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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On est en 1861, en Georgie, Scarlett ( 16 ans) , très frivole, est l'aînée d' une riche famille qui posséde une plantation de coton et cent esclaves. Tous les jeunes hommes des environs succombent à son charme, mais le seul dont elle est amoureuse, va en épouser une autre. Au cours d'un pique-nique, elle fait connaissance de Rhett Butler et pique sa curiosité, ils n'auront de cesse de se croiser dans les années à venir. Il est le seul à connaître son béguin, il est la seule personne de son entourage qui traîne une mauvaise réputation. Mais très vite, tout cela n'aura aucune espèce d'importance, la guerre est là, à leur porte, et tous les amis de Scarlett vont y partir... Tous sauf un !

Tout d'abord, vous dire que je n'avais jamais lu ce roman, ni vu le film , mais jeune , j'ai beaucoup lu sur le cinéma et je connaissais toutes les anecdotes de tournage. Et quand j'ai été moins jeune ..., que j'aurais pu remédier à cet oubli, il y avait comme un parfum de naphtaline sur cette histoire d'amour, comme un relent de racisme sur cette oeuvre que ça ne m'attirait plus du tout !
La nouvelle parution dans la collection Totem de Gallmeister a été l'occasion de réviser mon impression : je ne m'attendais pas à être aussi "emportée " ! Aussi conquise !

Alors, oui, j'ai été choquée par les mots employés pour qualifier les esclaves : les Négres... Oui, j'ai été heurtée par les faits relatés, l'air de rien, au détour d'une page , comme si c'était normal, banal. : comment un père “offrait” un domestique, un gamin noir de dix ans, à ses jeunes fils... Comment la cuisinière n'est pas remplacée parce qu'on en a pas acheté une autre ...
Mais ce qui nous choque aujourd'hui était " la norme" en 1861 . Margaret Mitchell a choisi d'écrire un roman historique et contrairement aux nombreux écrivains d'aujourd'hui qui réécrivent l'histoire avec un grand H , elle, elle respecte les pensées de l'époque. La famille de Scarlett possédait cent esclaves et on se doute bien qu'ils ne ressentaient aucune culpabilité, qu'ils ne remettaient pas leur "supériorité " en question...
La maison d' édition Gallmeister, a eu l'excellente idée ,d'ajouter au tout début du roman, une chronologie ( biographie de M Mitchell + les faits historiques à la même période ).
Margaret Mitchell (1900- 1049) a publié son roman en 1936. elle n'aura donc pas vu en 1955 , Rosa Parks se lever dans un bus , refusant de céder sa place à un blanc... Elle n'aura pas entendu en 1963, I Have a dream... le discours de Martin Luther King . Elle n'aura pas lu qu'en 1967, la cour Suprême des USA juge anticonstitutionnelle l'interdiction des mariages interraciaux... Dès lors, en remettant ce roman dans son contexte historique, en tenant compte du fait que Margaret Mitchell est née en 1930, peut-on lui reprocher de ne pas avoir été visionnaire ? C'est trop facile de juger les gens avec notre mentalité d'aujourd'hui...
On l'a accusée de n'avoir présenté qu'un point de vue, celui des Blancs, de présenter les esclaves contents de leur sort.
Certes, mais c'est plus compliqué.... Premièrement parce qu'elle n'occulte pas le fait que certains Noirs ont rejoint les Yankees, pour être libres, mais aussi parce que ses personnages esclaves ont du caractère, ont une réelle personnalité," ne font pas tapisserie" . Mammy sait très bien dire le fond de sa pensée et la petite Prissy sait très bien ralentir le rythme quand une corvée ne lui plait pas. Il faut savoir lire entre les lignes... J'ai adoré Mammy ! ( Rappelons que l'actrice qui jouait ce rôle a eu un Oscar pour l'adaptation de Victor Flemming (1939). )
Rappelons aussi que dans d'autres magnifiques romans qui sont devenus des classiques , les domestiques sont invisibles, les maisons se tiennent toutes seules, les tables sont garnies comme par enchantement. "Autant en emporte le vent", n'est certes pas "complet" de ce point de vue, mais il a le mérite de désinvisibiliser le personnel de maison. On les voit, ils parlent, le lecteur les plaint, et surtout le lecteur les aime...
Le lecteur comprend très bien ce que Margaret Mitchell dit ou ne dit pas, ce qu'elle effleure, ce qui appartient au passé. Ne pas faire confiance au lecteur pour "digérer" tout cela, c'est le prendre pour un abruti. Les racistes ,avec ce roman, resteront racistes, les autres seront choqués, heurtés, feront la part des choses et ressortiront moins ignorants de ce qu' a été la Guerre de Sécession qui est le deuxième point fort de cette histoire. ( 600 000 morts...)

