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3,94

sur 556 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que dire de plus que ce que les excellentes critiques qui ont précédé la mienne, sinon que ce petit livre m'a beaucoup plu ?
Bien sûr on ne reviendra pas sur la "tolérance" du pouvoir envers les amuseurs et autres irrévérencieux. Que ce soit il y a cinq siècles ou de nos jours, les risques sont (presque) les mêmes.
Peut-on aujourd'hui rire de tout, se moquer de tout et de tous ? Bien sûr que non ! Il y a des limites !
Et c'est justement dans ces limites que la censure, politique, religieuses, morale, opère... pire encore l'auto-censure, venin sournois de nos facéties.
En ces temps troublé par le retour de la peste brune, on aimerait pouvoir se "triboulet" un peu et appeler un chat un chat, sans craindre les chiens policiers !
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🤴 le roi n'avait pas ri,
Moi,
🦷 J'ai grincé des dents...

😨 Grincé des dents devant la cruauté des Hommes face à la différence. Triboulet est né laid, difforme, chaque jour sa différence lui sera renvoyée au visage par la pire des cruautés.

😨 Grincé des dents devant les luttes de pouvoirs incessantes. Depuis la nuit des temps, le pouvoir attise les convoitises et annihile-le bon sens, conduisant aux pires infâmies que sont les guerres.

😨 Grincé des dents devant l'incompétence évidente des puissants plus enclins à batifoler, à chasser, à ripailler qu'à gérer un royaume.

😨 Grincé des dents devant l'ingérence du pouvoir. Acceptée et banalisée.

😨 Grincé des dents devant ce monarque qui accepte d'être moqué et de recevoir ses quatre vérités, mais seulement par quelqu'un qu'il juge intellectuellement plus faible que lui. Comme si être jugé par un idiot n'aurait finalement que peu de valeur.

✅️ Jamais je n'aurais eu l'idée de lire ce livre s'il n'avait pas été proposé dans le cadre du prix des lecteurs 2022. La découverte a été totale, j'en retiens l'édifiante prise de conscience du pouvoir du rire.

Finalement, et si le pouvoir n'était pas là où l'on croit. Et si le faible d'esprit, l'idiot, le bouffon 🥳, libéré de ses carcans de la bienséance le possédait lui le pouvoir...

Outre-le fait d'avoir bousillé un tiers de mon email dentaire à grincer des dents, j'ai passé un très bon moment de lecture !
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Comment rire de la politique ? Aujourd'hui la question nous parait simple tant l'humour et la satire prennent une place majeure dans notre paysage public. On se souvient tous du bébête show ou des guignols. On écoute avec plaisir les éditoriaux cinglants et savoureux de quelques chroniqueurs radio. On lit avec délice le canard. Mais quels étaient les standards de l'humour politique à la Renaissance ?
Guillaume Meurice nous offre ici un portrait mordant du célèbre Triboulet, bouffon du roi. Issu de la fange le pauvre bougre va se hisser progressivement jusqu'à l'oreille du Roi, pour le divertir… mais pas que ! Derrière l'irrévérence se cache conseils, injonctions et mises en garde. On peut dire beaucoup de choses quand le rire cache le vrai message. Mais attention la position d'amuseur officiel, bien que méprisable aux yeux du plus grand nombre, fait de Triboulet un être honni et jalousé. Tout le monde chuchote mais lui le déclame haut et fort, et forcément ça ne plait pas ! On rit jaune devant les farces qui amusent le monarque.
Le récit est drôle, mais plus complexe qu'il n'y parait. On distingue dans le ton et le phrasé un talent proche de Jean Teulé. A lire, pour rire, et surtout réfléchir.
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🎭Un livre vers lequel je ne me serais absolument pas tournée sans cette sélection pour le Prix des lecteurs. J'ai beaucoup aimé ce personnage très caustique, qui devient philosophe au fil de l'histoire. Un récit qui démontre l'importance du rire dans une société et qui nous fait poser la question : peut-on rire de tout ? J'ai beaucoup aimé ce face à face entre ceux qui détiennent le pouvoir - les rois - et Trinoulet qui n'est là que « pour amuser la galerie ». Une bonne lecture divertissante et qui donne à réfléchir.
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Un roman historique très riche dans son contenu. Les faits tout d'abord. Un récit encré au temps de Louis XII et de François 1er. La vie au Moyen-âge y est décrite minutieusement. Et puis la réflexion. qui sommes nous, humain, pour juger autrui. L'humour y a une grande place cachant le côté grinçant et noir.

