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Lucia Calfapietra (Autre)Nicoló Giacomin (Autre)
EAN : 9782211307031
208 pages
L'Ecole des loisirs (10/06/2020)
3.97/5   61 notes
Résumé :
Elle a l'air cool, cette colo : le principe, c'est qu'on bouge deux jours, et qu'on se repose le troisième. Puis on recommence, pendant deux semaines. Clara était très motivée, elle a fait 228 heures de baby-sitting pour se l'offrir ! Seulement voilà : à peine arrivée, elle comprend qu'elle ne va pas se plaire ici. Trop de sport, trop d'abrutis, trop de... tout. Sans compter ces histoires avec Éléonore. Eléonore, elle n'était même pas descendue du train que trois fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Clara est contente de retrouver sa meilleure amie qu'elle voit moins depuis un an, depuis que celle-ci a changé de collège. Pour passer du temps avec elle Clara a accepté de participer à une colonie sportive et a même fait du baby-sitting pour pouvoir se la payer. Mais le sport ça n'est pas du tout son truc et elle aurait préféré des vacances chez sa grand-mère avec Aïssa pour elle toute seule.
Rapidement deux groupes se forment dans la colonie, celui des sportifs casse-cous et les autres…
Aïssa et Clara passent moins de temps ensemble car elles ne se retrouvent pas dans le même groupe. Clara se rend compte qu'elles ont de plus en plus de divergences, elle râle souvent, est jalouse, supporte difficilement le groupe alors qu'Aïssa est toujours partante, aime se dépasser et se montre très ouverte aux autres. Mais lors de la 2e semaine de colonie une jeune fille disparaît...
Rapidement, dès le départ du train en fait, cette jeune fille seule est devenue le souffre douleur de quelques garçons. Mais même s'ils partent ensuite avec d'autres moniteurs, trois garçons et trois filles de son groupe à elle prennent immédiatement le relais. Une fille en particulier, Lila, se moque méchamment d'Éléonore, en venant même à la maltraiter physiquement. Mais au final tout le monde suit plus ou moins et rares sont ceux qui prennent sa défense. Beaucoup reprennent le surnom donné sans même s'en rendre compte et acceptent que l'anormal devienne normal. Un des moniteurs est un peu gamin, très laxiste, du genre à ne pas suivre le programme et à encourager la création d'un groupe séparé de têtes brûlées. L'autre monitrice essaie d'assurer seule mais ça n'est pas évident et elle ne peut avoir l'oeil partout. Une situation assez « pourrie » s'installe donc, avec des comportements anormaux mais même plus vraiment relevés par l'ensemble du groupe. Tout le monde a vu, mais personne n'a agi. Clara est jalouse, elle a dû mal à supporter de perdre l'entière attention de sa meilleure copine, de devoir la partager alors qu'elles se voient si peu et voit donc d'un très mauvais oeil chaque tentative de rapprochement entre Éléonore et Aïssa. Cette dernière ose s'interposer entre les tortionnaires et leur victime, mais elle ne le fait pas systématiquement et ne voit pas tout non plus.
L'histoire est construite en flash-backs, il y a de nombreux aller-retours entre le moment où Éléonore disparaît marquant le début d'une enquête de la gendarmerie et le déroulé de la colonie depuis le début. C'est habilement construit et un vrai suspense s'installe. le personnage de Clara, qui est la narratrice, est très intéressant car ambivalent. On partage ses sentiments, que ce soit la colère, la jalousie ou les pensées pas très charitables qui lui font honte. On sent aussi qu'il y a un loup, un truc en plus qu'elle cache et qu'on découvrira vers la fin du récit. Quant à Éléonore elle semble rentrer en elle-même quand on lui dit ou fait des méchancetés, et elle adopte dès lors un visage lisse où plus rien ne se lit ; d'où le titre.
Une lecture nécessaire, où le mécanisme du harcèlement est traité sous un angle original.
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Dur ? Oui. Dur à lire ? Oui aussi. Je sais qu'en commençant mon avis ainsi, je ne fais pas vraiment envie, et pourtant, c'est ainsi. Je le sais parce que je ne me suis pas « contentée de le lire, j'ai aussi fait lire ce livre à mes élèves, et nous avons rencontré l'autrice dernièrement.

