En effet, la ville ayant besoin d'un peintre officiel, Van der Weyden obtint la préférence. A quelle époque? On ne le sait pas précisément, mais ce fut
avant 1436, comme le prouve un acte dont nous parlerons tout à l'heure. Les conditions que lui offrit la régence nous sont connues. Le traitement annuel de ceux qui exerçaient une fonction publique ou municipale, en Brabant, se composait alors d'une quantité plus ou moins grande d'étoffe, dans laquelle ils faisaient tailler leurs vêtements de cérémonie. Van der Weyden recevait chaque année un tiers de drap, terme qui désignait probablement le tiers d'une pièce; les maîtres ouvriers, dirigeant la maçonnerie, la menuiserie et les différents travaux, en recevaient un quart, c'est à dire un nombre d'aunes moins considérable. Ceux-ci portaient leur manteau sur l'épaule gauche, le peintre en couvrait son épaule droite. L'étoffe qu'on leur partageait sans distinction ne valait pas celle que l'on donnait aux magistrats, au changeur, à l'avocat, au pensionnaire, au médecin, au chirurgien, aux secrétaires et aux clercs ou greffiers de la ville.
Pour le retable de Beaune, dont on a voulu faire honneur à Van der Weyden, il n'a aucun rapport avec sa manière. Il la dépasse comme le génie dépasse le talent : la main puissante des Van Eyck l'a marqué de leur empreinte, y a tracé leur nom en lumineux caractères.
C'est donc entre la date de 1432 et celle de 1436 que Van der Weyden termina, dans l'atelier de Jean Van Eyck, son éducation d'artiste, comme dans une école supérieure.