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sur 2630 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bernard Minier aurait-il pompé toute mon énergie de chroniqueur avec les 520 pages de son dernier roman ?
L'angoisse de la page blanche me saisit au moment de rédiger quelques lignes pour parler de la vallée.
Serait-ce d'avoir été prisonnier dans ce village de 4000 âmes, comme tous les protagonistes de son histoire ?
Serait-ce d'avoir eu peur, avec eux, que le ou les coupables des crimes horribles perpétrés dans la région ne soient jamais arrêtés ?
Ou bien le stress de ne pas savoir lequel, de ces gens que l'on croise chaque jour, avec qui l'on échange avec courtoisie parfois, qui sont nos amis, nos proches peut-être, lequel donc, parmi eux, est aussi démoniaque pour commettre de pareilles atrocités ?
Je n'étais pas retourné chez cet auteur depuis son glacé. le tout premier, la première enquête de Martin Servaz. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis. Il a fait son bonhomme de chemin notre écrivain.
Mais voilà, nos routes ne s'étaient plus croisées depuis cette lecture que j'avais pourtant particulièrement appréciée.
Les récents commentaires, parfois dithyrambiques, sur ce nouveau volet des aventures de Servaz m'ont logiquement poussé à replonger dans l'univers de l'un des rares auteurs de polars avec qui je n'ai jamais eu l'occasion d'échanger à ce jour sur un salon. (Visiblement, pour 2020, ça me paraît compliqué...).
Bref, parlons-en de ce roman.
Martin Servaz, est mal barré.
Ex -commandant, rétrogradé Capitaine, il est en attente de passer en conseil de discipline et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas très confiant. Bien que blanchi par la justice, il est dans le collimateur de sa hiérarchie, qui, excédée par ses façons peu conventionnelles de pratiquer son métier, et malgré des antécédents et des résultats probants, pourrait bien le virer.
En pleine nuit, alors qu'il est suspendu, Martin reçoit un appel.
Il n'en croit pas ses oreilles. C'est impossible.
L'appel au secours vient d'une personne qu'il croyait à jamais disparue.
Alors, tant pis, quitte à tout perdre, il fonce.
Une abbaye mystérieuse.
Une forêt dense.
Une montagne qui tremble.
Une ville au fond de la vallée, Aiguesvives.
Là, commence l'angoisse.
Là, la tension monte.
Là une communauté, jusqu'ici paisible, apeurée, se révolte.
Dans l'ombre de la gendarmerie, sous les ordres d'Irène Ziegler qu'il croisa  jadis, Servaz mène  l'enquête.
Minier est un manipulateur.
Machiavélique.
Il séquestre son lecteur.
Il le ligote.
Il le torture, même.
J'imagine son sourire carnassier quand il écrit.
Son talent ?
Aucune séquelle.
Quand il vous libère, vous ne portez aucune trace de ce que vous venez de vivre.
Seuls les maîtres du thriller sont capables de vous offrir ce genre de sensations.
Bernard Minier en fait incontestablement partie.
Ma plume, enfin libérée, à trouver des mots pour exprimer mon ressenti.
Il ne me reste désormais qu'à lire d'autres ouvrages de cet auteur et surtout à aller à sa rencontre dès que j'en aurai l'occasion.



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Ce sixième tome des aventures de Martin Servaz, commandant de police à la PJ de Toulouse, ne surprendra pas vraiment les lecteurs de Bernard Minier. L'auteur conserve ce qui a fait son succès : un personnage à la vie personnelle complexe, des meurtres en série survenant dans un milieu relativement fermé (ici une vallée des Pyrénées, isolée du reste du monde par un éboulement), un climat anxiogène. S‘y ajoutent quelques réflexions sur la difficulté du métier de flic dans une société qui stigmatise leurs erreurs, en oubliant le contexte de violence qui conduit parfois à ces dérapages, sur la vie des familles monoparentales, ou sur une jeunesse tournée vers internet et perd de vue le monde réel.

Un appel téléphonique affolé, venu de son lointain passé, attire Servaz au bout d'une vallée à proximité d'une abbaye. Un cadavre atrocement mutilé est découvert quasiment à côté le lendemain matin. Et ce n'est pas le premier... Servaz étant suspendu de ses fonctions, c'est la Section de Recherches de la gendarmerie de Pau qui prend en charge l'affaire. Elle est dirigée par une connaissance de Servaz : Irène Ziegler. Retrouvailles dans un contexte délicat : Servaz ne pouvant acter, n'est qu'un observateur, et les habitants du lieu, craignant de nouveaux morts, mettent la pression sur la police et la justice en constituant une milice d'autodéfense.