Le thème central du roman, c'est le harcèlement. J'ai envie de dire le harcèlement ordinaire. le questionnement aussi sur le harcèlement. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment, un comportement qui aurait dû être jugé anormal n'est plus jugé anormal, qu'est-ce qui fait que des adolescents laissent faire, ne réagissent pas quand ils voient une autre ado, strictement comme eux, se faire harceler, moralement, physiquement ? L'une des réponses, c'est peut-être aussi parce que ce sont des adolescents, qui ont leur propre problème, leur propre désir aussi, et qu'ils ont déjà bien assez à faire avec eux mêmes sans penser à autrui. C'est sans doute le cas de Clara, la narratrice, ni meilleure ni pire qu'une autre. Si elle participe à cette colonie de vacances, qu'elle a en partie financé par des heures et des heures de baby sitting, c'est pour retrouver sa meilleure amie Aïssa : elle a déménagé, les deux adolescentes ne sont plus dans le même collège, et elles s'éloignent insensiblement. Nous avons tous, nous adulte, connu de ses amitiés qui s'effilochent, parce que l'on change, parce que l'on n'a plus les mêmes centres d'intérêt, parce que l'on rencontre d'autres personnes. Pour Clara, c'est la première fois, et c'est la plus difficile. Aussi, même si elle n'aime pas le sport, elle est là, pour être avec Aïssa, qui elle, s'éclate totalement, sans pour autant négliger les autres.

Non, parce que si l'on peut comprendre que les adolescents soient centrés sur eux-mêmes, on peut ne pas comprendre les adultes qui ne voient pas, qui ne font rien, qui minimisent, en dépit des blessures physiques pourtant bien réelles. Jusqu'à la rupture, qui ouvre le livre : Eléonore a disparu. Elle a disparu depuis douze heures et personne ne s'en est aperçu. Commence alors un double cheminement, celui de l'enquête, pour retrouver Eléonore (en espérant la retrouver vivante), et celui du retour en arrière, pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Simple ? Non.

Un livre qui permet d'ouvrir le dialogue, et pas seulement sur le sujet du harcèlement, sur celui du suicide aussi.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Je n'ai rien à redire sur ce roman... Je l'ai dévoré et je l'ai adoré ! J'ai immédiatement aimé l'écriture de l'autrice et l'ambiance de ce livre : un peu malsaine, étrange et mystérieuse.

Pourtant, quand on pense “colonie de vacances”, ce ne sont pas ces mots qui viennent en tête mais plutôt : jeux et fous rires. Sauf qu'ici, ceux-ci se font au détriment d'une seule et même personne : Éléonore.

Personnage au coeur de l'intrigue et de toutes les attentions, surtout les plus mauvaises, on la frôle sans parvenir à la connaître. On la devine, sous le regard déformé que tous et toutes portent sur elle. La parole ne lui ai jamais laissé, l'occasion de se défendre, très peu, et elle est là, sans être là. Transparente puis absente mais en même temps omniprésente. le malaise, lui, est bien là et gagne progressivement du terrain.

Ici, pourtant, il n'est question que d'adolescents normaux qui vont vivre une expérience normale et c'est là tout le problème. Car ce qui arrive ne l'est pas, normal, on le voit tout de suite, nous en tant que lecteurs. Ces mots “normal” et “anormal” reviennent souvent. Car là est le noeud du problème : où est la frontière? A quel moment bascule-t-on de l'un à l'autre?

La narratrice, Clara, elle-même se trouve des excuses. 

A plusieurs reprises, elle fait “comme si”. Elle n'est pas sûre d'avoir bien entendu, bien vu, bien compris ce qui se passe avec la jeune Eléonore qui vit un véritable calvaire alors que celle-ci n'embête personne. C'est assez terrible.

“Elle ne dit rien. Je pense : Tant pis. Si elle ne dit rien, c'est qu'elle ne veut rien dire, et je m'arrange avec ça, en sachant que je me mens.”

Clara est un personnage complexe dans lequel, avec stupeur, je me suis reconnue. Pas dans tout mais dans ses réactions entre jalousie, colère et joie avec sa meilleure amie... C'est assez terrible mais je me suis retrouvée dans sa façon de penser. Je le répète, pas pour tout... 

“Je lui en veux à elle, et ça me permet de ne pas m'en vouloir à moi. On dira ce qu'on veut, c'est pratique.”