D' habitude , je déteste la guerre dans les romans, ça ne m'intéresse pas. Mais Margaret Mitchell a changé tout cela, car elle l'aborde du côté de ceux qui ne se battent pas, ceux qui restent : les femmes, les personnes agées, les enfants et ceux qui en profitent, qui feront de l'argent. ( J'ai beaucoup pensé au roman contemporain "Le chagrin des vivants "...)
Il y a une forme de naîveté romantique chez ces garçons pressés de partir , persuadés qu'ils vont gagner. Il y a un côté poignant, chez ces femmes , élevées pour être "décoratives" qui vont devoir se retrousser les manches, pour soigner les blessés, trouver à manger, l'affreuse résultante de la guerre que jamais Margaret Mitchell n'occulte. Les détails sont extrêmement parlants, certains sont dérisoires , certains nous parlent dans notre chair, nous vont droit au coeur.
Oui, vraiment , la guerre racontée par une femme écrivaine, à travers les yeux de Scarlett qui jamais ne s'intéresse à la cause des Yankees (le pourquoi de la guerre l'indifférant ) est infiniment plus parlante (pour moi), que toutes les descriptions de stratégie guerrière, et armes...

Et j'en viens à Scarlett, pas intellectuelle pour trois sous, pragmatique, frivole, peste, égoïste, aimant plaire parfois au détriment de ses “amies”, n'aimant personne à part ses parents, et Ashley qui en épouse une autre... Scarlett ou l'anti-héroïne, tant elle est peu sympathique, faisant preuve de bonté toujours à contrecoeur, et parce qu'elle y est obligée pour le "qu'en dira-t-on" et son éducation. Scarlett , celle qu'on n'aime pas mais qu'on finira par admirer pour sa force de caractère quand elle porte sa maison et les âmes qui y vivent, à bras le corps, pendant la guerre.
Scarlett donne à ce roman LA touche de modernité, car cette héroïne ne correspond pas à son époque qui veut qu'une femme ne soit que bonté, générosité, qui veut qu'une femme soit une bonne mère. Scarlett est la seule à comprendre (avec Rhett Butler ) que le monde qu'ils ont connu est fini, la seule à comprendre qu'il ne reviendra plus (J'ai beaucoup pensé au roman le Guépard...)

Ce roman est formidablement bien écrit , ce fut un coup de coeur, j'ai eu l'impression de voir un film...

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Quel plaisir de se laisser emporter à nouveau - il s'agit d'une relecture - par le vent romanesque de Margaret Mitchell ! Je ne vais pas répéter ici ce que j'ai écrit en 2015 sur ce roman inoubliable, mes avis sur les trois tomes de l'édition Gallimard sont consultables sur Babelio.

Je veux juste ajouter un grain de sel concernant l'édition Gallmeister qui propose ici une nouvelle traduction. Hélas, j'ai été bien déçue par cette dernière. J'ai en fait rencontré deux soucis, l'un et l'autre relevant de mon point de vue à la fois de la responsabilité de l'éditeur et de la traductrice.

Premièrement, un nombre de coquilles, de mots oubliés ou doublés impressionnant. Je suis une adepte des éditions Gallmeister, au point d'animer un challenge dédié à leur édition poche, Totem. Pourtant, en toute objectivité, j'ai rarement vu autant de bugs dans une édition papier. Une belle couverture ne fait pas tout !

Deuxièmement, j'ai trouvé beaucoup de lourdeurs dans la tournure des phrases, voire dans la syntaxe. J'ai été amenée à lire quasiment en parallèle mon édition Gallimard et cela n'a pas été à l'avantage de l'édition Gallmeister.

Alors, si offrir au public une nouvelle traduction se résume à appauvrir la magie littéraire d'un roman, je ne vois aucune valeur ajoutée. Je reconnais que s'attaquer à retraduire un tel monument (1400 pages et une notoriété en marbre de Carrare) presque 90 ans après sa première parution en France doit constituer un réel défi, voire l'apogée d'une carrière, et je salue sincèrement cette audace et ce courage, mais un traducteur qui est capable de transformer "embrasser avidement" par "embrasser goulûment" ne peut pas s'attendre à beaucoup d'estime de ma part.

