John Constantine, Hellblazer: India

Ce tome fait suite à Hooked ; il comprend les épisodes 261 à 266 de la série mensuelle. Il se décompose en 2 parties.

Première partie : India (illustrations de Guiseppe Camuncoli et Stefano Landini, épisodes 261 à 264) - Accusé de meurtre en Angleterre, John Constantine a décidé de fuir en Inde où il espère bien trouver une méthode pour ressusciter Phoebe McMahon. Une fois sur place, il rend visite à une connaissance qui est depuis devenu responsable d'un ashram et qui voit arriver Constantine d'un mauvais oeil. Pendant ce temps là une créature surnaturelle à l'aspect de démon indien chasse les jolies filles dans les rues de Mumbai (anciennement Bombay). Et un fakir lui apporte gracieusement son aide car tel en a décidé son karma.

Ça fait plaisir de voir Constantine sortir un peu de son Angleterre natale pour se confronter à d'autres formes de croyances. le démon indien est très réussi visuellement et il trouve ses racines dans l'occupation anglaise. Mais Peter Milligan se contente de touches de couleur locale qui restent superficielles : un fakir insondable, quelques mots de vocabulaires typiques, une future starlette de Bollywood, un flic enturbanné, un bidonville, etc. Malheureusement, tous ces éléments restent à la surface du folklore, sans jamais approfondir les différences culturelles et cultuelles. Milligan a beau faire dire (à 2 reprises) à Constantine qu'il ne comprend pas les règles locales, ça ne le gêne en rien pour s'en sortir. Dommage.

Cette fois-ci, Camuncoli n'a réalisé que la mise en page, laissant le soin à Landini de terminer les dessins. le résultat est très plaisant avec de vraies réussites visuelles : la figure d'ange de la starlette, le démon, le pote de John en responsable d'ashram, le flic local et la petite anglaise. Pour la couleur locale, il semble que les 2 dessinateurs se soient un peu penchés sur leurs références pour inclure des éléments convaincants. Sur ce plan là, ils font un travail légèrement plus soigné que celui de Milligan. 3 étoiles pour cette histoire.

Deuxième partie : No Future (illustrations de Simon Bisley, épisodes 265 & 266) - Constantine est de retour à Londres et il reçoit un appel d'un vieux copain répondant au doux nom de Faeces McCartney. Ce vieux punk (au moins la quarantaine) forme quelques jeunes aux joies du No Future, tout en vénérant une idole à l'effigie de Sid Vicious. Mais ses protégés le quittent peu à peu pour rejoindre une résurgence de l'époque Thatcher. le punk n'est pas mort, mais ça ne suffira pas à Constantine pour avoir le fin mot de l'histoire.

Peter Milligan tisse une histoire qui pioche dans la révolution libérale de Thatcher, avec en plus une bonne dose de mythologie des Sex Pistols. Impossible de résister à l'autel dédié à Sid Vicious, ou à ce quadra qui a conservé l'iroquoise bien droite sur le crâne.

Avec ses illustrations narquoises et emplies d'autodérision, Simon Bisley transforme une histoire classique et un peu nostalgique en un petit bijou aussi acerbe qu'attendri envers les punks vieillissants. Déjà, Bisley a une vraie vision artistique de ce qu'il représente. Son John Constantine a vraiment la quarantaine. Sa tronche coupe court à toute discussion, personne n'a envie de lui chercher des noises. Son langage corporel en dit long sur son expérience de la vie et il faut le voir écroulé sur un matelas crasseux en train d'écluser une bière après s'être fait tabasser. D'ailleurs chaque petite frappe du groupe d'assaillants dispose d'une apparence et d'une dégaine aussi craignos que plausible. Et puis l'apothéose arrive lorsque Constantine a le droit à son iroquoise. Il faut contempler pour le croire cet homme plus tout jeune avec ses cheveux verts, son épingle à nourrice, ses sourcils teints en vert, son collier avec cadenas, son piercing à l'oreille, son teeshirt crade et déchiré à l'effigie du drapeau anglais, son perfecto, etc. Bisley a bien muri depuis les délires de Lobo et de Slaine. Ses illustrations ont perdu en flamboyance, mais elles ont gagné en subtilité, tout en gardant ces touches d'humour qui évitent une sériosité peu crédible.

Pour cette deuxième histoire, malgré le scénario un peu convenu, la couleur locale de la punkitude sonne aussi juste sur le plan narratif que sur le plan des illustrations. 5 étoiles sans hésiter.