Minier ballade son lecteur. Une hypothèse chasse la précédente. Il vaut mieux ne pas trop s'attarder sur la crédibilité de certaines scènes. Servaz, à qui cela a déjà coûté par le passé, a l'art de se placer dans des situations impossibles. Il ne sait plus trop où il en est dans sa vie personnelle et doute de son avenir de flic.
Le style est alerte, l'intrigue tortueuse, même si s'en dégage une impression de « déjà-lu ». Si la progression de l'intrigue ne surprend plus, le final, lui, est inattendu. Sans cette conclusion, la Vallée ne serait qu'un page-turner standard, créé par un auteur qui maîtrise désormais parfaitement le genre.
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Bernard Minier creuse son sillon depuis dix ans maintenant, une carrière exemplaire. Cet « anniversaire » méritait bien qu'il fasse exploser une montagne pour créer un immense huis clos à ciel ouvert.

Une vallée encaissée, dans les Pyrénées, en partie coupée du monde, terrain d'une série de meurtres horriblement mis en scène. Et le capitaine (ex commandant) Martin Servaz qui mène l'investigation (mais pas seul).

Sixième enquête de Servaz, dans une situation particulière (il est suspendu, voir épisodes précédents).

Suspendu également, le lecteur, à la formidable plume de Minier. La vallée est le genre de lecture littéralement avalée. 520 pages bourrées jusqu'à la moelle d'actions, de rebondissements, d'émotions et de violence. Aucun moment de répit, l'air pur des Pyrénées ne suffit pas à oxygéner une atmosphère asphyxiante, saturée de tensions.

L'écrivain maîtrise à la perfection l'art du thriller, ce n'est pas nouveau. Tout comme l'art de créer une ambiance, de parler du monde actuel, et de dépeindre graphiquement cette violence, par la grâce d'une écriture enlevée et rythmée.

Ce nouveau roman peut aussi se voir comme un joli cadeau à ses fans de la première heure. Ils comprendront, tout coule de source. Mais les autres ne seront pas dépaysés, et auront ensuite une envie folle de se précipiter sur le passé de Servaz.

Voilà une intrigue qui va toucher le flic au coeur, par son passé et à travers ses valeurs, car un bon roman noir ne peut se priver d'une large palette d'émotions. Sa vie est déjà chamboulée, et ça ne va guère s'améliorer pour lui…

A l'image d'une société qui se cherche, en perte de confiance et en perte de valeurs. Dans un tel contexte, la situation confinée au grand air devient vite volcanique (le roman a été en partie écrit durant la période « Gilets jaunes » et ça se ressent parfois).

Après le face-à-face ahurissant qui clôturait le roman Nuit, entre Servaz et Julian Hirtmann, le Mal et la violence ont cette fois-ci de multiples visages. Certains inédits, d'autres plus familiers. Mais le Bien aussi, en balance, Bernard Minier faisant preuve d'autant de générosité que de noirceur.

Sa profonde humanité passe par ses personnages, du genre auxquels on s'attache, de ceux dont on se souvient. Et qui évoluent, changent, se questionnent.

Un livre de Minier ne fait pas que se lire, il se vit. Celui-ci autant que les autres, peut-être même avec une plus grande urgence (due au rythme soutenu de l'intrigue). le lecteur ressent, et donc participe. Et ce qu'il éprouve (et parfois endure) ne peut que le remuer et le perturber.

Après un formidable roman visionnaire, M le bord de l'abîme, Bernard Minier revient à une forme plus traditionnelle de thriller. Qu'il maîtrise à la perfection. Car il a compris que la pire des noirceurs doit aussi être contrebalancée par la lumière.

Oui, en matière de thriller, La vallée est un modèle du genre. Impossible à lâcher, diablement addictif, et furieusement humain.
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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Comme dans tout bon polar qui se respecte dans l'échelle de Minier, celui-ci reprend la formule bien rodée mais toujours aussi efficace de la lutte du Bien contre le Mal, de Dieu contre Satan.

Dans une vallée un peu trop petite pour tant d'horreur, Bernard Minier va encore utiliser le commandant Servaz pour nous mettre sous la trace des montres qui attendent d'être réveillés.
Les hommes ont perdu le sens du péché et ont décide de se prendre pour Dieu, cela ne peut que mal se terminer…

La montagne, abrupte et toute puissante dans sa complexité, est omniprésente comme un personnage paradoxal, car on ressent sans cesse le vertige de l'horreur dans ses entrailles ou à flanc de coteau mais également une sorte d'huis-clos réduisant le champ d'action de l'intrigue.

