. Je vois alors se dessiner sur sa face une moue réprobatrice assortie d'un « mouais » qui veut tout dire. Elle ajoute qu'il va falloir penser à une contraception plus sérieuse. Sans me demander pourquoi j'ai choisi cette contraception ni se soucier de ce que moi je veux, elle me fait une ordonnance pour un stérilet. Enfin, elle me file le 1er cachet, c'est à une IVG médicamenteuse que j'ai eu recours, me dit quel jour je devrai prendre le second et me balance une feuille en me disant « tout est expliqué là-dessus ». Elle ne m'explique rien et je ne lui demande rien, je n'ai qu'une envie : partir au plus vite, m'éloigner de son regard empli de reproches qui semble dire « tu as foiré, c'est de ta faute ». Elle ne m'a même pas prescrit d'antalgiques… N'allez pas croire qu'une IVG médicamenteuse est plus confortable qu'une IVG chirurgicale. Il y a la douleur, la fatigue et le manque de contrôle sur ce qui se passe… Une dizaine de jours après la prise du second cachet, alors que jusqu'ici j'avais des saignements importants mais normaux, j'ai eu des saignements très très importants. J'ai eu peur, j'ai cru que je faisais une hémorragie. Pendant 2 jours, je me vidais littéralement. J'ai donc appelé la Dr D. Je suis tombée sur la secrétaire, très gentille elle, je lui ai expliqué la situation en lui précisant que j'avais rendez-vous le lendemain pour la visite de contrôle mais que je me demandais s'il fallait que je m'inquiète de ce qui m'arrivait. Elle m'a mise en attente le temps de se renseigner auprès de Dr D. Cette dernière a dit « ça peut attendre demain ». le lendemain je me suis donc pointée au rendez-vous de contrôle. le Dr D. avait oublié qui j'étais, elle me demande « vous êtes là pour quoi ? ». Seulement 10 jours après m'avoir vue, et le lendemain de mon appel paniqué… Après lui avoir rafraîchi la mémoire, je lui parle des saignements hémorragiques qui sont survenus 10 jours après le médoc alors que les saignements les plus importants étaient censés, selon le feuillet explicatif, se produire 2 ou 3 jours après la prise du médoc. Elle me répond froidement « ça arrive » avant de me dire que je suis venue pour rien vu qu'elle ne peut pas procéder au contrôle puisque je saigne toujours. Elle me fixe un autre rendez-vous. Je n'y suis jamais allée. Mes saignements ont duré plus d'un mois, je suis restée avec mes questions, mes angoisses et le souvenir de son regard froid, accusateur et méprisant.

Je suis passée par toutes sortes d'émotions. La honte a été forte, à cause d'elle. Non pas parce que j'avortais mais parce que je me sentais coupable d'être tombée enceinte. J'avais failli, j'étais fautive. Ensuite, la honte et l'angoisse ont fait place à la colère. Je suis en colère d'avoir été traitée ainsi.
Ceux qui parlent d'avortement « de confort » ne savent rien. Ils feraient bien de lire la B.D d'Aude Mermiliod et d'écouter les témoignages des femmes qui ont avorté. Ils apprendraient bien des choses, et en premier lieu l'humanité.
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Une femme, un homme,
Deux récits sur l'avortement,
Par celle qui le subit, par celui qui le pratique.

Aude Mermilliod a avorté en 2011. Pour témoigner de son expérience, Aude a écrit un scénario de bande dessinée sur l'IVG. Extrêmement touchée par le livre « Le choeur des femmes » de Martin Winckler, elle contacte en 2017 l'auteur – de son vrai nom Marc Zaffran – afin de lui parler de ce qu'elle a vécu et de pouvoir compléter son scénario par sa propre histoire de médecin, pratiquant dans les centres d'IVG. Elle souhaite offrir aux femmes – et aux hommes – un récit authentique qu'elle aurait elle-même aimé lire à cette époque de sa vie.

