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sur 4462 notes
A force de les ranger dans les « Classiques », ces auteurs et (quelques) autrices du 17ème siècle, je trouve qu'on a tendance à les statufier, à les « momifier ».

Et pourtant ce Molière, qu'il nous parle toujours, ce génie!
Et cette pièce, le malade imaginaire, sa dernière, et même sa dernière représentation, quel sommet du théâtre, quel rythme, quelle fantaisie, quelle folie, et en même temps, quelle finesse psychologique, quelle richesse des thèmes abordés sur le mode de la comédie.

D'abord, je suis toujours surpris par sa qualité à traiter les personnages féminins , et aussi sa grande liberté de ton, qui me surprend à chaque fois, pour faire parler des femmes de son époque.
L'importance pour les jeunes filles de choisir l'élu de leur coeur, ça ne devait plaire à tout le monde dans cette société du 17 ème siècle, et son fort pouvoir religieux, et les mariages arrangés par les parents, ça reste toujours malheureusement d'actualité dans certaines parties de notre planète, dominées aussi par le pouvoir religieux.
Mais à côté des amoureux sincères, la belle Angélique et le beau Cléante, il y a aussi cette Beline, jeune femme perfide, cupide, qui profite de l'aveuglement de son mari le vieil Argan, cet hypocondriaque délirant jusqu'à l'absurde.
Et puis, autre surprise, l'assurance et même le pouvoir qu'a Toinette, la servante, et l'ingéniosité qu'elle déploie pour aider les deux jeunes tourtereaux. C'est elle qui trouve le stratagème pour confondre la traîtresse Béline et réconcilier Angélique avec son Argan de père.
Même le personnage de Louison, petite-fille d'Argan, est traité avec beaucoup de finesse, elle qui finalement ne s'en laisse pas compter quand son grand-père Argan cherche à la faire parler.

Dans cette pièce bien sûr, Molière, le vrai malade, qui souffre et sait ce que vaut la médecine de son temps, va s'en donner à coeur joie, pour tourner en dérision, pour fustiger le charlatanisme du corps médical de l'époque. Une médecine qui ne sait rien, en définitive comme l'affirme Béralde, le frère plein de raison de ce fou d'Argan.
Cela donne des scènes savoureuses avec les médecins Diafoirus et Purgon, avec le pharmacien Fleurant qui vient administrer son lavement!
Et ça ira jusqu'à l'absurde, enfin pas tant que ça si on y repense, c'est que le malade étant son meilleur médecin, une cérémonie loufoque, délirante, parodiant ces Messieurs de la Faculté, va introniser Argan médecin de lui-même!

La médecine de cette époque était, certes, ignorante et les traitements qu'elle proposait ne s'appuyaient pour la plupart sur aucune donnée scientifique. Molière l'avait bien compris, à ses dépends, hélas!, et cette pièce, je crois, est une forme de règlement de comptes avec la Médecine de son temps.
Les choses ont bien changé depuis, me direz vous. Mais il y a toujours des charlatans, parfois d'anciens médecins, qui profitent des peurs et de la crédulité des gens pour proposer, moyennant des rémunérations exorbitantes, des traitements qui ne sont fondés sur aucune preuve scientifique. Il y aurait là une matière à faire, de nos jours, une pièce de théâtre, ou un film pour dénoncer et se moquer de ces escrocs, mais peut-être cela a-t-il déjà été fait.

Je voudrais conclure en évoquant les personnages d'Argan et de Béralde. Je les ai ressenti, (j'ai peut-être tort, mais tant pis, je me risque), comme deux visages de Molière lui-même, et ça m'a touché.
Argan, il a beau être malade imaginaire, je crois que le vrai malade Molière y a mis de sa détresse, de sa faiblesse, de ses espoirs de guérir.
Et. Béralde, c'est le Molière qui juge avec sévérité le charlatanisme des médecins, leur jargon fait pour cacher leur incapacité.

Et pour conclure de conclure, que cette pièce, dont le thème est quand même la maladie, est enlevée, drôle, jubilatoire, avec une fin complètement loufoque. Comme si l'auteur faisait un pied de nez à des gens qui ne peuvent rien pour lui,à la maladie et à la mort.
Ça m'a fait penser aux paroles de cette chanson du grand Jacques:
« J'veux qu'on rie, j'veux qu'on danse, j'veux qu'on s'amuse comme des fous,
J'veux qu'on rie, j'veux qu'on danse, quand c'est qu'on mettra dans l'trou! »

