Citations sur Encre sympathique (98)
Je n'ai jamais respecté l'ordre chronologique. Il n'a jamais existé pour moi. Le présent et le passé se mêlent l'un à l'autre, dans une sorte de transparence, et chaque instant que j'ai vécu dans ma jeunesse m'apparaît, détaché de tout, dans un présent éternel.
Je n'ai jamais respecté l'ordre chronologique. Il n'a jamais existé pour moi. Le présent et le passé se mêlent l'un à l'autre dans une sorte de transparence, et chaque instant que j'ai vécu dans ma jeunesse m'apparaît, détaché de tout, dans un présent éternel. (p. 105)
On se trouve quelquefois dans un lieu parmi des gens que l'on ne connaît pas pour la plupart... et on ne peut rien faire d'autre qu'écouter leur conversation...
Il ne faut jamais se fier aux témoins. Leurs prétendus témoignages sur des personnes qu’ils auraient connues sont inexacts, la plupart du temps, et ils ne font que brouiller les pistes. La ligne d’une vie disparaît derrière tout ce brouillage. Comment démêler le vrai du faux si l’on songe aux traces contradictoires qu’une personne laisse derrière elle ? Et sur soi-même en sait-on plus long, si j’en juge par mes propres mensonges et omissions, ou mes oublis involontaires ?
J’ai peur qu’une fois que vous avez toutes les réponses votre vie se referme sur vous comme un piège, dans le bruit que font les clés des cellules de prison. Ne serait-il pas préférable de laisser autour de soi des terrains vagues où l’on puisse s’échapper
À mesure que je tente de mettre à jour ma recherche, j’éprouve une impression très étrange. Il me semble que tout était déjà écrit à l’encre sympathique. Quelle est dans le dictionnaire sa définition ? « Encre qui, incolore quand on l’emploie, noircit à l’action d’une substance déterminée. »
Quand je pensais à l'avenir, je me disais que rien ne serait perdu de tout ce que j'avais vécu. Rien. J'étais trop jeune pour savoir qu'à partir d'un certain moment vous butez sur des trous de la mémoire.
L'avenue était déserte, et pourtant je devinais à mes côtés une présence, l'air était plus vif que celui que je respirais d'habitude, le soir et l'été plus phosphorescents.
L'avenue était déserte, et pourtant je devinais à mes côtés une présence, l'air était plus vif que celui que je respirais d'habitude, le soir et l'été plus phosphorescents. Et cela, je l'éprouvais chaque fois que je m'aventurais sur des chemins de traverse afin de pouvoir ensuite écrire noir sur blanc mon itinéraire, chaque fois que je vivais une autre vie - en marge de ma vie.
J’avais désormais la certitude que Noëlle Lefebvre ne s’était jamais appelée Noëlle Lefebvre à l’état civil, mais qu’elle avait été mariée à cet homme sans visage dont Jacques B. m’avait dit que je n’avais pas pu le connaître à Annecy. Mme Sancho-Lefebvre. Et son nom de jeune fille ? Elle n’avait pas seulement disparu depuis dix ans, elle était pour moi désormais une fille sans nom. Et même le prénom, Noëlle, était-il le bon ?