Si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai aimé cette plongée historique. J'ai noté les petites phrases qui me font sens. A lire et relire pour bien s'imprégner de toute cette réflexion terne sur la vie que provoque cette lecture.
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Il était une fois, un étrange petit bonhomme qui naissait dans une famille particulièrement pauvre dans la ville De Blois. C'était en l'an de grâce 1479, où le roi Louis XII régnait en maître sur le royaume de France.

Manque de bol, en plus d'être mal né, il se trouve que ce petit bonhomme n'avait pas été non plus gâté par la nature. Affublé d'un physique particulièrement ingrat, tout tordu, bossu, il était sempiternellement maltraité par sa famille qui lui donnât le doux surnom de "laideron".

Du coup, comme notre petit ami "laideron" n'était pas trop dimensionné pour aider aux travaux des champs, ses parents l'envoyaient traîner en ville pour mendier. Et il faut dire qu'il était passé expert dans l'art de faire pitié, de piquer des trucs, voire d'escroquer quelques passants dans le marché du coin.

Parce qu'il faut bien avouer que si Laideron était vilain, très vilain, il était en revanche plutôt malin. Et c'est d'ailleurs cette dernière qualité qui lui permettra de survivre après que ses parents l'eurent définitivement chassé. Une malédiction pour la famille, qu'ils dirent ... une malédiction que ce "laideron".

Et cela dura pendant un bon moment, jusqu'à ce que le hasard lui fit rencontrer un certain Caillette, un véritable benet, en train de se faire harceler par un groupe de petites racailles, comme on dirait de nos jours. Il lui viendra en aide et se fera remarquer par du Vernoy, un homme tout à fait respectable, qui travaillait au service du roi Louis XII.

Parce que oui ... Caillette n'était autre que le fou du roi. Un espèce de jouet qui faisait marrer ce bon vieux Loulou de par sa bêtise sans nom. de fil en aiguille, du Vernoy présenta Laideron au roi, devant qui il aura l'opportunité de faire la démonstration de toute son intelligence pour amuser le roi.

L'impertinence, l'insolence, l'irrévérence de Triboulet envers non seulement tous les membres de la cour mais aussi envers le roi lui même ont fait mouche et le roi devint totalement gaga de son nouveau protégé.

Et c'est comme ça que Laideron devint Triboulet, le fou du roi le plus célèbre de l'histoire de France puisqu'il exerça son "activité" avec succès grâce à son intelligence et à sa répartie à la fois sous le règne de Louis XII et de François 1er.

Un peu comme MacFly et Carlito avec Emmanuel Macron, dans les jardins de l'Elysée... toutes proportions gardées évidemment.

Enfin, c'est ce que la légende raconte. En fait, d'après notre ami Wikipedia, il y aurait eu trois fous nommés Triboulet qui eurent plus ou moins de succès auprès des rois, la moindre blagounette ratée conduisant immédiatement à l'ecartèlement, à la roue ou au bûcher.

Sans spoiler l'histoire, puisque c'est le titre du livre, il se trouve que le roi n'aura pas ri à la dernière blague de Triboulet. Reste à savoir ce qu'il adviendra de lui.

232 pages.

232 petites pages lors desquelles Guillaume Meurice, que je ne connaissais que de très loin pour ses chroniques à la radio sur France Inter, nous raconte avec une certain talent, une certaine émotion, une certaine tendresse, les tribulations de Triboulet auprès de Louis XII et François 1er et auprès de tous les membres de la cour qui n'attendent qu'une chose, c'est la vengeance. Ils sont tellement tous passés dans les fourches caudines piquantes de l'humour de ce gnome immonde mais plein d'esprit que rien ne leur ferait plus plaisir que de le voir pendouiller au bout d'une corde.

"On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde" est la version moderne de "On peut rire de tout, tant que le roi rigole."

Est-ce toujours d'actualité et déclinable à notre époque ? En entreprise ? En politique ?
Ça se défendrait ...
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Ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est son double niveau de lecture.

