Autant en emporte le vent fait partie du patrimoine culturel mondial, que l'on ait, ou pas, lu le roman ou vu le film. Qui n'a jamais entendu parler de Scarlett O'Hara et de Rhett Butler?
J'ai enfin pu combler une partie de mes lacunes concernant cette oeuvre, moi qui n'ai jamais vu le film, en lisant la première partie du roman dans la nouvelle traduction parue en 2020 chez Gallmeister.
Sincèrement, je n'avais aucune idée préconçue sur l'histoire. Je savais que Scarlett était ce que l'on appelait une "belle du Sud" et que le roman évoquait son histoire d'amour complexe avec un dénommé Rhett Butler sur fond de guerre de Sécession. Mis à part cela, je ne savais pas quelle part allait prendre la romance, quelle part allait prendre le côté historique, et, surtout, si le mélange des deux allait s'avérer intéressant.
Pour le coup, il l'est.
De même, je ne savais pas si j'allais aimer la plume, je craignais une écriture un peu surannée, difficile à suivre aussi. Il n'en fut rien.
Margaret Mitchell nous offre ici un condensé de ce qu'était l'Amérique (en tout cas une certaine forme d'Amérique, qu'on ne peut pas encore appeler États-Unis) au moment où la guerre de Sécession éclate. Ayant fait des études en langue et civilisation anglaise et américaine, je savais à quoi correspondait cette période de l'histoire, je connaissais les conséquences de cette guerre civile (que les Américains nomment d'ailleurs plus facilement Civil War que Secession War) sur le devenir des États-Unis. Mais, ici, j'en ai pris vraiment la pleine mesure, d'autant que l'autrice s'attache à décrire davantage la vie des personnes étant restées à la maison plutôt que celles des soldats partis au front. de plus, fréquemment, lorsqu'un film évoque cette période, le côté nordiste (les fameux "Yankees"), est davantage mis en avant que l'autre point de vue puisque, dans l'imaginaire collectif, les nordistes étaient les "gentils", ceux qui voulaient mettre fin à l'esclavage (même si dans les faits c'est beaucoup plus complexe que ça, mais c'est une autre histoire). Mais en bonne sudiste,
Margaret Mitchell montre ici davantage l'autre côté, celui des confédérés, celui qu'elle connaît, qu'on lui a appris, et c'est un parti pris que j'ai trouvé intéressant.
Par ses descriptions, son écriture, elle a particulièrement su faire revivre la société de cette époque, les carcans imposées aux femmes (j'ai failli m'évanouir en lisant le tour de taille de ces dames et demoiselles à force de porter un corset), les rôles bien définis de chacun.
Mais, pour moi, ce sont surtout les personnages qui valent le détour dans cette histoire. Il n'y a pas de manichéisme, on peut les aimer, voire les adorer à un moment, les détester la page d'après.
Je suis passée par (presque) tous les sentiments vis à vis de Scarlett. de parfaite idiote, inculte, frivole, égoïste, méchante, et j'en passe, son tempérament se révèle plus subtil au fur et à mesure que la situation s'embrase. S'il y a bien un caractère (character) qui se révèle, c'est le sien. Ce qui fait que j'ai commencé à l'apprécier, même si elle me tape encore sur les nerfs à certains moments.
Quant à Rhett, qui sera, je l'espère, plus présent dans la seconde partie, j'avoue que j'ai bien aimé son côté m'en foutiste et rigolard. Il s'agit clairement d'un profiteur de guerre mais qui peut lui en vouloir, lui qui est au final si lucide?
Et si j'ai beaucoup aimé le personnage de Melanie, jeune femme très stéréotypée, très sage mais qui sait aussi faire preuve d'audace, de courage et de convictions fortes, j'avoue avoir moins d'affection pour Ashley, qui fait pourtant battre le coeur de Scarlett.
Donc oui, une sacrée bonne et belle découverte. Et, désormais, j'en attends beaucoup de ce second volume. J'espère que la condition des Noirs, évoquée mais de façon assez édulcolorée, voire mensongère, dans ce premier tome, sera davantage expliquée, mise en avant dans le deuxième. Et, aussi, je veux savoir ce qu'il deviendra de Scarlett et de Rhett.
En bref, un premier volume qui m'a beaucoup plu, malgré quelques coquilles dans l'édition Gallmeister, un livre que je n'aurais pas encore ouvert si Gwen n'avait pas lancé une lecture commune sur Babelio.
Un roman plus historique que romantique, en tout cas dans cette première partie, pour mon plus grand plaisir. J'ai hâte de connaître la suite.