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Dans une réflexion aux allures de démonstration, implacablement menée, qui prolonge celle que l'on retrouve aussi, même si sous un format plus romanesque, dans Rouge impératrice, Léonora Miano imagine ici ce que pourrait être Afropea, un monde dans lequel Africains nés, ou vivant sur d'autres continents que leur terre originelle, et Européens, plus largement Occidentaux, vivraient véritablement sur un pied d'égalité, dans un élan de partage des histoires, des cultures…, et non pas dans un impératif d'assimilation occidentale, pour fonder une nouvelle existence humaine, mondiale, profondément fusionnelle et fraternelle.

Afropea, comme elle l'explique dans une première partie, après un préambule très éclairant sur son propre statut – elle n'est pas elle-même afropéenne, mais subsaharienne, puisque camerounaise – et sur le sens et le but de cet ouvrage, c'est un terme qui a pris naissance en Europe pour englober ceux d'origine africaine qui sont nés en Europe, et qui, de ce fait, ont toujours vécu dans un monde occidental qui ne les accepte pas en tant que tels. Or, pour que cette situation disparaisse, elle démontre, dans une deuxième partie, que l'on doit en finir avec l'occidentalité, qui s'impose depuis des siècles comme la seule voie à suivre, de gré ou de force, pour en arriver à un monde post-occidental, qui permettrait aux Afropéens de ne plus être confrontés au racisme systémique qui les étouffe au quotidien. Dans deux dernières parties, elle montre enfin que l'on doit dans le même temps faire de l'africanité et du panafricanisme des forces capables de passer outre le système imposé par l'occidentalité, de dépasser l'histoire qui a été conditionnée par celle-ci pour en revenir aux sources, et ainsi apporter au monde une nouvelle vision de l'Afrique, hors de cet Occident qui l'a forgée, via l'esclavagisme et/ou le colonialisme. Et c'est seulement à ce prix, pour les deux parties, qu'existera ce nouveau monde, dans lequel chacun s'acceptera dans toute son altérité, pour ne faire qu'un.

Du fait de sa grande qualité rhétorique, avec des arguments et des exemples très précis, parfaitement pertinents – que l'on soit au départ d'accord ou pas, l'on ne peut que prendre en compte la véracité de ce qui est proposé -, ainsi qu'une démonstration rigoureuse, qui sait où elle nous mène, Afropea parvient selon moi à son but : montrer qu'un autre monde est possible, si et seulement chacun fait sa part dans l'évolution de celui-ci ; j'avoue que j'aimerais, comme Léonora Miano, que cette utopie devienne un jour réalité…

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage d'une grande sagesse, qui ouvre, à mon sens, une perspective et des questionnements fondamentaux quant à l'évolution de notre société.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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Il est des livres dont la pensée s'exprime avec tant de puissance et de clarté, servie par un style dont la fluidité et la précision est un plaisir de lecture en soi, qu'il est difficile d'envisager en écrire la critique si grande est la peur d'en édulcorer les propos et la grâce. le livre de Leonora Miano est de ceux là, aussi j'ai préféré relever un certain nombre de citations édifiantes d'une part, et en rapporter une, ici, interrogation qui résonne si justement avec l'actualité des décisions qui se prennent dans notre pays.
« La planète n'a pas besoin de nous. Ce que nous exprimons à travers la question de l'écologie, c'est le souci que la terre nous reste habitable. Quel intérêt, dans le fond, si les rapport de domination et de spoliation perdurent ? Si le refus de reconnaître son humanité dans celle de l'autre persiste ? Les relations entre peuples, entre communautés, la manière dont l'histoire coloniale peut enfin être dépassée, sont donc des questions cruciales à aborder dans les sociétés concernées mais aussi les autres, qu'elles continuent d'influencer et avec lesquelles elles ont le monde en partage. » P62,63
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Pas toujours facile à lire mais point de vue intéressant qui permet de se décentrer des revendications identitaires, du communautarisme d'une importante partie des afrodescendants.
L'auteure interroge la notion d'Africain, inventée par les occidentaux mais qui n'est pas une identité. de même que la notion de noir pour définir quelqu'un.
Dans la dernière partie du livre, l'auteure propose des solutions pour construire ensemble le monde du 21° siècle, au-delà du racisme.
J'ai été un peu déboussolée par la construction de l'essai : peu de chapitres, texte écrit d'une traite, j'ai eu du mal à trouver un plan.
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"L'Occident n'est pas dans l'Ouest, ce n'est pas un lieu, c'est un projet." Edouard Glissant.

