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336 pages
Le Cerf (27/02/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
Comment affronter la vie quand on ne perçoit ni les formes ni les couleurs ? À quelles difficultés un aveugle de naissance est-il confronté ? Est-il possible – ou même souhaitable – de vivre « comme tout le monde » quand on ne partage pas ce que tout le monde voit ?

C’est à un voyage bouleversant que nous invite ici Vincent Michel. Un voyage inouï de courage et de beauté. De sa naissance en 1950 dans la région du Gard, à celle de ses quatre enfants, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après avoir refermé son livre « Croire sans voir », ma première remarque spontanée fût que Vincent MICHEL pouvait être fier de lui. A double titre. Pour la qualité du texte d'une part ; et d'autre part, l'exemplarité de son parcours. J'avoue avoir été submergé d'émotion et d'admiration à la lecture de l'histoire de cet homme.
J'y ai ressenti pleinement l'appétit de vie de l'enfant (merveilleusement exprimé par le dessin de la couverture), l'enthousiasme indéfectible et la persévérance dans l'effort de l'étudiant (cf page 163 : « Colère , rage. Je ferai une thèse ! »), et bien sûr l'exaltation de l'homme engagé.

Un mot sur le titre : quand on referme le livre, on trouve une beauté particulière à la référence biblique du titre, référence développée à la page 224 où l'auteur sublime la démarche de croire avec cette acuité précieuse du regard absent.

L'écriture est riche, imagée, spirituelle. Les mots sont justes, à leur place. Les phrases coulent avec grâce, sans lyrisme envahissant, parsemées de touches poétiques heureuses et d'allusions littéraires ( page 48 : le bureau de travail dans la Tour de Montaigne, au grenier) et musicales ( page 127 : ... « à toi Ludwig, qui a sublimé dans ta musique le vertigineux des tempêtes affrontées » ) qui, personnellement, ont touché mes cordes sensibles.

L'enchaînement des chapitres est parfaitement mené. le rythme des étapes est fluide et vivant. le récit chronologique s'arrête page 221 par une note finale qui résonne comme un plaidoyer lumineux pour la cause des aveugles.
Je pense que ces pages (221 à 233) constituent le sommet de l'ouvrage où, dans une espèce d'apothéose sertie de convictions, Vincent MICHEL livre une analyse pertinente, lucide et argumentée, de la condition des aveugles, appelant les uns et les autres, voyants et non voyants, à se rencontrer.

J'y ai perçu un accent de colère face à ce qui est vécu comme une injustice, une « discrimination à coup sûr » : la difficulté matérielle d'accéder au Livre, à la lumière de « l'univers des mots écrits ».
J'ai trouvé judicieuse l'idée de convoquer Homère, Ray Charles et Jacques Lusseyran pour affirmer que nombre d'esprits privés de vision n'en sont pas pour autant privés d'une subtile sensibilité aux arts, de la marque du génie, et, concernant le dernier cité, d'une grande noblesse d'âme.

Page 230, l'auteur dessine quatre belles images bucoliques et sensuelles, gorgées d'un bonheur de vivre rayonnant : le bruit de la source, les parfums de Provence, la caresse des doigts sur la peau, les senteurs du vin. Une suite poétique sensitive dont la chute claque à l'oreille des voyants comme une leçon de vie : pour goûter ces plaisirs simples, « il faut savoir fermer les yeux » ; sous-entendu, ces plaisirs simples qui illuminent nos jours, nous, les aveugles, les connaissons bien mieux que vous sûrement (ceci renvoie à la page 226 : « la clé de l'incompréhension loge par ici » ).

Les mots de la page 232 sont admirables. Ils couronnent le chemin de l'auteur d'une manière touchante et transcendent sa supplique ( « Regardez nous » ). Lorsqu'il écrit la dernière phrase de ce chapitre ( « c'est le chemin que j'ai choisi pour servir la cause des aveugles » ), tout est limpide dans le coeur du lecteur attentif et ému que je suis.

Dans les premières pages de son livre, Vincent MICHEL parle de son enfance.
Moi-même enfant de la campagne, grandi à l'ombre d'un clocher de village et des figures tutélaires d'un brave instituteur et d'une grand-mère vénérée, je ne pouvais rester insensible au bruit du vent et aux senteurs mêlées des confitures, des cèpes et des épices dans le boudin.

Page 49 : avec quelle élégance de style l'auteur célèbre la vie du mas ! Et avec quelle pudeur il évoque le malheur !

Dans les pages 77 à 92( « Cécités »), pour raconter l'histoire de la fratrie, il a su trouver les mots justes ; et le récit qu'il nous livre, sans effusion de larmes, est poignant.

Vient ensuite le chapitre de la vie en institution.
Page 124, il y a cette dernière phrase sibylline : « les soutanes noires, le cauchemar...... c'est surtout ce qu'elles font ». Mais pourquoi donc à cet endroit ai-je dessiné de gros points d'interrogation ,

Le récit chronologique se termine page 233.

Viennent ensuite deux chapitres magnifiques, « L'intime » et « Convictions », fondamentaux d'après moi en ce sens qu'ils contiennent tout ce qui, on le devine, anime cet homme, le porte et fait sa raison de vivre.
C'est avec beaucoup de pudeur et de délicatesse qu'il introduit le lecteur dans l'écrin intime de son foyer.
Page 241 : les aléas de « la navigation conjugale » : belle métaphore maritime !
Page 248 : arrivée de Claire (premier enfant). « Je ne vois pas son visage. Je ne le verrai jamais ». Mais grâce à ses autres sens en éveil, il s'empare de ce petit corps, comme d'une offrande bénie. Un moment fort, magnifiquement restitué.
Page 252 : la mort de sa maman. Autre moment bouleversant de tendresse, où l'auteur rend à sa mère le plus beau des hommages en lui donnant la parole pour un dernier mot évangélique : « Vincent, il faut vivre avec les vivants ...... Continuez à vous aimer ».

