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sur 459 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Nous sommes à l'aube des accords d'Évian dans une petite station balnéaire à la frontière suisse...qui a tout de la petite ville d'Annecy. le narrateur se souvient des quelques mois qu'il y a passé à dix-huit ans pour échapper à la conscription.
Il rencontre la sublime Yvonne, jeune actrice originaire de la région qui, malgré sa beauté, ne semble pas vraiment percer. Elle n'a joué que dans un obscur film pour un obscur réalisateur allemand. Ensemble, ils forment avec le « docteur » Meinthe, un homosexuel excentrique qui semble jouer un rôle dans les négociations avec le FLN, un trio inséparable. Les trois protagonistes, accompagnés du dogue allemand d'Yvonne, vont de mondanités en mondanités et participent même à la coupe Houligant. Ce concours d'élégance est en réalité le théâtre de toutes sortes d'intrigues ridicules de province.

Malheureusement, le roman porte bien son nom : il est triste. D'une tristesse enveloppante et protectrice, certes, mais terriblement ennuyeuse et terne. Dans cette ville dont on a vite fait le tour, la bourgeoisie en villégiature fait plus pitié qu'envie et le jeune couple semble terriblement paumé. L'un dans son exil qui ne parvient pas à le faire échapper à lui-même, même sous cette fausse identité de « comte Victor Chmara ». L'autre dans son incapacité à réussir dans le milieu impitoyable du cinéma et à s'extraire de son enracinement dans cette petite ville terne.

Bref, un roman qui a pour principale qualité sa longueur raisonnable tant il est ennuyeux…et triste. À éviter.

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Un des genres de musique les plus jusqu'au-boutistes se nomme le lowercase. Il s'agit d'un dérivé de l'ambient discret, minimaliste, au volume bas, parfois presque inaudible ; la musique qui se rapproche le plus du silence. Là encore, il en existe différents niveaux : Tetsuo Inoue est nettement plus accessible et mélodique que Bernard Günther, la palme revenant quand même à celui qui a enregistré tout un album juste avec des bruits de pliage d'origami.
Il s'agit d'une musique à laquelle il est difficile d'adhérer, mais dont il existe des portes d'entrée, et où il est possible d'éprouver du plaisir tant physique qu'intellectuel. Il est possible de l'analyser, de voir pourquoi tel élément a été mis ici plutôt que tel autre derrière cette apparence dépouillée, d'avoir de longues discussions intellectuelles dessus. Mais le piège est alors de se tourner vers des artistes de plus en plus hermétiques et ne plus se soucier de ce qui est beau ou universel.
Tout ça pour vous dire que c'est l'effet que m'a fait "Villa triste" de Patrick Modiano : une plume extrêmement minimaliste, passant inaperçue, au point qu'il serait facile de dire que le style est inexistant. Ce serait totalement stupide de ma part (Modiano est un des auteurs contemporains auxquels on consacre le plus de thèses), mais on en aboutit à tout ce que je fuis dans la littérature blanche, à savoir un roman sans action, sans divertissement, sans attachement aux personnages ni grand questionnement sur la société — quelque chose de peut-être bien plus déconnecté du réel que la trilogie de high fantasy à quatre sous.
Elles sont ainsi bien longues, ces 200 pages où le comte Victor Chmara se fraie un chemin dans la bourgeoisie alpine, sur fond d'une vague intrigue dans le monde du cinéma. À un moment, il nous annonce que la Suisse n'existe pas ; pourquoi ? comment le développe-t-il ? On saura seulement qu'il a tenté de rentrer dans ce pays, de saisir... quoi exactement ? son esprit ? (encore une fois, c'est vague), sans jamais y parvenir, mais mon esprit trop rationnel me souffle déjà que ce n'est pas parce qu'une chose est inaccessible qu'elle n'existe pas (et pour une fois, mon esprit croyant est d'accord aussi, puisqu'on pourrait citer Dieu comme exemple). Et quand l'auteur pourrait justement partir dans le domaine de l'irrationnel avec "Ce bleu velouté avait un pouvoir hypnotique puisque j'ai failli m'endormir, en le fixant", il utilise le connecteur logique "puisque", comme s'il y avait une relation de cause à effet, bref quelque chose de mécanique. À un autre moment, c'est tout un programme de cinéma qui nous est retranscrit tel quel, quasiment sans commentaire et sans incidence sur le reste du récit. Seuls les tout derniers paragraphes ont déclenché quelques émotions en moi, de par leur symbolique bien plus marquée que le reste du roman.
Il ne se passe rien sur la forme, mais il se passe des choses sur le fond, me diriez-vous ? Même pas. Pour reprendre les mots d'une camarade de fac qui m'avaient bien fait rire alors que je lui faisais part de mon incompréhension pour l'engouement autour de ce roman, c'est "une histoire de bourgeois en villégiature luxueuse pendant que le monde extérieur se déchire dans des conflits indépendantistes". Les personnages sont tous des riches qui se regardent le nombril avec leurs petites querelles d'égos, n'ayant même pas l'amabilité de s'envoyer de petites piques féroces au cours d'un dialogue subtil pour réveiller la curiosité du lecteur (on passe d'un langage châtié à "SA-LO-PE !") ; je ne demande pas non plus une grande fresque sur la lutte des classes, mais leur mode de vie aurait mérité d'être remis en question.
Bref, je ne remets pas en cause le talent de Modiano et je n'aurais aucune légitimité pour le faire, mais il s'agit clairement du type de littérature auquel je suis le plus insensible. Dans "L'emploi du temps", au moins, il y avait un aspect ludique, derrière la dépression spongieuse d'un héros insupportable et ses phrases à rallonge qu'on finissait très vite par lire en diagonale ; ici, il n'y a rien qu'une écriture quasi-blanche, dont la subtilité est si microscopique que seuls les gens de la haute société peuvent se vanter de la déceler. J'ai toujours préféré le baroque au minimal art, le romantisme au naturalisme, la fresque épique au Nouveau Roman. "Villa triste" est passé entre les deux oreilles du bourrin que je suis, et j'en ai déjà oublié les trois quarts ; ça tombe bien, c'est un roman sur la perte des souvenirs.
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