Cet opus des enquêtes du commandant Servaz ne déroge nullement à la recette efficace constituée de personnages solides, bâtis dans le roc, avec des crampons indestructibles.
Toutefois cette fois-ci Servaz en grimpeur de fond du dimanche, n'est pas au mieux de sa forme et va laisser des plumes dans cette vallée maléfique.

Bernard Minier ne fait pas que noircir les pages pour éclairer la pénombre.
Comme d'habitude il aborde plusieurs sujets de société tels le rôle de l'église de nos jours, avec ses idéologies incompatibles avec le monde contemporain, ainsi qu'une morale mise à mal face aux scandales à répétition.
La place de la police dans la société est aussi questionnée face au malaise, le peu de moyens et les tensions dans les quartiers.
La condition de la femme est aussi mise en lumière. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que l'équité homme/femme soit respectée dans certains métiers.

Cela se lit bien, comme un Minier, dont la plume reste alerte, élégante et précise, mais cette fois-ci sans l'enthousiasme qui m'accompagne la plupart du temps.

Ni déçue, ni enthousiaste, je suis restée un peu sur ma faim concernant certains mobiles et explications un peu bâclées… A moins que cela ne soit volontaire et que les réponses se trouvent dans le prochain roman.
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C'est avec le plus grand plaisir que j'ai retrouvé le commandant Martin Servaz, le héros si attachant de Bernard Minier. L'auteur nous emmène dans ma région, au milieu des montagnes pyrénéennes à la beauté froide, dans une vallée plutôt isolée et inhospitalière, où de nombreux meurtres sordides vont le replonger dans un passé qui le hante, celui du tueur en série Julian Hirtmann et de Marianne, son ex-femme disparue depuis de nombreuses années kidnappée par le tueur.
Cette vallée devient un huis-clos infernal, angoissant dans lequel le policier traque un esprit dérangé, intelligent, manipulateur et redoutable.

*
Au beau milieu de la nuit, un coup de téléphone, celui de Marianne. Un appel au secours. Martin Servaz a peu d'éléments pour la retrouver. Ce qu'il réussit à saisir des paroles de la jeune femme est qu'elle a été séquestrée dans les Pyrénées, qu'elle a réussi à s'échapper. Poursuivie, elle se cache dans la forêt, non loin de l'abbaye des Hautsfroids.
Espoir de la retrouver vivante. Crainte de la perdre à nouveau, peur d'arriver trop tard. le commandant, suspendu par sa hiérarchie et en attente de son conseil de discipline, ne peut que se rendre sur les lieux et mener son enquête en toute discrétion, du moins au départ.
Mais lorsque des meurtres abominables s'enchaînent, la concomitance des deux faits s'avère troublante et le lecteur ne peut que se demander quel lien relie l'évasion de Marianne à la série d'homicides dont les mises en scène spectaculaires et effroyables montrent un criminel inventif, méthodique et machiavélique.
Et lorsqu'un éboulement d'un pan de la montagne, dont l'origine criminelle ne fait aucun doute, coupe la vallée du reste du monde, le village et ses habitants se retrouvent alors isolés, à la merci du meurtrier.
La tension monte dans le village d'Aigues-Vives, les pages se tournent de plus en plus vite jusqu'au dénouement particulièrement bien réussi et totalement inattendu.

*
J'ai apprécié l'univers décrit pas l'auteur. On se sent totalement imprégné par l'ambiance anxiogène, étouffante de ce huis-clos, la forêt immense, froide, humide et impénétrable, l'abbaye retirée du monde, les religieux tenus au secret, les villageois nerveux au bord de l'implosion, l'ambiguïté des suspects.
Les personnages sont comme des icebergs, on ne voit que la face émergée, l'autre face, immergée, cache des personnalités bien plus complexes qu'elles ne paraissent, les apparences étant souvent bien trompeuses.
En effet, de nouveaux personnages apparaissent dont les comportements complexes et équivoques amplifient cette anxiété, en particulier celui de la psychiatre Gabriella Dragoman, particulièrement bien travaillé. Sa personnalité troublante et provocante accroît cette atmosphère sombre et oppressante.

*
Avec Bernard Minier, on est toujours sûr de passer un bon moment de lecture, sans jamais s'ennuyer. L'auteur distille dans ce quatrième tome des souvenirs des tomes précédents pour ne jamais perdre le lecteur. Si vous n'avez jamais lu la série de livres du commandant Servaz, je vous conseille donc de lire les trois romans précédents.
C'est aussi avec plaisir que j'ai retrouvé certains personnages comme Marianne dont on connaît à la fin du roman le sort qui lui a été réservé pendant toutes ces années d'enfermement, Irène Ziegler, la gendarme de « glacé », ou Hirtmann, toujours dissimulé entre les lignes.

