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Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782742700905
149 pages
Actes Sud (01/12/1993)
3.82/5   19 notes
Résumé :
Severa est une jeune femme toute entière occupée à triompher des obstacles, s'élever au-dessus de sa condition, ouvrir un magasin de modes, s'enrichir, s'émanciper... jusqu'à ce qu'une seule passion, violente et sans issue, la rejette en marge de la société. Severa est un sommet dans l'oeuvre de la romancière sicilienne, dont les familiers retrouveront ici la limpide écriture, faite d'émotion et de sobriété, qui donne à chaque détail sa mesure.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce court roman de Maria Messina retrace le destin de deux soeurs d'un milieu modeste dans une petite ville des environs de Bologne au début du 20ème siècle. Myriam la cadette et Severa l'aînée, deux soeurs aux tempéraments opposés. L'une est travailleuse et effacée, plutôt résignée à son sort, tandis que l'autre est bien décidée à sortir de sa condition, même en employant des moyens moins honorables. Mais c'est sans compter sur les mentalités de classe qui règnent alors et qui cantonnent les uns et les autres à un milieu social. On ne change pas de classe comme on veut dans ces petites villes de province où tous se connaissent et s'épient. Les bonnes réputations s'y font lentement à force de labeur et de sacrifices et s'y défont vite si l'on est pas ‘bien' né et que les jalousies s'aiguisent.

Un bon roman au style simple et efficace mais non dénué d'un certain charme qui décrit à merveille la condition féminine de l'époque en nous plongeant dans le quotidien des deux soeurs. L'autrice est aussi très consciente des mentalités étriquées des bourgades italiennes d'alors et n'épargne pas la bourgeoisie provinciales et ses mesquineries. Maria Messina est une auteure du sud de l'Italie, du début du 20ème siècle. Elle est inconnue aujourd'hui et c'est dommage, c'est vraiment une bonne chose que les éditions Actes Sud puis Cambourakis la sortent de l'oubli. Je compte bien continuer à découvrir les oeuvres traduites de cette autrice.
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Severa et Myriam sont deux soeurs de milieu modeste. Elles vivent avec leurs parents et leur frère Pierino, un enfant handicapé. Bien qu'élevées dans le même foyer, elles sont très différentes. Severa est ambitieuse et rêve de faire fortune alors que Myriam accepte sa condition et n'aspire qu'à une vie paisible. Elles ne se comprennent pas et Severa, à force d'acharnement et de travail s'éloigne progressivement de sa famille en devenant modiste. Dans se court roman nous suivons les destins differents de deux soeurs que tout oppose dans une société qui pousse au conformiste.
Maria Messina nous plonge dans un univers familiale asphyxiant où la tristesse et la douleur est omniprésente. Entre un père, ancien instituteur ayant du renoncer à son travail à cause de problèmes de santé et un frère déficient mental, les jeune femme grandissent dans l'abnégation. Severa a vu ses ambitions scolaires contrariées à cause du manque d'argent. La mère de famille porte sur ses épaules les échecs de chacun et traîne ses regrets à longueur de journée. Face à cette ambiance morose Myriam cherche à soulager au mieux les siens alors que Severa ne rêve que de quitter sa condition. Incapable de se résigner, elle est prête à tout les sacrifices et même à tourner le dos à sa famille.
Le roman traite du mépris de classe et de la honte qui en découle. Myriam comme Severa prennent de plein fouet les moqueries et les humiliations des classes supérieurs. Évoluant dans un univers étriqués et hypocrite, elles voient leur rêves brisés et leur condition raillée. L'autrice pointe une société conformiste qui peut se montrer cruelle envers les femmes qui osent tenter de sortir de leur condition. Les souffrances des deux jeunes femmes sont palpables. La notion de bonheur est aussi questionnée. Faut-il une vie de luxe et de reconnaissance pour être heureux où la joie est-elle possible dans le quotidien le plus banal ?
L'ambiance délétère de la petite bourgade où évolue la famille est finement racontée. L'écriture est très visuelle et donne à les petites rues et les hauts batiments. de sa fenêtre chacun s'observe, se scrute. Les ragots et les rumeurs vont bon train. En quelques pages l'autrice, par son ecriture limpide, réussi à nous immerge. L'émotion est maîtrisée malgré la cruauté des situations que vivent les héroines. On sent toute la bienveillance de l'autrice pour ses personnages. Bien que très différentes, elles sont toutes deux touchantes. Chacune à leur manière, elles luttent et aspirent à un maîtriser leur destin.
Ce court roman m'a emporté car j'y ai trouvé deux très beaux portraits de femmes et une ambiance singulière. Je suis contente que la hasard m'ait fait découvrir Maria Messina dont j'ai très envie de découvrir le reste de l'oeuvre.
Lien : https://lapagequimarque.word..
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Dans une petite ville près de Bologne vit modestement la famille Santi qui compte trois enfants : l'ambitieuse et froide Severa, l'effacée Myriam et le jeune Pierino. Contrairement à sa cadette, Severa refuse d'accepter le piètre sort qui l'attend : « (…) Parce que je le forcerai, ce destin ! Je ne me laisserai pas écraser comme toi, comme maman, comme beaucoup de femmes que je connais et qui ne me font pas pitié : au contraire, elles me mettent en rage, parce que chacun de nous a le destin qu'il mérite. » Grâce à sa volonté sans faille, Severa va réussir à s'extraire de son milieu social mais le prix de son ascension sera lourd à payer.

