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3,2

sur 76 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
N'en déplaise à certains, il y a deux genres littéraires à l'influence majeure si on veut comprendre le monde. le roman noir qui donne une photographie de nos sociétés et de leurs dérives, la SF pour extrapoler notre futur depuis cette photo.

La cité de l'orque est un thriller dystopique qui nous plonge dans un 22ème siècle où les États tels que nous les connaissons n'existent plus. Les dérèglements climatiques ont brouillé les cartes et les hommes ont terminé de semer le chaos. Loin des zones côtières submergées et des déserts intérieurs, d'immenses villes flottantes ont été construites. Qaanaaq est l'une d'elle, au large du Groenland.

Voilà bien le genre de roman qui avait tout pour m'emballer : un univers proche, post-apocalyptique. Des thématiques qui résonnent directement à nos oreilles actuelles.

Verdict : j'ai été aussi transporté que je l'espérais. La 4ème de couverture parle d'une ambiance à la Blade Runner, c'est vrai qu'on retrouve des similitudes dans l'esthétisme, je vois ça comme un vrai hommage. Et j'ai retrouvé dans ce livre ce que j'apprécie tant chez mes auteurs préférés du genre. Lanceur d'alerte comme un Paolo Bacigalupi, humaniste comme un Robert-Charles Wilson.

Sam J. Miller se définit comme un activiste et un agitateur professionnel, en dehors d'être écrivain. Cela se ressent dans son texte, même si sa manière de faire est subtile et intelligente, sans être donneuse de leçons.

Il pose un contexte et une atmosphère qui mettent en perspective les dysfonctionnements actuels par le biais de la fiction dystopique. Et ça fonctionne.

La cité de l'orque est un roman aussi divertissant que poussant à la réflexion. Sans oublier ce qui, pour moi, est essentiel dans un récit, l'aspect humain.

Qaanaaq est une cité du froid. Imaginez une plateforme pétrolière démesurée, aux contours fixes, surpeuplée. L'auteur américain dit pourtant s'être inspiré de New York, ce qu'on comprend aisément. Les conditions de vie sont difficiles, la pauvreté y est endémique, et l'écart entre les riches et les indigents y est une transposition extrême de ce qu'on connaît déjà. Ce sont les propriétaires de logements qui règnent en maître. La ville est gérée par des logiciels, quand les riches ne s'occupent que d'encaisser.

Le roman parle de nous, maintenant, en nous projetant dans un futur hypothétique mais parfaitement crédible. Il parle de notre manière de ne pas regarder les problèmes en face, de ne pas comprendre que ce qui se déroule ici et maintenant aura de terrible répercutions.

L'histoire est foisonnante d'idées qui mettent en belle évidence le lien inextricable entre les comportements et les répercutions (les changements climatiques accentuent la lutte des classes et poussent encore davantage au chaos, etc.).

Les riches thématiques sont à examiner avec une vision globale : environnemental, social, politique, économique, philosophique… Quand Miller parle de réfugiés, la problématique de son siècle prochain n'est que le reflet exacerbé du notre.

Aucun doute, le personnage principal est la ville flottante. le roman est choral et met en scènes plusieurs personnages dont les destins sont liés. Une intéressante manière de montrer l'interconnexion entre les personnes. Avec des protagonistes aux contours bien dessinés, aux caractères marqués, aux failles visibles. Sans parler du lien fort avec les animaux (une des nombreuses belles idées du livre).

En parlant de failles, voilà sans doute l'idée la plus audacieuse du roman. « Les failles » y sont une maladie sexuellement transmissible, aux symptômes et aux répercutions étonnants. Bien plus qu'une maladie…

La cité de l'orque est un roman foisonnant mais construit avec brio, sans risque de perdre le fil. Une vision réaliste et pessimiste de notre futur autant qu'un formidable divertissement, alliant rythme et surprises, réflexions inspirées et une vraie fraîcheur apportée par la jeunesse d'un auteur extrêmement prometteur. Une belle réussite pour un premier roman adulte. Sam J. Miller est à suivre de près.