Aude Mermilliod partage avec le lecteur ce tremblement de corps qu'est l'avortement et tous ces faits et gestes qui ne devraient pas se produire au moment de l'intervention, épisode bouleversant pour toute femme qui le vit. Son intervention médicale aurait pu mieux se passer mais elle tient avant tout à témoigner de ces montagnes russes émotionnelles provoquées par cette possibilité d'avoir ou non un enfant. De l'annonce aux proches à l'intervention, les réactions et soutiens divers se manifestent. Aude le sait : l'IVG est un droit, l'IVG est pour celles qui le font la meilleure solution à cet instant T de leur vie, pour elles et cet enfant qui n'existera jamais. Mais l'IVG demeure un deuil – qui n'en porte pas le nom. C'est de tout ce chamboulement, émotionnel et physique, que la première partie de la bande dessinée témoigne.
La second partie, consacrée à Marc Zaffran, revient sur le parcours du médecin et romancier, militant depuis toujours pour l'IVG et contre les violences obstétricales. Cette partie est notamment l'occasion de revenir sur l'avant « loi Veil « , lorsque les femmes étaient réduites à subir des IVG clandestines dangereuses pour leur vie. On suit la carrière d'un jeune médecin plein d'idéaux qui se rendra compte que pour aider ces femmes, il ne faut pas les juger mais juste les écouter et être solidaire. Depuis ces années de pratique dans les centres d'IVG, les valeurs éthiques de Marc Zaffran se sont renforcées et c'est dans les livres qu'il tente de les transmettre. Sous le nom de Martin Winckler.

Pour aborder un sujet qui fait encore peur et qui est encore ô combien tabou, Maud Mermilliod utilise des couleurs douces et chaleureuses, un graphisme rond et chaloupé, de l'humour aussi parfois. En unissant ses dessins et son témoignage à la voix de Martin Winckler, elle atteint son but : rassurer toutes celles qui ont vécu, vivent et vivront ce choix.
Un ouvrage extrêmement émouvant et nécessaire, à conseiller dans tous les lieux de lecture !
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Un témoignage tout en émotion au graphisme coloré et beau. Une canadienne rencontre le médecin-écrivain Martin Winckler après avoir été émue par le coeur des femmes et lui montre son projet de roman graphique sur une IVG qui l'a marquée à vie. Points de vue de l'intéressée et du médecin. Simone Veil n'a pas été oubliée. J'ajoute que c'est un homme qui me l'a fait lire. À faire circuler.
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Je me suis laissé emporter par ce très beau roman graphique, Il fallait que je vous le dise. Ce récit est la rencontre de la dessinatrice Aude Mermilliod et du médecin Marc Zaffran, plus connu sous son pseudonyme de romancier, Martin Winckler, mobilisé en particulier contre les violences obstétricales.
C'est justement un roman de Martin Winckler, traitant de ce sujet, le Choeur des femmes, qui provoque la rencontre entre les deux personnes. C'est ainsi que débute ce roman graphique, la jeune femme souhaitant évoquer son projet de bande dessinée consacrée à ce sujet, à partir de sa propre expérience. Après son avortement, la lecture du roman de Martin Winckler l'avait profondément bouleversée...
Cette BD est conçue en deux récits. La première partie est consacrée à l'histoire d'Aude qui se retrouve enceinte alors qu'elle porte un stérilet et n'envisage pas de donner naissance à cet enfant qu'elle ne veut pas, elle se pose alors d'emblée la question de l'avortement.
Aude va vivre cet événement avec beaucoup de douleurs et de traumatismes. C'est le sentiment de tristesse qui l'étreint en premier lieu, une tristesse à laquelle nous sommes conviés. Elle avorte et dans le même temps elle accompagne cet acte en accordant la même attention à son corps qu'elle pourrait lui porter lors d'une naissance à venir.
À travers quelques fragments de cette histoire qui précède, accompagne et suit son avortement, Aude nous livre alors, son angoisse, sa culpabilité, sa solitude, sa souffrance autant physique que psychique, l'impossibilité parfois d'être comprise de ses proches, mais surtout cette impossibilité de pouvoir partager son expérience autour d'elle....
Dans ce récit tout en sensibilité, Aude Mermilliod pourtant se dévoile sans fard ni pudeur, car son histoire personnelle est d'une portée universelle...
Le trait du dessin tout en douceur pastelle est là pour livrer une émotion à fleur de peau, la sienne tout d'abord, mais aussi celle des autres femmes qui vivent cela, dans les failles et les zones d'ombres de leurs histoires...
Parfois c'est brut de vérité, c'est cru, c'est naturel et touchant à la fois. Bref, c'est beau.
Aude souffre, elle est malheureuse. Nous souffrons avec elle. Difficile pour moi, en tant qu'homme de le dire... Et c'est sans doute justement là que le récit prend son sens et son ampleur, dans cette empathie, ressentir à la place de l'autre ce qu'il ou qu'elle ressent. C'est dans la seconde partie du récit que ce sentiment s'exprime. Il offre à Marc Zaffran l'occasion de raconter son parcours de médecin auquel il consacra le début de sa carrière à la médecine féminine, évoquant notamment cette discipline à laquelle les jeunes médecins étaient peu formés alors, démunis devant le désarroi et la douleur des femmes qui se faisaient avorter. Démuni comme les autres, Marc Zaffran apprend alors à écouter, comprendre les femmes de tous âges, quelles que soient leurs origines sociales, comprendre leurs peurs, leurs doutes, leurs histoires, comprendre pour les aider sans morale ni jugement.
Ce thème de l'avortement est loin d'être facile à traiter. Il n'en est pas moins difficile de faire la critique d'un roman graphique consacré à ce sujet.
Les deux récits se parlent, se font écho, se juxtaposent avec sens et harmonie. L'ensemble est d'une cohérence qui séduit, accroche le lecteur.
Ce roman graphique ne peut laisser insensible. Les hommes doivent eux aussi absolument se saisir de cette lecture.
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Étant donné que Martin Winckler a participé à l'élaboration de cette bande-dessinée - en confiant à son autrice son propre parcours -, c'est un peu les yeux fermés que je l'ai achetée, d'autant plus que j'ai également été séduite par les illustrations et la thématique abordée. L'avortement.

