Auteure de bandes dessinées et dessinatrice pour Charlie Hebdo depuis dix ans, Catherine Meurisse a vécu le massacre du 7 janvier comme une tragédie personnelle, qu'elle a raconté en détail dans le bouleversant La Legereté, un roman graphique paru en début 2016. Une oeuvre magnifique dans laquelle elle rend hommage à la culture, et à « cette légèreté indispensable de l'être », qu'il faut s'efforcer de conserver après la tragédie.
Dans un ambitieux roman graphique qu'elle avait initié avant le massacre de Charlie Hebdo, mais qui ressort dans une très belle nouvelle édition publiée aux éditions Sarbacane, elle change de registres en s'interessant aux p etites histoires de grandes amitiés entre peintres et écrivains.
La passerelle entre deux arts majeurs que sont la peinture et la littérature. s'apellent le Pont des arts.
Catherine Meurisse a la bonne idée de l'emprunter dans sa dernière BD et nous amène dans une jolie promenade d ans l'histoire de l'art, en ressortir des anectodes véridiques, et les raconter de façon très ludique.
Des relations parfois passionnées parfois orageuses, entre les écrivains et leurs alter-ego les peintres se découvrent au fil des pages de cette BD aussi ludique qu'érudite : Diderot et Zola, Proust et Balzac, Théophile Gautier, Baudelaire dialoguent ainsi à travers leurs oeuvres face à Vermeer, Manet, Gustave Moreau ou Paul Cézanne.
Ce petit cours d'histoire de l'art drôle et pédagigique est à recommander pour tous ceux qui veulent s'instruire sous un angle inédit et plus léger qu'à l'accoutumée.
Le Pont des Arts nous raconte la rencontre entre la peinture et la littérature du XIXe siècle au début de XXe. Jusqu'à lors, ces deux arts se tenaient à distance, mais avec le romantisme, les différents Arts se sont rapprochés. Catherine Meurisse nous le raconte sous forme d'anecdotes, de citations, avec quelques digressions humoristiques, et un style parfois iconoclaste. C'est une suite d'histoires, en quelques pages, tournant autour d'un auteur, d'un peintre, d'un petit groupe, à différentes périodes. Il y a quelques beaux moments : ceux où les citations sont mises en situation, avec quelques belles réflexions que cette période à favorisé. Mais l'ensemble reste assez anecdotique, on sent un coup d'essai que Catherine Meurisse concrétisera plus tard avec plus de profondeur dans son “Delacroix”.
Avec "le pont des arts" Catherine Meurisse évoque les liens entre peinture et littérature à travers diverses saynètes mettant en scène des écrivains célèbres discourant sur les grands peintres. Ainsi Baudelaire étrille Millet avant de s'enthousiasmer pour Delacroix, George Sand et Théophile Gautier taillent un costard à Ingres, Apollinaire et Picasso ont des sueurs froides lorsque la Joconde est dérobée, etc ...
C'est très érudit, c'est très drôle, le dessin est très plaisant mais je sais déjà que je ne retiendrai pas grand chose de ma lecture. Les sujets abordés ont beau être passionnants, le traitement trop rapide, trop axé sur une outrance un peu fofolle ne permet pas à ma petite tête de retenir les informations et de s'imprégner du propos.
Reste une lecture très sympathique et l'envie de voir ou revoir les tableaux évoqués.
Challenge B.D 2017
Je n'ai pas du tout accroché à cette bande-dessinée qui est une recueil de petites histoires illustrant des amitiés entre peintres et écrivains, le tout avec l'humour pas toujours très subtil de Catherine Meurisse et ses dessins assez caricaturaux.
En fait, il n'y a pas une vraie histoire (ou plusieurs vraies petites histoires) mais une suite de sketches assez décousus mais bourrés de références artistiques (peinture, littérature, etc)
J'ai survolé la seconde moitié du livre tellement je n'étais pas dedans...
Je ne sais pas si à l'issue de la lecture de cette bande dessinée je saurai sans l'ombre d'un doute distinguer un chef-d'oeuvre d'une croûte (tous les goûts ne sont-ils pas dans la nature ?), mais une chose est sûre : j'ai pris beaucoup de plaisir à cette promenade artistique proposée par Catherine Meurisse.
L'auteur propose ici son musée idéal, elle sélectionne les peintres qui ont marqué leur époque et pour en parler fait interagir des écrivains célèbres, forme de clin d'oeil à l'une de ses précédentes bandes dessinées "Mes hommes de lettres".
