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Martin Emond (Illustrateur)Duke Mighten (Illustrateur)John Erasmus (Illustrateur)
EAN : 9781782760559
256 pages
Titan Comics (11/03/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
The cult series returns, remastered and collected together in its entirety for the first time ever!

Mike Fallon: handsome and sexy as James Bond; lethal as Carlos the Jackal; discrete as an air bubble to the heart. Collected for the first time, Accident Man features four darkly humorous tales of sex, revenge, brutal violence, people drowning in the bath and assassination targets being run over by out-of-control cars, all, of course, by 'accident'.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme son titre l'indique, ce tome reprend toutes les histoires mettant en scène le personnage de Mike Fallon. Il contient les épisodes 1 à 6 (1991) parus dans le magazine britannique Toxic dessinés par Martin Edmond, 10 à 16 (1991) de Toxic dessinés par Duke Mighten, parus dans les numéros 17 à 24 (1991) de Toxic dessinés par John Erasmus. Ces histoires sont en couleurs. Il contient également les 3 épisodes de la minisérie en noir & blanc, publiée Dark Horse Comics en 1993. Toutes les histoires sont coscénarisées par Tony Skinner & Pat Mills. Ces histoires ont eu droit à une réédition par Titan Books car plusieurs producteurs s'y sont intéressés pour mettre en chantier la réalisation d'un film.

Mike Fallon s'est introduit dans l'appartement de sa victime. Il a revêtu son costume noir avec des gants blancs et des bottes blanches. Enfin, le propriétaire ouvre la porte de son appartement et y entre. Fallon lui colle 2 doigts dans le dos, ce qui convainc le monsieur que quelqu'un lui a mis en joue avec un pistolet. Fallon envoie un grand coup de poing dans chaque aisselle, paralysant chacun de ses bras, puis le pend, avec une mise en scène passant pour un suicide. Mike Fallon est un assassin prenant des contrats où il est stipulé que la mort doit paraître accidentelle. Après ce travail bien exécuté, Mike Fallon se rend dans un bar pour se détendre. Sa méthode : provoquer les habitués et leur flanquer une dérouillée, en utilisant les différents arts martiaux qu'il maîtrise. C'est ainsi qu'il évacue sa tension post meurtre (TPM). Ainsi détendu, il se rend dans le pub Oasis, où se retrouvent les différents assassins à louer : Garry Presley, Chris & Jim, Ken dit Velours côtelé, et d'autres. Big Mac (le propriétaire) lui demande comment va sa vie sentimentale. Mike Fallon lui rappelle que Jill (sa copine) l'a quitté pour rejoindre un mouvement d'activistes écologiques, et pour se mettre en couple avec Hilary, une autre femme. Pour sa mission suivante, Mike Fallon arrange un accident de la route : sa cible mourant à l'arrêt de bus, écrasée par un conducteur ayant perdu le contrôle de sa voiture. Pour se détendre après, il passe la nuit avec Donna.

La même nuit, Hilary laisse un message sur son répondeur : Jill a été tuée par un cambrioleur qui s'était introduit dans leur appartement. le lendemain, Mike Fallon exécute sa cible suivante : un chanteur d'un groupe de Death Metal. Alors qu'il se détend avec un verre ensuite dans un bar, les informations à la télé évoquent la mort de Jill Mayer, activiste au sein de l'organisation WARP (Women Against the Rape of Earth). Il reconnaît le mode opératoire de Chris & Jim et se rend chez eux pour se venger. Par la suite, entre 2 accidents arrangés, Mike Fallon doit également remettre les choses au point avec un de ses intermédiaires, évoquer son premier accident et sa formation, se confronter à son manque d'engagement politique, apprendre de nouvelles techniques d'art de combat avec maître Sifu Lo, assister à la remise des prix des meilleurs assassins, courtiser Lucretia pour pouvoir approcher son père Rodrigo Borge afin d'arranger un accident, puis se retrouver face à son frère, travailler pour Hilary ce qui l'emmène jusqu'à Amsterdam. Par la suite, il se retrouve à travailler pour un service secret du gouvernement des États-Unis, en compagnie d'une agente s'appelant Mirror Morgan.

Dans la mesure où ces histories n'ont pas été publiées dans le magazine 2000 AD ou son compagnon Judge Dredd Megazine, il revient à Titan Comics de les rééditer. Ils ont effectué un travail de très bonne qualité, rassemblant toutes les aventures du personnage, indépendamment de l'éditeur originel, et inclus une préface (2013, 2 pages) de Pat Mills qui explique les obstacles sur la route de l'adaptation en film, ainsi que 7 pages de crayonné de Duke Mighten, et les 3 couvertures originales d'Howard Chaykin pour la minisérie publiée par Dark Horse. le lecteur fait ainsi connaissance avec Mike Fallon dans les meilleures conditions possibles. Il découvre un bel homme à la haute stature, avec une solide expérience professionnelle, ce qui lui permet d'être très compétent dans les accidents qu'il conçoit et qu'il met en oeuvre. Il se rend vite compte que les coscénaristes se sont bien amusés en concevant leur personnage : un homme grand, fort et viril, un tombeur de ces dames, un maître en arts martiaux, un individu matérialiste n'étant encombré ni par une empathie, ni par une conscience politique, encore moins par une morale. Il conduit sa vie en n'acceptant que des contrats rémunérés, et en respectant 3 règles d'or professionnelles : (1) ne jamais se mettre en colère, (2) ne jamais s'investir, (3) ne jamais se faire prendre.