Place ensuite, et pour finir, aux nobles convictions.

Dans le coeur et la mémoire des siens et de celles et ceux qui l'auront connu, le livre de Vincent MICHEL marquera sa précieuse empreinte et brillera comme un cadeau.
Aux autres, il apportera, c'est certain, un sublime message d'espoir, qui résonnera comme une injonction : Aimez la Vie !
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C'est le livre d'une vie.
Tout humain pourrait raconter la sienne, dans ce qu'elle a de créatif, de sain, de droit, de juste, de beau, de vrai, … ou de difficile.
Toute vie humaine, dans ce sens, est exemplaire, et digne d'attention et d'intérêt.
Pour autant, on ne peut pas passer sa vie à contempler celle des autres. Il faut donc bien que nous acceptions, pour beaucoup d'entre nous, de consentir à ne pas écrire notre autobiographie. Il faut bien aussi que nous sélectionnions drastiquement celles qu'il est bon de lire, pour nous, à tel moment de notre propre vie.
Vincent Michel a fait le choix d'écrire son parcours. Il a bien fait. Pour lui. Pour nous. Car sa vie mérite, un peu plus que d'autres vies, d'être racontée et lue.
Le titre de son livre pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un livre de Foi. Or cette dimension n'apparaît véritablement qu'au dernier chapitre, à « juste titre » d'ailleurs, parce que les combats que Vincent a menés ont certainement puisé leur force dans le « je crois en toi, mon Dieu » qui conclut le livre. Et que ces combats, d'un autre côté, trouvent leur sens dans ce « croire ».
Je connais Vincent depuis 45 ans. Et je peux témoigner de la Force, de la Joie, de la Ténacité et de la Volonté qui, de bataille en bataille, contre le handicap, contre la perversion, contre les préjugés, contre le mensonge, contre l'ambition, contre la bêtise, l'ont conduit jusqu'au Col. de là, il peut aujourd'hui se retourner, admirer le chemin parcouru, et s'en satisfaire. Il peut aussi décider d'attaquer le sommet qui le domine encore. C'est sans doute ce deuxième possible qu'il a choisi, et déjà entrepris. Car dans le domaine du « croire », on ne peut pas s'en « tenir là ». Grimper, toujours grimper.
Le livre de Vincent raconte ces combats. Il dit aussi les valeurs transmises par la famille, fondations indispensables. Il nomme ceux et celles qui, comme en toute vie, ont été là, au bon moment, pour passer les caps difficiles ou tout simplement pour aider à aller de l'avant, un certain Papet Justin, un certain père Côte, un certain Georges Frêche, … et Régine.
Un livre se doit d'être littérature, et bien écrit. Justement, Vincent pratique la « belle langue », à l'écrit aussi bien qu'à l'oral. C'est un vrai plaisir de le lire.
Si vous traversez des moments difficiles, si vous vous croyez enfermés dans une certaine destinée, si vous manquez de courage, si vous avez peur, mais aussi tout simplement si vous aimez la vie, vous pouvez sans état d'âme vous laisser tenter par ce livre, presque aveuglément.
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Lors d' une interview télévisée donnée sur Viaoccitanie, l'auteur a eu ces mots « J'ai essayé de parler ma langue. » C'est là une vraie richesse de ce premier livre, entre témoignage et récit : une langue originale et sincère, qui fait entrer le lecteur dans l'expérience d'un regard singulier. le « sans voir » du titre, fait référence, notamment, à la cécité, et justement dans cette langue de l'auteur, l'attention dédiée à tout un éventail d'indices sensoriels construit des scènes à fort pouvoir évocateur : parfums, palpations délicates, topographie en mouvement et véritables tableaux sonores. Très présentes dans la première partie du livre, consacrée à l'enfance provençale au sein d'une famille vigneronne, ces évocations ont une grande force poétique. D'autres thèmes sont ensuite abordés : les années dans un internat hostile, la fin d'un certain monde rural, le temps de l'université et mai 68, l'engagement professionnel dans le domaine social, à Montpellier, auprès de Georges Frêche, quelques grands chantiers associatifs. Un récit ancré dans le concret, une réflexion ouverte et nuancée, sans doute marquée par la formation d'historien. Quant à la foi, évoquée par le titre et explicitement abordée dans le dernier chapitre, elle trouve aussi un sens élargi dans l'ensemble du livre, qui est animé par une foi vitale, solaire : un regard qui choisit la confiance, l'engagement, et qui réconforte par sa chaleur.
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"Croire sans voir" de Vincent MICHEL est un récit de vie, une vie riche d'expériences, un parcours personnel et cependant tourné vers les autres. V.Michel nous raconte son enfance paysanne dans une large famille aimante.Aveugle de naissance, son rapport au monde se construit par des expériences sensorielles , affectives: une langue précise, évocatrice rend ces souvenirs d'enfance très émouvants. La biographie décrit aussi les entreprises et combats d'un militant social ( et socialiste), menant jusqu'au succès d'audacieux projets au service des personnes handicapées. Comme l'indique le titre, V.M évoque aussi son rapport à la foi, porté par la confiance en soi, en l 'être humain et en la transcendance divine.Un enthousiasmant hymne à la vie!
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