C'est extrêmement drôle, il y a des jeux des mots, ainsi Diderot s'adressant à son valet : "Arrêtez d'être fataliste, Jacques, c'est usant à la fin !", des phrases cinglantes telle celle de George Sand : "Le problème c'est que, quand un tableau accuse une paralysie mentale à ce point, je ne peux m'empêcher de déplorer l'erreur du maître.", le mystère sur la Joconde est résolu (ou pas) par un gardien : "Si vous croyez vous adresser à une demoiselle, vous vous gourez. Vingt ans que je suis ici, vingt ans que je dis que cette bonne femme est un homme.", Emile Zola se désespère quelque peu de l'incompréhension des personnes de son époque : "Un chat. Noir. Ca les fait rire. Ah bien sûr, vous n'avez pas perdu votre journée, quand vous trouvez un chat. C'est la seule métaphore sexuelle que vos pauvres cerveaux de frustrés puissent comprendre.", tandis que Charles Baudelaire s'enthousiasme pour le génie de Delacroix : "Pas hautain. Supérieur à nous tous. Retenez bien ça : Delacroix est le plus suggestif de tous les peintres ... celui dont les oeuvres rappellent à la mémoire des sentiments et des pensées poétiques qu'on croyait enfouis pour toujours dans la nuit du passé.".
J'ai en tout cas souri voire ri par moment et ce, du début à la fin, ce fut donc un très bon moment de lecture.
Il y a aussi d'autres phrases plus profondes, plus sérieuses : "Le génie de l'artiste peut certes être comparé à une difformité du cerveau, à une folie, mais c'est croire alors que la perle est une infirmité de l'huître !", quelques vérités énoncées sur des peintres qui auront eu du mal à percer : "Longtemps incompris et méprisé, Cézanne connaîtra le succès sur le tard. Ses "ratés" ouvriront la voie ... au cubisme. L'art a ses raisons que la raison, heureusement, ne connaît point.", en somme, cette bande dessinée est un condensé fort agréable d'art, qu'il soit littéraire ou de peinture.
C'est ludique et à aucun moment barbant, c'est écrit de façon intelligente, sans chercher à donner une leçon magistrale et cela convient quel que soit le niveau de culture du lecteur.
J'ai particulièrement apprécié l'articulation que fait ressortir l'auteur entre les peintres et les écrivains, généralement ces deux formes d'art sont présentées séparément or, elles sont liées l'une à l'autre.
Le graphisme relève de la caricature mais cela ne m'a aucunement dérangée, je trouve même que cela colle parfaitement avec le ton de cette bande dessinée.
L'index en fin d'ouvrage des personnalités croisées dans le récit est bienvenue et complète à merveille celui-ci.
"Le pont des arts" est un album plein de fraîcheur et d'humour, qui se lit avec beaucoup de plaisir, servi par la plume caricaturale de Catherine Meurisse, et qui permet de revisiter de façon ludique les classiques de la peinture française.
Delacroix : "Le reflet. Bon. Donne-moi ce coussin bleu et ce tapis rouge, là-bas.
Place-les côte à côte.
Tu vois, grand bêta, là où les deux tons se touchent ils se volent l'un l'autre.
Le rouge devient teinté de bleu, le bleu teinté de rouge, et, au milieu, le violet se produit.
Tu peux former dans un tableau les tons les plus violents : donne-leur le reflet qui les relie et tu ne seras jamais criard.
...
C'est simple comme bonjour. C'est de la chimie.
Le reflet, c'est bien joli, mais le relief ?
Le reflet ne se sépare pas du relief, comme la ligne -ou le contour, si vous voulez- ne se sépare pas du modèle.
Le peintre Gustave Courbet vient combler l'attente de Gautier en présentant, en 1850, un enterrement à Ornans. Le sujet de cette toile, une "anecdote populaire'" s'étale sur six mètres par trois.
Pour le public bourgeois, c'est un coup de tonnerre.
Mais ce qui les terrorise le plus n'est pas la représentation de ploucs en 16/9ème... c'est la fosse, peinte au premier plan, qui semble leur dire... AU SUIVANT !!
"J'aime beaucoup ces hommes qui se laissent enfermer la nuit dans un musée pour contempler à leur aise, en temps illicite, un portrait de femme qu'ils éclairent au moyen d'une lampe sourde. Comment, ensuite, n'en sauraient-ils pas de cette femme beaucoup plus que nous n'en savons ?"
Émile Zola : "Il est impossible que Manet n'ait pas son jour de triomphe, et qu'il n'écrase pas la médiocre. Les grands tempéraments seuls dominent les âges.
Manet s'attaque directement à la nature, remet l'art en question, cherche à créer de lui-même et à ne rien cacher de sa personnalité : c'est là son génie."
Sur une rive, la littérature, sur l'autre, la peinture.
Entre les deux, un pont qu'empruntent les écrivains et les peintres, fascinés par la beauté d'une toile de l'un, puisant l'inspiration dans un roman de l'autre.
Voici quelques petites histoires de grandes amitiés entre les arts.
Orgueil et ..., de Jane Austen ?