Bien qu'il soit légal depuis de nombreuses années en France et au Québec (respectivement 1975 et 1988), il est sans cesse remis en cause (par celleux qui sont nommé·e·s, à tort, les "pro-vie") et pour des personnes qui sont obligées de le subir à un moment de leur vie, cela peut être plus ou moins difficile.

Pour Aude Mermilliod, l'avortement ne s'est pas franchement bien passé et c'est ce qu'elle raconte dans cet ouvrage autobiographique. Nous avons également droit à un second point de vue sur la question, celui de Martin Winckler (dont elle retranscrit le récit) qui est un médecin pratiquant les IVG.

Tombée enceinte sous stérilet, l'autrice nous parle de sa surprise, mais également de la tristesse qu'elle a ressentie, étant donné qu'elle n'avait pas vraiment le choix (puisque pas la possibilité matérielle d'élever un enfant). Quant à l'autre partie de l'histoire, nous avons droit aux prémisses de la vie du médecin, alors qu'il débutait. C'était intéressant de suivre son évolution et la manière dont il était devenu le soignant qu'il est aujourd'hui.

À certains moments, je riais en lisant cette bande-dessinée, mais j'ai aussi eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, tant la douleur ressentie par Aude Mermilliod était bien retranscrite, non seulement à travers le scénario mais aussi les illustrations.

D'ailleurs, j'ai trouvé ces dernières magnifiques. J'ai beaucoup aimé les couleurs utilisées, à la fois dures et douces, qui correspondaient bien à l'esprit du livre. Je ne connaissais pas du tout l'illustratrice, mais son travail m'a plu, à tous points de vue.

Et puis, j'apprécie qu'on nous conte la rencontre entre l'auteur et la scénariste : cela permet de comprendre les origines d'écriture de cet ouvrage, et c'était intéressant - d'autant plus que tout est parti du roman le choeur des femmes de Martin Winckler, un de mes coups de coeur de l'année !