Le lecteur assiste donc à des accidents arrangés réguliers, à raison d'un par épisode. Il est visible que l'un des scénaristes prend plaisir à imaginer ces morts subites mais pas suspectes, et l'introduction laisse entendre qu'elles sont imaginées par Tony Skinner. de même dans Be Pure! Be Vigilant! Behave!: 2000AD & Judge Dredd: The Secret History (2017), Pat Mills développe l'apport de Skinner pour les éléments relatifs aux arts martiaux, ainsi que le plaisir qu'il a eu à collaborer avec lui sur différentes séries. Les coauteurs ne rendent pas vraiment Mike Fallon sympathique. Il est surtout préoccupé de lui-même, de ses revenus, ne voyant dans les autres que des figurants dans sa vie, des accessoires à utiliser d'une manière ou d'une autre. le lecteur sourit donc quand Mike Fallon se montre sarcastique vis-à-vis des personnes qu'il croise, ses victimes ou ses conquêtes, ou le milieu dans lequel elles évoluent. Il sourit franchement quand Mike Fallon se heurte à une réalité qu'il ne peut pas maîtriser. Bien sûr, le fait que la femme qu'il aime le quitte pour une autre femme met à mal sa virilité (encore que sa confiance en lui ne semble pas entamée). le fait qu'il n'ait rien vu venir est d'autant plus savoureux. Enfin l'engagement de Jill Mayer pour une cause écologique remet en question son propre désintérêt, d'autant plus qu'elle le fait à titre gracieux.

Le premier artiste à illustrer ces aventures immorales, violentes et moqueuses est Martin Edmond (1969-2004) qui a également réalisé quelques épisodes de Lobo, et qui a illustré plusieurs couvertures de séries publiées par Verotik, la maison d'édition de Glenn Danzig. Il dessine dans un registre descriptif avec une propension à l'exagération dans les morphologies, et dans les expressions de visage. le corps de Mike Fallon semble souvent étiré et certains de ses muscles un peu trop volumineux. Ces caractéristiques visuelles apportent une touche de dérision comique en phase avec la narration des coscénaristes, attestant que le récit s'inscrit dans un registre comique, avec une violence caricaturale, sadique à des fins humoristiques. le lecteur s'habitue rapidement à cette narration visuelle grâce à la verve e l'entrain communicatif de Martin Edmond.

Dans les épisodes parus dans Toxic, Duke Mighten est débutant et il détoure les personnages et les éléments de décor avec un trait très fin, sans pour autant apporter une impression de fragilité car la mise en couleurs est assez soutenue. Il représente plus d'éléments dans ses cases que Martin Edmond, mais avec une impression un peu amateur, dans les morphologies parfois approximatives, plutôt que caricaturées. La narration visuelle perd en sarcasme, mais reste efficace et en phase avec les scénaristes. Cette impression du lecteur est confortée par l'arrivée de John Erasmus, plus expérimenté, et meilleur metteur en couleurs, une partie des dessins étant réalisée en couleurs directes. Les images conservent une part de caricature, gagnent en densité d'information visuelle, et en exagération. le lecteur sourit en voyant Hilary dans sa tenue outrageusement racoleuse, en appréciant la classe de Mike Fallow, en suivant les affrontements, en observant les expressions de visage révélatrices d'état d'esprit parfois très intenses transcrivant une émotion forte générée par un point de vue souvent particulier. Duke Mighten revient pour les 3 épisodes en noir & blanc publiés par Dark Horse. le lecteur observe qu'il a conservé un trait de détourage assez fin, ainsi que des morphologies un peu anguleuses. Mais il est également visible que l'artiste a gagné en maîtrise des techniques, avec plus d'informations dans les cases, et une cohérence graphique meilleure dans les exagérations mises en oeuvre. Il insuffle également une exagération parodique, de nature différente de celle de Martin Edmond et de John Erasmus, plus personnelle.

L'amateur de l'écriture de Pat Mills apprécie de pouvoir trouver une autre de ses créations dans un format soigné. Après quelques pages, il apprécie également l'apport de Tony Skinner qui dans ces épisodes participe à donner plus de personnalité à Mike Fallon et à ses exploits. Martin Edmond établit dès le départ une touche exagérée qui met en évidence a dimension parodique et moqueuse de ces aventures, exagération totalement adaptée. Pour ses premiers épisodes, Duke Mighten manque un peu d'expérience, mais il est nettement meilleur pour son deuxième passage. John Erasmus apporte une saveur un peu différente, toujours moqueuse et sarcastique, avec une narration visuelle plus sophistiquée. Il ne s'agit pas d'une série indispensable de Pat Mills (& Tony Skinner), mais elle met en scène un personnage assez unique dans son égocentrisme et son immoralité, avec un humour de mauvais goût assumé et qui fait mouche régulièrement.
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