Un marocain perdu dans son désert, comme un cactus qui lorgnerait un arbre. Un jeune qui foule le sable de ses années, qui remonte ses souvenirs : son père hi-han qui fait l'âne avec son Roi, résistant inutile, sa mère qui joue de son corps, c'est tout ce qu'il lui reste, lui qui se noie dans son amour Leila, inaccessible car femme au Maghreb, l'Islam là quand même. Et l'errance pour un jour atteindre sa liberté. Cru parfois, beau souvent, court et piquant mais futile je le crains.
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Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Un homme marche dans le désert, à la poursuite du mirage d'une « nouvelle source, un pays vert, d'autres gens», en compagnie des ombres de l'enfant et de l'adolescent qu'il a été. Il entend son père dire à mots à peine couverts son opposition au régime politique ; il retrouve ses rêves érotiques d'adolescent amoureux de Leila, et surtout le rappel à l'ordre de la réalité : Leila escamotée par son grand frère, le père parti entre deux policiers, sa mère acceptant sans un mot le frère de Leila dans son lit. La pièce s'appuie sur une structure onirique : les douze scènes d'un monologue essentiellement narratif échappent à la logique chronologique et s'enchaînent par associations libres, franchissant l'obstacle des années.
Le monde de l'adolescence est là, avec ses moments d'exaltation, de peurs encore enfantines, ses rêves d'amour pur et les fantasmes d'une sexualité en éveil. Un hymne à la liberté dans un village où l'on étouffe sous le poids de la rumeur, de la religion, du pouvoir policier, des hommes. La langue de Mohamed Bari a la verdeur de l'adolescence, elle affiche des images poétiques tout en méditant sans métaphores sur les relations entre sexe et religion. Des lycéens devraient apprécier ce théâtre dans lequel s'affrontent deux voix : l'une, intime revendique la liberté de tracer son chemin à l'écart des adultes, l'autre, publique, clame sa rébellion contre une société autoritaire. ? Nicole Wells
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