Dommage, cette édition finira dans une boîte à livres, elle fera sûrement le bonheur de lecteurs pour qui elle sera une belle découverte.


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Olala !
J'avais déjà lu il a plusieurs années ce qui est indéniablement un chef-d'oeuvre littéraire pour ma part. Quand j'avais appris (cela fait un petit moment), que les Editions Gallmeister proposaient une nouvelle traduction dans leur collection Totem, je n'avais pas pu résister, surtout en voyant les couvertures que je trouve personnellement très belles.
Bon, sur mes trois tomes Folio, il y a des images tirées du film, donc, du point de vue esthétique, les deux éditions se valent largement.
C'est à l'occasion de cette lecture commune que je me suis donc enfin lancée dans cette relecture.
J'avoue que j'avais quelques appréhensions, et entre autres celle d'être moins emballée par ce livre, l'ayant déjà lu.
Bon, le plaisir de retrouver Scarlett O'Hara est resté intact, et je pense même que j'ai réussi à prendre un peu de hauteur pour encore mieux comprendre et cerner ce personnage ainsi que celui de son alter ego masculin : Rhett Butler.
J'avais aussi pas mal de questionnements quant à la nouvelle traduction : au début, je vérifiais régulièrement certaines expressions en comparant avec mon Edition parue chez Folio. Et je me dois avouer que je suis passée par plusieurs phases : plutôt enthousiaste lors des premières pages , ensuite une grosse déception quand à certaines coquilles et expressions un peu « lourdes » à mon gout. Finalement, j'avoue ne plus avoir remarqué de coquilles et compagnie car j'ai tellement été immergée et happée par ma lecture que c'était impossible de remarquer ce genres de choses finalement annexes pour ma part au vu de la qualité de cette histoire.

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Je lis ce grand roman américain grâce à une lecture commune ici, sur Babelio. Et : merci ! Sans cela, je ne sais pas quand j'aurai exhumé ce pavé de ma PAL.
Je ne vais pas tourner autour du pot, ni être originale : j'ai adoré.
J'ai adoré être agacée par Scarlett, son égoïsme, son égocentrisme, sa superficialité, son mépris pour les classes "inférieures", son manque de réflexion et d'intelligence. Je l'ai aimé pour ces mêmes raisons, cette héroïne de 16 ans au début du roman. C'est justement ces "défauts" qui lui permettent de survivre, de traverser la Géorgie en flammes, de lutter, de ne pas se laisser abattre, d'avoir la force nécessaire.
J'ai adoré être rebutée par Rhett, sa suffisance, son machisme, son mansplaining, son irrespect, son manque de morale. Et c'est pour ces mêmes raisons, et son intelligence, sa clairvoyance et son cynisme, que c'est un personnage fascinant, qui ménage ses effets et percutent l'esprit du lecteur dans ses trop rares apparitions.
Les autres personnages ont fait naître en moi cette même dichotomie : Mélanie pénible avec son côté fleur fragile mais courageuse et pleine de probité, Ashley trop droit et manquant de fantaisie, mais fidèle et sensible, Gérald colérique, tempétueux mais au coeur généreux, Ellen froide et rigide mais forte et dévouée.
Margaret Mitchell a un talent incroyable pour dépeindre les caractères, faire naître des émotions, dresser le portrait d'une époque, nous transporter en pleine guerre de sécession. Pour un roman qui a bientôt 90 ans, des sujets comme la condition féminine, le racisme, le mépris de classe, la valeur travail résonnent toujours. Il faut cependant toujours resituer dans le contexte, car parfois la vision des choses me fait bondir de ma chaise.
700 pages pour ce tome ? je les ai à peine vu passer. Quand on aime, on ne compte pas. On oscille entre moments de badinage, stratégies militaires, peinture sociale, saga familiale avec une totale fluidité. Oui, j'ai aimé, je crois.
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Il y a longtemps que je voulais relire ce classique de la littérature américaine. le film est un de mes premiers plus grands souvenirs de cinéma, et je ne résiste jamais à la possibilité de le revoir lorsqu'il est diffusé à la télévision et je le connais par coeur. C'est donc à l'occasion d'une lecture commune que je me suis lancée en ce début d'année. 2 tomes de plus de 700 pages, voilà qui a occupé quelques soirées.

