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J'ai fortement apprécié ce livre court, écrit simplement mais qui parle de choses profondes.
Sans vouloir rappeler le contenu de cette histoire, je retiendrais surtout :
• La magnifique description de ce qu'était le sort des femmes dans cette Sicile du début du XXème siècle
• La société patriarcale qui y régnait avec un mari tout puissant qui décidait de tout
• L'ennui et la routine du travail des femmes à cette époque
• le huit clos pesant dans lequel nous fait plonger l'autrice
• L'enferment des femmes dans cette maison dont elles ne peuvent s'échapper
• La « chronique de catastrophes annoncées » (le viol de la belle-soeur, la mort du fils)
• La solidarité entre les deux soeurs vis-à-vis de « l'ogre » qu'est le mari, solidarité qui va s'effriter progressivement
• « La maison dans l'impasse », le titre de ce roman, qui suggère l'impasse dans laquelle se trouve enfermée cette famille.
Au final il est tout à fait intéressant d'avoir ressorti le texte de cette autrice injustement oublié.
La lecture de ce roman est très agréable et constitue une véritable étude sociologique des moeurs de l'époque.
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Trouvé dans une boite à livres à côté De Nantes, un gros choc littéraire. La Palermitaine Maria Messina écrit en 1921 ce chef d'oeuvre qu'est "La Maison dans l'impasse". le livre, après une brève carrière de célébrité, tombe dans l'oubli à la mort de son autrice (1944) jusqu'à sa redécouverte italienne à la fin des années 80. traduit dans la foulée chez Acte Sud : quel roman ! Quelle force ! Quel destin misérable que celui de ces deux soeurs qui n'étaient pas destinées à se haïr, si elles n'avaient croisé la route de l'homme qui les dresseraient l'une contre l'autre ! le roman est court, mais d'une lourdeur incroyable, l'atmosphère de cette maison pesante, sans avenir, sans idée, où ces deux soeurs tirent l'aiguille comme on tirerait une charrue pesante et sans horizon ! Jusqu'à la fin, inexorable et d'une tristesse effroyable. Les portraits psychologiques sont saisissants et d'une modernité incroyable. Penser que des femmes vivent encore ce destin est atroce...
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Dans la famille de la maison de l'impasse, nous avons d'abord le seigneur et maître Don Luccio.
Vient ensuite sa femme Antonietta, qu'il a choisie docile et soumise, puis la soeur de celle-ci, servante à bas prix, Nicolina.
Dans la maison de l'impasse, le temps s'écoule au rythme de la vie de Don Luccio: il faut préparer ses vêtements, laver son linge, servir ses repas, préparer sa boisson du soir, le raser, le coiffer, et bien sûr le vénérer.
Et voilà comment est la vie dans la maison de l'impasse. Immuable, grise, sans sorties ni surprises. le travail, le service, la routine, le vide.
Et dans tout ce gris, l'ainé de la famille, le jeune Alessio, le petit pinson de la maison de l'impasse, plein de vie et hypersensible, mais écrasé bientôt par le poids de toute cette lourdeur domestique.

Bienvenue en Sicile au début du XXème siècle.

Maria Messina a la plume sobre et efficace. Elle manie l'art de l'ellipse avec maestria, au point que tous les éléments forts de l'intrigue ne sont jamais réellement exposés. Tout est suggéré en creux donnant au récit une force peu commune.
Mais quelle angoisse que cette maison! L'oppression de l'enfermement, des volets fermés, des non-dits, des violences silencieuses et ce manque terrifiant d'amour, de douceur, de compassion.

