Stardust en anglais veut dire "Poussières d'étoiles".
Dans son avant-propos,
Léonora Miano écrit :
"
Stardust est le premier roman que j'aie composé dans l'intention de le faire publier. Ecrit il y a plus de vingt ans, il relate un moment marquant de ma vie, cette période au cours de laquelle je fus accueillie dans un centre de réinsertion et d'hébergement d'urgence du 19ème arrondissement de Paris. J'étais alors une jeune mère de vingt-trois ans, sans domicile ni titre de séjour. "
Ce récit est haletant et bouleversant. Haletant, parce qu'on a envie de savoir la suite de l'histoire. Comment
Léonora Miano, qui est Louise dans le livre, va t'elle se sortir des griffes de la misère, alors qu'elle est complètement seule avec sa fille Bliss ? Bouleversant, parce qu'on pénètre dans le système de l'aide aux sans abris. C'est un système qui fonctionne avec de l'argent public, des travailleurs sociaux et un personnel qui appliquent chacun à leur niveau les directives de l'Etat. Un établissement qui gère "l'urgence" est-il obligé d'être synonyme d'entassement d'individus, de manque d'hygiène, de manque d'humanisme ? C'est un questionnement qui traverse le livre et qui ne s'arrête pas quand le livre se referme à la dernière page.
Nous sommes dans
les années 1990.
Léonora Miano raconte sa descente aux enfers dans un pays civilisé, la France. Auparavant, il y a le compagnon qu'elle est obligée de quitter alors qu'elle est étudiante mais aussi enceinte. Puis, il y a son statut d'étudiante camerounaise qui ne peut pas prétendre aux mêmes droits dont disposent les françaises quand elles attendent un enfant. Louise va donc devoir se débrouiller seule à Paris parce que rentrer au Cameroun, ce serait le déshonneur de revenir seule avec un enfant. Les dés sont jetés, le destin de Louise est tracé.
D'abord il y a la chambre louée chez un marchand de sommeil qui aurait bien aimé se faire payer en nature. On le sait, la pauvreté attire les profiteurs, le vice et la violence. Il faut se sortir de la misère mais comment ?
Léonora Miano nous raconte son parcours de combattante dans un milieu hostile, une jungle urbaine en plein Paris, le centre d'hébergement et de réinsertion sociale rue de Crimée. Un monde de femmes en grande précarité, c'est un monde sans humanité aucune. Comme nous explique Louise, en France les droits de l'Homme, on les aime écrits sur du papier. On peut rajouter que dans ces univers de femmes, le mot sororité n'est qu'une définition.
"Tout ce qu'elle comprend, c'est que sur la rue de Crimée comme dans le pays tout entier, les mondes se côtoient sans pour autant se mêler. Des communautés se sont formées. Avec leur langues. Leurs rituels ancestraux. La France est une et indivisible est multiple. Même dans l'Hexagone." Extrait p.47
Louise est une je
une femme qui a suivi des études, qui aime la littérature et la musique. Tout son récit est parsemé de références musicales et littéraires. Elle est différente des femmes de Crimée. Cette conscience d'être différente, les femmes de Crimée le ressentent aussi. Etre acceptée dans ce lieu lui sera impossible.
On pourrait croiser ce livre avec un des livres d'
Annie Ernaux "
la Place" qui raconte dans d'autres lieux et à une autre époque, son histoire de "transfuge de classe".
Léonora Miano est devenue une immense écrivaine qui a refusait les étiquettes et construit une oeuvre importante reconnue en France et dans le monde entier.