Le récit commence en avril 1861. Il s'ouvre sur un monde idéal : Scarlett a 16 ans et son magnétisme attire tous les hommes autour d'elle. Dans ces plantations de Géorgie les propriétaires vivent les derniers jours d'un monde que l'auteure nous présente sous un angle qui angélique : les jeunes filles sont belles, les jeunes hommes séduisants, leur avenir est tout tracé, le coton pousse dans les champs et les esclaves sont traités avec bienveillance. Mais il ne faut pas oublier de se replacer sous le double angle de l'époque de parution du livre et des origines de son auteure. Margaret Mitchell a grandi dans la mémoire des Confédérés, entouré d'une famille acquise à la Cause. Comment, alors qu'elle n'a compris qu'à 10 ans que le Sud avait perdu la guerre, ne pourrait-elle pas idéaliser cette période d'avant, ce Sud de ses ancêtres ?

Dès les premières pages Margaret Mitchell dresse les grandes lignes de cette société aristocratique avec ses riches propriétaires terriens et sa jeunesse insouciante. Pourtant l'orage gronde. Les préparatifs de la guerre exaltent l'enthousiasme des hommes tandis que les femmes ne pensent qu'à marier leur progéniture pour perpétuer les traditions, consolider les alliances.
Lorsque au soir d'un pique-nique tous apprennent que la guerre est déclarée, tous n'ont qu'une seule idée en tête : se battre pour « la cause », pour cette société qu'ils croient supérieure à celle des Yankees.

Ce premier tome est celui de la fin d'un monde, la fin de ce Sud que chantait si bien Nino Ferrer. C'est le tome de la guerre de Sécession, cette guerre civile qui marque une étape si importante de la formation des États-Unis d'Amérique.

Margaret Mitchell fait remarquablement le récit de cette guerre fratricide, de son impact sur les populations, l'économie et les paysages. Elle nous dresse une collection de personnages forts : l'insouciante et égocentrique Scarlett qui va se transformer en battante, l'arrogant séducteur rebelle et aristocrate Rhett Butler, la douce et humaine Mélanie (Mellie), Ashley le rêveur, Mama la fidèle domestique, et une multitude de personnages secondaires qui chacun a un rôle important dans l'histoire.

L'auteure excelle à poser rapidement et avec précision les personnalités mais aussi le contexte. Les descriptions des mécanismes de la société, la présentation de l'histoire et de la construction de la Géorgie et d'Atlanta, tout autant que le souffle romanesque du roman, emportent le lecteur dans un tourbillon. On ne lâche le tome 1 qu'avec l'envie de se jeter immédiatement sur la suite.

