Le succès c'est la durée . le succès c'est faire que vos lecteurs attendent votre roman comme le Messie . le succès c'est l'attachement à un personnage récurrent , qui vieillit avec vous , comme vous .
Le succès de
Bernard Minier c'est d'avoir su attirer dans son sillage depuis dix ans , des lecteurs de plus en plus nombreux , qui , par le bouche à oreille , par des critiques dithyrambiques ou grâce au conseil d'une amie , d'un libraire ou d'un voisin .
Je retrouve donc comme la plupart d'entre vous le commandant - euh pardon - le capitaine Martin Servaz avec un plaisir non dissimulé . Il est sur le coup d'une commission de discipline et donc suspendu jusqu'à nouvel ordre .
Mais l'appel au secours , en pleine
nuit , de Marianne , le grand amour de sa jeunesse - et la mère de Gustav , le jeune garçon qu'il a adopté - va tout changer . Malgré sa suspension , elle va l'entrainer sur sa piste , dans cette petite ville d'Aiguevives , au beau milieu de cette vallée montagneuse , où la forêt et ses mystères règnent sans partage . Peu après avoir été hébergé pour sa première
nuit sur place à l'Abbaye des Hautsfroids , un meurtre est commis . Un crime glaçant . Une horrible mise en scène qui fait froid dans le dos et qui va être un funeste prétexte à des retrouvailles : celles de Martin et de la capitaine de Gendarmerie , Irène Ziegler ( que l'on a découvert dans les premiers romans de l'auteur ) . A la tête de la Section de Recherches de Pau , elle a en effet été chargée de l'enquête par le procureur . La gendarme va lui avouer que ce meurtre n'est pas le premier commis dans le secteur , le corps d'un homme a effectivement été retrouvé complètement gelé sur un lac glacière , il y quelques mois . Nos deux policiers ne croient pas aux coïncidences : un dangereux prédateur vient probablement de récidiver et risque de semer de nouvelles victimes dans son sillage et d'effrayer encore plus une population locale aux abois .
Le succès de ce roman c'est son rythme effréné qui maintient un Servaz sur la brèche malgré sa situation délicate . C'est cette tension qui s'accentue sur les personnages , page après page , dans une atmosphère de rébellion de la part de la commuté du cru . C'est cette force malsaine qui semble vouloir tout contrôler , les hommes comme leurs esprits , pour mieux les mener à leur perte . C'est cette belle galerie de personnages , suspects potentiels ou futures victime qu'ils soient professeur , ouvrier , psychiatre , gynécologue ou même …moine .
C'est ce décor sauvage , cette vallée encerclée par les sommets qui semblent faire peser sur elle une menace permanente . C'est bien sûr Martin Servaz , ce héros de la police , dont le futur professionnel est compromis , alors même qu'il est responsable d'un jeune enfant . Un capitaine qui donne une fois encore de sa personne , de sa sagacité psychique et physique , pour surmonter les nombreux dangers qu'il va rencontrer . C'est ce suspens angoissant et ce final bouleversant .
C'est cette prose ensorceleuse , ce scénario machiavélique - malgré j'en conviens quelques incohérences - qui font de ce roman un digne successeur des précédents et une nouvelle réussite en librairie.