C'est une belle oeuvre littéraire, un plaidoyer féministe courageux, mais cette lecture m'a tellement plombée que je ne parviens pas à lui attribuer plus de trois étoiles.
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Ce livre fait partie de la box livresque que j'ai reçu en cadeau à noël. Box Italie, elle contenait quatre livres, des pâtes que j'ai déjà mangées et un mélange pour faire du pesto, les effluves du mélange d'herbes se sont diffusées dans la box et ont tout parfumé. J'ai donc lu ce premier livre dans une ambiance de trattoria.
L'auteure Maria Messina a vécu à la fin du 19eme, début 20eme, ce livre a été réédité, je dirais même redécouvert. J'ai trouvé la plume de l'auteure plutôt moderne, sans avoir lu la mini-biographie de l'auteure je n'aurai certainement pas deviné l'époque à laquelle a été écrit le livre, en revanche le contenu ne laisse aucun doute.
L'auteure raconte un moment de vie d'une famille sicilienne. Famille conservatrice, ou l'homme tient toute la place et, toutes les décisions. La lecture a été assez crispante pour moi du fait de sa teneur. Mais suffisamment fluide et intrigante pour aller jusqu'au bout. Dès le début, on sait que ça va mal finir, et effectivement les non-dits une fois de plus vont faire leurs oeuvres, mais franchement j'ai été totalement surprise par la fin. L'auteure a réussi à me faire découvrir la vie d'une famille sicilienne au siècle précédent, et à me surprendre. Ce livre porte très bien son nom, tant au niveau physique de l'emplacement de la maison, qu'au niveau mental qui résume bien la situation de nombre des personnages.
Lien : https://deslivresetmaude.wor..
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Un mot clé est dans le titre de ce livre (qui n'est pas dans l'original « La casa del vicolo » ) c'est « impasse » . Il rend compte de ce qu'est la vie des deux soeurs Antonietta et Nicolina , sans perspective , étroite, confinée dans la répétition des tâches ménagères au service du maître don Lucio , leur époux et beau-frère . Ce quasi esclavage est accepté par les deux femmes comme consubstantiel à la condition féminine . Ce livre est aussi le portrait d'un homme d'un égoïsme monstrueux dans sa satisfaction béate et hypocrite : tyran domestique , notable,usurier, rien ne vient mettre en péril sa bonne conscience même le pire drame . Un roman très sombre sur la condition des femmes dans la Sicile du 20ème siècle commençant par une romancière injustement méconnue dont la plume acérée et lucide est digne d'un Maupassant.
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« La Maison dans l'impasse » de Maria Messina (1921), soit « la casa nel vicolo » traduit par Marguerite Pozzoli avec un avant-propos de Leonardo Sascia (2020, Cambourakis, 152 p.) analyse la psychologie de femmes « vaincues parmi les vaincus » qui « n'ont ni la force de s'indigner ni celle de se défendre ». Elles subissent l'oppression des pères ou des maris, et l'incompréhension des mères ou des soeurs. C'est une description de la vie familiale qui asphyxie avant d'étouffer des femmes « pâles, maigrelettes, vêtues de noir ».
Deux soeurs Nicoletta et Antonietta cohabitent depuis le mariage de la première, l'ainée, avec Don Lucio, administrateur de biens. Totalement à son service permanent, elles sont restées très proches et mènent une existence de quasi-recluses. le fils aîné, Alessio, est hypersensible et fait preuve d'une insatiable curiosité. Il illumine quelque peu leur quotidien jusqu'à ce qu'un événement vienne ternir leurs relations, bouleversant pour longtemps le précaire équilibre domestique qui s'était institué. Dans ce huis clos, Maria Messina témoigne de la condition des femmes siciliennes dans les années 1900-1930. Surtout, elle montre les hypocrisies et les fausses convenances de la société de l'époque.
La Sicile du début du XXème siècle, avec le village de Sant'Agata Don Pasquale Restivo est au bord de la ruine. Sa manufacture lui coute bien plus qu'elle ne rapporte, et il y a deux filles à marier. Don Lucio Carmine, secrétaire du baron Rossi, usurier à ses heures, avait prêté de l'argent au père. Il se remboursera avec les filles à la mort du père. La nouvelle épouse ne voulait pas rester seule, et la cadette des soeurs ne pouvait payer de loyer. Donc tout s'arrange, même pour Don Lucio qui n'a pas à engager une femme de ménage. La vie quasi en autarcie, la prison consentie, le huis clos assuré, la solitude finalement des deux soeurs qui ne communiquent plus. Surtout la soumission au patriarche. Elle est pas belle la vie ? « « Don Lucio regardait aller et venir sa femme avec complaisance. Admirant les mouvements souples des hanches fortes et pleines, il était satisfait de lui-même comme il était satisfait chaque fois qu'il contemplait les meubles coûteux dont il avait orné sa maison. ». Et les enfants qui apparaissent. C'est du gagnant-perdant. « Les femmes sont nées pour servir et pour souffrir. Et rien d'autre ».
La vie passe. Les illusions aussi, mais plus vite. Au troisième enfant, après Alessio et Carmela et Agata et un garçon Alessio, frêle enfant qui heureusement fait rire les deux soeurs, dont « tante Nicoli ». Mais trois enfants, c'est la goutte d'eau qui fait déborder la famille. Fatigue de la mère alors que la cadette est encore présentable. « Mais comme elle contemplait les poings roses et fermés, elle eut pitié de l'intruse. Si au moins c'était un garçon, se dit-elle. Son sort serait plus facile. Les femmes sont nées pour servir et pour souffrir. Et rien d'autre ».
Tout est écrit de façon elliptique, ce qui donne à chaque scène son intensité et sa mesure « de beauté, d'horreur et de douleur ». Dans la maison de l'impasse, derrière les volets clos, règne le silence, l'homme travaille. Il a besoin de repos à son retour, une nourriture conséquente. « Les deux soeurs se contentent d'un peu de pain et d'un morceau de fromage qu'elles mangent debout. ». Il faut donc le servir, surtout se taire, toujours se taire, ne rien demander. « Don Lucio était un homme qui ne se trompait jamais, qui savait ce qui est bien et ce qui est mal. C'était si merveilleux d'avoir confiance en quelqu'un ! ». Certes, l'argent est là, et ne manque pas. Mais l'ancien usurier est aussi avare, cela va de soi. Il dépense pour lui. Il a pris épouse pour sa docilité tout comme il a pris la cadette pour le service. Ainsi va la vie. « Notre vie est-elle condamnée à être aussi terne et vide, tout en grisaille, alors que le monde est beau, lumineux et que les autres sont heureux ? ».
Un curieux ménage à trois sur un mode sicilien. Les convenances et hypocrisies de la société de l'époque, de la famille. La cruauté d'un monde patriarcal. « Les pensées restaient en suspens, comme de la poussière d'or, dans l'air lumineux. Toutes leurs petites misères, qu'elles croyaient si importantes, l'âpre rancoeur dont l'air de la maison était chargé, semblaient se dissiper et s'évanouir dans la sérénité du ciel immense ».
« La Maison dans l'impasse », la maison aux volets clos, silence assourdissant. Silence aussi des occupantes. Impasse au terme urbanistique ? (c'est le sens du tire italien « casa nel vicolo »), mais aussi aux implications psychologiques ? On n'en saura pas plus. La légendaire qualité du silence à la sicilienne. « Dans la maison, dans l'air, dans les coeurs, le temps marquait une pause, le silence se faisait poignant. Les rêves, les regrets, les espoirs semblaient alors s'avancer en cortège, dans la lumière incertaine qui baignait le ciel. Et nul n'interrompait les songes vagues, inachevés ».