(voir également ma chronique du tome 2 pour plus de développement sur l'ensemble du roman)
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Un personnage de femme extra ordinaire, extrêmement moderne quand on prend en compte la période à laquelle le roman a été écrit, une femme qui n'abandonne jamais et se bat avec les seules armes dont elle dispose.
Un côté historique intéressant. Vu du côté sudiste, les soubresauts d'un monde qui s'écroule mais qui l'ignore encore.
J'ai découvert ce livre un peu par hasard sur le tard, sans connaitre l'histoire, c'est un vrai page-turner, à la fois roman historique, roman sociétal et roman d'amour. Je vais plus que vraisemblablement le relire dans peu de temps pour profiter encore un peu de Scarlett.
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Aimant Autant en emporte le vent (le livre et le film), j'étais curieuse de découvrir la nouvelle traduction et je ne regrette pas de m'être replongée dans cette histoire d'un monde sudiste, arrogant et pétri de règles de bienséance, qui s'écroule. Certes, pour l'histoire de l'esclavagisme, il faut lire autre chose, le point de vue est du côté des propriétaires terriens de Géorgie (l'autrice a quelques phrases dont elle aurait pu se passer) et du côté des femmes avec une héroïne "belle du comté", touchante dans son besoin d'être reine du bal, son désir d'être douce fille bien élevée et son tempérament de feu qui la consume autant qu'il lui donne force.
Les 700 pages du premier tome montre une Scarlett adolescente à la vie facile mais différente dans cette société très codifiée, plongée dans une guerre qu'elle ne comprend pas, et magnifie l'attachement à la terre.
Quelle que soit la version, j'aime ce romanesque flamboyant, le 2e tome ne devrait pas changer ça.
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J'ai mis un temps infini à venir à bout du premier tome des aventures de Scarlett O'Hara. Je ne pensais pas qu'Autant en emporte le vent allait m'accompagner aussi longtemps mais ce roman est si dense qu'il m'a fallu le poser de temps à autre pour lire d'autres choses. Ce roman fleuve a séduit des générations de lecteurs tout autant qu'il a suscité de vives polémiques sur la portée raciste de son contenu. Ce sont ces polémiques qui m'ont donné envie de le découvrir à mon tour. Face aux attaques dont Margaret Mitchell et la réédition de ce roman ont fait l'objet ces derniers temps sur les réseaux sociaux il me fallait le lire pour me faire ma propre idée. Certes celle-ci n'est encore que partielle puisqu'il me reste le tome 2 à lire mais j'y vois déjà plus clair dans toute cette histoire et surtout, j'ai enfin un avis sur la question.
Je ne vais pas vous faire un résumé de l'intrigue, tout le monde la connait ou presque, alors je vais passer directement à mon ressenti. Si je devais évaluer Autant en emporte le vent comme un livre dont je n'ai jamais entendu parler auparavant, je dirais que c'est assurément un grand roman dans le sens du roman fleuve, qui vous fait évoluer dans une atmosphère dont il est difficile de s'extraire. Tout y est minutieusement décrit, rendant cette histoire et les personnages extrêmement visuels. C'est un roman que l'on imagine écrit à une époque où les divertissements étaient rares et où un tel pavé pouvait se lire des soirées entières au coin du feu. En cela, il appartient au passé, sa forme et sa construction ne cadrant pas avec les standards actuels. J'ai beaucoup aimé ce charme désuet même si j'ai souvent regretté des descriptions interminables et des longueurs qui me poussaient à refermer ce livre pour vaquer à d'autres occupations. Mais j'y revenais à chaque fois, fascinée par le personnage de Scarlett, plus complexe qu'il n'y parait pendant les premières centaines de pages de ce livre. Evidemment, la jeune O'Hara est détestable de suffisance, d'égoïsme, de froideur mais c'est aussi une femme avec un tempérament de feu, une guerrière. Par opposition, Melanie, la femme de son Ashley tant convoité fait pâle figure alors même qu'elle possède les mêmes forces mais sous des abords bien plus aimables. La méchanceté apporte du relief au personnage, on n'aime pas vraiment les gentils en littérature… Et c'est tout aussi vrai pour les personnages masculins puisque Rhett Butler paraît éminemment plus charismatique sous ses abords de dragueur impénitent doublé d'un salaud que le brave et fiable Ashley.

Maintenant si j'en viens au fond du problème, à savoir l'idéologie nauséabonde qui se dégage de ce roman pour certains, je suis au regret de ne pas partager leur point de vue sur la question. Entendons-nous bien, je ne suis pas du tout en train de dire que ce roman n'est pas choquant par bien des aspects et que la manière de traiter le sort des esclaves correspond à une réalité, il suffit de confronter ce roman à d'autres comme Beloved de Toni Morrison pour voir immédiatement que l'on est ici dans le fantasme le plus pur. Mais c'est bien cela que nous propose ce roman : le fantasme d'une vie de Sudiste entouré de ses esclaves dans une plantation de coton. Que nous dit Margaret Mitchell dans ce roman ? Rien d'autre que ce que pensaient les Sudistes au moment de la guerre de Sécession, à savoir que les nègres n'étaient que des petits animaux sans défense, incapables de survivre sans leur maître blanc qui leur apporte sécurité et nourriture. Est-ce abjecte comme pensée ? Evidemment ! Mais cela correspond à ce que pensaient les personnes qui ont inspiré les personnages de Margaret Mitchell. Il est normal qu'elle leur prête ce genre de pensée, normal qu'elle évoque des nègres heureux de travailler pour leur maître, non parce qu'ils étaient réellement heureux mais parce que c'est qu'aimaient à penser leurs maîtres. On n'imaginerait pas un roman consacré à une famille nazie en pleine guerre, s'appesantir sur le sort des juifs. Si Autant en emporte le vent est un roman sur fond historique, il n'est pas L Histoire. Il ne vise aucune impartialité, aucune réalité mais croque une société dans sa manière de vivre et de penser. Aurait-il fallu faire précéder cette réédition d'une note explicative, d'un contexte ? Peut-être mais là encore je n'en suis pas certaine. On peut aussi faire confiance au lecteur et à sa capacité de discernement. Qui aujourd'hui sain d'esprit pourrait remettre en cause les abominations de l'esclavage ? (J'ai bien dit sain d'esprit…)

