Ce livre avait à la base tous les ingrédients pour me plaire: thriller et ésotérisme sur fond de ma chère Bretagne... Au final c'est une lecture que j'ai appréciée, mais sans y trouver ce petit + qui m'aurait permis de mettre une 5ème étoile.
Le scénario est relativement classique: un flic hors pair mais acariâtre et insupportable, personnage qu'on retrouve chez des auteurs comme
Jussi Adler Olsen ( Carl Morck) ou
Bernard Minier (Martin Servaz) entre autres. Celui-ci accompagné d'une assistante elle aussi très douée, des meurtres à élucider où il est bien sûr le seul à voir les détails invisibles pour les autres...
C'est la recette on ne peut + classique du thriller, mais ça fonctionne. Je regrette cependant que l'accent n'ait pas + été mis sur la région où se déroule l'enquête: je pense que l'ambiance de mystère propre à la Bretagne aurait pu donner encore + de profondeur au récit si elle avait été + exploitée.
J'ai apprécié les passages où nous sommes immergés dans l'esprit et le quotidien des tueurs. Ceux-ci sont en apparence des gens comme tout le monde, ils ont une femme, prennent le café entre amis... C'est la banalité de ces existences qui rend d'autant + glaçants leurs crimes. Ces gens sont fonctionnaires de police, ou travaillent à la Sécu... Ils sont partout et ils ont l'air NORMAUX: alors on se dit que le mal est partout, il peut rôder à côté de nous à notre insu, cela pourrait être notre voisin...
L'interrogatoire de Natas-Crufeuil mené par Gerfaut m'a particulièrement marqué. En effet, même s'il a affaire à un criminel inexcusable, le Commandant fait preuve d'un véritable sadisme, balayant d'un revers de main les procédures et les droits les + élémentaires. Je suis partagée: la fin justifie-t-elle à ce point les moyens? Certes, Gerfaut lui extorque des aveux, mais à quel prix? Ses techniques s'apparentent bel et bien à de la torture. N'est-ce pas s'abaisser au niveau de ces tristes individus que de répondre à la violence par la violence? le sujet est particulièrement d'actualité et ne peut laisser indifférent.
En comparaison à certains autres ouvrages, j'ai trouvé l'ensemble relativement cohérent, mais à mon sens un passage détonne un peu: celui où le Commandant Gerfaut "bluffe" en s'avançant un peu (beaucoup) trop par rapport à la 2nde prophétie lors de son interrogatoire. Il prêche le faux pour savoir le vrai, mais là c'était vraiment grossier et pas digne du personnage qu'on nous dépeint comme fin et malin, ayant toujours une longueur d'avance sur les meurtriers. Ca aura d'ailleurs été la parole de trop, le moment où il perd totalement le contrôle sur la personne qu'il interroge, le faux pas qui lui fera perdre la bataille (mais pas la guerre, heureusement).
J'ai par contre beaucoup aimé la tournure que prennent les événements à la fin du livre. le mystère reprend le dessus, les légendes se mêlent à la réalité et même le + cartésien des policiers y perd son latin. L'utilisation de faits rééls comme base de la fiction (le flou autour de la démission du
Pape Benoît XVI) est très ingénieux. Certes tout est bien qui finit bien, MAIS... Et c'est ce "mais", qui fait à mon sens tout l'intérêt du dénouement.