Certes, on peut s'arrêter sur cette narration de la vie d'un bouffon ayant (réellement) vécu entre le XVe et le XVIe siècle, mais certaines réflexions de ce bouffon nous posent la question du lien entre humour et politique dans notre XXIe siècle : l'humour est-il toléré par nos dirigeants, la faconde de certaines de ces chantres de l'humour ne leur apporte-t-elle pas quelque déconvenue ? Certaines personnes demeurent-elles intouchables sous peine d'une déchéance annoncée...Autant de questions et de réflexions que ce bouffon de la Renaissance nous pose, à nous, lecteurs du XXIe siècle, par l'intermédiaire de la plume acerbe et engagée de Guillaume Meurice, bouffon de France Inter.
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Jusqu'ici persécuté pour sa silhouette contrefaite, le jeune Nicolas est engagé comme fou du roi Louis XII. Rebaptisé Triboulet en référence à son vécu de souffre-douleur, affublé des couleurs jaune et vert des bannis, d'un chapeau à grelots et d'une marotte faisant office de sceptre, le voilà propulsé de la fange aux fastes de la Cour du XVIe siècle à Blois. Censé amuser le monarque par ses pitreries, le bouffon du roi gagne aussi l'exclusif privilège de pouvoir s'exprimer sans filtre et sans inquiétude, sa « folie » l'exonérant de la servilité courtisane de rigueur dans l'entourage royal. Reconduit dans ses fonctions par le jeune François 1er, Triboulet s'illustre par son esprit et son insolence, jusqu'à ce qu'une ultime plaisanterie ne le fasse tomber en irrémédiable disgrâce…


Curieuse position que celle de bouffon de Cour, comme exclu du commun des mortels par sa difformité, réduit à un état de jouet suffisamment ridicule et inconséquent pour ne susciter qu'indulgence et amusement, et, au final, familier du roi comme bien peu, seul à pouvoir renvoyer leurs quatre vérités aux Grands de ce monde qu'il lui est loisible de railler et d'insulter sans qu'il ne lui en cuise, avec une liberté d'expression et de jugement dont on peut d'ailleurs douter qu'elle existe encore de nos jours… C'est donc avec un certain ébahissement que l'on découvre cette biographie romancée à partir des quelques éléments historiques connus, mais aussi des vers de Clément Marot et de l'Eloge de la folie d'Erasme. La légende a rapporté quelques bons mots et reparties de Triboulet – ou des Triboulet, on ne sait pas, puisque plusieurs fous du roi portèrent ce nom -, certains franchement rabelaisiens, d'autres témoignant d'un formidable sens de la réplique, et l'on s'amuse souvent de bon coeur de tant de percutant à-propos.


Protégé par son irresponsabilité supposée, Triboulet n'en vit pas moins sur la corde raide de la faveur royale, au-dessus du gouffre haineux où confisent les puissants du royaume. Enragés par le pouvoir qu'à ce faquin de faire rire le roi à leurs dépens, tous n'attendent que de réduire l'insolent en charpie au premier signe de disgrâce. Et, fatalement, après maints chancellements rattrapés par un bon mot, vient un jour où le roi ne rit pas, par peur de déplaire à la favorite en titre. Plaisir d'amour est plus fort que joie d'humour… C'est la dernière tocade amoureuse du roi qui l'emporte !


Enlevé et facétieux, d'une lecture fluide et agréable, ce roman historique pointant le déstabilisant pouvoir du rire et la tentation des puissants de l'encadrer, entre forcément en résonance avec l'expérience d'humoriste de l'auteur. Comment ne pas penser au poids toujours plus grand du politiquement correct de nos jours, alors que le contrôle croissant du langage et les multiples auto-censures que nous nous imposons ne cessent de corseter davantage la libre expression ? Et bien sûr, comment ne pas frémir quand certains paient aujourd'hui de leur tête le prix d'une poignée de caricatures ?

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Livre du Mois de Décembre 2021
Quand un comédien, chroniqueur sur France Inter, humoriste, raconte la vie romancée d'un humoriste d'une autre époque cela donne un livre plaisant à lire et bien documenté.
Pauvre Triboulet à l'ascension rapide et à la chute brutale pour la blague de trop.
A trop s'approcher du feu on se brûle les ailes...
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Rire de tout, se moquer des puissants, tendre le miroir au dirigeant ou incarner le jouet du pouvoir … Guillaume Meurice a expérimenté les limites de l'humour en tant que chroniqueur à la radio. Transposer ces questions philosophiques et politiques au XVI ème siècle révèle la pérennité et la fragilité de la liberté de s'exprimer. Triboulet, le fou des rois Louis XII et François 1er, personnifie les lois des extrêmes. Laid, difforme, il joue le rôle du bouffon osant les persiflages assassins et assénant de cruelles vérités . Ainsi, Guillaume Meurice présente la cour de France au début du XVIème siècle avec un décor historique qui va à l'essentiel . le style est alerte, contemporain dans les remarques des personnages, contrasté par les citations d' Erasme , de Marot … le bouffon Triboulet a laissé peu de traces . L'auteur lui donne la parole et imagine sa vie . Guillaume Meurice réussit une transposition aménagée, haute en couleurs et au rythme enlevé. Il reste que la permanence des questions soulevées et la fragilité de la liberté d'expression demeurent.
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