Une histoire touchante, pleine de bienveillance mais aussi de dureté (étant donné ce témoignage assez dur à lire), qui m'a émue et que j'ai beaucoup appréciée.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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« Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes : c'est toujours un drame, cela restera toujours un drame. »
- extrait du discours de Simone Veil devant l'Assemblée nationale, en novembre 1974.
.
C'est en effet une chance d'arriver à la ménopause sans avoir été confrontée à ce terrible choix.
Comme le chante formidablement Anne Sylvestre, à propos de ce petit "tu" qui "n'a pas de nom", et de la probable IVG à venir :
« Mais as-tu plus d'importance
Plus de poids qu'une semence
Oh ce n'est pas une fête
C'est plutôt une défaite
Mais c'est la mienne et j'estime
Qu'il y a bien deux victimes (...)
Ils en ont bien de la chance
Ceux qui croient que ça se pense
Ça se hurle ça se souffre
C'est la mort et c'est le gouffre. »
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Quoi qu'il en soit, la possibilité de choisir reste précieuse.
« Aujourd'hui je te refuse
Qui sont-ils ceux qui m'accusent (...) »
Taisez-vous, les populistes réac', il n'est pas question de remettre en cause ce droit - jeunes femmes, restez vigilantes !
.
Malgré le port d'un stérilet, Aude (auteure de cet album & narratrice) s'est retrouvée enceinte, et a dû prendre "la" décision. Elle raconte ce cheminement douloureux, les réactions de l'entourage (souvent maladroites) et l'intervention médicale.
Quelques années plus tard, elle contacte le célèbre Marc Zaffran (alias Martin Winckler), médecin généraliste qui a travaillé en obstétrique et s'est engagé dès les années 1970 en faveur de la contraception et de l'avortement. On le connaît grâce à ses ouvrages - des romans, pour la plupart, dont 'La maladie de Sachs' (et son adaptation ciné par Michel Deville de 1999, avec l'excellente interprétation d'Albert Dupontel).
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Avec le témoignage de Martin Winckler recueilli par Aude Mermilliod, j'ai retrouvé le ton rassurant du formidable 'Le Choeur des femmes', où le médecin écoute avant d'ausculter, respecte la pudeur, discute de façon apaisante, et surtout : ne juge pas.
Lorsqu'on est amené(e) à consulter, on aimerait trouver autant de bienveillance, de douceur, de patience et de réconfort.
Ces besoins (nos priorités, en tant que patients) sont-elles inscrites dans le serment d'Hippocrate ?
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'Non, tu n'as pas de nom' ♪♫ - Anne Sylvestre
- chanson présentée par Rebecca Manzoni, et illustrée avec talent par Leslie Plée
https://www.youtube.com/watch?v=GvZUPSG1_dg
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Le sujet, l'avortement, est un sujet difficile à aborder encore aujourd'hui, cette bande dessinée est très courageuse et du coup, très utile. J'avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans le récit, assez clinique, froid, provoquant difficilement l'empathie, du moins dans la première partie, au sujet de la fille qui avorte. J'ai trouvé la deuxième partie, centrée sur le médecin avorteur, beaucoup plus efficace, et justement, elle nous prend à défaut sur notre lecture de la première partie : le point crucial de cette bande dessinée, c'est pour moi le passage sur le réflexe inconscient de se comporter en juge, là on touche bien au coeur du problème. L'aspect social est bien présent, mais n'est pas pas affronté de front, au contraire, il est détaché de l'acte en soi, et remet à sa place l'hystérie collective que le débat sur le droit à l'avortement soulève. Sans le dire ouvertement, cette bande dessinée démontre que tous les arguments de ce débat n'ont rien à voir avec la réalité, et rien que pour cela, il faut la lire.
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"Je crois que j'ai essayé d'entrer dans les failles, les zones d'ombre dont on ne parle pas assez, tout ce foutoir émotionnel que vous procure cette possibilité d'avoir ou non un enfant
Oui, je crois qu'il est là , le sujet de ce livre, dans tous ces espaces confus, flous et faits d'émotions brutes. Essayer de mettre des mots dessus, et si ça ne peut pas se dire, peut-être que ça peut se dessiner."
En tous cas il fallait avoir le cran de le dire ou de le dessiner ce foutoir! Aude Mermilliod l'a fait qu'elle en soit remerciée. Avec la complicité de Martin Winckler elle nous offre ici un roman graphique de haute tenue qui aborde le sujet de l'IVG celle qui la subit et celui qui la fait.
Un roman à mettre entre les mains de toutes et de tous en âge de devoir y faire face.



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