AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 463 notes
Rien que pour le titre ! "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" ... Quel trouveur de titre ce Modiano !
On oublie souvent qu'un bon roman commence aussi par un titre, qu'il s'agit parfois d'élucider ... « Souvenirs dormants » ...
Au fait, "La Ville dont le prince était un enfant" ... Il existe vraiment ce livre M. Modiano ?
Commenter  J’apprécie          30
Patrick Modiano est probablement un observateur formidable car il utilise un magnifique style descriptif pour planter les décors et les personnages. Tout y passe: les vêtements, les sons, les parfums, les avenues, etc. Nous sommes avec le narrateur et nous "voyons" la scène. Les actions, de leur côtés, ne sont pas forcément très détaillées mais plutôt suggérées. Nous sommes pris dans cette bulle descriptive, douillettement emmitouflés dans ces mots remplis d'images. L'auteur joue également avec le temps, nous passons d'une époque à une autre en glissant sur des passerelles chronologiques, révélant une sorte de puzzle temporel qu'il nous plaît à reconstituer lentement. Pour finir, l'histoire, qui passe presque en second plan, a pour sujet un amour fugitif sur fond de conflit algérien, tout cela au bord du lac d'Annecy, sans jamais le citer. Très bon roman.
Commenter  J’apprécie          210
Après avoir terminé la trilogie des débuts (j'ai parcouru Les boulevards de ceinture en accéléré, tant j'avais l'impression de relire les deux premiers opus), s'ouvre à moi l'Univers Modiano.

J'ai retrouvé ce qui fait le charme de l'écriture de Modiano : la Savoie, des personnages sans passé et au présent flou, des noms de rues.

Mais aussi quelques éléments de la trilogie : la présence du père, ici comme un souvenir ; le nom et le passé du narrateur inventés ; la guerre d'Algérie à la porte et qui entre avec effraction pour repartir aussi vite.

J'ai aimé le nom du docteur Meinthe, à la fois Menthe et Mint. J'ai aimé trouvé des touches de vert tout au long du texte.

Quelques citations :

Plus tard, je me marcherai à travers cette ville et elle me paraîtra aussi absente qu'aujourd'hui. Je me perdrai dans le dédale des rues, à la recherche de votre ombre. Jusqu'à me confondre avec elle.

Il y a des êtres mystérieux – toujours les mêmes – qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de votre vie.

Ce qui nous rend la disparition d'un être plus sensible, ce sont les mots de passe qui existaient entre lui et nous et qui soudain deviennent inutiles et vides.

L'image que je retiendrai :

