e matin sentait encore l’été. Le teint hâlé et le visage tendu, les inspecteurs essayaient de paraître à peu près réveillés et de se tenir droits sur les sièges inconfortables.
Quand il entra dans la salle, le commissaire Blondeau déposa une enveloppe sur les genoux d’Alex, puis se dirigea vers son emplacement habituel au fond de la salle, près du vieux tableau, d’où il assigna les missions.
Elle ne savait pas si Chloé était effrayante ou bien seule, d’ailleurs. Elle l’avait rencontrée lors de l’une de ses premières enquêtes. Les deux femmes, si dissemblables, l’une bouillonnante et l’autre discrète, s’étaient prises d’une sympathie immédiate l’une pour l’autre. Elles déjeunaient ensemble une à deux fois par mois, parlaient boulot, évoquaient des affaires, partageaient indignations et résignations. Elles ne discutaient pas vraiment de choses privées ; mères célibataires toutes les deux, les seuls sujets touchant à l’intime entre elles étaient leurs enfants. Alex ne posait pas de questions indiscrètes à Chloé, qui lui retournait la faveur. Des moments sans danger, agréables.
Favier et Audain avaient pour petit plaisir de corriger les faits divers.
Parfois seulement les titres : les "crimes passionnels" redevenaient des assassinats. Les "drames de la passion" redevenaient des meurtres. Et bien sûr les "différends familiaux", des violences conjugales. "Deux ans fermes pour le mari trompé : dans un moment de folie, il avait poussé la femme adultère par la fenêtre." "Seulement deux ans pour meurtre" rectifiait Favier, à grandes lettres rondes.
" - Bien. Alors, Dueso, on m'a demandé de, je cite "vous remonter les bretelles" ... Portez-vous des bretelles ?
- Euh ... non
- Très bien , voilà qui règle le problème "
c'est à quelques pages de la fin que j'ai apprécié
-Pour une fois, au moins, on n'a plus à se demander ce qu'est vraiment notre boulot, soupira Marco. Essayer de canaliser le chaos.
-Avec de la bonne volonté et des punaises
La première fois que j'ai dit non, il a ri. Il a dit : "Mais on est mariés, maintenant. "Non" ? Ca n'existe plus. " J'ai crié. Il a continué à rire.
cette manière de tourner les ordres en questions polies
Une peur qu'elles connaissaient bien, intimement, une peur qui les accompagnait depuis le plus jeune âge, depuis le premier "fais attention aux inconnus", depuis la première main anonyme qui avait palpé et détaillé leur corps sans autorisation dans un métro bondé, depuis le premier regard graveleux d'un oncle dans une réunion de famille. Cette peur avalée, ravalée, et sans cesse déglutie avec un soulagement en demi teinte quand elles passaient enfin la porte de chez elles.
" J'en pense qu'il me donne pas l'impression de mener une vie secréte de gay et sado-maso. Ou d'être un collectionneur de godes en bois Louis XV "