Un regain d'intérêt pour des auteurs italiens, en particulier, du sud et de Sicile. Pourquoi ? En partie par la découverte de Gesualdo Bufalino (1920-1996), auteur à près de 60 ans, d'un premier roman « le Semeur de Peste » traduit par Ludmilla Thévenaz et réédité récemment (2020, Cambourakis, 208 p.). La collection « letteratura » des Editions Cambourakis constitue une excellente opportunité de regrouper des auteurs par pays témoigne d'une certaine politique générale d'édition. le renouveau du mouvement vériste que Maria Messina a fréquenté, en correspondance avec Giovanni Verga (1840-1922), le chef de file du mouvement, dont l'influence se fait sentir dans ses premiers romans. Ce mouvement se caractérise par un regard centré sur les « vinti dalla vita » (les vaincus de la vie), hommage aux petites gens qui font face à la dureté de leur vie. Un second trait est « l'ideale dell'ostrica » (l'idéal de l'huître), attachement au lieu de naissance, et aux anciennes coutumes qui y sont liées. Son roman le plus connu « I Malavoglia » traduit en « Les Malavoglia » par Maurice Darmon (1997, Gallimard, 394 p.)

Toujours de Maria Messina, « Une fleur qui ne fleurit pas » (1923), traduit par Marguerite Pozzoli (2022, Cambourakis, 152 p.) est un petit livre qui narre la condition de deux jeunes filles de Florence, Franca et Fanny. L'action se passe aux alentours des années 1920. Les deux femmes, encore jeunes fréquentent le salon de Madame Delroi, professeur de musique, en attendant de trouver un mari.
Et encore « Severa » (1928) de Maria Messina traduit de « L'amore negato » par Marguerite Pozzoli (2021, Cambourakis, 149 p.) est un petit livre qui narre la condition de deux soeurs Myriam et Severa, qui vivent modestement dans un village des environs de Bologne, au début du XXeme siècle. Esprit de classe, c'est à dire mépris des autres, et faux-airs sont de règle. Si Myriam se résigne, Severa refuse d'être considérée comme médiocre, se voyant un avenir dans l'univers de la mode. Mais ce qui suppose le renoncement à la vie de famille et à l'amour.

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Maria Messina, auteure italienne née en 1887 à Palerme a été longtemps ignorée comme beaucoup d'autres auteures d'ailleurs,
C'est pourtant un magnifique roman qu'elle nous livre avec la maison dans l'impasse.
Elle témoigne avec ce récit de la vie des femmes à la fin du XIX siècle, soumise à leur mari, sortant peu et qu'en cas d'extrême nécessité, vouées aux tâches ménagères, ignorées, humiliées.