Dans la lignée de cette phrase citée en introduction du livre, Afropea offre une riche réflexion sur l'occidentalisation du monde, les deux poids deux mesures sur les questions raciales en Europe (et surtout en France) et ce que pourrait être un monde post-occidental, dans lequel les Afro-descendants seraient réellement inclus dans l'identité nationale. Un monde où d'autres sensibilités, d'autres cultures et d'autres géographies pourraient dessiner les contours de l'avenir du pays - un avenir décolonisé, débarrassé de la volonté occidentale de soumettre et dominer.

Si Léonora Miano pèche parfois en faisant quelques généralisations et répétitions, et que l'essai n'est pas très structuré, il regorge de pépites et de matière à réfléchir, le tout servi par une plume fluide et efficace. le genre de livre où on prend des notes.
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« Afropea » est un mot crée au début des années 90 par le musicien David Byrne, cofondateur du groupe Talking Heads (p.47). Les individus Afropéens sont définis comme étant des personnes d'ascendance subsaharienne établi dans un pays Européen. Cet essai utopique vise à travers cette union des continents à unir et inclure tous les êtres humains.

Profondément humaniste, se livre montre toute la volonté de créer un nouveau monde ensemble. Un monde dans lequel la notion de domination entre sociétés n'existerait plus. Un monde qui s'affranchirait de la conception racialiste des discours identitaires. Cet espace serait construit par un maillage humain issu de de l'ensemble des minorités. Les individus qui vivent en situation de minorité ne se voient souvent nulle part et construisent leurs sensibilités et manières d'habiter différemment.

Cet essai lumineux et passionnant est détaillé par un grand nombre d'arguments et d'exemples précis qui apportent une réflexion sur la construction de l'identité sociale et culturelle des individus. Je suis sous le charme de cette écriture et désireux de découvrir ses romans.
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J'ai été un peu déçu par le livre, j'appréciais beaucoup les différentes interventions de Miano à la radio avec une approche qui me semblait originale et assez fine.

L'ouvrage lui varie entre assertions sans démonstrations et des propositions qui m'ont semblé intéressantes.

Par exemple la partie sur les français à l'étranger - qui postule qu'ils ne parlent que entre eux, n'envoient leurs enfants que dans les écoles françaises… - Bon, pas de preuves, pas de données, pas de démonstration ; et surtout, une généralisation hâtive qui me semble préjudiciable et aller contre d'autres propos dans le même livre. Je prends cet exemple, mais le livre en comprend d'autres de ce type.

Autre regret : le manque de structure du livre, qui rend parfois peu compréhensible les propos.

Au contraire, j'ai apprécié les parties sur les propositions et les réflexions, sur le retour à l'idée de la Négritude, sur la nécessité de sortir de la lecture racialiste du monde et de la domination occidentale des esprits. Dans ce cens, le concept proposé d'Afropea me semble assez fertile, afin de faire collectivement un pas de côté et reconstruire autrement.
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Leonora MianoAfropea
"Les Afropéens sont ceux par lesquels l'Afrique et l'Europe fusionnent dans un projet fraternel anti-impérialiste et anti-raciste" (Note de l'auteur)
Alors que se dessine la nouvelle carte géopolitique du monde, il est intéressant que Leonora Miano, une subsaharienne qui a fait ses études en France, nous partage ses impressions. Entre ceux qui sont restés en Afrique et les autres qui se sont formés en Europe.
Au départ d'Afropea, David Byrne veut mesurer l'influence des cultures africaines sur la sensibilité européenne. Il reconnait que la rencontre entre les peuples n'a laissé intacte aucune des parties.
AU I9°s. .les Européens, avec l'accord de Berlin se sont mis d'accord pour partager entre eux l'Afrique subsaharienne, en imposant leur style de vie, leurs valeurs, l'accidentalité.
Ce faisant ils ont détruit la culture, les religions, les valeurs, le savoir-faire de ces pays qui sont devenus dépendants et minoritaire dans leur propre pays.
Non content de piller leurs richesses naturelles, ils ont oublié qu'avant la colonisation le Subsahariens étaient les héritiers de royaumes plus riches et développés.que l'Europe
Le projet d'Afropea est d'établir un partenariat à égalité avec l'Europe, ce qui relève de l'utopie de quelques chercheurs mais préfigure l'avenir.
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