*
L'efficacité du roman s'appuie une nouvelle fois sur un décor étouffant, des meurtres originaux et sauvages, une intrigue prenante et efficace, et bien sûr, le personnage charismatique de Martin Servaz qui évolue, plus mature, anxieux sur son devenir dans la police, mais aussi plus serein, moins sombre.

*
L'écriture est agréable et fluide, alternant l'action à des thématiques d'actualité ou de belles descriptions de la montagne, des forêts, de cette abbaye dissimulée dans la montagne.
Le seul reproche que j'aurais et ce n'est que mon avis personnel, un avis parmi des milliers d'autres, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas trop, mais les nombreuses réflexions, sur le mal-être de la société française à la dérive, la colère sous-jacente et grondante d'une partie de la population française, la crise de la police, le féminisme, ont cassé le rythme de l'intrigue et m'ont gênée, même si j'en conviens, elles ajoutent à l'atmosphère du livre.

Il n'en reste pas moins que j'ai passé un agréable moment en compagnie du commandant Servaz. « La vallée » est un bon roman, mais pas un coup de coeur comme j'ai pu l'avoir avec son premier roman « glacé ».
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Un bon polar de Bernard Minier où nous retrouvons Martin Servaz.
Marianne a été enlevée il y a 8 ans et voilà qu'elle l'appelle à l'aide ; elle s'est enfuie, elle est dans les Pyrénées mais ne veut pas qu'il prévienne la police.
Alors, il accourt bien sûr.
Ce psychopathe de Julian Hirtmann est-il derrière tout cela alors qu'il est bien enfermé, bouclé derrière les verrous ? Il faudra attendre la dernière page pour le savoir.
Encore un fois, une enquête menée tambour battant. Des femmes tentatrices, des meurtres bien atroces, des vilains très méchants, des villageois exaspérés...
520 pages qui se laissent dévorer.
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Martin Servaz ne s'est jamais remis de l'enlèvement, de la séquestration et de la disparition de Marianne, la mère de son jeune fils. Aussi quand elle l'appelle une nuit, prétendant s'être enfin libérée de ceux qui la détenaient, Martin fonce dans les Pyrénées pour la retrouver. Mais aucune trace d'elle quand il arrive. Par contre, il retrouve Irène Ziegler (vue pour la première fois dans « Glacée ») qui enquête sur deux meurtres horribles, deux hommes assassinés et mutilés de la manière la plus abjecte possible. Martin ne devrait pas s'attarder, mais il ne peut s'empêcher de penser que Marianne est là quelque part et qu'elle a peut-être un lien avec ces meurtres. Puis il ne peut plus partir car la commune est bientôt coupée du monde après un éboulement suspect… Martin, Irène, les habitants comprennent que le Mal est à l'oeuvre et que bientôt d'autres paieront.
Comme première lecture de déconfinement, je n'ai pas choisi la légèreté ! Des meurtres épouvantables, des victimes peu recommandables, une psychiatre manipulatrice et inquiétante, des habitants prêts à lyncher le premier suspect possible, des forces de l'ordre qui tâtonnent à la recherche d'un coupable et un Martin Servaz fragile, voilà les ingrédients de ce roman qui se lit fébrilement. Pour l'apprécier, je pense qu'il faut tout de même avoir lu les précédents livres de l'auteur car on trouve de nombreuses références aux enquêtes de Servaz.
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A trop explorer les vices de l'espèce humaine, il faut aujourd'hui avoir beaucoup d'imagination pour troubler l'amateur de polar. Avec tout ce que la littérature du genre a pu lui mettre sous les yeux, la barre est haute pour le faire frissonner. Les auto-tamponneuses ne suffisent plus, il faut des grands huit vertigineux. Il faut lui couper le souffle à ce lecteur blasé. Il ne faut plus seulement le surprendre, il faut le choquer, le décontenancer, avec des mises en scène de crime sordides, des coupables improbables. C'est le défi de l'auteur de polar moderne qui voudra ne pas décevoir les inconditionnels du genre.

Le flic quant à lui doit rester un être doué de sensibilité. Un être avec ses peurs et ses faiblesses. Un homme qui a une vie sentimentale, ou qui essaie en tout cas. le métier ne lui facilite pas la tâche dans ce domaine. Aimer, être aimé, quand on a une vie de famille en pointillé, qu'on est confronté quotidiennement à la haine, la folie, la détresse, le chantage, c'est une gageure. Comment ne pas faillir quand on laisse un enfant à la maison dans les bras d'une femme qui elle-même tremble pour son compagnon dès qu'il franchit la porte de la maison. Et peut-être même avant. Auquel s'ajoute la pression d'une hiérarchie et de politiques qui veulent des résultats rapides et surtout pas de vague. Les médias sont à l'affût.