Alors, Margaret Mitchell était-elle raciste ? Peut-être, je ne sais pas, je n'ai jamais étudié sa biographie en détail ni n'ai jamais eu l'occasion de lui poser la question mais je n'en suis pas certaine si je me fie à ce que je viens de lire. Elle s'est très certainement appuyée sur l'histoire de ses ancêtres sudistes pour élaborer ce roman et donner énormément de matière à ses personnages. Mais à plusieurs reprises j'ai eu le sentiment qu'en filigrane elle montrait qu'elle n'y croyait pas ou plus. Peut-être l'ai-je mal lue mais j'en retiens que très régulièrement les Sudistes sont présentés des fous qui ne se rendent pas compte qu'ils sont vaincus d'avance. Rhett n'a de cesse d'ouvrir les yeux de Scarlett sur ce qu'il va advenir. Cette vie dorée est terminée, les Sudistes en ont fini de manger leur pain blanc et de vivre du travail de leurs esclaves. Je n'ai pas perçu comme d'autres de regrets de la part de l'auteure pour cette période révolue, si regrets il y a, ce sont ceux exprimés par Scarlett ou par ses soeurs. Je n'ai pas eu le sentiment de lire que "c'était mieux avant". Mais encore une fois, je suis bien incapable de dire ce que l'auteure avait comme réelles intentions et je n'ai pas envie de la condamner à l'aveugle pour un roman écrit il y a près d'un siècle.

La question reste donc posée : doit-on moraliser la fiction ? Lui donner le sens que l'on souhaite ? Faut-il regarder une oeuvre du passé ou traitant du passé avec notre regard d'aujourd'hui ? Je pense que oui, car cela nous rassure sur le fait que nous évoluons dans le bon sens sur ces questions. Oui, pour continuer à tracer notre chemin avec humanité et discernement mais certainement pas pour modifier ce qui nous gêne dans le passé. Appuyons-nous sur ce qui choque aujourd'hui nos consciences, c'est une démarche qui me semble bien plus salutaire.

Je vais bientôt attaquer le tome 2, mais en audio cette fois car j'ai pu écouter un long extrait et la voix de Caroline Maillard m'a conquise en apportant un souffle romanesque supplémentaire à ce roman.
Lien : https://www.lettres-et-carac..
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J'ai été littéralement aspirée par l'écriture de Margaret Mitchell, "remastorisée" par la traductrice Josette Chicheportiche, avec le soutien de l'éditeur Gallmeister.

J'avais lu l'édition Gallimard en 1938, pendant mon adolescence, mais j'étais sans doute trop jeune. J'ai redécouvert ce texte, traversée par les images de la proposition cinématographique de Victor Fleming (1950) que tout le monde connaît. le texte apporte un incroyable éclairage sur le film, avec de multiples descriptions, de l'époque et de ses moeurs, sur l'histoire de la famille O'Hara, sur l'amour de la terre et ses racines, sur la personnalité complexe de Scarlett. J'ai beaucoup apprécié le contexte de la guerre de Sécession, retracé à travers les événements clés qui ont participé à la mort de tout un monde sudiste qui se croyait invincible.

