Citations sur Encre sympathique (98)
Faut-il vraiment trouver une réponse ? J'ai peur qu'une fois que vous avez toutes les réponses votre vie se referme sur vous comme un piège, dans le bruit que font les clés des cellules de prison. Ne serait-il pas préférable de laisser autour de soi des terrains vagues où l'on puisse s'échapper ?
Dans le tracé assez rectiligne de ma vie, elle était une question demeurée sans réponse. Et si je continue d'écrire ce livre, c'est uniquement dans l'espoir, peut-être chimérique, de trouver une réponse. Je me demande : Faut-il vraiment trouver une réponse ? J'ai peur qu'une fois que vous avez toutes les réponses votre vie se referme sur vous comme un piège, dans le bruit que font les clés des cellules de prison. Ne serait-il pas préférable de laisser autour de soi des terrains vagues où l'on puisse s'échapper ? (p. 101-102)
Il y a des blancs dans une vie, mais parfois ce qu'on appelle un refrain. Pendant des périodes plus ou moins longues, vous ne l'entendez pas et l'on croirait que vous avez oublié ce refrain. Et puis, un jour, il revient à l'improviste quand vous êtes seul et que rien autour de vous ne peut vous distraire. Il revient, comme les paroles d'une chanson enfantine qui exerce encore son magnétisme.
Et si je continue d'écrire ce livre, c'est uniquement dans l'espoir, peut-être chimérique, de trouver une réponse. Je me demande : faut-il vraiment trouver une réponse ? j'ai peur qu'une fois que vous avez toutes les réponses votre vie se referme sur vous comme un piège, dans le bruit que font les clés des cellules de prison. Ne serait-il pas préférables de laisser autour de soi des terrains vagues où l'on puisse s'échapper ? (page 103)
A mesure que je tente de mettre à jour ma recherche, j'éprouve une impression très étrange. Il me semble que tout était déjà écrit à l'encre sympathique.
A Rome, on ne pose jamais de questions indiscrètes à ceux que l’on rencontre concernant leur métier ou leur vie personnelle. On les accepte d’une manière tacite comme si on les connaissait depuis toujours. On devine tout d’eux sans rien demander.
Et d’ailleurs existait-il vraiment, le passage du temps, dans cette ville que l’on qualifiait d’éternelle ? Bien sûr, au fil des années, les gens disparaissaient, les lumières s’éteignaient, le silence se faisait dans les lieux où l’on s’était habitué au brouhaha des conversations et aux éclats de rire. Et, malgré tout cela, il y avait un fond d’éternité dans l’air.
Le présent et le passé se mêlent l'un à l'autre dans une sorte de transparence, et chaque instant que j'ai vécu dans ma jeunesse m'apparaît, détaché de tout, dans un présent éternel
Et cela, je l'éprouvais chaque fois que je m'aventurais sur des chemins de traverse afin de pouvoir ensuite écrire noir sur blanc mon itinéraire, chaque fois que je vivais une autre vie - en marge de ma vie.
Jamais Paris ne m'avait semblé aussi doux et aussi amical, jamais je n'étais allé si loin dans le cœur de l'été, cette saison qu'un philosophe dont j'ai oublié le nom qualifiait de saison métaphysique.