Pleine de contradictions, de doutes, elle se trouve aussi des points communs avec Éléonore. Clara est finalement secrètement soulagée de ne pas être à sa place. Car toute cette méchanceté et toute cette violence auraient pu tomber sur elle, si Aïssa n'avait pas été là. Pourquoi ne fait-elle rien? Par facilité? Par peur que cela se retourne contre elle? 

“Pour Eleonore, maintenant, temps-calme, c'est temps caché. Elle est avec nous toute la journée, mais elle passe son temps à essayer de nous éviter. Je ne veux pas savoir ce que ça fait.”

Clara ne fait pas partie du groupe de ceux et celles qui harcèlent. Mais elle ne dit rien. Et son comportement est tout aussi condamnable. Il questionne. 

La pire, la plus dure, c'est Lila. Elle trouve un malin plaisir à se moquer d'Éléonore quoi que celle-ci fasse, et Lila entraîne tout le monde dans son petit jeu pervers.

Des petites choses, des gestes, des attitudes plus graves aussi, tout le temps… du harcèlement. 

Ce roman est haletant. La narration joue avec la notion du temps, nous parlant du présent, mais aussi revenant en arrière pour nous expliquer comment la situation a pu dégénérer. A travers le récit de Clara, les indices s'accumulent à charge contre Lila mais aussi contre tous et toutes. La police s'en mêle et on tremble de connaître l'issue de cette histoire. Qu'est-il vraiment arrivé à Eléonore?

Je vous laisse le découvrir. 

Pour moi, ça a été un sacré moment de lecture  : c'est un coup de coeur.


Lien : https://www.hashtagceline.co..
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Clara est en colonie avec les moniteurs Jonathan, Toufik et Tara dans laquelle elle s'est inscrite avec son amie, Aïssa. Aïssa est sa meilleure amie mais elles ont été séparées au collège. Lors de cette colonie, elles sont de nouveau plus ou moins séparées car Aïssa est souvent dans le groupe des Jocks, c'est à dire les sportifs en langage québécois - la monitrice Tara est d'origine canadienne - la bande de Jonathan avec Yanis et Leo et Mais - et les fleurs, Lila, Prune et Clémentine. Clara est dans l'autre groupe avec les deux Auréliens, les petites Cat, Sarah et Mae, les jumeaux Sioban et Michael. Les Jocks ont décidé de harceler une jeune fille Eléonore, principalement sur son physique ; personne ne réagit… Une nuit, Eléonore disparaît, la gendarmerie est alertée…
Louise Mey est une autrice féministe ; elle écrit des romans policiers dans lesquels elle dénonce les violences faites aux femmes. Elle a publié Les Ravagé(e)s en 2016, Embruns en 2017, Les Hordes invisibles en 2018, le jour du vélo rouge en 2019, Kara, 1er trimestre - Coquillettes et crustacés en 2019 et La Deuxième femme en 2020. Louise Mey explore ici le thème du harcèlement. L'héroïne, Clara a 13 ans et elle voit une jeune fille de la colonie, Eléonore, harcelée, moquée, insultée, principalement sur son physique ; elle ne réagit pas ou bien elle se réjouit de ne pas être la victime de ce phénomène de groupe jusqu'au jour où Eléonore disparaît. le roman est construit comme un thriller ; l'action se déroule après la disparition d'Eléonore et l'enquête met à jour les mécanismes qui ont conduit à l'inéluctable. Spécialiste des violences faites aux femmes, Louise Mey met en scène le harcèlement et les phénomènes de groupe qui conduisent à ne pas stopper la spirale de la violence. Dans un groupe d'adolescents soucieux de leur image sociale, de leur appartenance au groupe des pairs, le texte montre la violence sociale et les lâchetés ordinaires. L'héroïne n'est pas héroïque mais elle n'est pas non plus immorale ou amorale, elle distingue parfaitement le bien et le mal, elle sait ce qui est juste dans le monde mais les mécanismes du groupe l'empêchent de réagir. C'est le premier roman pour la jeunesse de Louise Mey et ce texte est davantage une description d'une situation de violence.
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"La sans visage" ou le harcèlement vu du côté de ceux qui laissent faire...

C'est l'histoire d'une amitié qui se termine, de personnalités qui s'affirment, de chemins qui se séparent, d'adolescentes qui mûrissent. Car Clara se rend compte que son amitié exclusive avec sa « meilleure » amie Aïssa est en train de s'éteindre.