Celle du chien de l'actrice Yvonne, qui promène lui aussi sa tristesse.
Lien : https://alexmotamots.fr/vill..
Commenter  J’apprécie          50
» Un de mes élèves en cours particulier a eu la malchance de se voir prescrire ce pensum et du coup ,il m'a fallu le lire. Quel ennui !Le milieu décrit ne m'intéresse pas , les personnages sont fades et l'action poussive . La prose de Modiano n'est pas désagréable à lire , loin de là , mais sitôt lu sitôt oublié.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai choisi ce petite roman de 200 pages sur un argument bien mince : L'action de ce livre se passe dans la ville où j'habite depuis 3 ans. Passée la découverte de lieux où je passe pratiquement tous les jours (rue d'Albigny, rue du Parmelan, Veyrier du Lac...) , je dois dire m'être un peu ennuyée : Victor, le personnage principal, est intéressant et bien dessiné (un jeune homme de 18 ans qui n'a pas de racines et se cherche un point de chute) : il a quitté Paris et rencontre deux autres jeunes gens un peu plus âgés que lui, le temps d'un été. Par contre les deux autres personnages , Yvonne et René m'ont paru plus tenir du stéréotype ....
Bref , 1963, le temps de l'été de ces dix huit ans, Victor enchaîne les fêtes, l'alcool coule à flot, il se croit amoureux ... bien mince tout cela. le fait de revenir dix ans après apporte une touche de tristesse (le titre du livre est en phase avec l'histoire)
En conclusion : pas déplaisant mais un livre qui ne me restera pas en mémoire longtemps.
Commenter  J’apprécie          50
L'histoire se déroule le temps d'un été, dans une ville de villégiature, au bord d'un lac en Haute Savoie. le narrateur avait notre âge. Douze ans après, il revient sur les lieux, marche à reculons, à l'aveugle, et tente de faire resurgir ce qu'il a oublié. Elle s'appelait Yvonne, (c'est si facile d'oublier l'état civil des gens qui ont le plus comptés), elle lui avait souri et il avait décidé que ce jour était le plus beau de sa vie, elle était actrice, un peu plus âgée que lui, toujours accompagnée par son ami d'enfance. de chambres d'hôtels aux salons des villas, des longues avenues aux rues tortueuses, qui mentait à qui ? Yvonne avait un accent mais d'où ? Les identités sont troubles, les existences auréolées de mystère. le narrateur déambule comme dans un rêve, évitant les gestes trop brusques et les questions précises, pour ne pas se réveiller. Les noms et les lieux égrenés, sont des repères rassurants même si fantomatiques. Comme les parfums, celui du jasmin, ou des images devenues floues qui redeviennent nettes un instant. Des cheveux auburn, une robe verte et une écharpe qui vole.
Comme eux, nous n'aurions jamais dû nous séparer, une autre vie aurait pu commencer. Ces moments sont fixés et liés inexorablement aux pages de « Villa triste »: « Je me dis qu'elle vivait ce moment de la jeunesse où tout va bientôt basculer, où il va être un peu trop tard pour tout. le bateau reste à quai, il suffit de traverser la passerelle, il reste quelques minutes… Une douce ankylose vous prend. »
Lien : https://www.onlalu.com/livre..
Commenter  J’apprécie          20
J'avais lu ce livre il y a bien trente ans (je sais ça ne me rajeunit pas !), je ne me souvenais plus de l'intrigue mais encore de l'ambiance. J'ai décidé de le relire dans le cadre du challenge multi défis de Babelio pour l'item concernant un livre basé sur la mémoire. Ce thème est d'ailleurs récurrent dans l'oeuvre de Modiano.

Le narrateur revient douze ans plus tard, en hiver, dans une ville d'eau dans laquelle il a passé l'été 1963. La ville est un mélange d'Annecy et d'Evian, mais elle n'est pas nommée, toutefois les lecteurs qui connaissent ces deux villes les reconnaîtront facilement. Tout est désert et désolé, il voit de loin le docteur René Meinthe et c'est l'occasion de laisser libre cours à ses souvenirs et à sa nostalgie .

Durant l'été 1963, le narrateur a dix-huit ans, il a peur de la guerre d'Algérie et part se cacher dans cette ville située au bord du lac Léman (pas non nommé mais facile à reconnaître) car il pense qu'il lui sera facile de s'enfuir en Suisse si le besoin s'en fait ressentir. On ne connaît pas son vrai nom, mais cet été-là il choisit de s'appeler le comte Victor Chmara et se dit émigré russe. Il vit dans une modeste pension et évite de se faire remarquer, il se promène dans la ville et se sent séparé des autres jeunes qu'il observe de loin. Un jour il rencontre Yvonne dans le hall d'un hôtel luxueux, ils parlent, se promènent dans les jardins. le soir René Meinthe se joint à eux, il est un ami de longue date d'Yvonne. Il est homosexuel et se fait appeler la Reine Astrid. Yvonne et Victor ne tardent pas à s'installer ensemble au palace. La jeune fille a eu un petit rôle dans un film d'un réalisateur autrichien. Les trois amis passent un été de rêve, entre fêtes et évènements mondains, mais quand Victor croit à son rêve et veut lui donner corps, Yvonne refusera de s'engager. le rêve prend fin brutalement. Yvonne et René gardent leur mystère.

