Une autre preuve du développement que prit dans les Pays-Pas, au quatorzième siècle, la peinture proprement dite, c'est qu'on y voit les princes attacher à leur cour des peintres officiels. Un nommé Jean de Hasselt en remplissait les fonctions, dès l'année 1378, près du comte de Flandre Louis de Male, et recevait tous les ans vingt livres de gros. Il exécuta pour ce prince une image de Notre-Dame sur étoffe. Le premier duc de Bourgogne, qui régna dans les provinces flamandes, lui conserva son titre et sa position.
Hubert van Eyck, ne fût-ce que pour gagner sa vie, dut se conformer aux habitudes de l'époque. Mais, selon toute vraisemblance, Maeseyck ne renfermait point de guilde, où les peintres fussent reçus. Il ne pouvait trouver une compagnie de ce genre qu'à Maestricht ou à Liége, et à métropole ecclésiastique formant alors une ville considérable, pleine de commerce, d'industrie, de luxe et d'activité, la logique porte à croire que le jeune Hubert van Eyck entra dans une corporation liégeoise.
Quelle ville habitaient les frères Van Eyck, pendant qu'ils excitaient l'admiration du monde par les travaux supérieurs, que nous venons de décrire et d'apprécier? Jean de Bavière, le prince laïque installé sur le trône épiscopal de Liége, ayant nommé le cadet son peintre officiel, il semble que la famille devait résider au bord de la Meuse. Mais rien ne le prouve.
La peinture proprement dite, la peinture de tableaux, avait pris dans les Pays-Bas, au quatorzième siècle, un développement beaucoup plus considérable qu'on ne l'a présumé jusqu'ici. Divers incidents, une coutume princière et quelques textes donnent lieu de le penser : des faits positifs corroborent cette induction, la changent en certitude.