"Oink" est un comics, paru à l'origine dans les années 1990. Oeuvre de jeunesse de J. Mueller dans lequel il exprime sa rébellion contre les institutions éducatives et religieuses, présenté pour cette édition dans une version remasterisée.
Oink est un cochon a corps humain, né dans l'abattoir privé n. 628. Comme ces congénères génétiquement modifiés, il subit le matraquage verbal du gardien humain, suppôt d'une idéologie a volonté religieuse qui promet le Paradis en échange du sacrifice de soi. Mais les cochons n'ont pas droit au paradis : ce sont des êtres inférieurs, exclusivement prédestinés à servir et/ou à être servis...sur un plat !
Tout petit déjà, Oink (se) posait trop de questions... la contestation d'un de ses camarades (froidement abattu) va le faire réagir et dans ce "paradis" d'un futur post-apocalyptique sombre se déchaînent alors les flammes de sa colère...
Oink a appris à parler (à écouter et à obéir, surtout !) mais sa façon de communiquer reste sommaire et il n'utilise pour ainsi dire jamais le pronom "je". Il devient "on" quand il s'interroge sur sa condition et celle des autres porcs. Les dialogues dans cet album restent donc succincts et l'incroyable force de l'histoire se concentre dans les dessins* très expressifs et d'un grand dynamisme. Expressif n'étant pas, ici, synonyme de beauté : le monde peint est glauque, sinistre, angoissant, les têtes humaines sont des tronches hideuses... Il n'y a que Oink qui, dans ce qu'il représente -le redresseur de torts-, reflète une certaine majesté.
Les détails en arrière-plan ne sont pas à négliger : le symbole de cette "nouvelle" conception du monde est un rouage dentelé... engrenage qui met la grande machine du Système en marche, capable de broyer jusqu'au meilleur boucher du paradis.
* je devrai parler de peintures ! J. Mueller a suivi un cursus de peintre, dit "classique", et cela se voit, indéniablement !
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Que dire ?
Cet album est très spécial, 100 pages de véritables tableaux au niveau des planches, des dialogues eux par contre très peu recherchés, voir même pauvres, le fond de l'histoire lui est bon.
Des porcs manipulés génétiquement pour ressembler aux homme (dans un monde utopique ou notre époque n'est plus qu'un vague souvenir), un des porcs "Oink" va se poser des questions, va essayer de comprendre sa position d'esclave à l'abattoir et au final va se libérer pour assouvir sa vengeance.
Des images assez glauques, voir choquantes à ne pas faire voir à n'importe qui, cet album est un vrai paradoxe et au final meme si je n'ai pas trop aimé la forme, j'ai aimé le fond, le message que l'auteur veut nous transmettre.
Âmes sensibles s'abstenir.
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Dans un monde sombre, Oink alias le Boucher du Paradis, attend son exécution en prison et reçoit la visite d'un jeune homme pour entendre sa dernière confession. Oink lui raconte alors sa vie et ce qui l'a mené en prison. Esclave d'une énorme machine, ne maitrisant pas encore bien les mots car Oink est un cochon doté de pensées proches des pensées humaines, il travaille sans relâche à l'abattoir 628 où il est né et a grandi. Les hommes leur avaient appris les mots pour qu'ils puissent entendre ceux du livre du Bienfaiteur mais cette nouvelle connaissance va aussi permettre d'articuler des pensées et de remettre en cause la société dans laquelle vit Oink, qui va vite se rebeller contre ses maitres …
Cette histoire, écrite et publiée une première fois en 1995, vient de ressortir après avoir été remastérisée (oui, on retrouve les mêmes choses que dans le milieu cinématographique !) et j'ai presque eu du mal à trouver l'album (il m'a fallu visiter plusieurs librairies avant de le trouver à Aix-en-Provence où les libraires étaient fans !). Si la couverture n'est pas engageante au premier abord, c'est que l'histoire est sombre, cruelle mais les dessins sont superbes. Les décors, malgré les horreurs qu'ils cachent, sont grandioses et les couleurs portent l'album, créant tour à tour des ambiances glauques ou des lueurs d'espoir. Les personnages sont particuliers vu que la moitié d'entre eux sont des cochons humanisés et peuvent donc sembler effrayants mais ceux qui le sont vraiment sont bien les hommes qui exploitent et détruisent tout. La fin est amère, même si on a pu entrevoir un semblant de révolution positive. L'auteur explique dans la préface ses motivations lors de l'écriture de cette histoire et ce qu'il a voulu dénoncer, mais ce n'est pas ce que j'y ai vu. Mais comme toute bonne fable, elle peut et sait s'adapter aux différentes visions des lecteurs tout en les marquant et en les faisant réfléchir. Autant dire que cet album remplit pleinement son office, tout en étant une réussite visuelle (les dessins pleine page m'ont souvent scotchée sur ma chaise) et n'a pas pris une ride, même si ce genre de récit est devenu beaucoup plus courant depuis quelques années.
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Par des illustrations brutales, toute la violence se déroule : celle exercée, autant que celle subie. Au lecteur de faire son choix : commettre l’injustice, la subir, ou lutter contre elle… Les personnages, hideux à souhait, reflètent finalement l’horreur d’une société où le paradis existe. Une cité inaccessible, et bien loin de toute acception du terme : ici, c’est l’enfer, mais un enfer taillé sur mesure, dont le fonctionnement est rendu possible par l’esclavage de ces êtres hybrides.
Lire la critique sur le site : Actualitte
À défaut de subtilité, Oink le boucher du Paradis offre une représentation intense, dramatique, frénétique, d’une société monstrueuse.
Lire la critique sur le site : BDGest
Fable sur la condition humaine publiée il y a 20 ans et remastérisée pour la présente édition, Oink fait inévitablement penser aux classiques d’Orwell.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Cette nouvelle version de « Oink » est aussi belle que terrible, et vaut absolument d’être (re)découverte.
Lire la critique sur le site : BDZoom
En 1992, je sortais du lycée et les sentiments que m'inspirait cette expérience étaient encore à vif. J'étais en colère, frustré par les mensonges entendus, par le manque d'amour-propre qui m'avait été inculqué par ma scolarité. En fin de compte, ce que je ressens, c'est que le système d'éducation tout entier se comporte comme une prison ou, comme je le dis dans "Oink", comme un abattoir. L'accent est mis sur le comportement et la discipline et non pas sur le but principal, qui est censé être l'éducation. [...]
Je suis le petit cochon qui a eu la chance de tomber du camion sur le chemin de l'abattoir.
(Dans : Avant-propos de John Mueller)
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Tes questions te rendent inutile. Encore pire,
elles infectent ceux qui t'entourent !
L'ignorance c'est le bonheur.
Le bonheur c'est le sacrifice.
Le sacrifice est exigé.