La nostalgie est partout dans ce livre magnifique. Des souvenirs imaginaires se mêlent aux vrais, alors qu'il se promène avec Yvonne à Evian, Victor rêve du Berlin d'avant-guerre qu'il ne peut avoir connu. Toute l'histoire est une sorte de rêve dans lequel les personnages se mentent à eux-mêmes et entre eux. Il s'écroulera quand Victor voudra lui donner une réalité et une durabilité. La langue est absolument magnifique et riche, les descriptions inattendues et originales. Même s'il ne se passe pas grand chose, l'univers de Modiano recèle une grande magie.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
Commenter  J’apprécie          70
Patrick Modiano est un cas. Prix Nobel de littérature en 2014, il est cité par nombre d'écrivains, de comédiens, de lecteurs comme une référence absolue. Il est ainsi un des grands auteurs français contemporains. Il vient de publier deux nouveaux ouvrages : un roman et une pièce de théâtre. Cela m'a donné envie de (re)découvrir son travail, que je n'avais fréquenté qu'une seule fois il y a au moins quinze ans. C'était avec Rue des boutiques obscures, livre qui lui avait valu le Goncourt à la fin des années 70. J'en gardais le souvenir de quelque chose de flou, d'éthéré, de mystérieux, comme nimbé d'un voile. Et bien quinze ans plus tard, Villa Triste m'a fait exactement le même effet!



Victor Chmara ou plutôt l'homme qui se fait appelé Victor Chmara – c'est un faux nom – revient dix ans après l'avoir quittée dans une ville thermale proche de la frontière suisse dont le nom commence par A ( Annecy ? nous ne le saurons jamais, pas plus que le vrai nom du héros). Il avait au moment de son départ dix huit ans et fuyait – probablement, mais ce n'est pas sûr – la conscription pour la guerre d'Algérie. Pourquoi est-il revenu? Nous ne le saurons pas non plus. Enfin si, peut-être suite à la lecture d'un article dans un journal relatant un suicide. Mais ce n'est pas sûr. Quoi qu'il en soit, de nouveau à A, il se remémore l'été qu'il y a passé et sa liaison avec Yvonne, jeune actrice en devenir venant de tourner dans un film énigmatique. Yvonne traînait son spleen et son élégance dans un grand hôtel de A. Elle y vivait avec un dogue allemand neurasthénique, une grosse somme d'argent en liquide et fréquentait un jeune médecin homosexuel aux relations douteuses, faisant avec la suisse un commerce sulfureux. Lequel? Nous ne le saurons pas non plus… Ensemble, ils formèrent le temps d'un été un trio complice passant de soirée chics et étranges en concours d'élégance, de promenades en bateau en moments d'ennui, cloîtrés dans la “villa triste” du médecin homosexuel où ils atterrissaient régulièrement et qui donne son nom à l'ouvrage….



Modiano choisit de raconter une parenthèse dans une vie. Un moment de respiration entre deux périodes, comme une halte. Mais le héros ne sait plus trop avec précision comment était cette halte. Tous ses souvenirs sont imprécis et donc peu sûrs, soumis à caution et les lieux ont tellement changé en dix ans. Pire que cela, le héros lui-même est indéfini. On ne sait pas qui il est. On sait simplement (un peu) pour qui il essayait de se faire passer à l'époque. L'ensemble du roman est à l'avenant: trouble, mystérieux. Cela donne une atmosphère très particulière au récit, qui n'est pas sans charme.



Mais est-ce suffisant? Je comprends que l'on puisse aimer les récits plein de mystères et de non-dits où le lecteur peut s'inventer ce qu'il veut à partir de vagues postulats disposés à droite, à gauche, au fil de la lecture. Il y aurait ainsi presque une enquête à réaliser à partir des quelques éléments tangibles qui jalonnent l'histoire pour reconstituer au plus près la vérité. Mais le problème – à mes yeux – est que rien n'est réellement donné, tout est trop lointain, trop fugace, trop indécis pour véritablement emporter. Pourquoi me soucierai-je de quelqu'un que je ne connais pas, qui vit des choses dont il se rappelle mal avec des gens dont je ne sais rien? La forme est intrigante et originale, mais elle ne me permet pas d'adhérer au récit, de vivre avec le héros des aventures. Pire même, elle ne permet pas de rencontrer de personnage(s).



Avec de tels partis pris, je suis étonné que Modiano fasse à ce point l'unanimité. Son oeuvre propose pourtant une mécanique très particulière et clivante. Reste qu'une véritable musique s'en dégage. C'est peut être déjà beaucoup. A vous de juger.



Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
Commenter  J’apprécie          20
Un jeune homme de 18 ans se faisant passer pour le « comte Victor Chmara » se terre dans une petite ville d'eau savoyarde à la frontière avec la Suisse. Nous sommes au début des années soixante, la Guerre d'Algérie n'est pas terminée, et le narrateur, juif apatride, ressent la sourde angoisse d'être emmené par la police. Là-bas il traîne entre les halls des palaces cosmopolites, le salon de sa pension de famille, les parcs et les terrasses des cafés, où il puise une certaine sérénité dans son insignifiant anonymat. Jusqu'au jour où il fait la connaissance d'un duo aussi fascinant qu'étrange, la jeune Yvonne Jacquet, actrice en herbe, et son ami le docteur René Meinthe, un peu plus âgé. Il devient vite l'amant de la première tandis que le deuxième l'intrigue par ses activités récurrentes à Genève, dont il ne parle jamais. de quoi alimenter les rêveries immobiles mais violentes d'un coeur de 18 ans, assoiffé d'enracinement.

Difficile de rendre compte d'un roman de Modiano, à l'écriture tellement impressionniste et subtile. Dans mon esprit, elle se confond avec les brumes roses et bleues accrochées aux montagnes du golfe ligure que mon avion survolait. Il faut s'appeler Galéa et connaître son Modiano par coeur pour se le permettre (je vous renvoie à son magnifique billet sur « Villa triste »).

J'ai aimé… la narration décousue d'un narrateur qui arrache des bribes de souvenirs d'un été qui a eu lieu douze ans auparavant. On retrouve la marque de fabrique de Modiano, cette litanie des noms propres semés au vent, dont la musicalité désuète recrée un monde parti en fumée : le Sporting, le Windsor, l'Hermitage, la pension des Tilleuls, la coupe d'élégance Hooligant, le cinéaste Rolf Madéja (tous totalement inventés, et tous aussi fascinants que de vrais souvenirs)…

J'ai accepté, comme le narrateur, de ne faire que subodorer les activités louches du Dr Meinthe et du mystérieux Henri Kustiker, dont seule la voix parvient à Victor à travers une ligne téléphonique embrouillée. de même que le destin du père d'Yvonne reste obscur, malgré les efforts de Victor pour soulever le voile qui lui cache de grandes parties de la vie de son aimée, tandis que l'on sait que celui de René est mort en héros de la Résistance. L'Occupation est un « trou noir » de ce roman, comme la Guerre d'Algérie est un tabou. Au milieu de tous ces non-dits, la visite à l'oncle d'Yvonne acquiert un relief saisissant dans son petit meublé, justement grâce à la grande économie de moyens dont use l'auteur. du coup l'effet qu'il cause à Victor est presque disproportionné par rapport à la réalité.

J'ai goûté la fin en mode « tombé du rideau » d'une Yvonne qui s'envole… et d'un Victor qui reste sur le carreau. J'ai trouvé que l'ensemble relevait du roman d'apprentissage. Donc je me permets de contredire le titre, en trouvant que cette histoire est plus nostalgique que triste, finalement. (Seul le chien Oswald étant vraiment triste). Tous se mentent – j'allais dire meinthe – dans cette histoire, et seul le temps permet de faire tomber les illusions.

Modiano : une lecture qui prend plaisir à la lenteur, aux images mentales associées à des odeurs et des sons, au grappillage d'informations minuscules, dont le seul sens semble être d'avoir été arrachées à l'oubli et valorisées en tant que telles par le narrateur (et par le lecteur s'il est conquis par cette quête du passé – ce qui est mon cas).
Lien : https://ellettres.wordpress...
Commenter  J’apprécie          00
J'ai beaucoup aimé ce livre qui est bizarre parce que........il n'y rien qui se passe......et pourtant ça m'a plu. Peut-être c'était le style? Je ne sais pas mais je pourrais facilement le relire.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1050) Voir plus



Quiz Voir plus

Patrick Modiano, presque...

La place de ... ?

l'étoile
la comète

5 questions
177 lecteurs ont répondu
Thème : Patrick ModianoCréer un quiz sur ce livre

{* *}