Nicolina et Antonietta sont 2 soeurs qui s'entendent parfaitement. Inséparable, lorsqu'Antonietta épouse Don Lucio, Nicolina part vivre avec sa soeur et son époux. Ce qui en devait durer que quelques semaines, le temps pour Antonietta de se faire à sa nouvelle vie, va s'imposer durablement.
Jusqu'à que le retour ne soit plus possible.

Les 2 soeurs organisent leur journée autour de Don Lucio. Ranger, nettoyer, préparer les repas, le servir, lui apporter sa pipe, sa citronnade... et tout cela exactement au moment ou il en a envie : ni avant, ni après.

Ambiance joyeuse et enjouée dans les premiers mois, cette vie terne va rapidement peser sur le moral des 2 soeurs.
Bientôt Antonietta donnera naissance à Alessio, et la charge de la maison reposera encore plus sur les frêles épaules de Nicolina.

L'entente entre les 2 soeurs ne survivra pas à cette vie faite de privation, de domination, de tristesse.
Bientôt la haine fera son apparition et la vie sera encore plus insupportable.

Dans ce huit clos poignant, l'auteure témoigne de l'isolement des femmes et leur soumission à un mari tyrannique,
Vous entrez dans cette maison, avec l'envie de prendre par la main ces femmes et les extraire de cette vie, de les autoriser à crier, à refuser, à exiger un autre sort que celui-ci.

C'est fort, émouvant.

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Une envie de rentrer dans cette maison aux volets clos, parenthèse sicilienne à l'accroche aguicheuse … car on peut lire sur le bandeau que Maria Messina est née à Palerme en 1887, voyageuse au gré des mutations de son père jusqu'à ce qu'il s'établisse à Naples.
Elle publie son premier roman en 1908 et son dernier en 1928 « l'amore negato » c'est aussi la date qui marque l'aggravation de la sclérose en plaques diagnostiquée en 1907. Maria en mourra sous les bombardements en 1944. Oubliée de tous, l'écrivain Leonardo Sciascia la sort de l'oubli.
Son écriture et ses histoires nous mènent aux confins des revendications féminines et féministes, ce sont de vibrants témoignages de la condition des femmes dans la littérature du XXème siècle. C'est une pierre à l'édifice du « Pourquoi nous en sommes arrivés là » !
Cette histoire se passe en Italie du Sud, certes, mais il en a été ainsi partout à travers le monde.
Ceci est un drame qui se déroule à huis-clos, que sait-on réellement de ce qui se passe derrière les portes closes !
Antonietta va épouser Lucio, bourgeois, secrétaire discret, devenu le sauveur de la famille en épongeant la dette du pére, Don Pascuale. Lucio est dans une position de force, il est un homme riche, reconnu, respecté. Fort de tout cela et certainement d'une éducation archaïste qui fait que les hommes prévalent sur les femmes, il va prendre épouse et …domestique.
Dans l'impasse, derrière les volets clos, il faut du silence, l'homme travaille et à besoin de repos à son retour, il faut une nourriture conséquente, il faut le servir, il faut le bichonner, se taire toujours se taire, ne rien demander, l'argent ne manque pas mais Lucio est pingre. Il ne dépense que pour lui. Il a choisi son épouse pour sa docilité et sa mansuétude, il a pris la benjamine pour son service. Ainsi vivent elles recluses dans une maison austère où personne ne daigne entrer !
Quand viennent les naissances, rien ne change au bout de l'impasse, même devant la maladie, Lucio reste inflexible. Alessio son premier fils est maladif, faible, de petite constitution, le père veut lui apprendre la vie. Mais la vie pour les êtres sensibles ne s'apprend pas avec force et persuasion, brimades et manques d'égard !
Les grossesses successives fatiguent Antonietta, la fragilise, alors tout naturellement, parce qu'un homme a des besoins il se tourne vers sa jeune belle-soeur. Ainsi les soeurs si proches et si complices deviennent ennemies sous le même toit.
Sous les yeux des enfants, victimes impuissantes de cette situation délétère, un drame domestique se profile.
Dans ce livre très court et très dense, il est question des convenances, des apparences et des illusions qui se mettent en place dans une société archaïque, machiste mais néanmoins la base de la nôtre.
Comment tout naturellement se mettent en place des mécanismes d'asservissement, de docilité pour la seule raison de la suprématie de l'homme ! un livre à l'élan romanesque qui m'a passionnée !
Un livre oublié à mettre tout en haut de la pile, à lire, à faire lire, par tous.
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«  Dans notre coeur nous portons l'enfer ou le paradis » .Il est injuste que celui qui n'a jamais fait de mal doive porter l'enfer dans son coeur » .