Tout cela Bernard Minier le maîtrise. Il a bien appréhendé ce contexte d'une vie de flic de nos jours. Un funambule sur un filin au-dessus de la cage aux fauves. Un autre défi est aussi pour l'auteur de polar celui de mettre en échec le lecteur perspicace qui aura résolu l'enquête avant tout le monde. La surenchère dans l'obscur est donc obligatoire. Au risque de prendre ses distances avec le vraisemblable. Mais le crime ne relève-t-il pas toujours de l'invraisemblable ?

Pour remplir ces conditions, Bernard Minier fait de cet ouvrage un huis-clos dans une vallée, coincé entre un éboulement qui bloque la route d'accès et des habitants excédés, apeurés, prêts à en découdre avec les autorités, sur fonds de réminiscence de lutte des classes. Des meurtres y sont commis dans des conditions qui font froid dans le dos. Selon un rituel qui met la police au défi d'en résoudre l'énigme. Cela donne un roman au rythme soutenu qui n'offre pas de pause à ce commandant de police lequel sort d'une affaire lui ayant valu la mise à pied. Difficile de ne pas sortir des clous quand on est livré à des êtres qui ne connaissent quant à eux ni loi ni barrière. Martin Servaz est donc dans cet ouvrage le spectateur averti de l'action de ses confrères. Il piaffe de les voir patauger dans le bourbier d'une affaire pour le moins alambiquée. Mais, même empêché par une procédure qui traîne en longueur, il ne peut se retenir de s'impliquer. Quand on est Martin Servaz, le récurrent de Bernard Minier, on n'est pas habitué à rester sur la touche.

Depuis que j'ai découvert cet auteur je m'attache à scruter sa capacité à dresser la fresque d'une société qui donne libre cours à ce que l'espèce humaine a de plus vil. Une société dans laquelle les troubles psychologiques, la déconnexion de la réalité rivalisent avec l'appât du gain, toute forme de déviance y compris et surtout sexuelle pour susciter le crime. Cet ouvrage est autant un tableau de notre société contemporaine qu'un polar. le trait est certes un peu forcé, mais ne faut-il répondre à l'attente du toujours plus en matière d'effroi. Il faut surprendre encore et toujours et surtout ne pas se laisser doubler par le lecteur avant de lui livrer le coupable les menottes aux mains. Encore un polar de bonne facture de la part de Minier.
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Une lecture tout à fait esprit de Noël ! c'est de l'ironie bien entendu... parce qu'on plonge quand même ici dans les ténèbres de l'âme humaine, dans ce qu'elle a de plus perverse et violente.

Je retrouve Martin Servaz dans ce nouvel opus, après l'avoir quitté dans "Le cercle"... et avoir manqué quelques étapes dans l'intervalle (j'ai néanmoins réussi à recoller les morceaux). Un Servaz qui, sous le coup d'une procédure disciplinaire, se retrouve dans une vallée bientôt coupée du monde où d'atroces crimes sont commis...

"La vallée" est un thriller dont l'intrigue vous happe et ne vous lâche plus. Efficace donc, rien à dire. Mais j'avoue qu'il y a eu parfois dans le récit des aspects populistes voire trumpistes (dénonciation des élites, milices, justice hors de tout cadre légal,...) qui ne m'ont pas vraiment mis à l'aise, Minier m'ayant semblé insuffisamment critique en la matière... mais bon, un auteur qui cite dans ce roman les White stripes, Depeche Mode et surtout Morrissey, ne peut qu'avoir ma sympathie.
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Un retour vers le premier roman dans lequel apparaissait Martin Servaz ("glacé"): la même vallée, la même petite ville de 4000 âmes dont quelques dizaines de psychopates, la même gendarme chargée de l'enquête, la réapparition de Marianne et quelques meurtres avec d'horribles mises en scènes ... on remplace l'institut Wargnier par un monastère perdu et c'est reparti !!
Bien sûr, j'ai tendance à dire que ce remake ne vaut pas l'original ... mais je dois reconnaître avoir lu ce roman avec plaisir et avec l'envie de savoir comment tout cela va se terminer. Un roman très féminin où les rôles principaux sont tenus par des femmes toutes plus attirantes les unes que les autres (comme Bernard Minier les aime) au milieu des desquelles Martin Servaz semble plus observateur qu'acteur.
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