La narratrice du roman, c'est Clara. Son point de vue exprime sa tristesse, sa colère mais aussi sa résignation face à la situation qui s'impose petit à petit à elle, lors de cette colonie sportive où elle sont parties ensemble. Clara exprime ses sentiments au fil de son amitié qui se termine avec Aïssa. Et ce qu'elle vit, comment elle se sent, a un impact sur son ressenti et son comportement en groupe pendant cette colo.

Car Clara ne nous raconte pas seulement une amitié qui se termine. Elle nous dévoile comment les hommes peuvent laisser s'installer des situations graves jusqu'à ce que le pire arrive. Comme ils restent aveugles, sourds et muets face à des actes qu'ils pourraient stopper s'ils ne pensaient pas qu'à eux et s'ils avaient parfois le courage de s'élever.

Dans la colonie, Lila et sa bande harcèle Eléonore, surnommée « Babar ». Les deux moniteurs sont trop occupés pour intervenir. Les autres ados de la colo laissent faire tranquillement en silence cet acharnement. Eléonore subit. Et Eléonore disparaît après une nuit passée à la belle étoile.
Que lui est-il arrivé ? A t-elle été enlevée ? A t-elle fugué ? Pourquoi une corde a t-elle disparu ? Pourquoi un vélo a t-il disparu ? Pourquoi retrouve t-on la chaîne d'Eléonore dans la trousse de Lila ?

Clara, à la fin du roman, après avoir trop laissé faire, après avoir trop fait semblant de ne pas savoir, après avoir ignoré, essaye de répondre à ces questions.

Ce n'est pas une enquête mais plutôt un roman psychologique, construit en chapitres courts, qui font faire au lecteur des allers-retours avant et après le jour de la disparition. On se laisse facilement embarquer et on se demande jusqu'où ça va aller et dans quel camp on aurait été. L'écriture est à la fois simple et prenante, à la fois rythmée et calme pour laisser s'installer une ambiance ambivalente.

Un bon roman noir pour les collégiens (mais aussi pour les plus grands) qui parle de la responsabilité individuelle et collective, de l'effet de groupe, de la lâcheté ordinaire mais avec heureusement des choses positives comme l'amitié et la résilience.
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critiques presse (1)
Ricochet
11 août 2020
Un roman psychologique sur le harcèlement lié au surpoids qui pointe aussi du doigt l'absence d'encadrement adéquat lors de camps d'adolescents [...] Un bon récit sur le sujet qui évoque aussi, en filigrane, le deuil d'une amitié exclusive.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
“C'est ça, voilà, je ne sais pas quand on a passé cette frontière-là. Quand c'est devenu normal de lui faire vraiment mal, de lui faire vraiment peur, ou plutôt d'essayer, puisqu'elle ne réagit pas. De pousser, encore et encore, pour obtenir quelque chose d'elle, je ne sais pas quoi. Des larmes, des supplices, un Clément d'yeux. J'ignore quand c'est devenu normal de faire ça, ou de regarder faire ça.” pg 97
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-Eléonore? (...)
Si, moi, je déteste cette colo, elle, elle doit être consumée de rage. Je n'arrive même pas à imaginer. En entendant la voix d'Aïssa, Eléonore se penche, avec un sourire timide. En voyant que je suis derrière elle, elle redevient impassible. Comme si elle quittait son visage.
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Je voulais me taire, il fallait que je me taise, je devais me taire. J’allais dire des choses, trop de choses, des choses mesquines et tristes et en colère, toutes les choses qui moisissent dans ma tête depuis qu’Aïssa a changé de collège et qu’elle m’a laissée toutes seule.
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Rien n’était normal et tout était normal. Tout ce qui était anormal avait commencé depuis le début, alors maintenant, c’était normal. Je ne sais pas comment l’expliquer.
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– Quelqu’un a vu Éléonore ? a demandé Tara.
Éléonore. Bien sûr. Je l’avais oubliée. Mais forcément. C’est compliqué de voir que quelqu’un manque quand ce quelqu’un ne manque à personne.
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Vidéo de Louise Mey
Extrait du livre audio « Petite Sale » de Louise Mey lu par Marie du Bled. Parution numérique le 24 janvier 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/petite-sale-9791035415020/
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