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Mon premier contact avec Molière, alors que j'étais encore à l'école primaire, m'a donné envie d'en connaître davantage sur l'oeuvre tout en prenant beaucoup de plaisir à lire autant qu'à voir cette pièce plaisante.
Plusieurs niveaux de lecture permettent autant à un enfant qu'à un adulte d'apprécier.
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Drôle, satirique... On reconnaît tout de suite l'indémodable plume de Molière.
Angélique aime Cléante. Cependant, son père Argan, hypocondriaque, préférerait la fiancer avec un médecin. Ajoutez à cela Béline, la femme d'Argan, qui lui conseille vivement de placer Angélique dans un couvent, et Toinette, la servante insolante avec une bonne répartie qui porte beaucoup d'affection à Angélique, et vous avez toutes les bases pour une bonne comédie du célèbre dramaturge. Léger, très amusant... un moment agréable à passer !
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C'est la deuxième fois que je lis ce livre, la première fois pour l'école et maintenant pour mon plaisir. J'ai apprécier, c'est divertissant. le personnage d'Argan est vraiment attachant et par moment on a envie de le frapper et de lui dire : "réveille-toi tu n'es pas malade !"
En bref ce fut une très bonne pièce à lire.
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La dernière pièce de Molière, créée sur la scène du Palais-Royal le 10 février 1673 a donné lieu à des mythes et légendes tenaces, plus vrais que la vérité, serais-je tenté de dire. Molière mort sur scène, miné par un « longue maladie » qui donnerait un côté prémonitoire et testamentaire à sa pièce. Ses lectures ont parfois eu tendance à se focaliser sur ces aspects, alors que qu'il est à peu près certain maintenant que tout cela est faux. Molière n'est pas mort sur scène, mais dans son lit, et sa mort est loin d'être la suite d'une longue agonie de phtisique, comme dans les mythes romantiques. Ses contemporains, par exemple dans les gazettes, ont été surpris par un décès qui leur a paru soudain et étonnant, suite à ce qu'on appellerait maintenant une maladie saisonnière, que de nombreux éléments donnent à penser particulièrement virulentes pendant l'hiver 1673.

La pièce est annoncée dans le Mercure Galant dès l'automne 1672, des ballets de Beauchamp sont prévus. Suite aux différents avec Lully, Molière s'est tourné vers un jeune musicien, qui connaîtra un bel avenir, Charpentier. C'est qu'il tient au spectacle mixte, mêlant musique et comédie, qui rencontre d'ailleurs un grand succès auprès du public. Il a pu faire adoucir le monopole obtenu par Lully de musique chantée sur scène, et peut aligner 6 chanteurs et 12 instrumentistes, ce qui suffit largement à son projet scénique. Cette musique tenait une place importante dans la pièce, sa durée était en effet d'environ une heure, ce qui explique que la pièce en elle-même est « une petite pièce » en trois actes. La trame en est au final fort simple, et très proche de celle du Bourgeois gentilhomme, autre pièce où la musique occupe une grande place. Simplement ici, Argan, le personnage principal, a non pas la folie de la noblesse, mais de la maladie et de la médecine, et souhaite donc pour sa fille Angélique, un mariage avec un médecin, contrariant les amours de la jeune fille avec Cléante. Ce fil rouge permet de relier les épisodes comiques liés à la maladie et aux médecins. Une intrigue secondaire met en scène la jeune et intéressée femme d'Argan, qui essaie de détourner son héritage. Tous ces petits embarras seront résolu par la mort supposée du personnage principal, qui permet de dévoiler les caractères respectifs de sa femme et de sa fille. Comme dans le Bourgeois gentilhomme, la pièce se conclut par intronisation du personnage principal, ici comme médecin.

La pièce est particulièrement réussie, à mon sens, pour deux raisons. Déjà, le rire ici est sans arrière pensée. Il ne s'agit pas en effet de rire d'un personnage du commun qui veut pénétrer dans une caste interdite du fait de son origine, comme dans le Bourgeois gentilhomme, Georges Dandin, Les précieuses ridicules et d'autres pièces. Un rire au service des interdits sociaux en quelque sorte. La terreur de la mort et la fascination de la médecine au-delà du raisonnable, qui devient une pathologie, concerne tout le monde, dans tous les milieux et dans tous les temps.

Ensuite, la dénonciation des médecins, peut aussi avoir une autre lecture. Elle intervient chez Molière en grande partie à la suite de ses difficultés pour évoquer les hommes d'église et la religion. On peut donc faire l'hypothèse que sous couvert d'attaquer la médecine et ses représentants, Molière s'en prend également à ces autres hommes en noir que sont les religieux. Qui eux aussi prospèrent sur la peur de la mort, qui utilisent le latin, qui ont leurs rites et cérémonies, leurs querelles etc. Certains passages de la pièces vont clairement dans ce sens. Ce qui lui donne une profondeur supplémentaire.