A noter que le roman vient d'être sélectionné pour le prestigieux prix Nebula. Cette récompense incontournable de l'Imaginaire, attribuée par l'association des auteurs de science-fiction américains, couronne depuis 1966 les meilleurs oeuvres d'Imaginaire. Son premier lauréat fût Dune, de Franck Herbert.
Lien : https://gruznamur.com/2019/0..
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La cité de l'orque est le premier roman adulte de Sam J.Miller après un premier roman jeunesse The art of starving qui a fait forte impression. La Cité de l'orque est une dystopie post-apocalyptique publié chez Albin Michel Imaginaire. La couverture très réussie est signée Aurélien Police.

Le roman se situe au 22ème siècle, le réchauffement climatique a entrainé une terrible montée des eaux et la disparition de nombreuses villes. Des états entiers ont disparu et des cités flottantes ont vu le jour. Ces cités sont des refuges abritant des milliers de personnes dans des conditions précaires pour la majorité, seul une catégorie aisée de la population s'en sortant beaucoup mieux. Ces cités ont été créées par de riches actionnaires de l'ancien monde tirant profit de la situation. Il n'y a plus de véritables dirigeants de pays ou de cités mais des Intelligences Artificielles pour assumer ce rôle. le roman dépeint un futur sombre mais également malheureusement tellement réaliste et abordant des thématiques actuelles. Ce futur reflète notre monde avec juste un peu plus de noirceur. Gilles Dumay évoque la référence à Blade Runner pour le monde décrit et en effet il y a de cela dans La cité de l'orque.

Le récit se déroule dans la cité de Qaanaaq proche du Groenland (Qaanaaq existe bien, elle est située au Nord Ouest du Groenland, située sur la péninsule de Hayes et compte pour le moment un peu plus de 600 habitants). C'est une ville surpeuplée et tentaculaire dont le noyau central se situe près d'une source géothermale. le Bras 1 possède de grands appartements destinés aux plus riches tandis que le Bras 8 est le quartier des plus démunis. Qaanaaq est le lieu où tout se passe, que le lecteur découvre peu à peu et qui devient presque un personnage à part entière. Qaanaaq est une vraie réussite, on ressent cette ville, son froid, son bouillonnement, sa noirceur, sa surpopulation, son danger permanent, le désespoir de ses habitants. La cité est également le reflet de certaines mégalopoles actuelles. Les propriétaires y sont très puissants et décident du sort des plus démunis sans vergogne. Il n'y a plus de politique, plus vraiment de lois, les actionnaires sont rois. C'est un peu la loi de la jungle, du plus riche, des privilégiés.

Voilà pour le décor du roman, venons en maintenant à l'intrigue. Celle-ci est moins réussie que l'univers, beaucoup plus classique et simple, elle met un peu de temps à se mettre en place. Pendant, les 100 premières pages, on se demande un peu où tout ça va nous mener, et puis tout se met en place et on a du mal à lâcher le livre. Tout commence par l'arrivée à Qaanaaq par bateau d'une femme qui suscite l'attention de tous par son apparence de guerrière et surtout par le fait qu'elle est accompagnée d'un ours polaire et d'une orque. Les rumeurs les plus folles circulent sur cette femme: est elle une nanoliée (personne capable de se lier à un animal)? Qui est-elle vraiment? Que veut-elle? le lecteur aussi s'interroge, surtout qu'au début du roman, on entend seulement parler d'elle sans la voir et qu'elle est bien entendu le fruit d'histoires rocambolesques.