C'est un grand moment de plaisir, et j'ai hâte de commencer le deuxième tome.
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Taratata !
Voici ce que j'avais écrit rapidement à mon inscription sur Babelio, sur cet ouvrage placé en tête sur mon île déserte : « C'est mon livre de référence (catégorie saga romanesque), celui que j'ai lu lorsque j'avais -12-13ans, celui qui m'a laissé un souvenir impérissable ... J'étais Scarlett, le temps de ma lecture, désespérément amoureuse de Rhett...
Évidemment à emporter sur une île déserte, pour le livre en lui-même (il fait largement plus de 1000 pages !!) et pour l'histoire éminemment romanesque !!
taratata !! »
Autant dire que j'appréhendais de relire ce roman (je crois que j'ai du le relire dans les années 90, mais je n'en suis pas certaine, est-ce que je confonds avec le film que j'ai vu et revu et rerevu un nombre incalculable de fois ?), dans une nouvelle édition et une nouvelle traduction (je suis toujours très méfiante avec les nouvelles traductions, craignant qu'on en profite pour modifier la lettre de l'ouvrage). Je me suis donc laissée embarquer dans l'aventure de la lecture commune proposée par Gwen21 et bien m'en a pris !
Relire ce monument est un énorme plaisir et je n'ai pas du tout la même approche du roman qu'à l'adolescence. Je savoure chaque page (je ne suis pas gênée par la traduction de Josette Chicheportiche même si quelques fois, je me reporte à mon édition originale), il y a plein de détails que j'avais plus ou moins oubliés ou gommés et j'ai constamment en arrière plan les images du film. le contexte historique (la guerre de Sécession) du point de vue des Confédérés est particulièrement bien rendu (et pour une fois, je n'ai pas trouvé les scènes de bataille ou les détails sur la stratégie militaire barbants !) : il contribue largement à la dramaturgie qui s'installe.
Que de scènes mémorables dans ce premier tome ! Sans vouloir trop en dire afin de préserver le plaisir des prochains lecteurs, il y a plusieurs moments très importants dans le roman :
Et les personnages ? Scarlett que l'on découvre dans les tous premiers mots du roman « Scarlett O'Hara n'était pas belle, mais les hommes en avaient rarement conscience une fois sous son charme (…) », jeune fille gâtée, capricieuse, futile, sûre de ses charmes, entourée d'une foule de soupirants énamourés… et terriblement malheureuse en apprenant que Ashley dont elle est amoureuse va en épouser une autre. La guerre va changer Scarlett, profondément, mais c'est surtout l'après-guerre qui la fera passer à l'âge adulte. Autour de Scarlett gravitent des personnages qui prennent une épaisseur et une importance au fil des pages. Melanie, que Scarlett déteste puisqu'elle est la femme d'Ashley, et plus encore, dont elle méprise l'apparente faiblesse : Melanie va se révéler, et forcer notre admiration. Ashley quant à lui, est peu présent (physiquement) dans ce premier tome puisqu'il est parti faire la guerre, mais il occupe toutes les pensées de Scarlett et Melanie. Et puis il y a Rhett Butler, qui a, pour l'éternité, les traits de Clark Gable (je ne peux pas l'imaginer autrement, et la description de Margaret Mitchell colle tellement bien !), Rhett, « persona non grata » dans la bonne société sudiste mais forceur de blocus dont on ne saurait se passer pour apporter à ces dames, outre des produits de première nécessité, les babioles futiles dont elles raffolent. Rhett est un rebelle, il n'a que faire du « qu'en dira-t-on », il se moque que sa réputation soit ruinée, Rhett est celui qui a percé à jour Scarlett et qui sait qui elle est vraiment, et va lui révéler sa vraie personnalité. Tous deux sont si semblables finalement.
Autour de ce quatuor, il y a une foule de personnages qui ont tous un rôle à jouer dans cette tragédie. Je retiens les esclaves, les noirs qui travaillaient dans les plantations sudistes (l'opposition entre les abolitionnistes du Nord et les esclavagistes du Sud est souvent donnée comme étant le mobile de la guerre de Sécession) et dans les maisons (les esclaves des champs étant considérés comme inférieurs par ceux qui étaient employés de maison). Évidemment, aujourd'hui, nous sommes choqués par ces descriptions mais il faut impérativement remettre le roman dans son contexte. Margaret Mitchell l'a écrit dans les années 30, même si l'esclavage n'avait plus cours, les états du Sud étaient ségrégationnistes et le sont restés jusqu'à la fin des années 60 (et malheureusement on peut considérer sans se tromper qu'aujourd'hui, en 2024, une certaine forme de ségrégation subsiste aux Etats-Unis). Mamma (devenue Mammy dans la nouvelle traduction), est une femme avec une très forte personnalité, elle dirige d'une main de fer la maisonnée de Tara et a élevé Scarlett et ses soeurs avec des principes inflexibles. Pork, Dilcey, Prissy, Oncle Peter sont également des personnages incontournables du roman.
Pour rester dans le contexte historique, la condition féminine des années 1860 dans le sud est très bien décrite. Les jeunes filles étaient élevées et éduquées pour se marier (« sois belle et tais toi »). Seule Ellen, la mère de Scarlett, échappe un peu à ce stéréotype car c'est bien elle qui tient les rênes de la plantation.
Le premier tome de l'édition Gallmeister Totem (encore une fois, quelle magnifique couverture !) s'achève à un moment clé de l'intrigue : je m'empresse d'ouvrir le deuxième !
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