Mais n'oublions pas que la pièce est avant tout une comédie, d'une efficacité redoutable et qui a traversé les siècles sans perdre de son potentiel comique.
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Drelin drelin... Peut-on être malade sans l'être? Comment raconter l'histoire de l'hypocondrie? Argan est malade. du moins, il se pense malade, prend toutes sortes de médicaments, espère que sa fille se mariera à un médecin, a une épouse qui ne pense qu'à l'héritage et pour finir, il se fait arnaquer par sa servante qui se fait passer pour un médecin :) Une nouvelle histoire de Molière, qui d'ailleurs sera sa dernière puisque lui-même malade mourra sur scène! "je meurs je meurs"... seront ses dernières paroles. La plus intemporelle de Molière que je relirai ;)
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Léa , en Première STSS (sciences et technologies de la santé et du social) doit lire et commenter
le Malade imaginaire.
Je n'avais jamais lu cette comédie-ballet, je la connaissais uniquement pour avoir regardé une adaptation à la télévision, dans sa version simplifiée sans le prologue et les intermèdes chantés et dansés.
Je me suis donc attachée à étudier, analyser cette ultime pièce de Molière qui met en exergue tout son immense talent.
Comme à son habitude, Molière caricature tous les travers, tous les vices de ses contemporains, les mettant en scène dans leur environnement coutumier .
Dans l'acte I, scène 1 , notamment, Argan est dans sa chambre parlant longuement de la prise de ses nombreux clystères. Et je me mets à imaginer ce que pourrait devenir cette comédie mise en scène, revisitée par Ivo van Hove et « scénographiée » par Jan Versweyveld dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, lors d'un prochain Festival In. Sans doute un spectacle subversif.
Les provocations scatologiques seraient certainement pléthoriques…
Pourtant, recevoir sur sa chaise percée était au XVII un usage courant et normal, et assister aux déjections de Louis XIV , un honneur absolu…
O tempora, O mores ! Personnellement, sans aucun doute possible, je préfère les sanitaires du XXI e !
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La dernière pièce de Molière, une de ses pièces qui a le mieux vieilli (mais il y en a pas mal!). Argan est un notable hypocondriaque qui décide, pour réduire ses frais médicaux, de marier sa fille Angélique à un médecin. Mais Angélique est amoureuse de Cléante, et la servante Toinette ne compte pas laisser Argan décider du sort de la jeune fille… Une intrigue secondaire met en scène Béline, la jeune femme d'Argan, intéressée par son héritage. Tout se trouvera résolu par la mise en scène fictive de la mort d'Argan, qui permet de révéler les caractères respectifs de sa femme et de sa fille. Une trame assez simple somme toute, assez proche de celle du Bourgeois gentilhomme, autre pièce qui a bien vieilli. Autre point commun entre ces deux pièces : la grande place de la musique sous forme d'intermèdes, qui d'ailleurs passent relativement mieux à la scène qu'à la la lecture. La force de cette pièce est de tourner à la farce ce qu'il y a de plus tragique : la peur de mourir, qui se manifeste par l'attention à tous les signaux envoyés par le corps, aux moindres bobos, aux variations de sensations. Argan est intemporel, aujourd'hui il multiplierait analyses, examens et diagnostics… Ici le comique de situation et de caractère est poussé jusqu'à l'absurde, et l'on rit autant du malade imaginaire que des médecins qui cherchent à cacher leur ignorance derrière un discours grandiloquent et un vocabulaire pompeux. Diafoirus pousse le ridicule jusqu'à faire ressembler sa demande en mariage à l'ordonnance d'une préparation magistrale ! Cette pièce n'a pas pris une ride, il y a toujours quelque leçon à en tirer, en ces temps de pandémie en particulier, quant aux répliques cocasses, elles font toujours mouche.
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Outre le texte, il faut lire la notice littéraire et la lecture thématique, notamment dans le classique Hachette 1976, rédigées par François Hinard, agrégé de Lettres. Vous saurez alors tout sur la comédie-ballet et la médecine.
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Il est difficile d'être original dans la critique nécessairement positive d'un classique comme le Malade Imaginaire de Molière. Tout le monde l'a lu ou du moins pense connaître la trame principale et en tirer les enseignements et autres morales.
Je me limiterais donc à rappeler un trait essentiel et original de l'oeuvre.
Celui-ci, qui est sans doute un des éléments distinctifs de Molière mais aussi de l'époque dans laquelle il écrit, se trouve dans la modernité du sujet de l'oeuvre ; on place au centre l'individu et ses malheurs (réels et supposés). Même pour le moquer, la description des affres du moi permet à l'auteur de "valoriser" un personnage acteur de sa vie et ne se résumant pas à une ou des appartenances collectives.
Cette posture préfigure le retour à soi de nombreux écrivains modernes et post modernes et plonge directement dans l'héritage de Montaigne.
En résumé, une oeuvre drôle qui n'oublie pas d'être intelligente et révélatrice d'une étape importante du théâtre en particulier et de la pensée humaine en général.
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