Après avoir adoré « La maison dans l'impasse », j'ai été ravie de retrouver la plume subtile de Maria Messina. « Severa » a été écrit en 1928 et il fut le dernier roman de son auteure, atteinte de sclérose en plaques. « La maison dans l'impasse » et « Severa » ont des points communs. Au centre des deux livres, se trouvent deux soeurs qui vont s'éloigner et qui ne se comprennent pas. Severa, l'aînée, est antipathique tant elle est orgueilleuse et méprisante envers sa famille. La douce et humble Myriam s'efface devant le caractère de sa soeur mais elle sera une femme courageuse quand sa famille en aura besoin.

Comme dans « La maison dans l'impasse », le sort des femmes est le thème principal du roman. Elles n'ont pas leur destin entre leurs mains. Et Severa refuse de se résigner, de courber l'échine. Mais le roman de Maria Messina est extrêmement pessimiste. « Severa » est le récit d'une chute, d'une rébellion contre l'ordre établi qui échoue. le mépris de classe ne s'efface pas si facilement. L'histoire de Severa se teinte d'une profonde amertume et d'une terrible solitude.

« Severa » nous raconte avec lucidité, le destin cruel d'une femme voulant échapper à son milieu social et refusant la médiocrité du sort réservé aux femmes. Comme « La maison dans l'impasse », « Severa » est un roman resserré, épuré et qui brille par son intensité.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Un roman qui se lit rapidement, non seulement parce qu'il est court, mais parce que quelque chose dans la langue (et la traduction) est très fluide.

C'est presque comme un conte. Et pourtant, on sent qu'il est proche d'une réalité.

C'est la deuxième fois que je lis du Messina et je trouve ses personnages très touchants. Iels ouvrent des portes vers des vies tout à fait ignorées dans la plupart de la littérature. Severa, particulièrement, qui cherche son propre destin, et qui bute contre les contraintes externes - notamment les malheurs financiers de sa familles - et les contraintes internes - sa difficulté à garder une place pour les personnes qui l'aiment - ressort avec toutes ses contradictions.
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Le contexte : l'atmosphère provinciale du début du vingtième siècle dans une Italie encore très marquée par la ruralité.
Le personnage : une femme ambitieuse et égoïste, méprisant sa famille et ceux de son milieu social, visant de s'en extraire à tout prix.
Bien que l'auteure ne semble pas en être pleinement consciente, il s'agit là du portrait plutôt crédible d'une femme paranoïaque. Tout d'abord tenue par une forme de mégalomanie qui la conduit à une certaine réussite en tant que modiste (non sans avoir manipulé son ancienne logeuse pour toucher l'héritage de la vieille dame), sa structure psychique se décompose à la faveur d'une rencontre avec un homme plus jeune. Elle développe alors une forme d'érotomanie qui la mènera au désinvestissement de ses affaires, à la faillite, et à une forme de déchéance et de persécution généralisée.
Au total, un roman sans grandeur et un personnage crédible mais franchement déplaisant.
Lien : http://www.williamjoshbeck.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand on est frappé d'un tel malheur, il faut entrer de soi-même dans le chemin du désespoir et de la douleur. La pitié pose un doigt sur ses lèvres. Personne n'ose informer celui qui l'interroge, plein de crainte et impatient de savoir ce qui est arrivé.
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-Il n'aurait pas dû les écrire, ces mots.
-Pourquoi ?
- Je ne suis qu'une pauvre ignorante, et vous m'excuserez si je ne sais pas m'exprimer. La poésie est une belle chose qui parle au coeur des hommes, et donc, elle ne devrait dire que des choses belles et grandes. (p. 33)
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Mais elle ne voulait pas y penser. Il ne faut pas penser à des choses laides et désagréables quand le soleil du printemps revient se montrer après les froides journées hivernales qu'il éclaire les visages des jeunes et met des fleurs sur le rebord des fenêtres et au portail des jardins. (p. 52)
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Elle n'avait pas su regarder avec sympathie les petites choses agréables que l'on rencontre à chaque pas.
Mais voilà, nous comprenons que nous avons marché les yeux fermés quand nous nous arrêtons, si fatigués que nous sommes incapables de nous remettre en route.
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Marcher sans s'arrêter, pour rencontrer de nouveaux visages, de nouveaux lieux. (p. 38)
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