La cité de l'orque est un roman choral. On suit plusieurs protagonistes qui vont tour à tour nous faire découvrir différentes facettes de la ville et de l'histoire. Ces personnages sont le deuxième atout de ce roman. Ils sont variés, travaillés et attachants. Parmi les principaux, on trouve Ankit, orpheline qui travaille pour une politicienne dans le Bras 8, Fill, jeune riche et porteur des Failles, maladie incurable faisant penser au SIDA, Kaev, combattant sur poutre et éternel perdant, et Soq, coursier au genre non défini et qui espère travailler au sein de l'organisation criminelle de Go, femme très puissante qui dirige la mafia locale. La narration pour Soq est un peu spéciale, Soq ne possédant pas de genre défini se considère comme pluriel et parle ainsi en utilisant « ils ». Au début, j'avoue avoir eu du mal à m'y faire. Cette narration à plusieurs voix permet de mieux cerner la cité de Qaanaaq, de mieux comprendre les différences de vie.

Bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce roman. Certains faits se résolvent un peu facilement, les thématiques sont certainement trop nombreuses pour être traitées toutes de la même manière, comme si l'auteur voulait trop en dire sans en avoir vraiment le temps. Cependant, cela n'enlève rien aux autres qualités du livre et au fait que ce roman nous parle par son monde si proche du notre, nous questionne par ses problématiques actuelles et nous émeut par ses personnages. On sent que l'auteur parle de sujets sensibles pour lui et parle avec son coeur. Il parle de la différence, des migrations, du refus d'un certain monde et de la volonté d'essayer de sauver notre planète, d'essayer de changer les comportements.

La cité de l'orque est une vraie plongée en apnée dans un futur sombre mais malheureusement réaliste et proche de notre monde actuel. La construction de l'univers est épatante tout comme celle des personnages. Un roman qui résonne longtemps dans l'esprit du lecteur et nous interroge fortement.

Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Nous voici plongé dans la cité de l'orque, un roman de SF cyberpunk par ce qu'il se déroule dans un futur assez proche et qu'il s'agit d'une dystopie.
Les habitants de Qaanaaq vivent dans des logements insalubres peu spacieux montrant ainsi des disparités sociales immenses. Qaanaaq est une ville flottante qui se situe quelque part à l'Est du Groenland. C'est une ville qui accueille les personnes rescapées des eaux qui ont englouti les villes côtières du monde entier. Une cité futuriste, complexe, où les plus riches côtoient les plus pauvres. Parmi eux, Fill, petit-fils d'un riche actionnaire atteint de maladie incurable qui se transmet lors de rapports sexuels non protégés. Ankit quant à elle travaille pour une politicienne dans le Bras 8. Kaev lui est un combattant sur poutre qui gagne sa vie en perdant ses duels. Pour finir, Soq, un livreur qui veut travailler pour Go, cheffe de la mafia locale aux ambitions.
C'est ainsi que Sam J.Miller nous embarque dans une histoire banale de vengeance mais au combien intéressante de part cette ville qu'il a su imaginer et qui suscite énormément d'images à la lecture. La cité de l'orque attire l'attention et semble nous rappeler combien il est important de lutter pour la sauvegarde de notre monde.
L'écriture de l'auteur est captivante entraînant le lecteur dans un univers à part. Quelques longueurs qui se font oublier grâce à l'histoire et le monde dépeint.
La cité de l'orque de Sam J.Miller que je recommande vivement !
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Ce roman qui appartient au sous genre du fantastique cyberpunk est un roman à la fois d'ambiance et engagé dans des causes humanitaires. J'ai beaucoup aimé ce roman même s'il faut un sas de lecture important pour s'habituer à l'atmosphère du livre.
Je ne sais pas par quoi commencer tellement le roman est riche. Parlons dans un premier temps des nombreuses thématiques au coeur du roman. L'auteur est un activiste qui défend plusieurs causes. Les principaux thèmes sont la maladie endémique, les réfugiés climatiques, le changement climatique, le communautarisme et la question de genre. On peut penser qu'il y a beaucoup de thèmes décrits. Cela s'explique par le point de vue d'interconnexion de l'auteur. Il soutient le fait que les différentes problématiques sont liées les unes aux autres. L'ensemble ne fait pas pour autant catalogue et permet de dresser un portrait futuriste d'une métropole.
Une métropole incarnée par ailleurs par Qaanaaq, une ville flottante, qui est l'image dystopique de New York City. Une ville qui est elle-même un personnage à part entière. L'univers est à la fois brutal et poétique. L'ensemble forme une fresque qui fourmille de détails. C'est d'ailleurs un souci au début du roman car il est difficile de bien comprendre le vocabulaire particulier et l'objectif du récit.
Ce titre est un roman choral où les liens se tissent subrepticement entre les personnages, presque au hasard du récit. C'est aussi ces liens qui donnent petit à petit le sens du livre. J'ai eu, pour ma part, peu d'attachement aux personnages mais cela n'est pas dérangeant car c'est la vue d'ensemble qui m'a permis d'apprécier le roman. Les chapitres dédiés aux personnages sont entrecoupés d'un podcast/journal qui décrit l'historicité, les faits qui se passent à Qaanaaq. J'ai beaucoup aimé ces passages qui sont la clé pour accéder à la compréhension.
Le roman se veut futuriste car il reprend des éléments de notre présent et de notre passé. le lien avec les animaux permet de montrer qu'en leur faisant du mal on se détruit nous-même. On a une énorme dénonciation de la condition de migrant. le roman semble nous dire : « Nous serons tous un jour dans cette situation précaire … ». La prolifération des médias qui propage plus la rumeur que l'information est également très présente. Cet élément fait beaucoup dans la confusion apparente de Qaanaaq. L'information de masse ne permet plus de trier le vrai du faux.
Je pense que c'est un roman qui n'est pas fait pour tout le monde. Ce n'est pas un roman d'hyperaction avec des rebondissements à tous les chapitres. le seul objectif dans la majorité du roman est de comprendre la venue de la femme à l'orque. Il n'en reste pas moins un roman passionnant pour ma part où l'intérêt vient dans la recherche et la compréhension de cet univers chaotique.
Globalement, c'est un livre qui parle de liens … d'amour, d'amitié, de filiation, entre humains ou animaux. le thème de la famille est prépondérant.
J'ai donc beaucoup aimé ce roman qui révèle de la complexité et nécessite de la persévérance pour l'apprécier complètement. C'est un univers complet comme en propose les lectures de la collection Albin Michel Imaginaire que j'ai faites jusqu'à présent. Une superbe interview de l'auteur est réalisée sur le site de la maison d'édition ainsi qu'une nouvelle se situant dans le même univers. Je vais donc m'empresser de compléter ma lecture !
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Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas donné envie de le relire immédiatement par sa richesse.
Je m'attendais à un roman d'anticipation, j'ai eu une oeuvre fleuve et plurielle, qui ne laisse pas indifférent.
Politique, économie, architecture, écologie, action, policier, discrimination , j'en oublie sans doute!
Les personnages sont denses, humains, intéressants, et les questions soulevées par le livre résonnent et donnent à réfléchir.
La cité elle-même est un personnage à part entière, et on a envie de parcourir ses rues, de humer son odeur, et de sentir la houle sous nos pieds.
Bienvenue à Qaanaaq, la cité palindrome.
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La Cité de l'orque fut une découverte très plaisante pour moi. Sam J. Miller dépeint une ville unique, perturbée par un, puis plusieurs personnages qui le sont tout autant, et tient un propos politique et écologique qui est important à l'heure actuelle.
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Quel dommage qu'un roman aussi atypique n'ait pas obtenu un écho plus grand !
Comme quoi malheureusement une bonne presse ne peut se substituer aux ventes.
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Un roman nerveux post-apocalyptique comme on les aime. Cette cité tentaculaire perdue au milieu d'un océan glaçant pose la réflexion des conditions de survie de l'humanité. L'auteur explore des solutions tordues et imagine des évolutions scientifiques étonnantes. Tout est là : intrigue politique, révélations familiales, solutions techniques foisonnantes. Il envisage même une ethno-technologie, presque une mutation qui stigmatise un peuple. J'ai adoré.
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