«  Toi et maman , vous vous êtes adaptées à cette vie, comme l'escargot qui prend la forme de sa coquille » .

Deux extraits de ce très bel ouvrage , court et mélancolique , huit clos poignant, percutant , infiniment émouvant, sensible, écrit dans une langue magnifique par Maria-Messina née à Palerme vers 1880 ,romancière Sicilienne, redécouverte par Leonardo-Sciascia , une écrivaine injustement oubliée décédée de la sclérose en plaques en1944. ...

Les deux soeurs Nicolina et Antonietta vivent sous le même toit depuis le mariage de cette dernière avec Don Lucio Carmine.

Don Lucio , bourgeois a épousé la fille de l'un de ses débiteurs, la jeune soeur Nicolina , à la demande d'Antonietta , les accompagne pour ne pas être seule à la ville, tout au moins au début. ...
La situation s'éternise: Nicolina devient peu à peu la servante du couple ....

Soumises à l'étroitesse d'esprit et l'autorité sans faille du seigneur et maître : —un vrai tyran domestique ——les deux soeurs obéissent, silencieuses, craintives, se plient à ses manies , se dévouent pour son bien être exclusif , même à effectuer des travaux pénibles .

Vivant en recluse , enfermées dans la même cellule, pétries de silences exaspérants et de rancoeurs incoercibles ——un véritable enfer—-elles se consacrent corps et âme aux enfants du couple.
le fils aîné Alessio , hypersensible, vivait cette situation au creux d'une mélancolie tenace, secrète qui imprégnait son coeur d'adolescent, lui serrait la gorge , l'étouffait....



Il souffrait énormément—-, en silence,——des discordes familiales à l'idée que son père se livrait à des prêts d'usurier. ....

La haine qui divisait les deux soeurs et dans laquelle elles étaient obligées de cohabiter , les enserraient comme deux ciseaux enfermés dans le même étui.
Elles menaient une vie terne, grise , morne , sans sortir ou très peu, emmurées dans cette maison sombre au fond d'une ruelle.

L'atmosphère de ce huis clos est étouffante , irrespirable, poussiéreuse .

La condition des femmes au sein de cette société patriarcale ——-plus particulièrement dans l'Italie du Sud——est désastreuse: enfermement, solitude, fausses convenances, hypocrisies, VIES SANS VIE......Vies de coupables , dans la crainte , le repli sur soi, l'effacement ...

Maria Messina dans un style nuancé, avec minutie , rend avec brio la réclusion de ces femmes jusqu'au drame ...
Grand merci à Sabine pour m'avoir fait découvrir cette pépite que l'on ne lâche pas....
Traduit de l'italien par Marguerite-Pozzoli.


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Voilà une femme de lettres italienne qu'il faut absolument sortir de l'oubli, je suis entièrement d'accord avec Leonardo Sciascia, qui nous parle d'elle et tente de la réhabiliter dans la préface! Et j'avoue qu'en effet, je ne la connaissais pas. Elle est née à la fin du 19ème siècle , et a écrit plusieurs romans et des nouvelles. Atteinte de sclérose en plaques, elle mourra dans l'indifférence générale, pendant la guerre, en 1944.

Dans cette courte oeuvre s'exprime tout son talent, j'ai beaucoup aimé son approche subtile des personnages, sa capacité à nous transmettre une ambiance.

Nous entrons dans une maison sicilienne sombre, étouffante, au fond d'une ruelle. Celle de Don Lucio, bourgeois qui a épousé Antonietta, fille d'un de ses débiteurs. La jeune soeur de celle-ci, Nicoletta ,vit avec eux également.

Nous suivons le parcours des deux jeunes filles, soumises à l'autorité, à la tyrannie du maitre. L'auteure montre bien le sort de ces femmes condamnées à la solitude du foyer, aux travaux pénibles, à l'obéissance.

le temps passe, Antonietta a un premier enfant, Alessio, au coeur tendre, qui s'accommode mal de la dureté paternelle, et apporte un peu de lumière à sa mère et sa tante, dans ce morne quotidien. Puis nait Carmelina.

Une troisième naissance va cependant bouleverser la vie de famille si bien réglée et une haine sourde, toujours prête à éclater, va dresser les deux soeurs l'une contre l'autre.

Dans un style minutieux, tout en nuances, Maria Messina rend à merveille l' oppression de ces femmes murées dans une vie monotone, grise. Un huis-clos intense, poignant. Des vies sacrifiées. A découvrir.
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