Karelina, une jeune fille belge, va se marier à un colosse qui n'hésite pas à utiliser de ses poings pour faire régner sa domination. N'en pouvant plus de cette violence, Karelina décide de fuir chez sa tante et son oncle, ce dernier, écrivain. Ce changement va bouleverser sa vie.
J'ai mis du temps à m'immerger dans le récit, l'histoire outre le fait qu'elle prend un peu de temps à s'implanter, installe une esthétique campagnarde et agricole, puis celle d'un port industriel dont je ne suis pas forcément friande. Les descriptions fournies et précises accentue cette esthétique, et dont mon inintérêt. J'ai même eu l'impression d'être au début de "La Fortune des Rougon" de
Zola, avec sa description de village, de ses gens. Outre cela, l'auteur pose le contexte social flamand et traite leur exode vers la France pour le travail entre un terre flamande perdant de qualité, un salaire meilleur en France et le besoin de main d'oeuvre flamande : peuple plus robuste pour le travail du lin. Néanmoins, à partir de la moitié du récit et jusqu'à la fin, l'auteur étend son territoire, ses descriptions, à tel point qu'à la fin de la lecture, nous avons eu l'impression de voyager alors que nous sommes restés dans le territoire flamand. Nous voyons pleins de paysages et saisons différentes : les champs de lin et l'écrasante chaleur, la mer et les ports, l'hiver emprisonnant l'eau de glace... Cela dynamise l'univers et rend la lecture agréable !
Néanmoins, plus l'histoire avance, plus les enjeux se mettent en place, le récit se dynamise grâce aux personnages. On entre dans une ambiance violente à travers des jeux animaliers cruels, la méfiance et le comportement violent des hommes, notamment celui de Gomar. J'ai été surprise plusieurs fois par l'histoire, mais si certaines accélération du récit par l'auteur m'a un peu gênée et laisser une impression de manque de développement.
On apprend à apprécier et à connaître petit à petit les personnages, on découvre deux femmes qui restent fortement liées à un seul homme dont elles ne peuvent se détacher. Les personnages sont tous emprunts d'une certaine mélancolie, et cette sensation s'accentue à la fin. Celle qui m'a fait le plus de peine n'était étrangement pas Karelina, mais sa tante, Wilfrieda. Elle est l'incarnation de la femme dévoué, amoureuse de toute son corps et de tout son âme. Elle ne vit qu'à travers son mari, effacée comme si elle n'existe pas en tant qu'être à part entière. Ainsi, elle a tout donné, a fait preuve d'une grande abnégation, et à tout perdu. Sa fidélité surpasse même la mort. J'ai beaucoup aimé son mari, van Bergen, un homme droit et loyal, bouillonnant d'émotions et d'espoir. Il est le pilier du récit et des autres personnages. Quant à Karelina, c'est une jeune fille qui gardera son innocence jusqu'à la fin. Et qui a parfois, trop d'entêtements, résultant sur certains choix qui nous laissent agacés. J'ai aimé le fait de découvrir ces personnages au fur et à mesure, de les voir agir au fil des événements qui viennent bouleverser leurs vies.
Concernant la fin, sur le papier elle conclue bien le livre et ce lien si spécial qui lie Karelina et Wilfrida, mais en même temps, nous sommes frustrés de ne pas savoir en détail ce qui se passerait après, si ces femmes empreintes de chagrins et de fardeaux arriveront à trouver une parcelle de bonheur dans la continuité de leurs vies...
Pour conclure, une histoire qui prend du temps à s'installer, mais qui se développe en intensité au fur et à mesure de la lecture. le livre et ses personnages nous surprennent, autant par leurs choix influençant les événements, que leurs personnalités impactant l'atmosphère. Une lecture qui au final m'a agréablement surprise.